Quai d'Orsay

Note: 3.92/5
(3.92/5 pour 39 avis)

2010 : Grand prix RTL de la bande dessinée (tome 1). Angoulême 2013 : Prix du meilleur album (tome 2) Le jeune Arthur Vlaminck est embauché en tant que chargé du "langage" par le ministre des Affaires étrangères Alexandre Taillard de Vorms...


Angoulême : récapitulatif des séries primées BDs adaptées en film Dargaud Grand prix RTL de la bande dessinée Les prix lecteurs BDTheque 2010 Politique

Le jeune Arthur Vlaminck est embauché en tant que chargé du "langage" par le ministre des Affaires étrangères Alexandre Taillard de Vorms. En clair, il doit écrire les discours du ministre ! Mais encore faut-il se faire une place entre le directeur du cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d'Orsay où le stress, l'ambition et les coups fourrés ne sont pas rares... Inspiré de l'expérience d'Abel Lanzac qui fut conseiller dans un ministère, cet album restitue une vision de la politique à la fois pleine d'acuité et d'humour. Un pur régal !

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 07 Mai 2010
Statut histoire Une histoire par tome 2 tomes parus

Couverture de la série Quai d'Orsay © Dargaud 2010
Les notes
Note: 3.92/5
(3.92/5 pour 39 avis)
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07/05/2010 | iannick
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Par Antoine
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Alors là, je ne m'attendais pas à ça. Cela fait bien longtemps que je lis ici ou ailleurs que ce diptyque mérite d'être lu, mais je n'avais jamais franchi le pas, le personnage principal ne m'attirant guère... Et bien, rendons à César ce qui appartient à César et remercions notre site marron préféré (et ses aviseurs évidemment) d'être là et d'être un guide pour nos lectures. J'ai réussi à obtenir le tome 1 dans un lot et c'est en revérifiant les critiques ici présentes que je me suis convaincu de trouver le tome 2. Et... je me suis éclaté à lire les aventures d'Arthur, chargé des langages (???) du ministre, au sein du ministère des Affaires étrangères. Je me suis éclaté à essayer de suivre les délires du ministre. Je me suis éclaté à observer le petit microcosme qu'est un cabinet ministériel. Je me suis enfin régalé d'être ainsi plongé dans la diplomatie internationale, tout autant affaire de gros sous, de copinages que de postures. C'est passionnant. J'ai dévoré les deux tomes. Le parti pris des auteurs de modifier les noms et de ne pas faire un documentaire est une astuce formidable. Oui, on reconnaît bien le ministre, pas de problème, mais on navigue sans cesse entre "il a vraiment agi comme ça ?", "il a réellement dit ça ?", "il était taré à ce point-là ?" et souvenirs de son passage au ministère où en effet, il avait par moment des réactions et des façons d'être particulières. On ne sait jamais si on est dans une caricature ou dans un témoignage, certes biaisé par le regard d'Abel Lanzac, qui était au cœur de ce joyeux bordel. C'est jouissif à lire. Vraiment, on ne sait jamais sur quel pied danser : on parle quand même là de la façon dont notre monde, du moins notre monde occidental mais avec des répercussions énormes sur les autres parties du monde, est régi ! On ne peut pas arriver à s'imaginer la masse de travail des membres d'un cabinet, véritable forçats au service d'un roi-ministre qui change d'avis au gré de ses lectures, de ses rencontres ou d'une simple remarque d'un ami. Le témoignage est en cela important pour comprendre notre société et notre politique que d'aucuns qualifient plus de politique de cabinet que de politique d'idées. Le contexte est également responsable de l'immense intérêt de cette bd. On est dans les quelques mois qui ont précédé le discours, devenu historique, de Dominique de Villepin aux Nations-Unies. Nous sommes donc face à notre histoire, et encore une fois, c'est excellemment bien amené : qu'est-ce qui est vrai ? qu'est-ce qui est faux ou exagéré ? Cela nous pose donc question, en plus de nous faire marrer, le ministre étant tout de même un sacré personnage (le stabilo restera le running gag le plus marquant de cette bd, selon moi). Bref, c'est vraiment une série à lire, c'est drôle, c'est intelligent, ça fait réfléchir. Que demander de plus ?

