Le Système Dette

Juanita, une jeune et jolie journaliste bolivienne, parcourt le monde à la poursuite d'un secret qui pourrait renverser l'ordre établi : les riches sont méchants, et les pauvres sont opprimés. Une BD du CADTM, Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde, scénarisée par son porte-parole.
BDs éducatives Les petits éditeurs indépendants Séries avec un unique avis
Bolivie, 2003, le peuple est dans la rue pour réclamer des comptes à son président, qui s'enrichit tandis que les deux tiers de ces citoyens vivent dans la misère. Il leur répond en faisant tirer sur la foule, blessant des dizaines de personnes, dont un journaliste. Sa collègue Juanita est alors contactée par un mystérieux individu qui lui propose de réaliser un reportage qui lui ouvrira les yeux sur le monde... Sur ordre de son commanditaire, Juanita part à Washington, en Indonésie, au Koweït, et découvre ainsi le fonctionnement de la Banque Mondiale et du FMI, qui prêtent de l'argent aux pays pauvres pour mieux les asservir ensuite. Evidemment, des organisations ultra-secrètes comme celles-ci ne peuvent laisser s'ébruiter un pareil scoop, et envoient donc des tueurs à la poursuite de l'intrépide reporter d'investigation.
Scénario | |
Dessin | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | Janvier 2009 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis

Hey, ami djeunz, ça te dirait pas d'apprendre plein de choses sur l'oppression capitaliste et l'impérialisme yankee mais sans avoir à t'ennuyer devant des trucs chiants et ringards genre des livres d'histoire ? Deux profs trop cool et pas chiants et ringards, eux, ont justement ce qu'il te faut : une bédé !! Avec ça, tu vas pouvoir t'instruire en toute décontraction. Y a des images, donc c'est pas chiant et ringard, et le scénario ferait passer Jack Bauer et Jason Burne pour des lopettes, y a le Pentagone, la CIA et tout ça, des émirs louches, une héroïne à gros seins et des tueurs, y a même des poursuites en scooter ! Si avec ça t'es pas convaincu d'adhérer au CADTM, c'est que tu es madeliniste. Non, allez, soyons sérieux. C'est donc un ouvrage à vocation pédagogique qui part d'un bon sentiment, raconter de façon simple comment les pays riches n'ont aidé financièrement le Tiers Monde depuis la fin de la seconde guerre mondiale que pour mieux le "re-coloniser" en le rendant dépendant et criblé de dettes. Mais de bons sentiments ne font pas automatiquement un bon livre, et la plupart du temps, je trouve les BDs éducatives ratées -soit parce qu'elles sont écrites et dessinés par des amateurs avec largement moins de talent que de bonne volonté -soit parce qu'elles sont ennuyeuses -soit parce que les auteurs ne sont pas vraiment en phase avec la jeunesse et que leurs tentatives maladroites pour faire quelque chose d'à la fois divertissant et instructif donnent un mélange foireux -soit parce que je soupçonne les auteurs d'avoir principalement cherché à se faire mousser genre "tavu je m'attaque à un sujet sérieux et je dénonce grave" par le biais d'un média qui leur permet de se contenter de rester superficiels plutôt que de se casser l'cul à écrire un vrai bouquin d'histoire compliqué, tout en passant pour de grands auteurs sérieux et engagés auprès d'une critique qui a tellement envie que sa passion soit reconnue comme le beau et noble Neuvième Art qui produit lui aussi de grandes oeuvres importantes comme ses grands frères qu'elle est prête à encenser n'importe quel petit miquet qui traite d'un sujet sérieux pour pouvoir dire au reste du monde "vous voyez, nous aussi on réfléchit, on n'est pas des ados attardés, on sait s'intéresser à des sujets graves". Le dernier exemple qui me vienne en tête dans ce dernier genre, là, c'est Une Histoire Populaire de l'Empire Américain. Le Système Dette cumule un peu de tout ça à la fois. La qualité du dessin fluctue d'une case à l'autre, de "affreux" à "médiocre", et sur le plan de l'intrigue et des dialogues c'est catastrophique. Le scénariste a voulu éviter d'être trop scolaire et essayer de faire moderne, mais n'est parvenu qu'à un résultat assez ridicule en donnant la forme d'un thriller à un cours d'histoire sur l'endettement des pays pauvres. Entendons-nous bien, c'est un sujet qui mérite d'être abordé et expliqué aux jeunes, mais autant assumer et pas se la jouer James Bond. Là, je ne sais pas, j'ai l'impression de lire un mix de manuel d'histoire et de Gérard de Villiers. SAS contre la Banque mondiale à Bornéo. "Malko décocha un uppercut fulgurant à Dominique Strauss-Kahn avant d'aller trouver le réconfort entre les cuisses satinées de la sulfureuse Juanita, à qui il expliqua la création des droits de tirage spéciaux en 1969. "Vous êtes trop gourmand, Prince Malko, c'est tirage spécial ou 69, il faut choisir", susurra Juanita d'un air narquois avant de retirer son masque, révélant ainsi sa véritable identité : Robert Zoellick, président de la Banque Mondiale depuis juillet 2007"... Bref. On suit une héroïne qui parcourt le monde pour s'entendre réciter des faits historiques comme si c'étaient des scoops inédits, et recevoir de la part de contacts top secrets du Pentagone des ''révélations'' que vous avez forcément déjà entendues dans la bouche d'un de vos profs d'histoire au lycée s'il était de gauche. Et je pense pas qu'on se retrouve avec les tueurs de la CIA au cul avec ce genre de discours. Mais bon, je ne sais pas, il faudrait peut-être que je prenne des nouvelles de Monsieur P..., que j'avais en terminale. C'est vrai qu'il nous a forcés à regarder du Ken Loach mais ça ne méritait pas forcément une exécution par des assassins à la solde de la finance internationale quand même. Et on se retrouve donc avec des scènes d'action sorties d'un mauvais Largo Winch qui succèdent à des entrevues du style "Juanita, mon vieil ami vous a envoyé ici pour que je vous explique que c'est en 1956 que Nasser a nationalisé le Canal de Suez, déclenchant ainsi un conflit avec la Grande Bretagne, la France et Israël, qui sera réglé par l'intervention blablablablablabla" ou "Mes anciens employeurs me tueraient s'ils savaient ce que je vous raconte là, mais il faut savoir que c'est la conférence de Bretton Woods en 1944 qui a donné lieu à la création du FMI, et qu'ils ont prêté des sommes énormes a des pays qui ne pourraient jamais les rembourser". Quel naturel dans les dialogues, et quel suspense incroyable ça créé ! On imagine déjà des ninjas se lancer aux trousses de la pauvre journaliste bolivienne qui a besoin d'aller jusqu'en Indonésie pour savoir que les pauvres travaillent pour pas cher. Non mais pour vous dire à quel point les dialogues sont naturels : ils emploient le mot "Etatsunien" au lieu d'Américain. Pour résumer, disons que ça aurait pu être un honnête outil pédagogique militant mais que c'est vraiment trop moche et con pour fonctionner. Ca pourra faire sourire un peu un amateur de couillonnade nanaresque, mais c'est tout.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2025 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site