J'ai tué Marat

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)

L'assassinat de Jean-Paul Marat dit "l'ami du peuple" part Marie Anne Charlotte Corday d'Armont, le 13 juillet 1793. Mettant en scène un dialogue imaginaire entre la victime et son assassin, LF Bollée et Olivier Martin reviennent en détail sur la journée du meurtre de Marat, et sur les motivations qui ont pu pousser une jeune femme de bonne famille à commettre un acte aussi terrible.


1789 - 1799 : La Révolution Française Révolutions françaises

Le 13 juillet 1793, Charlotte Corday assassine au couteau Jean-Paul Marat dans sa baignoire. Ils ne se connaissent pas, ne se seront vu que cinq minutes en tout et pour tout. C’est le temps qu’il aura fallu pour que tout bascule... Mais qui était Charlotte Corday, et pourquoi a-t-elle tué « L’Ami du Peuple » ? Bien que favorable aux idées révolutionnaires, cette jeune femme originaire de Caen considère les responsables de la Terreur comme le véritable poison de la société. Elle s’imagine que, par sa mort, Marat en sauvera des milliers. L’Histoire lui donnera tort...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 30 Mars 2016
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série J'ai tué Marat © Vents d'Ouest 2016
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)
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29/11/2016 | Le Grand A
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L'avatar du posteur Agecanonix

Je n'ai jamais été admiratif de la période révolutionnaire qui a suivi 1789, je n'aime même pas du tout cette période, trop sombre, trop sanglante, trop négative dans notre Histoire de France. Mais certains épisodes ou certains personnages ont parfois éveillé mon intérêt, tel celui de Charlotte Corday, et au final, je me suis aperçu que j'avais lu plusieurs Bd sur la Révolution ; ça ne fait pas de moi un grand connaisseur de cette période comme celle du Moyen Age que j'affectionne, mais je suis suffisamment bien informé sur les grandes lignes on va dire. Et justement, grâce à cet album, j'ai approfondi quelques détails : j'ignorais par exemple que Charlotte Corday s'appelait en réalité Marie d'Armont ; en fait, son nom complet était Marie-Anne Charlotte de Corday d'Armont, issue d'une petite noblesse rurale normande, elle était la fille d'un gentilhomme normand qui avait été lieutenant dans les armées royales, elle est née dans un petit patelin près de Vimoutiers dans le Pays d'Auge (actuel département de l'Orne, à la frontière départementale avec le Calvados). J'ignorais aussi que ce fameux 13 juillet 1793, elle n'avait pas pu voir Marat du premier coup ; une première fois empêchée par la gardienne d'immeuble, puis une seconde fois par l'épouse de Marat qui la renvoya sans ménagement, elle dut ruser pour l'approcher et la troisième fois fut la bonne. Ces détails s'ils sont vrais, sont très intéressants. Cet album est fort bien conçu et bien ficelé, les auteurs expliquant plein de choses sur ce meurtre, l'un des plus célèbres de l'Histoire ; avant tout, c'est une très bonne idée de relater tout ceci par un dialogue entre Charlotte et Marat alors qu'ils sont morts et attendent leur destination vers l'enfer ou le paradis dans une sorte de purgatoire au décor tout blanc, probablement des limbes. C'est en fait une tentative d'explication didactique sur le geste de Charlotte et sur l'action de Marat, mais en évitant le côté ennuyeux, même si on devine un côté pro-Marat de la part du scénariste, c'est parfaitement relaté sans perdre le lecteur. Dommage que le scénariste n'arrive cependant pas à bien expliquer les motivations assassines de Charlotte Corday. Pourquoi une jeune fille de bonne famille a-t-elle pris la peine de faire le trajet de Caen à Paris pour aller tuer un révolutionnaire ? On ne connait que la motivation profonde qui fut celle d'empêcher des milliers de morts, hélas l'Histoire lui donnera tort, car la Terreur enverra des tombereaux de condamnés à la guillotine. Elle est donc morte pour rien. Le scénario joue avec la temporalité à l'aide de nombreux flashbacks et de flash forward entrecoupés avec le présent de la journée du 13 juillet 1793 qui résume à tour de rôle l'enfance de Charlotte Corday et le parcours de Marat, le dialogue est subtil et permet à chacun des 2 personnages d'exprimer ses arguments, d'éclairer les motifs révolutionnaires et d'en dénoncer les excès, le tout sans embrouiller le lecteur. Au final, cette jeune normande qui s'est sacrifiée pour rien aura quand même gagné une juste célébrité puisqu'il existe une rue Charlotte Corday à Argentan, sous-préfecture de l'Orne, alors que Marat n'aura gagné que dégoût et aversion. Tout ceci est fort bien illustré par Olivier Martin avec un dessin puissant et bien maîtrisé qui soigne particulièrement les décors et les costumes de cette époque ; je n'avais croisé ce dessinateur que sur Crypto, et là j'ai trouvé son dessin remarquable et très expressif. Un excellent opus de la collection J'ai tué.

