Cesare (Cesare - Hakai no sôzôsha)

Note: 3.57/5
(3.57/5 pour 7 avis)

Rencontre d'un jeune homme très ambitieux dans la Renaissance italienne...


1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Italie Kodansha La BD au féminin : le manga Léonard de Vinci Les Borgia Les Médicis Seinen

Naïf et studieux, Angelo Da Canossa n’est guère armé pour la vie d’étudiant à l’université de Pise, lieu d’intrigues et de tensions dans l’Italie de la Renaissance. Son innocence résistera-t-elle à sa rencontre avec Cesare Borgia, rejeton d’une famille à la réputation sulfureuse, dont le père est sur le point d’accéder au Saint-Siège ? Rivalités entre les différentes factions de l’université, machinations politiques et luttes fratricides, Angelo va partager les années de formation d’un jeune homme en passe de devenir l’un des personnages les plus fascinants de l’Histoire. À ses côtés, il croisera le chemin de certains de ses contemporains les plus célèbres, de Christophe Colomb à Machiavel en passant par Léonard de Vinci… (texte : Ki-oon)

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Mars 2013
Statut histoire Série terminée (Un cycle de 10 tomes puis un de 3 tomes) 13 tomes parus

Couverture de la série Cesare © Ki-oon 2013
Les notes
Note: 3.57/5
(3.57/5 pour 7 avis)
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21/03/2013 | Spooky
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Par Erik
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Que se passe t-il avec les mangas ? Je constate que certains titres ont tout pour plaire tant la qualité peut être au rendez-vous. Cesare était d'ailleurs recommandé par Historia. Or, les recommandations ne sont pas toujours très satisfaisantes. Bref, je me suis laissé surprendre et le résultat a dépassé toutes mes espérances. C'est le meilleur manga de toutes ces dernières années. On va suivre le parcours que n'aurait pas renié un certain Machiavel et son fameux Prince. Récemment, j'avais avisé un manga sur Le Prince et j'en avais appris un peu plus l'oeuvre de cet auteur si critiqué. Il est vrai que César Borgia est un homme fascinant et talentueux derrière son côté froid et calculateur. C'est une personnalité que l'on prend plaisir à découvrir. Bien que le titre du manga soit Cesare, on le voit au travers des yeux d'un certain Angelo Da Canossa dont le grand-père était tailleur de pierre au service de la famille des Médicis. Ce jeune homme est naïf et met souvent les pieds dans le plat au milieu des différentes factions politiques. Il fait office de narrateur ou de reporter afin d'avoir un point de vue neutre. C'est bien pensé. L'auteur Fuyumi Soryo a fait appel à un spécialiste de la renaissance italienne qui est également professeur d'université à savoir Motoaki Hara. On constate bien un parcours sans faute qui respecte jusqu'à la typologie des lieux. Et puis, on va faire des rencontres tout à fait intéressantes et qui vont marquer à tout jamais la renaissance à savoir Christophe Colomb ou Léonard de Vinci sans parler de Machiavel. Comme dit, je ne suis pas hostile aux mangas lorsqu'ils parviennent à égaler une richesse historique rare. Par ailleurs, j'ai aimé la beauté et l'élégance du trait. Décors, vêtements, personnages : rien n'est laissé au hasard. En un mot : c'est réellement passionnant ! Déjà 8 tomes avec un rythme de parution assez rapide. La trame narrative est plutôt longue mais cela crédibilise le récit. On fait également plus ample connaissance avec les différents personnages qui se rajoutent au fil des tomes et dont on sent qu'ils vont jouer un grand rôle dans la guerre qui se prépare. Certains personnages comme Angelo évoluent également. Par ailleurs, le contexte historique est de plus en plus enrichi. C'est que du bonheur pour ceux qui aiment l'Histoire. Bref, je ne regrette pas mon achat. La série s'arrête brutalement au 10ème tome. J'avoue le regretter car j'aurais eu envie de connaître la suite du destin de ce personnage hors du commun des mortels. On ne saura rien de ce qu'il advient également de son père alors que les jeux vont se faire au Vatican à l'occasion d'un futur conclave. C'est une tranche de vie qui va se refermer de façon assez classique comme pour marquer une étape. Des lecteurs ou certains sites de bd n'ont d'ailleurs toujours pas compris que c'est bel et bien terminé. On les entend déjà crier au scandale car ils sont en rade ! Bref, il y a comme une impression d'inachevée. Or, ce n’était que la fin d’un cycle. Un peu plus d’information et de communication n’aurait pas fait de mal à l’attention des lecteurs. Le tome 11 marque le début d’un second cycle qui commence avec la mort de l’un des piliers et soutien de la famille des Borgia. On se demande comment va évoluer la succession ainsi que la politique à mener alors que tout semble explosif. Les intrigues vont se multiplier notamment au niveau du clergé. Cela va au-delà du simple report d’événements historiques. On a du plaisir à suivre cette lecture. On retiendra au final la beauté graphique pleine de poésie d'une œuvre historique passionnante ! Il a fallu attendre presque 5 ans pour avoir droit au tome 12 alors que nous étions au cœur de l’action avec le pape Innocent VIII au chevet de la mort et surtout la disparition du grand Lorenzo de Médicis ce qui redistribue les cartes. Enfin, le fameux conclave de 1492 a commencé et on entre dans les manigances du pouvoir et des intrigues politiciennes pour se faire élire pape. Le parti pris est de soutenir Rodriguo Borgia face à son principal ennemi qui ne fait pas dans la finesse et qui semble avoir l’avantage des alliances de la péninsule italienne. Bref, on atteint le point culminant de ce récit entamé en 2013. Cette lecture m’avait manqué, je dois bien l’avouer. Je rehausse la note à 5 étoiles car de tous les mangas que j’ai lu, c’est le meilleur et dans tous les domaines. La qualité graphique est époustouflante. La mangaka a effectivement fait une pause de quelques années pour se consacrer à une étude historique approfondie afin de coller au plus près de la réalité. J’apprécie beaucoup cette rigueur et cela se voit au résultat. Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.5/5

