L'Innocente

Note: 3.18/5
(3.18/5 pour 11 avis)

Un centre de formation de la future élite du national-socialisme…Hiver 1945…Ici commence l’histoire de Nina Reuber qui s’évade du centre déguisée en garçon. En chemin, elle est réquisitionnée par un bataillon américain qui se dirige vers Berlin et qui a besoin d'elle (de lui) pour assurer les traductions. Sur la route de l’exode, elle rencontre Wim, un soldat allemand.


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale 1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Allemagne Berlin Eric Warnauts et Guy Raives Les années (A SUIVRE) Nazisme et Seconde Guerre Mondiale, vus par les Allemands Procès [Seconde Guerre mondiale] Europe de l'Ouest

Un centre de formation de la future élite du national-socialisme…Hiver 1945…Ici commence l’histoire de Nina Reuber qui s’évade du centre déguisée en garçon. En chemin, elle est réquisitionnée par un bataillon américain qui se dirige vers Berlin et qui a besoin d'elle (de lui) pour assurer les traductions. Sur la route de l’exode, elle rencontre Wim, un soldat allemand. Au sortir de la guerre, elle le retrouve, mêlé à un trafic de marché noir auquel elle ne peut souscrire. A Nuremberg, Nina assiste au procès des tortionnaires nazis. Elle y découvre l'horreur. Elle a honte de son peuple, honte d'elle-même et décide de quitter son pays pour courir le monde avec une amie comme reporter photo. 1949, à Berlin, c'est la fin du blocus. C'est la fête. Nina en est. Mais les retrouvailles avec Wim sont orageuses. Par opportunisme, il a épousé la fille du futur ministre du land berlinois. Pourtant, il déclare son amour à l'innocente Nina qui ne peut souffrir cette infamie. C'est la rupture irrémédiable. Le rideau tombe. Fin d'une histoire d'amour et de guerre.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 1991
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Innocente © Casterman 1991
Les notes
Note: 3.18/5
(3.18/5 pour 11 avis)
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11/11/2002 | nao
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Par Présence
Note: 4/5
L'avatar du posteur Présence

