M (Emmanuel Proust)

Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)

Adaptation du film M le Maudit de Fritz Lang.


1919 - 1929 : L'Après-Guerre et les Années Folles Allemagne Berlin Emmanuel Proust Éditions Photo et dessin Serial killers Vu au cinéma

Nous sommes dans le Berlin des années 1920. un tueur en série défraie la chronique et affole les services de l'ordre. Il s'attaque à des petites filles qu'il égorge après les avoir amadouées. La police est sur les dents, la pègre aussi. Qui trouvera M ?

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 04 Juin 2009
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série M (Emmanuel Proust) © Emmanuel Proust Éditions 2009
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)
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01/07/2009 | Spooky
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L'avatar du posteur Noirdésir

Fritz Lang est un auteur majeur, sur le plan scénaristique ou même du point de vue de la mise en images, expressionniste, mais je n'ai jamais vu le film qui a servi de modèle à Muth. Malgré les réelles qualités de l'album, je pense que le film doit être plus intéressant, il y a certains aspects que cette transcription peine à traduire (le grain du film par exemple, si important pour le cinéma expressionniste, l’apparition du parlant, des bruits dans le cinéma - de Lang en particulier). Mais Muth, par son travail, a quand même cherché à s'approcher au plus près du rendu de Lang, en utilisant des photos - réalisées lui-même avec des proches comme figurants - qu'il a un peu retravaillées. Du coup, la noirceur, l'aspect parfois un peu flou des images du film ne sont pas trop trahis, on a parfois l'impression sur certaine planches que ce sont des images du film qui sont utilisées. L'esthétique est assez fidèle au modèle. Je regrette juste que ce travail esthétique important et bien mené soit un peu gâché par le traitement des bulles, qui donnent un malheureux effet artificiel, comme si cet aspect avait été négligé. L'histoire est intéressante, autour de ce tueur en série, de la traque dont il fait l'objet (de la part de la police, mais aussi de la pègre), et aussi autour de la question de la peine de mort vers la fin (sans doute l'aspect le plus intéressant, surtout si on le replace dans le contexte de la montée du Nazisme de l'époque). Une lecture intéressante donc, qui donne envie de voir le film d'origine en tout cas.

24/05/2024 (modifier)

Un tueur d’enfants sévit à Berlin. La base du récit serait somme toute assez peu originale, si la police était seule sur les traces de l’assassin. Mais, parallèlement aux forces de l'ordre, la pègre mène également des recherches actives. En effet, étant donné que la police exerce des contrôles de plus en plus nombreux et pressants sur toutes les activités criminelles de la ville, mais qu’elle semble toutefois incapable de résoudre l’affaire, le milieu n’a pas d’alternative : s’il veut pouvoir relancer tranquillement son business, il doit mettre la main sur ce monstre au plus vite ! L’atmosphère oppressante de l’intrigue est renforcée par un dessin hyperréaliste et des plus sombres. Si j’apprécie le dessin réaliste en général, je n’ai pourtant pas vraiment accroché à la démarche artistique de l’auteur.(*) En effet, même si Muth ne se contente pas exclusivement de reproduire ses clichés photographiques, même si ‘M’ ne se résume donc pas à la transposition d’un vulgaire roman-photo, j’ai tout de même trouvé que le graphisme manquait cruellement de personnalité. Autre reproche : j’ai eu l’impression d’assister aux événements de très très loin, de telle sorte que je n’ai finalement pu les contempler qu’avec indifférence, ne ressentant aucune affection particulière pour les différents protagonistes. Bref, bof, sans plus. (*) Pour le détail de ladite démarche, voy. l’avis de Spooky.

08/06/2010 (modifier)
Par Miranda
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Miranda

Cette bd à un gros défaut : Les bulles, elles sont un véritable massacre graphique. Voici donc un scénario formidablement bien mené, porté par un dessin à se pâmer de beauté et de réalisme, sur lequel ils ont collé à la va-vite et sans aucun soin, des bulles laides, mal remplies et d'un blanc virginal, qui fait ressortir encore plus ces défauts. Par contre elles sont toujours placées avec justesse. Je n'ai pas vu le film original donc je ne pourrai donc pas faire de rapprochements. La bd installe une ambiance stressante, glauque et théâtrale, dans un univers très dépouillé qui ne s'encombre pas de superflu. Les personnages remplissent tous les rôles, aussi bien intervenants que décoratifs. Ils sont très nombreux mais suffisamment développés psychologiquement pour les rendre tous intéressants ; j'irai même plus loin en disant que les plus figuratifs sont tout aussi importants que les principaux. C'est un tout et on ne peut rien dissocier. La fin, qui peu paraître un peu abrupte, est aussi en accord avec le reste, simple et directe. De plus la narration et les dialogues sont excellents. Le graphisme très photographique de Muth est d'une beauté exquise. Je n'apprécie pas les bds faites de photos retouchées, mais ici il s'agit bien de dessins et ils sont époustouflants, quel talent ! L'explication en fin d'ouvrage du travail graphique de l'auteur est vraiment intéressante. A lire, à posséder et à relire sans modération.

03/08/2009 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
L'avatar du posteur Spooky

Comme le signale Jon J. Muth lui-même dans sa postface, il est étonnant que le film de Fritz Lang n'ait jamais fait l'objet d'une adaptation d'aucune sorte que ce fût avant qu'il s'y soit attaqué. L'originalité réside dans le choix technique pour faire cette adaptation. En effet Muth recrée, plan pour plan, les scènes du film via des photographies dont son entourage constitue la figuration. Ensuite il redessine ces photos en utilisant "une pointe sèche, dessinant littéralement des centaines de hachures." Il a ensuite "[...] ajouté du graphite, du fusain appliqué à la brosse, et du pastel. Dans le dernier chapitre, où l’histoire atteint son point culminant, j’ai travaillé à la peinture à l’huile sur du papier préparé." Le résultat ? Du photo-réalisme assez bluffant, on a par moments l'impression de voir une vraie photo, légèrement retouchée pour lui donner un aspect vieilli et expressionniste, un style dont Fritz Lang fut le chantre entre les deux guerres. Mais non, il s'agit bien de dessins. Sur le plan chromatique, l'ensemble de l'histoire se déroule dans une ambiance marron doux, avec des pointes de couleurs vives sur quelques objets symboliques (une pomme, un néon...). Cette ambiance est toutefois un peu gâchée par les dialogues dans des bulles blanches, parfois mal remplies. C'est dommage, car la qualité de la traduction est présente, et permet de bien comprendre la psychologie des personnages. Des personnages qui subissent des renversements de posture en cours de route. Le prédateur tourmenté qu'est M se retrouve ainsi dans la peau de la proie effrayée des gredins. Jon J. Muth prend ses aises pour bien développer son histoire et ses ambiances, puisque cette intégrale (qui regroupe les 4 livres originellement parus) comprend 190 pages, et que parfois l'auteur s'arrête sur une image forte -et elles sont nombreuses- pour l'illustrer en pleine page, voire en double. Une oeuvre très intéressante, un bel hommage au film de Fritz Lang, mais qui comme souvent laisse le lecteur un peu frustré, dévoré par l'envie de (re-)visionner le film original, co-écrit par Lang et Théa Von harbou.

01/07/2009 (modifier)