10/11/2013 (MAJ le 19/02/2020) (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Ceux qui sont attentifs à l'évolution de l'édition manga en France ne laisseront sans doute pas passer ce qui est en cours chez Ki-oon ; au sein d'une production shôjô/shônen assez passe-partout au début, seules les productions de Tsutsui permettaient à cette petite maison d'édition de s'adresser à un lectorat plus mature. Puis vinrent Tonogai et Sanbe, avec des récits qui lorgnaient franchement vers l'horrifique. Puis vint l'OVNI Bride Stories, il y a déjà quelques années, qui ouvrit une nouvelle brèche, des mangas plus "cérébraux", plus tournés vers le souci de véracité historique. Cesare est l'une des dernières traductions dans cette mouvance. Tout d'abord on remarque la maquette, très soignée, marquant ce souci de qualité vers lequel l'éditeur, peu à peu, tend. Ici le sujet est la vie d'un jeune représentant de cette famille de dignitaires italiens d'origine espagnole qui s'appelèrent les Borgia. En plein coeur de la Renaissance transalpine, cette dynastie oeuvra pour accéder aux plus hautes marches du pouvoir local, c'est à dire le pontificat. Mais plutôt que de nous parler de celui qui lorgne le Saint-Siège, l'auteure a choisi de nous en parler par le biais de son fils, brillant étudiant de l'université de Pise. Ou plutôt -et c'est là une excellente idée, même si un peu éculée- au travers des yeux et de l'expérience d'un novice dans cette université, un jeune homme peu au fait des usages et des situations politiques, Angelo. Procédé malin, disais-je, car ainsi on découvre tous les rouages de ces intrigues de boudoirs, les conspirations diverses entre et contre les familles rivales. C'est habilement mené, malgré le côté Dallas un peu trop présent, on ne s'ennuie quasiment pas, et on apprend beaucoup de choses. Il est intéressant de noter, par exemple, qu'en un peu plus de 500 ans, la Curie romaine n'a pas vraiment changé : corrompue, cupide, concupiscente et n'hésitant pas à se servir des services de spadassins, elle semble trouver d'étranges échos dans l'Eglise des années 2000... Point positif, la période choisie est au coeur de pas mal de révolutions sur le plan artistique ou celui des voyages ; l'occasion pour nos protagonistes de rencontrer... Mais chut, ne déflorons pas cette partie... Fuyumi Soryo introduit petit à petit différents personnages historiques, et la jeune Lucrezia fait ainsi son apparition dans le tome 4 ; on aurait pu penser que la relation avec son père va être au coeur de turpitudes ultérieures, mais après lecture du tome 6 Lucrezia reste encore pas mal en retrait. Mais l'auteure ne déflore pas son histoire, elle prend son temps. C'est aussi ça qui est intéressant : la psychologie des personnages évolue, et les masques tombent ou s'installent au fil de l'histoire. Sur le plan technique, Fuyumi Soryo semble combiner deux visages : celui, classieux, d'une admiratrice du decorum de la renaissance italienne : ses décors, les costumes sont somptueux, c'est un vrai plaisir de regarder certains plans larges ou des personnages en tenues ecclésiastiques. Dans les bonus du tome 6 elle décortique sa façon de travailler sur les décors, en particulier un palais Renaissance. Par contre, sur le plan anatomique, c'est plus laborieux : certains visages manquent de rigueur, semblent un peu déformés. Certes, esthétiquement parlant, ils ressemblent aux canons de l'époque ; mais un peu plus de réalisme n'eût pas nui. Mais ce souci s'estompe par la suite. Elle a aussi des soucis avec les chevaux. Ils sont également vraiment difformes, et c'est bien dommage quand l'une des scènes tourne autour d'eux. Ce souci me semble gommé par la suite, car dans le tome 5 une longue scène montre des chevaux, cette fois-ci nettement mieux réalisés. Parlons-en un peu de ce tome 5, dont la scène centrale est une fête de l'école matérialisée par la reconstitution (moyennement fidèle) d'une célèbre bataille des croisades. C'est l'occasion pour les étudiants d'y montrer leur valeur en tant que