Dieu t'entende. Mais je crains que depuis quelques temps il ne soit devenu sourd. - Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de tout autre, comprenant 73 pages de bande dessinée. Il est initialement paru en 1991. le récit se déroule entre 1945 et 1949, ce qui a conduit les auteurs à l'intégrer dans leur cycle commençant par Les temps nouveaux, tome 1 : le retour (en 2 tomes), et continuant par Après-guerre, tome 1 : L'espoir (en 2 tome), puis par Les jours heureux, tome 1 : Expo 58 (également en 2 tomes). du fait des dates, ce tome s'insère entre Les temps nouveaux, et Après-guerre. le scénario est écrit par Éric Warnauts, les couleurs sont réalisés par Guy Raives, et les dessins sont le fruit d'une collaboration entre ces 2 créateurs. À l'été 1944, un haut gradé de l'armée allemande (Gebietsführer) s'adresse aux jeunes filles de l'établissement Ordensburg Vogelsang, en Rhénanie-du-Nord–Westphalie. Il les harangue leur indiquant qu'elles sont l'avenir du IIIème Reich. Quelque temps plus tard, Nina Reuber (17 ans) est reçue par la directrice de l'école, ainsi que la commandante qui lui apprennent le décès de ses grands-parents. Elle se rend dans les douches pour aller pleurer et se rassurer sous le jet d'eau chaude. Son amie Lisel vient l'y retrouver pour la réconforter. Nina lui explique qu'elle a décidé de s'enfuir. Lisel l'aide en lui coupant les cheveux à la garçonne, en lui fournissant des habits de garçon et en couvrant administrativement sa fuite, à la faveur d'un déplacement du groupe de jeunes filles. le 04 février 1945, alors que Nina Reuter s'éloigne de l'établissement, elle voit l'arrivée des troupes américaines, et elle entend les soldats alliés fusillant les soldats allemands restés sur le site. Affamée, Nina Reuter (toujours habillée en jeune homme) s'introduit de nuit dans la cuisine d'une ferme occupée par les américains. Elle y est découverte par un soldat. Mais le sergent de la troupe intervient et décide d'utiliser ce jeune garçon comme interprète. Il met Nina sous la responsabilité du soldat Jessie Jones, un afro-américain. le 05 mars 1945, l'armée américaine libère Cologne dont la population est passée de 700.000 à 25.000 habitants. Plus tard, l'unité dans laquelle a été intégrée Nina s'arrête dans une ferme pour le ravitaillement. 3 soldats décident de violer la fermière. Malgré les tentatives d'intervention de Nina, rien n'y fait. Un peu plus tard elle accepte de porter le message de Wim, un soldat allemand prisonnier, à sa mère à Berlin. Après la fin de la guerre, elle rend visite à Wim en prison, pour apporter le message en retour de sa mère. Puis elle devient la secrétaire de Bénédicte, une journaliste française, travaillant à Berlin. Le lecteur constate rapidement que les auteurs n'y sont pas allés à moitié pour insérer leur histoire dans les faits historiques. Il y a bien sûr les dates précises. Les premières concernent la construction du centre de formation de la future élite de Vogelsang, construit en 1936, recueillant des adolescents des villes d'Aix, de Cologne et de Düren à partir de 1943. Les suivantes concernent des faits militaires de petite ou de grande importance, aisément vérifiables : la prise de l'Ordensburg Vogelsang le 04/02/45, la libération de Cologne le 05/03/45, l'offensive vers l'Elbe le 01/04/45, l'occupation d'Hanovre le 10/04/45, l'entrée dans Leipzig le 25/04/45, le procès de Nuremberg (20/11/45-01/10/46), etc. Pour cette réédition, le lecteur trouve, à la fin du volume, 2 pages de chronologie des principaux événements historiques du 09/08/45 (bombardement de Nagasaki) au 20/12/45 pour la victoire de Ray (Sugar) Robinson sur Tommy Bell au Madison Square Garden de New York. Il peut donc se fier entièrement à l'authenticité de cette reconstitution historique, que ce soit pour le déroulement des événements, ou pour les uniformes militaires, les armes, les véhicules et engins de guerre, les tenues civiles, et même les coiffures à la mode. S'il en a la curiosité, il peut même chercher sur internet des photographies de l'Ordensburg Vogelsang et constater que les 2 dessinateurs l'ont reproduit avec fidélité. Dans une interview, Éric Warnauts a même indiqué que son propre père avait été stationné dans l'Ordensburg Vogelsang, et que lui, son fils, avait appris à nager dans la piscine représentée en page 12. Le dessin de couverture envoie un message ambigu : celui d'une jeune femme (forcément l'innocente du titre), en tenue militaire américaine avec l'épaule dénudée. Dans le cours de récit, le lecteur découvre plusieurs scènes effectivement dénudées, avec des rapports sexuels, y compris des plans à trois. La première fois, il est surpris de découvrir Nina Reuter sous la douche, y compris avec une case centrée sur son entrejambe. La scène dénudée suivante montre les soldats américains de l'unité de Nina en train de la déshabiller, et se retrouvant très surpris de ce qu'ils découvrent. Par la suite, il s'agit de relations sexuelles consenties. le lecteur constate rapidement qu'il ne s'agit pas (uniquement) de titiller la libido du lecteur mâle. En particulier, lors de la scène viol de la fermière, il n'y a pas de nudité, pas de voyeurisme racoleur ou malsain. Ensuite, la vie sexuelle de Nina Reuter constitue une composante importante de la construction de sa personnalité et de l'environnement dans lequel elle évolue. Elle profite de la sensation de liberté qui accompagne la chute du régime nazi et la remise en question des coutumes et des mœurs. Les auteurs montrent que son choix de vie peut être interprété comme une réaction aux horreurs révélées lors du procès de Nuremberg, une pulsion de vivre maintenant. Les artistes n'hésitent pas à dessiner le corps humain nu de manière frontale, sans hypocrisie, y compris