22/11/2023 (modifier)
Par Jérem
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Je suis habituellement peu sensible aux albums de chroniques que je trouve souvent ennuyeux. Et bien la lecture de Quai d’Orsay m’a mis une sacrée claque. Ca fait bien longtemps qu’une BD ne m’avait pas autant tenu en haleine. Il faut dire que cette série est incroyable. Le lecteur est plongé dans le quotidien du Quai d’Orsay, au plus près du ministre Alexandre Taillard de Vorms, alias Dominique de Villepin et de ses différents collaborateurs. Les personnages sont délicieusement croqués, notamment le ministre, sorte de géant hyperactif, à la fois Grand Homme visionnaire et enfant gâté de la pire espèce. Une vraie réussite ! Les dialogues et les situations sont incroyablement drôles et ne tombent jamais dans la parodie ; les auteurs réussissant le tour de force de rendre avec justesse et pédagogie la vie du ministère (avec ses crises diplomatiques incessantes), tout en mélangeant habilement fiction et réalité, le tout réalisé avec un humour féroce. Je redécouvre à cette occasion le trait si particulier de Blain. Et on peut dire qu'il s'est surpassé : les dessins sont extrêmement dynamiques et expressifs. Ils donnent une sacrée pêche au récit. Les situations sont limpides (même pour des novices en diplomatie) et la mise en scène est parfaitement rythmée ; impossible de poser l’album avant la fin. Quai d’Orsay est une très, très grande réussite ; une série que je n’hésite pas à qualifier de culte. Un immense bravo aux auteurs !

02/08/2014 (modifier)
Par Pedrolito
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Lorsque mon œil s’est porté pour la première fois sur cette bande dessinée je n’ai pas du tout été séduit. Mon attention s’est rapidement portée vers la couverture, attiré par les couleurs vives de la couverture du premier tome, alors le seul en magasin. J’ai feuilleté ensuite quelques pages, mon regard ne s’attardant pas sur le texte (faute de temps) mais surtout sur les dessins. Je fut alors rebuté par cet aspect minimaliste des dessins, des traits dans tous les sens… bref, c’est peu dire que je n’ai pas du tout apprécié ce premier contact avec cette bande dessinée. Le genre de moment où l’on se dit « Ce livre n’est pas fait pour moi »… … qui dit premier contact dit forcément suite. Un autre jour où j’avais plus le temps de flâner chez mon libraire préféré, je me suis attardé sur cet ouvrage, sans trop savoir pourquoi (sûrement encore une fois l’effet de cette couverture). Et là, le coup de foudre ! Balayés les premiers a priori. J’ai ouvert ce premier tome aux pages 6 et 7 et ai lu l’entretien d’embauche de Vlaminck par Taillard de Vorms. Les traits dans tous les sens se sont transformés en dynamisme. Dynamisme au service d’un texte remarquable, percutant, accrocheur. Dès lors, je n’ai fait qu’une bouchée de Quai d’Orsay… quelle claque ce fut. Qui pourrait soupçonner qu’un ministère puisse être décrit de manière si drôle et pourtant si fine, si caricaturale mais pourtant si juste. A se demander si les crises mondiales sont vraiment gérées telles qu’elles sont décrites ici, et non pas d’un regard hautain… tout en se disant que bien entendu tout cela n’est que fiction. Les auteurs (inclus dessinateur) arrivent de manière très habile à amener le lecteur à se poser des questions de fond sur la politique internationale, tout en le divertissant. Quel coup de maître ! Qui a dit que la politique devrait forcément être traitée de manière sobre et distante ?! Tout fonctionne à merveille dans cette BD. Les personnages sont magnifiques. Le personnage d’Alexandre Taillard de Vorms est le plus fascinant de tous (tous les autres étant très intéressants, c’est dire !). C’est une bête. Bête politique, charismatique, impressionnante…imposante. La présence de ce personnage en impose non seulement aux autres protagonistes de l’histoire mais aussi au lecteur. Le magnétisme de ce personnage rejaillit bien au-delà des planches, si bien que l’on attend avec impatience son retour sous nos yeux dès qu’il s’absente. Directif et véritable ouragan dans son cabinet, il impose respect et peur auprès de ses collaborateurs en véritable maître à penser. On se plait à suivre ses frasques au fil des cases (les citations, le stabilo, les personnalisations qu’il incarne, le chiffre…tchac tchac tchac !), ses monologues sont de véritables petites pépites de bonheur, le tout remarquablement retranscrit visuellement. Les relations, conflits entre les différents protagonistes sont succulents, il ne fait pas toujours bon d’être conseillé. Et le pauvre Vlaminck dans tout cela, jeune parmi ces vieux requins briscards, qui essaie de nager tant bien que mal dans ce fol aquarium et de s’y faire une place. On tremble en même temps que lui lorsqu’il doit rendre ses langages au ministre (même si on attend avec impatience les remarques désopilantes de ce dernier), on assiste à son évolution tout au long de la lecture et on fini par être fier de lui lorsqu’au terme d’une réflexion intense, son « père spirituel » rejaillit en lui pour la tirade du Minotaure. Je n’en dis pas trop non plus et laisse au futurs lecteurs la joie de découvrir ses péripéties diplomatiques. On se régale des anecdotes historiques/réelles que l’on retrouve au fil de la lecture. Intéressé à la base par le thème évoqué dans cette série, j’ai trouvé l’idée de dépeindre les aventures du Quai d’Orsay tout simplement géniale, surtout quand le sujet est traité d’une telle façon. Les situations de tension sont décrites parfaitement, on imagine parfaitement le jeu des cabinets tel que décrit ici. Ces animaux politiques aux chaussures cirées et aux dialogues diablement efficaces vous emmèneront sans problème dans leur monde. Accrochez vous bien, le voyage sera mouvementé mais très très plaisant. Pour boucler la boucle, je finirai sur les dessins. Ce trait nerveux colle à merveille à la tension diplomatique posée au fil du texte. Les couleurs sont judicieusement choisies et la mise en image géniale de manière générale (Le Minotaure, la fumée dans le bureau de Vlaminck, la sonnerie du téléphone, la guerre des étoiles, les turbulences, le footing…la liste est trop longue !). A noter les expressions des personnages des plus abouties (on compatit avec le directeur de cabinet, M. Maupas, rien qu’en regardant sa mine déconfite) Comme quoi, le premier regard (surtout rapide) n’est pas forcément source de vérité. Il ne faut jamais dire « dessinateur je ne goûterai pas à ton trait » ! Bref… j’ai adoré. Je relirai indubitablement cette bande dessinée. Le second volume fut englouti aussi rapidement que le premier (ce n’est pas faute de pages pourtant, chose au combien appréciable pour ce support), même si j’ai pris du temps entre l’achat et la lecture, de peur de finir trop vite cette série prévue en (seulement) deux tomes. Quel délicieux sentiment que de se dire que l’on apprécie tellement un livre au point d’avoir peur de le finir. … Pourtant, ce qui devait arriver arriva, je me retrouve comme un homme politique privé de pouvoir, pour qui le monde continue de tourner sans vraiment avoir la même saveur, contraint d’avancer sachant ce qu’il a perdu. Comme un ministre des affaires étrangères sans livre à stabiloter, sans structure de pensée bien claire avant d’appeler un diplomate étranger récalcitrant. Moi aussi je viens de vivre ma petite mort politique, je viens de finir la série Quai d’Orsay. Chapeau bas messieurs Blain et Lanzac, entrez dans mon panthéon (enfin ma bibliothèque) où avec cette œuvre magistrale, empreinte d’humour, finesse, intelligence, d’un trait de crayon pour qui l’expression « donner vie aux mots » a été inventée, vous occuperez désormais une place centrale !