07/10/2022 (modifier)
Par sloane
Note: 3/5
L'avatar du posteur sloane

Le dessin n'est pas si bon que cela, j'en veux pour preuve la tête de ce pauvre Marat. Je ne sais pas si c'est la tête d'un Playmobil mais par les dieux que c'est raide une ou deux expressions tout au plus. Le scénario est plutôt habile avec ce long flashback qui oppose Charlotte et Marat dans un au delà improbable. Je ne veux pas m'appesantir sur ce dialogue entre morts, chacun délivrant ses arguments sur le bien fondé de ses actes. Par contre j'ai bien apprécié tout le récit qui se concentre sur la dernière journée des deux personnages, une certaine tension s'installe même dans le récit. Comme le dit le Grand A dans son avis je reste également circonspect sur le passage ou l'on vois Charlotte mener les oies à la baguette, ça sent le profileur qui cherche une excuse dans la tendre enfance. Au final un épisode sympa de la série "J'ai tué" qui dépoussière le tableau de David, peut être à mettre entre les mains des juniors.

06/01/2018 (modifier)
L'avatar du posteur Le Grand A

Je n’ai jamais eu goût pour les révolutionnaires français. Robespierre, Danton, La Fayette, Sieyès, Saint-Just ou Marat, ces crieurs public sanguinaires se valent à peu près tous à mes yeux. Et Marat je ne le connais pas des masses, surtout immortalisé grâce à la toile de David. Néanmoins j’ai apprécié ma lecture de J’ai tué Marat qui s’ouvre comme un flash-forward puis retrace les derniers jours de Charlotte Corday au travers d’un dialogue post-attentat avec sa victime dans les limbes. Cette partie là constitue le vrai point fort de la bédé, je l’ai souvent répété dans mes avis sur des séries historiques, je n’aime pas la retranscription très « plan-plan », le truc linéaire qui finalement informe moins bien que ne le ferait un bouquin d’historien en plus d’être souvent ennuyeux. Cette partie fictive à un côté Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu de Maurice Joly qui me plaît bien. En revanche peut-être fais-je fausse route, mais j’ai senti un parti-pris du scénariste en faveur de Marat sur lequel je ne le rejoins pas. Il y a ce moment flash back qui revient sur l’enfance de Charlotte où elle fouette des oies jusqu’au sang en en tirant du plaisir. Ce passage, inventé j’imagine, vise à montrer Charlotte comme une espèce de tortionnaire, personnage ambiguë mais qui aurait eu dès l’enfance des pulsions meurtrières. Désaccord également sur la conclusion où finalement c’est un peu Marat qui « l’emporte » : le geste de Corday n’aura servi à rien puisqu’il n’empêchera pas la Terreur. Oui mais non j’ai envie de dire. Qu’est-ce qui ne nous dit pas qu’avec Marat cela aurait été pire ? Quoi qu'il en soit je trouve cela marrant que plus de 2 siècles plus tard on puisse encore débattre sur les bonnes ou mauvaises intentions des révolutionnaires, etc. Certes, Bollée prend soin de ne pas tomber dans le manichéisme et chacun a l’occasion de défendre sa position, et personne n'est ni tout blanc ni tout noir, mais j’ai tout de même senti que la balance penchait un peu en faveur de l’ami du peuple... J’ai surtout été séduit par les graphismes du duo Olivier Martin – Sébastien Bouet. Le trait de Martin est net, encrage soigné, avec du détail, dessin semi-réaliste qui rentre dans ma zone de confort. Je lui reprocherait juste les gros plans sur le visage de Marat pas toujours concluant, visage de cire où il ressemble à un playmobil. Quant à Bouet, il offre une palette de couleurs très pétillante, pleine de nuance, un peu comme Stambecco sur le récent L’Illiade, et Thomas Allart sur HSE. Impeccable. Un bon numéro de la collection J’ai tué.

29/11/2016 (modifier)