celui des hommes. Il n'y a pas de forme de culpabilité ou de concupiscence malsaine. En page 54 & 55, le lecteur accompagne Nina et Bénédicte aux bains turcs, et l'érotisme nait plus de l'expérience que raconte Bénédicte, que de la nudité des 2 femmes. Les auteurs s'y montrent d'ailleurs assez facétieux en utilisant alors une taille de police de caractère très petite pour contraindre le lecteur à faire un effort de lecture supplémentaire, s'il veut profiter de ces confidences coquines. S'il peut apprécier l'érotisme des dessins, le lecteur découvre surtout l'évocation historique de l'Allemagne juste après la seconde guerre mondiale, du point d'une jeune femme qui découvre le monde. Les auteurs racontent le parcours de Nina Reuber, côtoyant dans un premier temps les soldats américains, puis entretenant une relation sporadique et complexe avec Wim (ayant servi dans l'armée allemande) à Berlin. Les rappels historiques rigoureux permettent de situer l'action précisément et de de mesurer l'ampleur de leur incidence sur la vie des personnages. le récit se termine le 12 mai 1949 et Nina Reuber a assisté ou participé à différentes phases : la mise en place du marché noir à Berlin, le procès de Nuremberg, les risques d'annexion de Berlin par les russes. le récit se termine avec une ouverture sur d'autres pays d'Europe en 1948/1949, jusqu'en Israël. le lecteur intègre progressivement que le récit montre la vie d'allemands qui n'étaient pas des nazis, pas des partisans de cette idéologie, qui doivent apprendre à vivre dans un pays occupé et en reconstruction, et qui découvrent l'ampleur des ignominies perpétrées par le régime nazi, mais dont ils ne sont pas responsables personnellement. le titre renvoie alors à l'innocence de l'héroïne par rapport à ces crimes contre l'humanité. le terme d'innocente prend également une autre signification par rapport à ceux qui se livrent au trafic du marché noir, ou qui compromettent leurs idéaux en acceptant de collaborer avec les occupants. Cette bande dessinée est l'une des premières collaborations entre Raives & Warnauts, et déjà ils mêlaient avec harmonie l'évocation de l'Histoire et des protagonistes complexes, au travers de l'histoire personnelle d'un personnage principal. Nina Reuber n'est pas naïve ou idiote, elle n'a pas beaucoup d'expérience de la vie du fait de son âge. Incorporée dans une unité américaine, elle côtoie des soldats qui sont des hommes imparfaits, certains droits, d'autres profiteurs jusqu'à violenter une femme. Son comportement montre qu'elle reste attachée à aider ses compatriotes dans la mesure de ce que lui autorise sa propre situation. Les auteurs n'idéalisent donc pas les soldats américains. Plus tard, Nina Reuber est malade physiquement quand elle découvre l'existence des fours crématoires, la récupération des cheveux, ou encore des abat-jours en peau humaine. Il la voit évoluer au fil des mois et des années qui passent, acquérir des convictions, des valeurs, les défendre avec ses moyens, apprendre à apprécier la sensation de liberté que procure le jazz, en particulier celui de Glenn Miller. Elle s'étoffe de page en page, le lecteur étant tenu sous le charme de sa liberté et de ses indignations. Par la force des choses, dans ce tome, l'apparence des dessins de Warnauts & Raives diffère de celle des histoires plus récentes commencée dans Les temps nouveaux, puisque que 25 ans se sont écoulés. Pourtant le lecteur retrouve la même approche graphique, en moins aboutie. En particulier, ils détourent beaucoup plus systématiquement les contours avec des traits fins, donnant une impression plus détaillée plus appliquée, moins spontanée. Ce type de représentation confère également plus de précision à la reconstitution historique qui est très minutieuse. Dans la mesure où les informations visuelles sont essentiellement portées par les traits encrés, la mise en couleurs ne présente pas le même degré de sophistication que les aquarelles des albums des décennies suivantes. La narration visuelle de Raives & Warnauts s'avère dense et facile à lire, avec des moments mémorables. le lecteur observe avec curiosité la décoration de la piscine de l'Ordensburg Vogelsang. Il prend conscience du degré de destruction de Cologne lors d'une vue aérienne en page 17. Il grimace devant l'obscénité de la violence des soldats à l'encontre de la fermière. Il sourit devant le naturel avec lequel les soldats américains se baignent nu dans la rivière, ou se détendent sur la rive, en page 28. Il apprécie la valeur des chaussures de luxe portées par Wim page 36. Il partage la frustration de Wim regardant Nina ayant mis les sous-vêtements qu'il lui a offerts en page 44. Il détaille les cages d'escalier en pages 49 et 63. Il apprécie l'utilisation d'une teinte dominante dans certaines séquences pour installer une ambiance. S'il découvre cet album en dehors du contexte du cycle commencé avec Les temps nouveaux, le lecteur savoure une reconstitution historique solide, mettant en scène des allemands de différentes conditions sociales essayant de donner un sens à leur nation après la défaite de la seconde guerre mondiale et la mise au grand jour des atrocités perverses perpétrées dans les camps de concentration. Il s'attache à la personne de Nina Reuber qui évolue et grandit au fil des séquences, bénéficiant d'une narration visuelle riche et précise. Il regrette que la fin soit un peu abrupte. S'il le découvre dans le contexte dudit cycle, il prend conscience du savoir-faire déjà remarquable des auteurs au début de leur carrière, pour donner à voir L Histoire, en suivant une femme libérée. Il lui faut un temps pour accepter de ne pas retrouver les magnifiques aquarelles de Guy Raives, et de revenir à un mode de dessin très précis, mais moins chaleureux.

