Mamada

Note: 3.4/5
(3.4/5 pour 5 avis)

Mamada, chef d'un petit village de Namibie, se retrouve accidentellement dotée d'étranges pouvoirs... qui la propulsent dans le métro parisien. C'est le début d'un choc des cultures.


Paquet

Elle s’appelle Mamada et elle appartient à la tribu des Himbas qui vivent au nord de la Namibie. Comme disent les vieilles de son village : « Elle est née avec l’humeur mauvaise. » Comme dit le sorcier : « Elle a été nommée chef du village car personne n’a osé se présenter contre elle. » Quant à N’gaboulo, son mari ... lui, il préfère ne rien dire. Mamada n’aime pas les jeunes. Elle n’aime pas les touristes. Et elle méprise les blancs. D’ailleurs, à bien y réfléchir, elle n’aime pas beaucoup les Chinois non plus. Et pour cause, un jour une capsule spatiale « made in china » s’écrase juste à côté d’elle. Une substance étrange s’en échappe et la contamine. Mamada ne le sait pas encore, mais elle vient d’hériter du Pouvoir Absolu... un pouvoir qu’elle va avoir bien du mal à contrôler. Quelques heures plus tard, tandis qu’elle essaye de chasser une brochette de touriste venue photographier son village, elle disparaît dans un nuage de fumée ... et réapparait 9000 km plus loin, dans le métro Parisien. Pas de doute pour elle : Elle est au Royaume des morts ! (texte de l'éditeur)

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 25 Septembre 2013
Statut histoire Série terminée 3 tomes parus

Couverture de la série Mamada © Paquet 2013
Les notes
Note: 3.4/5
(3.4/5 pour 5 avis)
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02/10/2013 | Mac Arthur
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L'avatar du posteur bamiléké

David Ratte est un artiste dont j'apprécie beaucoup le graphisme et l'humour. J'ai retrouvé dans Mamada ce qui me procure un grand plaisir de lecture : un graphisme semi réaliste précis et drôle au service d'un humour au deuxième degré dont je raffole. Pourtant au fil des trois albums David Ratte ne fait pas toujours dans la facilité. Il construit un scénario humoristique et fantastique qui pourrait nous emmener assez vite dans du délirium/n'importe quoi. De plus, il détourne des clichés racistes avec tant d'habileté (pour nous les renvoyer en pleine figure) que l'on se croirait dans une version d'OSS de Michel Hazanavicius. Mamada navigue entre deux déserts : son désert natal du Kalahari et notre désert d'humanité du RER A. N'est pas le plus aride celui qu'on pense. Par la grâce d'un patron londonien charismatique et d'un dictateur nord-coréen, Mamada va pouvoir troubler un ordre pas si naturel que ça. Mamada ne s'étonne de rien, et nous avec, dans cette suite de rebondissements délirants et de dialogues piquants. J'aime beaucoup cette école qui propose cette ligne claire, bien ronde qui met en valeur les expressions humoristiques des corps et des visages. La mise en couleur qui s'appuie sur les différences de peaux est vive et chaude. C'est entièrement à mon goût. Une lecture très agréable d'un auteur que j'apprécie beaucoup pour son humour.

28/10/2022 (modifier)

