Pendant que la planète flambe (As The World Burns)

Note: 2.67/5
(2.67/5 pour 3 avis)

Une fable burlesque, irrespectueuse et totalement déjantée qui force à réfléchir sur le devenir de notre planète et sur les solutions mises en avant.


Environnement et écologie La Boite à Bulles Réchauffement climatique

Le président américain est contacté par des martiens qui veulent manger leur planète. Celui-ci accepte contre remise d’or. Mais ceci finit par inquiéter les grandes entreprises : n’est-ce pas leur privilège exclusif de faire des profits en mettant à mal la planète ? Deux jeunes filles dissertent sur la manière d’endiguer la destruction de la planète. L’une pense qu’il faut appliquer les préceptes des livres et émissions de télé tandis que l’autre pense que toutes ces conseils sont juste faits pour endormir les gens et leur donner bonne conscience. Pendant ce temps, un lapin borgne décide de passer à l’attaque et fait sauter un barrage, détruit un centre d’expérimentation sur les animaux… Une fable burlesque, irrespectueuse et totalement déjantée qui force à réfléchir sur le devenir de notre planète et sur les solutions mises en avant.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 07 Octobre 2010
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Pendant que la planète flambe © La Boîte à Bulles 2010
Les notes
Note: 2.67/5
(2.67/5 pour 3 avis)
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13/10/2010 | Ro
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L'avatar du posteur Noirdésir

Le pari des auteurs est relativement original. Il s’agit de traiter d’un sujet sérieux – et de plus en plus prégnant et « d’actualité », en le faisant sur un ton ironique, par antiphrase, en jouant une sorte de démonstration par l’absurde (comme le sous-titre nous le révèle d’emblée). Cela commence par des dialogues entre 2 fillettes. L’une, généreuse et naïve, développe ce que l’on peut faire pour limiter la consommation d’énergie, l’autre, plus cynique et réaliste, qui la contredit en lui montrant que sans changer en profondeur le système cela ne changera que la vitesse de dégradation de notre espace terrestre. Puis arrivent des extra-terrestres, venus exploiter les ressources de la Terre, en profitant de la soif d’enrichissement et le manque de vue à long terme de beaucoup d’humains : leur rôle est ici clairement de dénoncer les travers de nos sociétés. D’autres personnages font ensuite leur entrée (politiques, industriels, etc), illustrant ces travers et l’hypocrisie d’un système qui court à sa perte le sourire aux lèvres. Si je suis en phase avec ce qui sous-tend le message de cet album (ce qui me fait équilibrer ma note), j’ai trouvé parfois maladroite la façon de le faire passer, certains passages un peu longs. Et le dessin, qui fait un peu fanzine parfois n’est pas forcément extraordinaire (même si ce n’est pas le plus important ici, et si cela peut renforcer quelques passages un peu trash). Bref, le message généreux et pas dénué d’intérêt me semble ici un peu brouillé, et je préfère finalement lire un bon article du Monde diplomatique, qui sera peut-être plus ironique, mais qui sera surtout plus clair et synthétique. Je trouve qu’on a là une sorte de vulgarisation maladroite.

09/06/2020 (modifier)
Par Alix
Note: 3/5
L'avatar du posteur Alix

J’ai moi aussi eu du mal à cerner cet album. Le ton est tantôt humoristique, tantôt trash, tantôt provocateur, et à force de verser dans le cynisme et le second degré, on finit par ne plus trop savoir où les auteurs veulent en venir (mais je vous laisse lire l’avis de Ro ci-dessous, il explique tout ça bien mieux que moi). Malgré cela j’ai quand même réussi à apprécier cette histoire, en particulier vers la fin. Le message n’est certes pas nouveau, mais son coté désespéré m’a fasciné. Le dessin est assez hideux. Je sais que ce n’est pas très important dans ce genre de BD, mais quand même ces couleurs, quelle horreur. J’aurais largement préféré du noir et blanc. Voila, un album intriguant, à découvrir si l’effet de notre société sur l’écologie de notre planète est un sujet qui vous botte.