04/05/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Je ressors de ma lecture avec un sentiment mitigé et, globalement plutôt déçu. C’est un roman graphique ancré dans un moment de l’histoire assez intéressant – l’écroulement d’un « empire », et toutes les désillusions/reconstructions qui s’ensuivent inéluctablement. En effet, l’histoire se déroule des derniers mois du Reich dans l’Allemagne de l’ouest au début de la guerre froide à Berlin (une période de 4/5 ans donc), avec comme fil conducteur une jeune femme allemande, Nina, embarquée dans le flot de l’Histoire (en l’occurrence les troupes d’invasion américaines). Le cadre chronologique et les lieux choisis sont intéressants, et le parallèle qui semblait pouvoir s’installer entre Nina et l’Allemagne concernant la lutte pour la survie et pour se « construire » ou « reconstruire » était un bon point de départ. Mais la narration de la chute du Reich est un peu sèche, et rapidement l’intrigue perd de son intérêt, l’arrière-plan historique s’effaçant au profit de certains états d’âme et des relations amoureuses de Nina. Le ton change, comme si quelque chose avait fait dévier Warnauts d’une trame d’origine. Jusqu’aux dernières pages, que j’ai trouvées trop éloignées de ce vers quoi je pensais que l’intrigue allait se diriger. D’autant plus que cette fin, en plus d’être trop « à côté » du sujet je pense, est franchement brutale, au point que j’ai vérifié que des pages ne manquaient pas (j’ai aussi vérifié que cet album n’était pas suivi d’un autre, réellement conclusif). Le dessin est classique pour Raives, un peu daté, mais efficace. Ce sont surtout les couleurs que je n’ai pas trouvées trop réussies, un peu délavées. Bref, une lecture qui m’a laissé sur ma faim, alors qu’au départ je pensais davantage l’apprécier. Note réelle 2,5/5.

