Atar Gull ou le destin d'un esclave modèle

Note: 3.66/5
(3.66/5 pour 29 avis)

Récit du destin tragique d'un esclave noir au XIXème siècle


1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune Adaptations de romans en BD Esclavage

Fils d'un chef de tribu africain, Atar Gull fait le serment de ne jamais pleurer, de ne jamais se soumettre. Mais son destin le rattrape, et le voila emporté en esclavage par le terrible capitaine Brulart La haine d' Atar Gull sera à la hauteur des sévices qu'on lui impose, à lui et à ses proches.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 07 Octobre 2011
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Atar Gull ou le destin d'un esclave modèle © Dargaud 2011
Les notes
Note: 3.66/5
(3.66/5 pour 29 avis)
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19/10/2011 | Pacman
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Par Jetjet
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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En tant que grand fan unique du trait de Brüno, Atar Gull s'est logiquement retrouvé il y a près de deux ans dans mon cabas sans grande conviction de l'intérêt d'une histoire qui ne m'intéressait à vrai dire pas plus que cela. C'est donc après ma lecture de l'excellent Tyler Cross du même duo d'auteurs que ma curiosité me piqua à ouvrir d'un peu plus près cette adaptation d'un roman d'Eugène Sue que je connaissais davantage pour ses Mystères de Paris que cette sombre histoire de vengeance. Et pourtant quelle claque monumentale... Cela faisait bien longtemps que je n'avais plus lu une oeuvre aussi riche et complète faussement aiguillée par le dessin de Brüno et toujours aussi bien colorée par une Laurence Croix qui magnifie ambiance et climax par sa palette nuancée. Il s'agit d'un drame terriblement humain en plusieurs actes ou époques à une sombre époque où le bois d'ébène était considéré comme une simple "marchandise" monnayable et convoitée dans des desseins purement lucratifs. Et on oublie que ces hommes fiers sont simplement les égaux des occidentaux dans leurs qualités comme dans leurs faiblesses. Un parallèle rapide pourrait être fait entre la destinée d'Atar Gull, qui aurait pu être un roi, et celle du héros de Tarantino, Django. La différence est que tout aussi cruel soit le film Django Unchained, de larges plages d'humour noir mais néanmoins d'humour traitent de l'esclavage alors que dans cette adaptation rédigée par Fabien Nury, il n'y a pas un seul instant qui prête à rire ou à sourire et la destinée de Atar Gull et des siens, arrachés de leur tribu par des "négriers" ou des pirates, est d'une horreur sans égal qui prête à réfléchir activement sur la montée du racisme actuelle en France. No comment.... Par chance ce n'est pas parce que cette histoire est horriblement triste et mélancolique qu'elle est dénuée de charme comme de poésie, j'étais habitué aux cadrages intelligents de Brüno sur ses oeuvres précèdentes et j'avoue avoir été soufflé par la réalisation purement cinématographique de celle-ci. Qu'il s'agisse d'une tempête représentée sur deux pages où l'on sent presque l'eau et la houle ruisseler sur nos visages ou d'une scène d'échange de "marchandise", chaque partie contemplant ses acquisitions qu'il s'agisse d'or pour l'un ou d'hommes noirs pour l'autre, le montage en parallèle est d'une rare intelligence. Je ne sais pas s'il faut féliciter Sue ou Nury mais les dialogues sont également inspirés, faisant clairement passer les esclaves pour de simples objets le plus naturellement du monde, il s'agit d'une horreur peu ordinaire qui le devient aux yeux de ces hommes qui considéraient leurs frères africains comme de simples objets. Tout simplement effarant... De la traversée des océans aux plantations en Jamaïque, les auteurs insufflent un rythme sans égal se contentant de sublimer leur héros silencieux, Atar Gull d'un charisme sans égal. Ce personnage restera passif jusqu'à un élément déclencheur qui va réveiller toute sa fureur et sa vengeance sera aussi horrible que féroce et laissera plus d'un lecteur sur le carreau à l'issue de cette histoire complète dont la conclusion formera une boucle subtile avec l'introduction. Atar Gull deviendra t-il par ses actes réfléchis aussi barbare que les hommes qu'il souhaite condamner ? La réponse sera aussi évidente que la Loi du Thalion d'autant plus que personne n'en sortira indemne avec d'habiles pirouettes scénaristiques que je préfère taire pour en garder toute la saveur. L'un des derniers aspects non négligeables subsiste par la description des seconds rôles, qu'il s'agisse du terrible Brulard qui mériterait presque un livre à la gloire de ses "méfaits" ou du capitaine du Catherine ainsi que du "brave" maître d'Atar Gull, toutes ces personnes restent dans un recoin même lointain profondément humains. Rarement touché comme je l'ai été, je ne peux qu'attribuer une note maximale à une oeuvre intelligente sans être manichéenne et que je recommande à tous. Il s'agit peut-être cette fois de la plus belle œuvre à l'heure actuelle de Brüno, en tous cas surement de la plus percutante dans un ensemble qui frôle la perfection. Fabien Nury ne restera plus longtemps inconnu à mes yeux par la récente acquisition de sa série culte Il était une fois en France dont j'espère ressentir à sa proche lecture le même uppercut. Il serait d'utilité publique d'enseigner et de prodiguer cette destinée sans faire de leçon de morale dans un monde qui perd ses repères sur les différentes races ou estimes de soi comme d'autrui... Touchant sans être déprimant, poétique sans être barbant, Atar Gull cumule divertissement et réflexion. Une oeuvre inestimable à ne pas louper.

11/11/2013 (modifier)
Par Jérem
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Très belle découverte pour moi ! Le dessin de Brüno, que je trouvais trop stylisé, a longtemps freiné ma lecture. Quelle erreur ! On est immédiatement plongé dans cet univers graphique original et parfaitement maitrisé. Côté scénar, Nury fait une fois de plus un excellent boulot. La narration est fluide, l’action claire et les personnages très charismatiques. Les mécanismes et l’horreur du commerce triangulaire sont justement et intelligemment évoqués. Bref, Atar Gull m’a beaucoup plu et je le recommande vivement.

29/08/2012 (modifier)