Qu’a donc fait Mamada aux divinités ? Suite à sa contamination par un agent mutagène inconnu, cette acariâtre et traditionaliste chef de tribu se retrouve projetée à Paris munie d’un pouvoir absolu dont elle ne sait pas se servir. Persuadée que son don est le fait de son gris-gris porte bonheur, elle l'utilise sans discernement, dézinguant animaux et citadins la contrariant ou, au contraire, ressuscitant une jeune suicidée qui décide dès lors de profiter des talents de l’africaine pour régler son compte à la société. Durant ce temps, en Afrique, un groupe de mercenaires recherche la mystérieuse substance et un oiseau multicolore ayant hérité des mêmes facultés que Mamada sème la terreur dans la savane. Pas facile pour un auteur de trouver un sujet original et encore moins quand il s’agit d’écrire une comédie ! David Ratte l’avait pourtant réalisé avec ses cycles Le voyage des pères et L’exode de Jonas, mais sa nouvelle création n’est pas une aussi franche réussite. Après un premier tome introductif faisant songer, pour les amateurs du 7ème Art, à un croisement de Bruce Tout-Puissant et Les dieux sont tombés sur la tête, le lecteur espérait avec ce nouvel opus que la série prenne son envol et non qu’elle ronronne sur un rythme de croisière. L'auteur utilise le ressort comique très usité de l’indigène projeté dans le « monde moderne ». Son innovation réside dans le fait que la chef Himba n’est pas uniquement une pauvre victime du choc culturel. Le regard qu’elle pose sur les Blancs est autant rempli de préjugés que l’inverse. Elle n’aime pas notre univers, ne se gêne pas pour le dire et n’hésite pas à faire disparaître, grâce à ses pouvoirs, les individus la défrisant. Ceux-ci sont alors projetés dans la savane africaine où leur arrivée semble tout aussi incongrue. De plus, par l’intermédiaire du personnage de Sidonie, le scénariste tape, au sens propre comme au sens figuré, sur énormément de travers de la société actuelle : les industriels, les politiques, les journalistes, les touristes occidentaux et enfin les vedettes de la télé-réalité et autres variétés. Ratte a un style graphique semi-caricatural où l’effet comique est engendré par le contraste entre le réalisme des décors et l’aspect cartoonesque des visages des protagonistes. Les planches les plus drôles de l’album sont celles mettant en scène l’irascible volatile. La bande dessinée tombe alors dans le portnawak assumé, usant d’un humour visuel sans dialogue hyper efficace. Vous ne regardez plus les hippopotames de la même façon ! Mamada est donc loin d’être une mauvaise bande dessinée. Elle provoque même souvent l’effet premier recherché par sa lecture : le rire. Cependant, à cause de ce sacro-saint format quarante-huit pages cher aux éditeurs, le livre parait un peu court. Dix minutes maximum de « plaisir » pour un lecteur boulimique ! La série aurait certainement gagné à être un one-shot plus copieux, diminuant ainsi l’impression de vacuité de ce deuxième tome. C’est un sentiment que, à coup sûr, les acheteurs patients qui liront un jour d’une traite l’intégrale des albums publiés ressentiront beaucoup moins. Dommage qu’il faille conseiller l’attente plutôt que l’achat impulsif !

14/09/2015 (modifier)
Par Canarde
Note: 4/5
L'avatar du posteur Canarde

J'ai envie de soutenir cet album, sympathique et intelligent. Un dessin contemporain, un peu à la Zep dans les personnages secondaires, mais beaucoup plus travaillé quand c'est nécessaire. L'héroïne Mamada, par exemple reçoit un visage masculin et buriné, une paire de cornes vaguement démoniaque en guise de barrette. Son corps massif et ventru, les pieds en dedans, recouvert de poudre ocre rouge, et les chevilles cachées, représente un peu la tradition, inadaptée et attachante à la fois. Cheffe d'un village de Namibie, elle méprise les touristes occidentaux et refuse d'être réduite au rang de singe savant, mais n'arrive pas vraiment à se sortir de ce statut dégradant. Le tour de passe-passe scénaristique qui la transporte dans notre monde urbain et nordique, permet à l'auteur de tester un peu ses réactions, et d'une certaine manière la sauve de la médiocrité qu'elle subit dans son village. En revanche, je ne sais pas comment Ratte va réussir à retomber sur ses pattes avec ses pouvoirs magiques incontrôlés et son drôle d'oiseau... J'attends avec impatience le second tome, sachant que ça va être assez casse gueule pour être à la hauteur de la sympathie construite autour de son personnage à la féminité si vernaculaire (juste pour citer mon meilleur voisin!).. Je viens de lire le tome deux et c'est effectivement moins bien: le personnage de la jeune fille qui sert de guide à Mamada dans notre grisaille parisienne prend beaucoup de place, et elle est loin d'être aussi subtile. Trop bavarde peut-être. Et à la fin du deuxième tome on n'en sait à vrai dire pas plus sur comment l'histoire va retomber sur ses pieds. L'intrigue n'a pas avancé d'un iota. Mais je garde espoir pour le troisième tome...