22/11/2022 (modifier)
Par Benjie
Note: 2/5
L'avatar du posteur Benjie

J'ai bien accroché au début de l'album et après une quinzaine de pages, je l'ai trouvé confus et haché. J'aime moyennement le dessin, (affaire de goûts) car les silhouettes et les visages de femmes sont réussis de même que les scènes de villes en ruines. L'ambiance est là. Pas grand chose à ajouter, si ce n'est que le scénario m'a paru d'un intérêt moyen et que j'ai eu du mal à aller au bout.

30/05/2021 (modifier)
L'avatar du posteur ThePatrick

Au final une déception. Cette histoire, faite d'un ensemble de tranches de la vie de Nina, jeune femme allemande, nous fait découvrir l'Allemagne de la fin de la seconde guerre mondiale et des années suivantes. Période sombre, période difficile, période de reconstruction. J'ai d'ailleurs trouvé les scènes où l'on voit les villes allemandes et leur état à la fin de la guerre particulièrement remarquables, probablement composées d'après des documents d'époque, et montrant bien l'ampleur de la destruction. Cette jeune fille, qui est d'abord embrigadée dans un centre qui élève les couveuses garantes de la race future race aryenne, s'en échappe à l'aide d'une "bonne amie", en se déguisant en garçon. Et c'est par le prisme de sa vie, de ce qui lui arrive, qu'on va découvrir cette époque trouble. Elle aussi va la découvrir, et la scène où elle réalise le poids de l'horreur que son pays a commis et qui tout d'un coup l'écrase laisse la gorge serrée. Tout manichéisme sera laissé de côté. Ici il n'y a pas de bons ni de méchants, juste des hommes et des femmes et leur vie dans ce contexte historique. Le dessin de Raives, s'il ne me séduit pas plus que ça, est très maîtrisé, particulièrement pour les scènes urbaines, et il sait faire ses femmes très séduisantes. Ce qui me dérange plus, c'est le propos de cet album. Ou plutôt le manque de clarté sur celui-ci. Cette lecture a commencé par être très prenante - le fait de faire parler des personnages en allemand ou en anglais, même si ce procédé est peut-être daté ou difficile si on ne connaît pas du tout ces langues, a aidé mon immersion en donnant un goût de vécu, qu'on sent de toute façon tout au long de cette histoire - avec un côté historique très prégnant. Puis on voit les choses par le prisme de la vie sentimentale de Nina, et puis les choses se diluent plus et deviennent moins nettes, et pour finir, la fin (justement !) est totalement ratée. Elle arrive comme un couperet, ne finissant rien du tout, et se place sous un angle purement sentimental que j'ai trouvé franchement ridicule. Du coup, avec cette fin, je ne comprends a posteriori pas l'histoire qu'ont voulu raconter les auteurs. Le scénario était-il écrit dès le départ ? S'est-il construit en épisodes et a-t-il dérivé ? Je ne sais pas, mais je reste sur ma faim, et frustré avec l'impression de n'avoir pas compris le propos de ce récit. A moins qu'il n'y ait peut-être pas eu besoin de comprendre, juste d'accepter ? Et c'est donc cela, une ligne directrice claire, un propos, une finalité, qui m'a semblé manquer à cet album, au point de gâcher ma lecture, alors même que j'ai beaucoup aimé le début. Dommage. Note réelle : 2,5 / 5

30/04/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

J'avais entrevu ce récit dans le mensuel A Suivre vers 1989 ou 90, mais je l'ai lu en entier avec l'album réédité par Le Lombard dans sa collection Signé, et je suis assez partagé sur la note à donner... J'avais déjà remarqué la finesse du trait et l'évolution du dessin soigné de Warnauts & Raives, et sur cet album, il est vraiment magnifique, clair et lumineux, avec beaucoup de gros plans qui embellissent les personnages surtout féminins. Les scènes érotiques peuvent sembler trop nombreuses, mais elle ne sont pas si superflues que ça, au contraire, elles s'inscrivent dans cette impression d'esthétisme des corps et des visages que les auteurs ont voulu je crois, insuffler à ce roman graphique. On suit le parcours d'une jeune fille allemande fuyant le nazisme, au look si androgyne qu'elle peut passer au départ pour un garçon au sein de cette unité de soldats américains. C'est la fin du IIIème Reich, on est à la fin de 1945, époque où Berlin est livrée aux vainqueurs ; une période rarement montrée en BD, et même au cinéma, si l'on excepte l'exceptionnel le Troisième homme de Carol Reed, avec ses images envoûtantes scandées par la cithare d'Anton Karas. Après cette remontée jusqu'à Berlin, les auteurs montrent l'Allemagne dévastée, les horreurs nazies qui stupéfient les Alliés et le peuple allemand, puis le procès de Nuremberg, la reconstruction avec la mise en place des zones américaines, française, britannique et russe, la situation quotidienne peu reluisante des Berlinois, la dénazification... Tous ces éléments sont brassés un peu pêle-mêle et sont peu approfondis car entrecoupés par des romances entre Nina, Wim et d'autres personnages, c'est sans trop d'intérêt, ou alors peut-être Warnauts & Raives auraient dû allonger leur récit. La fin est de ce fait un peu stupide, la Bd aurait dû s'arrêter bien avant, lorsque Nina et son amie française Bénédicte sortent de chez Preminger, et que Berlin obtient l'adoption d'une nouvelle constitution en avril 1948. En même temps, c'est pas mal de montrer l'évolution de Nina en tant que femme, son activité de traductrice et sa féminité qui s'est épanouie, mais la narration est un peu décousue ou mal exploitée, et ça dessert la force du sujet de fond qui au départ était bon.