07/10/2013 (modifier)
Par Erik
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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J’ai littéralement adoré cette lecture qui dépeint la vie d’un grand ministère comme celui des affaires étrangères de la grande époque où il avait une existence digne de ce nom en résistant à l’appel à la guerre lancée par les States. C’est tellement réaliste qu’on adhère immédiatement à Quai d’Orsay. Pourtant, je n’étais pas un adepte de Blain. En l’occurrence, on ne s’attache pas trop au dessin mais on se concentre surtout sur les aventures de ce conseiller en communication. Et je dois même avouer que finalement, je trouve que ce graphisme colle parfaitement à ce genre d’histoire non dénuée d’humour. J’ai apprécié également que cela ne soit pas traité sous forme de strip. J’ai un petit faible pour les rouages de la vie politique. C’est un sujet qui me passionne. On sent bien le vécu des situations diverses. Je trouve également que le portrait doit certainement correspondre à l’homme politique qui est visé. C’est instructif de voir les dessous qui se cachent derrière les crises et la communication qui en résulte. A la fin, on sent bien que notre conseiller naïf a prit goût à cette vie de dingue. Il va certainement en payer le prix fort au niveau de sa relation personnelle et privée. Cependant, on comprend le mécanisme qui conduit à cette perversion. Le portrait du ministre est également nuancé et savoureux. On découvre ses travers mais également son génie : capable du pire comme du meilleur. Ce microcosme en tension continuelle montre des aspects souvent absurdes ce qui rend la lecture plutôt acide. Les dialogues avec toute cette galerie de personnages sont d’une grande réussite. Cette chronique diplomatique est réellement passionnante sur les rapports de pouvoir. C’est incontestable que cette bd va plus loin que la simple caricature. Bref, on a là un album indispensable. Vivement la suite car c’est drôle et perspicace à la fois ! MAJ second tome Et ce second tome confirme que la série est réellement excelllente. Nous avons droit aux coulisses de la mise en oeuvre de la guerre en Irak et de l'opposition courageuse du Quai d'Orsay de l'époque à travers son fameux ministre. Là encore, les noms ont été trafiqués mais personne ne sera dupe. Le Lousdem est ainsi accusé de fabriquer des armes de destruction massive. Les USA souhaitent avoir la bénédiction des Nations-Unis pour entrer en guerre. La lecture de ce nouvel opus sera drôle et jubilatoire à la fois. Je pense que c'est certainement l'association d'auteurs la plus réussie du moment. Les arcanes du pouvoir fascinent. 120.000 exemplaires du 1er tome sont déjà partis à ce jour. Bref, une réussite totale ! Et puis enfin la consécration pour le second tome en remportant le grand prix à Angoulême en 2013: c'était mérité ! Note Dessin: 4/5 - Note scénario: 5/5 - Note Globale: 4.5/5

