Motherfucker

Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)

Au coeur des Black Panthers.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Les meilleures séries terminées en 2013 Los Angeles Nouveau Futuropolis Racisme, fascisme

Il s’appelle Vermont Washington. Si son patronyme est symbole de liberté pour l’Amérique, il ne l’est pas pour lui, jeune afro-africain. Il habite à Los Angeles, dans le quartier de Watts, célèbre pour les émeutes survenues, en août 1965, à la suite du 100è anniversaire de l’abolition de l’esclavage aux Etats-Unis. Son quotidien, et celui de sa famille, n’est fait que d’injustices, de restrictions, de discriminations et d’humiliation. Ils sont victimes du racisme ordinaire, qui sévit encore en ces années soixante, où le Ku Klux Klan, vestige insupportable de l’esclavage, n’en finit pas de mourir. Une haine omniprésente perçue à travers le travail, l’éducation, les lieux publics… Même les forces de l’ordre soudoyées participent à cette discrimination générale. C’est donc avec le Black Panther Party, mouvement révolutionnaire afro-américain dont il est membre, que Vermont Washington entend lutter, entouré de ses amis (Noirs), pour leurs droits à l’égalité. Cependant, Pete, son meilleur ami Blanc, qui pourtant soutient le parti, le pousse à être raisonnable, craignant qu’il ne finisse en prison. Son père, chez qui il vit avec sa famille, ayant choisi de faire profil bas, se heurte violemment à lui, lui conseillant de se soumettre. Quant à sa femme impuissante, elle vit dans la peur qu’il ne se fasse tuer à tout moment. De provocations racistes en humiliations permanentes, le destin de Vermont Washington est rythmé par le programme en dix points des Black Panthers : ils luttent pour la liberté, le plein emploi, pour que le peuple Noir ne soit plus volé par la capitalisme, pour des logements décents, l’éducation… (texte : Futuropolis)

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 07 Juin 2012
Statut histoire Série terminée 2 tomes parus

Couverture de la série Motherfucker © Futuropolis 2012
Les notes
Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)
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10/06/2012 | Spooky
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L'avatar du posteur Noirdésir

Voilà un diptyque globalement bien fichu, dont la lecture est fluide et qui ne manque pas d’interpeller le lecteur. En effet, difficile de rester insensible à ce qui arrive aux quelques « motherfuckers » que nous suivons (c’est-à-dire des compagnons de lutte des Black Panthers dans les années 1960). On ne peut que ressentir de l’empathie pour eux, et une certaine haine envers leurs persécuteurs racistes. Ce que montre aussi très bien cette série, c’est que les persécutions subies par ces Noirs militants étaient certes dues à la couleur de leur peau et donc au racisme le plus pur et dur. Mais aussi, et parfois surtout à leurs idées communistes. C’est cela qui en fera des cibles pour les sbires de Hoover, le racisme ne servant parfois qu’à justifier ce combat de classe. Faire en sorte que les Blancs déclassés se jettent contre les Noirs pauvres, et non contre ceux qui les dominent tous deux. Bien évidemment, lorsqu’il s’agit d’aller au Vietnam, ce sont ces Noirs – et quelques Blancs déclassés – qui seront envoyés en priorité, la pleine citoyenneté déniée aux Noirs aux États-Unis leur étant décernée alors pour devenir de la chair à canon. Bref, des boucs émissaires idéaux, que nous voyons ici subir humiliations sur humiliations, assassinats, etc. (voir la scène où dans une maternelle de jeunes écoliers blancs jouent avec des déguisements du KKK à lyncher leurs camarades noirs…). Les deux albums sont découpés en courts chapitres – qui forment une histoire complète, chacun ayant en en-tête une des revendications des Black Panthers, celle-ci étant hélas justifiée ensuite par les persécutions subies. Deux albums édifiants, que l’on aurait aimé n’être que pure fiction. A lire en tout cas.