14/04/2016 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
L'avatar du posteur Ro

D'ordinaire, j'aime les albums de Warnauts et Raives car ils ont le don, par le biais d'un superbe dessin réaliste, de m'immerger dans une ambiance souvent exotique, de m'impliquer dans leurs récits tout en me faisant découvrir un contexte historique ou des lieux bien particuliers. Mais là, je n'ai pas du tout été charmé. L'aspect historique est assez intéressant. Il nous offre le point de vue d'une allemande sur la fin de la seconde guerre mondiale puis les évènements qui se sont déroulés durant les années d'après-guerre, à Berlin et ailleurs. Mais les auteurs n'ont pas réussi à me rendre leur héroïne ni ceux qu'elle côtoie attachants. Le rythme est trop rapide, trop haché, les évènements sont survolés. Le dessin non plus ne m'a pas séduit. Le trait est techniquement bon mais les visages sont assez laids à mes yeux, les couleurs un peu ternes et les scènes pas très engageantes. En outre, les auteurs ont fait le choix d'entrecouper leur récit de scènes glamour voire un peu érotiques (avec des scènes lesbiennes assez gratuites), comme un mélange de récit historique et de roman-photo à l'eau-de-rose. J'ai trouvé ça artificiel par moment et franchement pas captivant. Je suis donc resté à l'extérieur de ce récit qui m'a un peu ennuyé.

30/11/2009 (modifier)
Par iannick
Note: 3/5
L'avatar du posteur iannick

Encouragé par un bédéphile et par ma lecture d’« Equatoriales » des mêmes auteurs dont j’avais apprécié le coup de crayon de Guy Raives, je me suis procuré « L’Innocente » en espérant y retrouver ce même plaisir de lecture. Grosse surprise ! Cette fois-ci, les auteurs ont abandonné les contrées africaines et d’Amérique du Sud pour nous présenter une histoire se passant en Allemagne à la fin de la seconde guerre mondiale (et au-delà). Le récit a pour héroïne Nina Reuber qui s’enfuit d’un centre de formation de la future élite du national-socialisme pour tenter sa chance à Berlin. Pendant sa cavalcade, Nina va être en quelque sorte « embauchée » par l’armée américaine grâce à ses dons en Anglais… « L’Innocente » est un récit qui m’est apparu très intéressant au niveau des faits historiques. En effet, en suivant les péripéties de Nina Reuber, le lecteur découvrira comment le peuple allemand va vivre son quotidien dans la période comprise entre début 1945 et 1950. Le bédéphile percevra aussi comment les alliés (Etats-Unis, URSS, Angleterre et France) vont « se partager » l’Allemagne et … Berlin. Moi qui suis fan de récits historiques, c’est ce thème de cet album m’a fait accrocher à cette lecture parce que pour le reste, je n’ai pas été totalement convaincu par le scénario et par la narration… Parallèlement aux faits réels relatés dans « L’Innocente », le lecteur suivra également les aventures sentimentales de Nina Reuber où les auteurs en profitent pour y insérer des scènes de nudité –à mon avis- qui n’apportent rien au récit (à part, rincer l’œil des lecteurs masculins…) et où c’est tiré par les cheveux à l’image du dénouement rocambolesque. La narration n’est pas –à mon avis- irréprochable : on passe brusquement et constamment d’une séquence à l’autre comme si les auteurs n’avaient pas eu la possibilité de bénéficier d’un nombre de pages pour raconter tranquillement leur histoire (ils auraient mieux fait de retirer les séquences érotiques non ?). Graphiquement, je n’ai rien à reprocher à Guy Raives. J’aime beaucoup son coup de crayon et sa mise en couleurs directes : ses planches sont vraiment très belles à contempler ! Si vous aimez les récits historiques, vous passerez un bon moment de lecture avec « L’innocente ». Dans le cas contraire, vous serez surement déçu par cet album où les péripéties sentimentales de l’héroïne ne me sont pas apparues convaincantes. Reste que le graphisme de Guy Raives est –à mon avis- magnifique et ça, après un rapide feuilletage sur place, ça motive le lecteur à acheter ce one-shot…