11/02/2011 (MAJ le 06/01/2012) (modifier)
Par Superjé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

J'ai acheté cette BD car, avec tous ces avis positifs lus dessus, je pensais qu'elle allait recevoir le grand prix (ou au moins un prix) au festival d'Angoulême. De toute manière une BD sur la politique avec Blain au dessin, ça ne pouvait être mauvais. Et c'est vrai que ça ne l'est pas. Car (comme je le pensais), c'est assez drôle. Même si à première vue, les dialogues ont l'air austères, c'est un grand plaisir à lire, les dialogues sont fluides. Il y a des scènes vraiment excellentes où je me suis bien marré (je pense notamment à celle de "Tintin" ou des "Stabilo")... Donc le scénario n'a rien d'ennuyant, et même si j'ai trouvé l'album assez inégal dans son intensité et son humour, toutes les histoires se lisent avec un réel plaisir, de plus, même le scènes les plus invraisemblables (a priori, dans un ministère) sonnent vraies. Sans oublier, Alexandre Taillard de Vorms, qui nous rappelle particulièrement un homme politique (Dominique de Villepin)... D'ailleurs c'est assez marrant de mettre "une gestuelle" (ce qui caractérise le plus Alexandre) sur un ex-ministre, que je ne n'imaginais pas comme ça. Au niveau du dessin, c'est du Blain, moi j'aime beaucoup son style, en plus d'être esthétique, il est très lisible et très expressif, tous ses personnages ont des têtes bien spéciales, que j'aime beaucoup. Enfin, moi c'est un style que j'apprécie énormément. J'attends la suite, et je pense que les auteurs n'auront aucun mal à faire aussi bien. J'aimerais juste que certaines zones d'ombres nous soient révélés (comme, comment Arthur a rencontré Alexandre, car dès la première scène Alexandre à l'air de bien le connaître). Mise à jour (décembre 2011) après lecture du tome 2 : A la lecture de cet album, on se rend compte que le tome 1 n'était qu'un longue et bonne introduction. Si le premier tome était tout juste rigolo, celui-là est vraiment énorme avec des passages super marrants, mais le tout sonne vraiment juste et à la lecture, on se croit vraiment dans un cabinet de ministre, la pression nous pesant aussi sur les épaules (les moments où les personnages se défoulent sont jubilatoires). Le tome nous présente une version de l'avant guerre en Irak très intéressante. Un album, génial, pour une série dans l'ensemble, très bonne.

