Azolla

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

Quand une vie que l'on pense trop bien rodée se voit bouleversée par la disparition de celui avec qui on la partage, celle-ci s’enraye. Entre rêve et réalité, c'est ce que nous conte ici Karine Bernadou !


Atrabile BD muette La BD au féminin Séries avec un unique avis

Seule dans sa demeure, bien trop grande, bien trop vide, Azolla vit des heures sombres. L’être aimé est parti et l’attente est longue, trop longue… Oubliée, des rêves bien sinistres envahissent ses nuits !

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 13 Mai 2016
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Azolla © Atrabile 2016
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)
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15/07/2016 | KanKr
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Par KanKr
Note: 4/5

Sous l'emprise des rêves ! Le cerveau humain est doué de pouvoirs que l'on ne soupçonne pas. L'impact du moral sur les songes peut se révéler incontrôlable ! Dans Azolla, Karine Bernadou s’intéresse à l’emprise du quotidien sur notre imagination, à ces instants où les pensées s’égarent dans les divagations. Perdus en pleine nature, la plantureuse Azolla et son mari coulent des jours heureux dans leur maison campée sur une colline surplombant une rivière. Éloignée du monde et de son tumulte, l’imposante jeune femme aux longs cheveux bleus, aux pommettes roses et aux yeux en amande s'occupe du logis, du jardin et de ses animaux pendant que son conjoint part à la chasse toute la journée. Éperdument amoureuse et épanouie dans cette routine, elle ne peut cependant pas s'empêcher d'être inquiète pour son époux dont elle doute du bonheur. Le jour où il ne rentre pas, seule dans son lit, elle commence à digresser, élaborant des scénarios divers quant à la raison de cette absence : un tour joué par des ombres angoissantes l'épiant et se moquant d'elle, un complexe d'infériorité mûri par son compagnon plus petit qu'elle... Elle finit par s'imaginer se découpant en deux morceaux pour obtenir une taille plus adéquate à sa relation. Mais ceux-ci repoussent, et chaque fois qu'elle réitère l'opération, elle se multiplie, rendant un peu plus oppressante une situation qui l'était déjà. À l'étroit dans la modeste demeure, les Azolla en viennent à s’entre-tuer, se reprochant les unes aux autres l'état des choses. À travers les déambulations cauchemardesques de son héroïne, l'auteure nous égare dans les méandres de l'esprit, entre rêve et réalité. Elle nous propose une fable muette et poétique, tortueuse, érotique, violente... Ce roman graphique, presque intimiste, est une réflexion sur la tentation charnelle, les troubles physiques, la culpabilité insensée, l'écrasante solitude ou encore l'équilibre du couple et la place que l'on y occupe. L’œuvre, très immersive, tire son intérêt de l'absence totale de paroles, permettant une libre interprétation des événements par le lecteur, chacun pouvant mêler sa propre expérience à la compréhension du récit. Si l'histoire est originale, le dessin et la mise en page ne le sont pas moins ! Le séquençage en courts chapitres, les cases sans bords et à l'aquarelle, le trait expressif, suffisent à donner de la vie et des mots à l'intrigue. L'emploi d'une bichromie rouge et bleu offre à l'ensemble des accents de conte érotique, sombre et envoûtant. Karine Bernadou prouve, par sa maîtrise du scénario, de l'illustration et de la couleur, sa qualité d'artiste accomplie. Un livre inspiré et attrayant, à découvrir ! KanKr

15/07/2016 (modifier)