26/08/2009 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Voici une de mes bandes dessinées préférées du duo Warnauts-Raives. Cette chronique de la vie d’une jeune femme allemande de la fin du second conflit mondial à la fin des années ’40 a beau être très décousue, je n’en suis pas moins tombé sous le charme. Raisons principales : Tout d’abord, le contexte historique. Il est rare qu’une bande dessinée s’intéresse à cette tranche d’histoire sous cet angle de vue. En effet, nous suivons ici une « innocente » allemande (d’où le titre). D’abord peu concernée par les idéologies politiques (elle ne cherche qu’à rejoindre sa tante à Berlin et à vivre le plus calmement possible la fin de la guerre), elle va, au fil du temps, des rencontres, mais aussi après le procès de Nuremberg, développer une vrai conscience politique et morale tout en gardant cette volonté d’innocence. Grâce à ce personnage atypique et à cet angle de vue original, la traversée de cette trouble période devient passionnante. Ensuite, et c’est une constante dans les œuvres du duo, le dessin de Raives est à nouveau séduisant de finesse et de précision. Et ses nombreux nus, s'ils ne se justifient pas toujours d'un point de vue strictement scénaristique, n'en demeurent pas moins très accrocheur pour l'oeil masculin en ma possession (on n'est pas que des bêtes, mais quand même ...). Mais, contrairement à des œuvres plus récentes, j'ai trouvé le style de Raives plus fluide et moins froid ici. La colorisation est, certes, plus terne qu’à l’heure actuelle, mais, dans un contexte tel que celui abordé dans cet album, elle me parait tout à fait opportune. Reste le point faible de l’album : une histoire d’amour compliquée et inutile. Warnauts a, de plus, la maladroite idée de clore son récit sur cette histoire. La fin de l’album est donc sans intérêt. N’empêche, un très bon album !

20/08/2009 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

L'innocente... Ce titre intrigue lorsqu'on voit l'aigle posé sur la croix gamée en arrière plan de la couverture. On se demande quel crime a pu avoir commis cette femme, une jeune allemande qu'on découvre dans un centre de formation afin de fuir les bombardements alliés sur les grandes villes. On va suivre son parcours qui n'a franchement rien d'extraordinaire. Ce sentiment de culpabilité, c'est tout un peuple qui va l'avoir en découvrant à la fin de la guerre les horreurs commises par les nazis notamment lors du Procès de Nuremberg. C'est une période de l'Histoire assez intéressante que nous font découvrir les auteurs car on part de la chute du nazisme au blocus de Berlin par les Soviétiques. On se rend compte que cela n'a pas été facile pour le simple citoyen allemand de naviguer en eaux troubles. Il est vrai que ce récit semble s'égarer dans des aventures de moeurs sans grand intérêt. La fin est d'ailleurs assez pathétique. Les dessins sont magnifiques comme d'habitude par le duo d'auteurs Warnauts et Raives. Je retiendrais surtout l'aspect historique. Pour le reste, on a déjà vu mieux.

15/08/2009 (modifier)
Par Alix
Note: 3/5
L'avatar du posteur Alix

Une belle histoire, mêlant destinées personnelles et histoire de l’après seconde guerre mondiale en Allemagne. Les dessins sont vraiment magnifiques et maîtrisés. Mais plusieurs détails agaçants m’ont empêché de pleinement apprécier ce one-shot. Déjà, la narration est un peu maladroite et saccadée. Elle est sans arrêt interrompue par une « voix off » décrivant le contexte historique. C’est rempli de dates et de noms, et à la fin je ne les lisais même plus. Ensuite par moment j’avais vraiment l’impression de lire du Léo, Bételgeuse entre autres. Je trouve que le côté historique n’est qu’une toile de fond, et le plus gros du scénario parle de relations amoureuses, mais de façon un peu « cucul ». De même toutes les excuses sont bonnes pour montrer les nanas à poil. L’héroïne rencontre une vieille amie à elle ? « Tiens justement j’allais aux bains turcs, viens avec moi on discutera un peu ». S’ensuivent 3 pages de femmes dénudées, derrières arrondis et autres nichons… un peu gros quand même. (La mise en scène, pas les PAF ! Pardon je m’égare) Bon j’ai quand même passé un bon moment, mais il ne me reste pas grand chose après lecture. Une bonne BD, qui aborde une période intéressante de la seconde guerre mondiale (l’après guerre et la reconstruction plutôt que la guerre elle-même), mais qui aurait gagné à se concentrer un peu plus sur ce côté historique, et moins sur les ébats amoureux des personnages… mais ceci n’est bien sûr qu’un avis personnel.

22/05/2005 (modifier)