12/03/2011 (MAJ le 31/12/2011) (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Excellente BD ! Au-delà des ressemblances (bien sûr tout à fait fortuites... ou pas) avec un personnage existant réellement, c'est la mécanique du récit qui est tout à fait brillante. On n'arrive pas à se détacher de ces chroniques diplomatiques. Le personnage du ministre, haut en couleurs, est purement jubilatoire. Extrêmement expressif, expressément excessif, il a une gestuelle admirablement étudiée mais aussi incroyablement suggestive. Pas étonnant, comme l'explique son directeur de cabinet, que la plupart de ceux qui le croisent soient subjugués... Abel Lanzac, opérant derrière un pseudonyme, a probablement exagéré certains traits d'un ancien ministre des affaires étrangères, mais j'imagine que l'apport de Christophe Blain a permis de donner une cohérence, une unité, voire tout simplement du liant au canevas d'origine. Au niveau des planches, c'est du grand art : les ambiances du ministère me semblent très bien rendues, même si souvent Blain s'affranchit des décors pour se concentrer sur la saynète en cours. Parce que Taillard de Vorms, c'est une représentation permanente, du théâtre grec à l'antique, avec beaucoup de lyrisme, mais aussi des jeux de scène, un spectacle unique dont chaque spectateur se souviendra toute sa vie. Avez-vous remarqué comment le ministre est représenté ? Comme un colosse, une domination écrasante, mais pas lourde ; Taillard de Vorms oscille entre la puissance et la souplesse, et les épaules montantes dont l'affuble le dessinateur ne font que renforcer cette impression. D'ailleurs lorsqu'Arthur imite -consciemment ou non- son patron, lui aussi voit ses épaules s'élever vers le ciel, comme s'il tentait d'impressionner encore plus son ou ses interlocuteurs. C'est éminemment drôle, foncièrement révélateur des coulisses du pouvoir (les coups de putes entre conseillers, cela ne m'étonne pas mais c'est bon de le lire), et fondamentalement une oeuvre de référence. La BD de l'année 2010 ? Difficile à dire, mais elle est dans la short list.

28/02/2011 (modifier)
Par Gaston
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

Une excellente bande dessinée qui parle de politique sans tomber dans la caricature ou la moralisation facile. Les situations présentes dans l'album sont à la fois instructives (on voit comment fonctionne le Ministère des Affaires Etrangères et cela sent le vécu) et marrantes. J'ai ri aux éclats plusieurs fois pendant ma lecture et cela faisait longtemps que je n'avais pas autant ri. Aucun temps mort ! La force de cet ouvrage réside dans deux choses. Tout d'abord, il y a les dialogues qui sont tout simplement savoureux. J'ai même lu certaines répliques deux ou trois fois de suite ! Ensuite il ya Alexandre Taillard de Vorms. Ce personnage est fabuleux ! Il impose le respect même lorsqu'il fait des choses totalement ridicules. Je n'aimerais pas l'avoir comme patron parce qu'il serait capable de me faire faire n'importe quoi. Je ne suis pas un grand fan de Blain, mais ici je trouve qu'il se débrouille très bien avec les décors qui sont magnifiques. La seule chose que je n'aime pas, ce sont les longs nez de ses personnages. Je ne sais pas trop pourquoi, mais ça me dérange un peu. Après relecture des deux tomes, je mets la note maximum. C'est vraiment la meilleur BD politique que j'ai lu jusqu'à présent, particulièrement grâce à ce fabuleux personnage qu'est Alexandre Taillard de Vorms.

19/10/2010 (modifier)
Par Seb94
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

La claque ! Pourtant, à sa sortie en librairie, j’avais rapidement feuilleté ce one shot, le dessin au premier abord simplet m’avait fait reposer rapidement la BD, sans me poser d’avantage de questions. Ce sont les avis positifs et les éloges venus d’ici et d’ailleurs, qui m’ont fait me repencher sur cet opus, grand bien m’en a pris ! Le pitch : Le monde politique vu par l’intermédiaire d’un jeune conseiller fraîchement débarqué dans les arcanes du pouvoir. Tout simplement enthousiasmant. Cette plongée dans ce microcosme si particulier sonne tellement juste, de l’organisation de la communication à la gloire du ministre, à la résolution des problèmes diplomatiques, en passant par les longs discours et les grandes visions d’avenir, le tout en mode déphasage complet de la vraie vie. Une brochette de personnages assez jubilatoires, avec en tête de gondole le magnifique animal politique Alexandre Taillard de Worms (Clone de Dominique de Villepin), superbement croqué. Un humour omniprésent, qui tombe souvent juste et flirte parfois avec l’absurde, pour mon plus grand bonheur. Des références aussi jouissives qu’originales (De Star Wars à X-or) et certaines séquences qui sont assez mythiques, voir notamment le passage du stabilo, tout simplement irrésistible ! Finalement, le dessin qui m’avait laissé froid au premier abord, est également un grand atout de ce one shot, par son dynamisme et son sens du mouvement. Il faut voir le ministre ajouter le geste à la parole, il semble prendre vie, insaisissable et toujours en mouvement, traversant les bureaux tel un courant d’air. Il y a longtemps que je n’avais pas pris un tel pied à lire une BD et je sais déjà que je la relirai avec plaisir. Culte !