guerriers -alors qu'ils n'auraient probablement jamais l'occasion de le faire en vrai- mais aussi, pour certains, d'évacuer leur stress, leur énergie, ou même... les frustrations accumulées face à leurs condisciples. Un évènement aux sous-tensions troublantes donc. Dans le tome 6 on passe à un autre temps fort, le dévoilement d'une partie du mystère de l'incendie. Le tome 7 est sur un autre tempo, on laisse reposer l'intrigue principale pour un cours d'Histoire concernant le dualisme entre l'Empereur et le Pape, ainsi que quelques éléments sur la ville de Pise, qui joua un rôle très important à une époque. De nouveaux angles de vue qui enrichissent la connaissance du sujet, fort complexe. Et encore une fois, quelques personnages emblématiques passent faire un coucou... La révolte des Pazzi, évènement sanglant de l'histoire de Florence, est évoquée dans le tome 8, car une quinzaine d'années après, les résonances sont encore là ; on apprend beaucoup de choses sur l'Histoire et la politique de l'époque, c'est vraiment très intéressant. Dans le tome 9 le tempo est plus calme, Cesare et Angelo disparaissent même un peu de la scène pendant la moitié du tome, tandis que nous est exposée la délicate, fragile et complexe situation géopolitique de l'Italie, alors éclatée en plusieurs Etats. Je n'ai pas tout compris, mais encore une fois cela me semble bien présenté, et surtout complété par des annexes documentaires fort intéressantes, un autre plus qui maintient cette série sur une qualité élevée. Dans le tome 10, conclusif du premier cycle, nous avons droit à un évènement majeur dans l'histoire d'Angelo, Giovanni et Cesare ; c'est peut-être le plus calme de la série, mais il fallait cela pour conclure en beauté, sur un rythme qui fleure bon la Toscane et sa douceur de vivre. De plus les personnages tombent un peu le masque, et l'entité un peu froide que représentait jusque-là Cesare apparaît plus humaine. Le second cycle s'ouvre sur un évènement qui remet en question l'alliance tripartite qui liait Naples, Milan et Florence. Et se conclue sur un autre évènement, ou son imminence, qui va bouleverser la Curie romaine. Cela promet encore de beaux moments de diplomatie et d'intrigues de palais. L'auteure (ou l'éditeur) a pensé à nous proposer une sorte de tableau synoptique des relations entre les personnages, car je dois avouer qu'entre les Medicis, les Borgia et les Della Rovere, il y a de quoi s'y perdre, même si chaque famille n'est représentée que par deux ou trois personnages. Dans le tome 3 de nombreuses notes permettent de replacer l'ensemble de l'histoire dans un contexte socio-politique précis. Dans le cinquième un entretien avec un spécialiste japonais de l'époque nous permet de mieux comprendre le fonctionnement des universités de la renaissance. C'est très intéressant, et permet de comprendre pas mal de subtilités présentes dans le manga... Le lectorat du manga traditionnel risque de ne pas adhérer, mais tant pis, j'encourage Ki-oon à persévérer dans cette voie, car c'est vraiment très intéressant, et franchement bien fait. Ma note globale est de 4/5. C'est excellent de bout en bout.

21/03/2013 (MAJ le 13/09/2015) (modifier)

Un petit bijou. Le dessin est très détaillé, précis et recherché historiquement (le travail des deux auteurs a commencé il y a 10 ans !). Les expressions des visages peuvent parfois être déroutantes mais les visages sont assez expressifs. Et l’arrière plan très travaillé. Au niveau de l’histoire le personnage principal : Cesare Borgia a une personnalité très complexe que l’on découvre au fur et à mesure du récit grâce aux yeux d’un jeune garçon, Angelo de Canossa (personnage fictif). Les auteurs ont fait le pari de créer Angelo pour guider le lecteur à travers l’Italie de la Renaissance et lui expliquer les mœurs et coutumes. Le récit, romancé bien évidemment, est basé sur des faits historiques et tout en distrayant, il instruit. Peu de mangas jusqu’à présent ont pris ce pari, assez intéressant. En attente des tomes suivants.

07/05/2014 (modifier)