05/06/2014 (MAJ le 20/02/2015) (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

David Ratte est un auteur qui a un style d’humour assez particulier qui vise à pousser à la réflexion. Ce sont des thèmes bien sérieux qui sont traités comme l’intolérance par rapport à la différence. Il reste dans le même style que Le Voyage des Pères tout en changeant de registre et cela ne sera pas pour nous déplaire. Il parvient très souvent à faire mouche. C’est vrai que c’est parfois poussif et naïf sur le thème du choc des cultures mais le fond demeure bon. Quant à la forme, j’apprécie toujours la douceur de son trait. On découvre la Namibie, un pays d'Afrique australe assez lointain. On sait que l’un des déserts les plus arides au monde le Kalahari occupe une bonne partie de ce pays. Cependant, au nord, on trouve la région du Kaokoland. On fait la connaissance avec une ethnie singulière les Himbas. Par ailleurs, les femmes himbas, très belles, enduisent leur peau nue et leurs cheveux de terre ocre mêlée à du beurre, par coquetterie mais aussi pour se protéger du soleil et des moustiques. Il est vrai que je les avais tout d’abord confondus avec les aborigènes australiens. Bref, c’est une série qui s’annonce assez sympathique. Pour autant, c’est quand même un cran en-dessous du Voyage des pères ce qui explique mes 3 étoiles.

15/07/2014 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Avec Mamada, David Ratte se lance dans une nouvelle aventure. Finie sa relecture décalée et anachronique de la Bible, et bienvenue en terre inconnue. C’est en effet à un choc culturel que l’auteur nous convie via cette fable fantastique. Mamada, chef incontestée d’un village situé au nord de la Namibie, se retrouve en effet, et par le plus grand des hasards, dotée de pouvoirs aussi extraordinaires qu’incontrôlables… qui la projettent dans le métro parisien. Et, à l’inverse, elle va involontairement projeter en pleine savane les malheureux Parisiens qui auront la malchance de la croiser d’un peu trop près. Voilà le point de départ à une analyse de notre société et de ses travers. On retrouve chez l’héroïne le caractère râleur d’autres personnages vedettes de l’auteur, qui semble décidément bien apprécier ce genre de profil. On retrouve également au fil des pages un peu de cet humour absurde cher à l’auteur. Toutefois, ce premier tome se révèle en définitive peu drôle, l’accent étant surtout mis sur la mise en place de l’univers et la présentation des personnages. Mais le théâtre ainsi créé s’annonce très prometteur et quatre pôles d’intérêt se dégagent (la découverte par Mamada, aux côtés d’une jeune femme suicidaire, de notre société occidentale – la découverte par une flopée de Parisiens du village namibien – les tribulations de deux jeunes voyous au cœur de la savane (avec un langage original que j’ai apprécié) – les exploits d’un petit oiseau, lui aussi doté de pouvoirs étonnants). Ma seule réticence ira vers cet étrange pouvoir aux conséquences aléatoires très... opportunes. Entendez par là que ces phénomènes ne semblent avoir d'autre logique que celle qui arrange David Ratte dans l'avancée de son récit. Au niveau du dessin, le trait de David Ratte m’est apparu plus brut, moins rond que dans le voyage des pères. Il reste cependant très agréable à lire et expressif en diable. Une nouvelle série plutôt bien partie, donc, mais qui ne devrait dévoiler tout son potentiel qu’au fil des albums. Prometteur.

02/10/2013 (modifier)