17/09/2010 (modifier)

A peine parue, déjà culte ! La nouvelle série de Blain est une vraie tuerie. La vie d’un conseiller aux cotés de Villepin, ministre des Affaires Etrangères, décrite avec autant de passion, de fougue et de croustillance est véritablement un chef-d’œuvre bédéscénique ! Le génie de la BD tient en la transcription de son personnage principal d’une part et au fait que le lecteur le découvre par le biais d’un autre personnage disons « normal », d’autre part. En effet, si Villepin (ou Taillard de Vorms dans le texte) avait été le seul protagoniste, livré au lecteur sans transition, il aurait été certainement impossible de s’identifier et la lecture n’en aurait été que plus laborieuse. Ici, nous le découvrons par les yeux d’un de ses conseillers fraichement embauché. Cette habile détour narratif établi, les auteurs peuvent s’atteler à construire ce personnage unique et complètement taré. Une voix, une diction, une gestuelle, tout est reconstitué pour faire vivre ce fou rêveur en quelques coups de crayons habilement tracés. Un dessin vif, aérien, limite caricatural et l’homme marche, pense, vit. Son langage est politique, insolent, direct, opportuniste et ingénieux. Un doux mélange de beauf vulgaire et de visionnaire muselé. C’est un nouveau grand personnage de la BD, de ceux qui présentent une identité propre et que l’on reconnait en quelques phrases. La note de « culte » se doit d’être exceptionnelle. Pourtant elle m’a semblé évidente lors de deux séquences extra : la judicieuse comparaison entre un discours politique et Tintin (qui permet à l’histoire une mise en abime délicieuse) et le passage sur le stabilo ! Des musts ! Un début vraiment très drôle et prometteur pour une série bientôt incontournable. Pour se faire, sans doute faudra-t-il que la suite change véritablement son schéma pour éviter la redite. En effet, déjà dans ce premier tome l’histoire est construite sur deux parties quasi identiques dans leurs enjeux. La rédaction d’un discours. Ce serait le défaut de ce premier tome. Bien sûr, le contexte change, les anecdotes changent, et l’humour est toujours énergique mais le moteur de la rédaction reste le même. Un filon à ne pas épuiser trop vite…

12/08/2010 (modifier)
L'avatar du posteur Guillaume.M

Si je m’appelais Alexandre Taillard de Vorms, j’aurais enduit cet album de Stabilo... Toi là… oui toi, jeune lecteur incrédule qui n’a pas compris cette phrase… pour la saisir, je te conseille l’achat et encore plus la lecture de ce petit bijou qu’est « Quai d’Orsay ». Dès le premier contact en magasin, j’ai succombé au dessin de couverture. Du Christophe Blain ! Sans l’ombre d’un doute ! Avec un format similaire à celui de « Gus ». J’ai donc craqué et échangé quelques misérables euros contre une œuvre humoristique d'une qualité j’attendais depuis quelques temps déjà. Faire de l’humour avec de la politique, beaucoup s’y sont essayés, peu ont réussi. Le tour de force de « Quai d’Orsay » réside pour moi dans son accessibilité. Accessibilité donc simplicité à outrance et néant de contenu me dites-vous… et bien non ! Blain et Lanzac sont parvenus à utiliser l’univers de la politique avec toute sa complexité sa finesse et son intérêt, tout en lui soustrayant la lourdeur, l’ennui et la monotonie. La compréhension de l’œuvre est aisée, même pour les amateurs frileux qui « ne connaissent rien à la politique française. » Oui, « Quai d’Orsay » est une bande dessinée intemporelle et éternelle. Le dessin de Blain est dans son style habituel, mais plus beau, expressif et dynamique que jamais. Après on aime ou on n’aime pas mais en ce qui me concerne, j’adore ! Je pourrais parler de ce nouveau pilier du 9ème art humoristique pendant de longues et fastidieuses lignes mais je me contenterais d’ajouter une mention spéciale pour celui qui fait vivre ce bel album, j’ai nommé l’excellent, le fantasque, l’exigent, le génie Alexandre Taillard de Vorms. Je suis resté totalement captivé par ce personnage. Il bouffe littéralement « l’écran » (ici la planche). Il est dit que le tome 2 est en cours de réalisation… et moi je serai du voyage !

30/06/2010 (modifier)