11/07/2022 (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5
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Si vous voulez plonger dans le mouvement des black panthers c’est raté. Par contre, si vous souhaitez mieux appréhender les conditions sociales qui sont à l’origine de ce mouvement révolutionnaire de libération afro-américaine d'inspiration marxiste-léniniste et maoïste, formé en Californie en octobre 66 par Bobby Seale et Huey Newton c’est la bonne série. Et vous allez vous régaler ! Sylvain Ricard et Guillaume Martinez décrivent plutôt bien la situation sociale des Etats-Unis dans les années soixante. Les brutalités policières. Le racisme lattant. L’omniprésence du Ku Klux Klan dans les états du sud. Et une communauté noire qui souhaite ardemment défendre ses droits et ne plus être les faire-valoir d’une société blanche. Nous (re)découvrons au fil de la lecture de ces deux albums, les dix points (« Ten-Point program ») du programme des black panthers. 1. Nous voulons le plein emploi pour notre peuple. 2. Nous voulons la fin de la spoliation de notre Communauté noire par les Capitalistes. 3. Nous voulons des habitations décentes, dignes d'abriter des êtres humains. 4. Nous voulons pour notre peuple une éducation qui expose la vraie nature de cette société américaine décadente. Nous voulons une éducation qui enseigne notre vraie histoire et notre rôle dans la société d'aujourd'hui. 5. Nous voulons que les hommes noirs soient exemptés du service militaire. 6. Nous voulons un arrêt immédiat de la brutalité policière et des meurtres de Noirs. 7. Nous voulons la liberté pour tous les hommes noirs détenus dans des prisons fédérales, d'États, de comtés et de villes. 8. Nous voulons que les Noirs, lorsqu'ils sont soumis à un procès, soient jugés par un jury constitué de leurs pairs ou de personnes issues de leurs communautés noires, comme défini dans la constitution des États-Unis. 9. Nous voulons des terres, du pain, des logements, l'éducation, des habits, la justice et la paix. Bien évidemment pour un tel récit, le noir et blanc était une évidence. C’est juste magnifique. Le graphisme est puissant et nous entraine dans l’atmosphère noir de l’histoire. Le découpage est très cinématographique. Un plus indéniable. La tension est tangible. Le parti pris des auteurs est de relater l’histoire du point de vue d’un noir, en l’occurrence Vermont Washington, jeune militant des black panthers convaincu par l’idéologie et les revendications prônées par le parti. On éprouve de la compassion pour ce jeune adepte qui subit la brutalité au quotidien du Klan juste parce qu’il revendique sa volonté d’égalité entre les hommes. J’ai adoré ! Je recommande sans modération.

09/12/2020 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
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J'ai vu cette année un excellent film alors que j'étais tout seul dans la salle de cinéma ce qui m'arrive assez rarement. Etait-ce alors un navet ? Non, puisque le film 12 years a slave allait emporter quelques temps plus tard l'oscar du meilleur film ce qui a eu d'ailleurs un effet notable pour sa fréquentation. Quoiqu'il en soit, j'aime bien découvrir de belles pépites avant tout le monde. Motherfucker est le prolongement de la lutte du peuple noir pour ses droits civiques et ses libertés dans les années 60. C'est un thème que j'aime beaucoup et qui était déjà exploité dans le film Le Majordome. Le mouvement des Blacks Panthers est présenté sous son meilleur jour. On sait que la réalité était un peu plus complexe. Qu'importe car le message contre la ségrégation raciale semble être passé. J'avoue ne pas comprendre l'absence de négociation pacifique. C'est ce qui entraîne les troubles ou les guerres à travers le monde. Les populations quelles que soient leurs origines ne devraient jamais subir exclusion et racisme. Le peuple noir a beaucoup souffert. Ce diptyque rend hommage à ce combat juste. Obama n'a pas été élu pour rien.

18/04/2014 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
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Une bonne série qui nous présente le mouvement des Blacks Panthers ainsi que l'Amérique des années 60. J'ai bien aimé quoique je trouvais qu'il manquait quelque chose pour rendre la série mémorable. Il faut dire que je connais bien cette période et que je n'ai donc rien appris de nouveau durant ma lecture. Le scénario est réussit et j'ai ressenti les émotions des personnages. J'aime bien la relation entre Vermont et son père qui, bien que victime de raciste lui-aussi, n'aime pas le Black Panther Party et aussi la relation entre Vermont et son copain blanc et c'est dommage qu'il ne soit pas présent dans le deuxième tome. Le dessin est absolument sublime. J'ai beaucoup aimé l'utilisation du noir et blanc et c'est un style réaliste que j'aime bien.

20/07/2013 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
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Sylvain Ricard, pour son nouveau diptyque, nous emmène au coeur des Black Panthers, ce mouvement américain dévoué à la cause des afro-américains dans les années 1960. Au travers de l'histoire de Vermont Washington, militant au sein de ce parti, qui se retrouve au carrefour de nombreuses tendances, avec les sympathisants, les farouches opposants (au sein même de la communauté noire), la frange blanche parfois proche des idées et des actions du KKK... Le premier tome pose les différents personnages, comme des figures archétypales (ce qui n'est pas négatif), et multiplie les scènes symboliques qui les caractérisent. Ricard pose bien ses pions, avec des chapitres cadencés par les dix points revendiqués par les Black Panthers. Le second nous montre que les Black Panthers, malgré les déprédations dont ils ont pu être victimes, ont fait le choix de ne pas verser dans l'excès de violence, de rendre coup pour coup, de conquérir leur véritable place de citoyens par des voies légales. Le prix à payer sera lourd... Une rigueur formelle bien complétée par le dessin de Guillaume Martinez (Le Monde de Lucie) , dont le trait réaliste est diablement efficace sur les gros plans, un peu moins sur des personnages en pied, mais dont la mise en scène serrée convient bien à l'atmosphère un poil angoissante du récit. On se doute que ça va mal finir... C'est un diptyque lourd, triste, sérieux, qui ne laisse aucune place au doute quant aux opinions des différents protagonistes. Un récit pour ne pas oublier que si un homme de couleur a pu accéder à la Maison-Blanche dans nos années 2000, c'est aussi parce que 40 ans auparavant, de nombreux compatriotes n'ont pas baissé les bras.

10/06/2012 (MAJ le 11/02/2013) (modifier)