18/10/2010 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
L'avatar du posteur Ro

Voilà un album difficile à appréhender. Les auteurs font le choix d'un pamphlet écologiste traité par le biais de l'emphase, presque de la satire. Le tout est agrémenté de discussions et d'affirmations on ne peut plus sérieuses, mais en permanence tempérées par un drôle de cocktail de burlesque et de dramatisme. Par le biais d'un dessin minimaliste, presque enfantin pour ne pas dire moche, ils nous assènent des messages dont la finalité reste ambiguë à mes yeux. Plusieurs protagonistes sont mis en scène. Ce sont avant tout deux jeunes filles qui discutent environnement, l'une plutôt optimiste et bien intégrée dans la société capitaliste, l'autre pessimiste et rebelle. Il apparaît bien vite que cette dernière sera amenée à "éduquer" et à ouvrir les yeux de la première, représentation du lecteur de bonne volonté mais ignorant de la triste réalité. Parmi les acteurs apparaîtront également un clone de George W. Bush, des politiciens véreux, des immondes oligarques des multinationales, des robots aliens qui viennent manger la planète, un lapin borgne terroriste et tous les gentils animaux de la forêt. Étonnamment, la première cible de cet album se trouve être les écolo-bobo, et plus particulièrement Al Gore ou du moins ceux qui croient en son film "Une vérité qui dérange". En effet, les auteurs démontrent avec justesse à quel point les solutions proposées par ce type d'écologie "intégrée au marché" est ridicule et inefficace : même si tous les habitants du monde, ou plus spécifiquement des USA, décidaient pour de bon de trier leurs déchets, d'utiliser des bio-carburants ou d'utiliser des ampoules à économie d'énergie, l'effet sur la consommation mondiale de CO² serait ridiculement faible et cela n'arrangerait quasiment rien pour la planète, voire contribuerait à accélérer sa perte. Selon Jensen et McMillan, il s'agit de l'équivalent d'un baume inventé par les multinationales pour aveugler et donner bonne conscience aux consommateurs. Si ce message contient une bonne part de vérité, les auteurs le gâchent ensuite par une représentation au manichéisme exacerbé de la société capitaliste. Le message devient à tel point outrancier que j'ai longtemps cru à un second degré, une manière de se moquer affectueusement des militants et des rebelles à la société. Entre la personnification du Mal sous les traits d'un président et de puissants ultra-égoïstes et aveuglés par l'or, les discours idiots des masses aveuglées représentées par le psy ou encore le bobo à tendance mystique, les gentils ratons-laveurs, les arbres et biches de la forêt qui dénoncent le mal que les hommes leur font, le héros lapin qui va sauver les animaux de la vivisection, le combat du monde sauvage contre les robots où le gentil ourson va mourir devant sa maman, sans parler des points Godwin de l'héroïne rebelle qui répète à l'envi que les nazis faisaient pareil que la société actuelle, difficile de prendre tout ça au sérieux. Et c'est pourtant tout l'inverse que semblent souhaiter les auteurs. Ils croient visiblement à leur cause. Et en effet, techniquement, pour autant qu'on le sache à ce jour, ils n'ont pas tort sur le fait que la situation de la Terre et de ses habitants est périlleuse, voire presque désespérée si l'on veut conserver l'écosystème tel qu'on l'a toujours connu. Mais à part la dénonciation de ce fait, ils ne proposent aucune autre solution que de pointer du doigt d'anonymes boucs-émissaires, les fameux "Eux" qui nous dirigent, ces "multinationales" sans nom qui sont autant de machines qui nous dévorent. Tout ça, c'est la faute à la société ! Du coup, que font les auteurs ? Prônent-ils l'éco-terrorisme comme ils en donnent fortement l'impression ? Prônent-ils la révolution ? Et si oui, sous quelle forme ? Car la bataille rangée de gentil monde sauvage contre les méchantes machines ne parait guère probable. A ce niveau là, même le film Avatar semble un trésor de finesse et de réflexion écologique en comparaison. Le seul message concret qui se dégage de l'ensemble, c'est que les actions individuelles ne suffisent pas et qu'il faut une action de groupe. Certes... Mais à part la révolution et tout casser, que proposent-ils ? Rien d'autre qu'un drôle de bouquin (en papier recyclé, ouf) qui dénonce, s'essaie sans trop de succès à l'humour en se prenant un peu trop au sérieux, et peine à éduquer.

13/10/2010 (modifier)