Je me souviens, Beyrouth

Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)

À la manière du Je me souviens de Perec, Zeina Abirached évoque des scènes de son enfance et de son adolescence à Beyrouth, dans un Liban en guerre dans les années 80.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide La BD au féminin Le Liban Les Guerres du Liban Proche et Moyen-Orient

À la manière du Je me souviens de Perec, Zeina Abirached évoque des scènes de son enfance et de son adolescence à Beyrouth, dans un Liban en guerre dans les années 80. Si, dans cette mosaïque de souvenirs, la mémoire est marquée par la peur constante, les privations et la dureté de la vie, elle est aussi celle des moments heureux où l'on arrive à oublier la guerre. Par un constant décalage du regard vers ce qui permet de continuer à vivre, Zeina Abirached mêle au récit des difficultés du quotidien celui des jeux de l'enfance, évoquant avec humour la cueillette d'éclats d'obus par son petit frère, ou le sadisme d'un coiffeur qui l'amocha durant toute son adolescence. On retrouve dans Je me souviens la tension, caractéristique de l'oeuvre de Zeina Abirached, entre un dehors hostile où la guerre fait rage et l'espace familier d'une intimité protectrice. Ce quatrième opus est sans doute celui qui s'ouvre le plus vers le monde extérieur, la distance et l'humour créant de salutaires espaces de liberté.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 01 Décembre 2008
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Je me souviens, Beyrouth © Cambourakis 2008
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)
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18/01/2009 | cac
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L'avatar du posteur Noirdésir

L’album (au format assez petit) se lit très rapidement, c’est une suite de « souvenirs », parfois à peine esquissés, qui reprennent en grande partie le procédé narratif de Pérec. Alors, c’est sûr, il n’y a pas vraiment d’« histoire » au sens habituel. Mais ça se laisse quand même lire agréablement. Car, au travers de ces souvenirs, c’est non seulement la vie de l’auteure qui s’étale, par tranches et sous formes d’anecdotes plus ou moins fortes, mais aussi l’histoire de son pays d’origine, le Liban, et surtout Beyrouth. Beyrouth déchirée par la guerre. L’autobiographie fragmentaire rejoint donc l’histoire nationale, comme a pu le faire – excellemment – Satrapi avec son Persepolis (même si ici c’est sans doute moins creusé). L’autre point qui rapproche ces deux auteures, c’est le côté graphique – même si leurs styles diffèrent quand même. Abirached use d’un Noir et Blanc très tranché, avec un dessin stylisé dont le rendu est proche de papiers découpés. Un dessin simple, mais très agréable. Une lecture légère malgré l’arrière-plan tragique. Une lecture plaisante en tout cas.

16/02/2024 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

Au début de ma lecture, j'étais assez circonspect. La narration commence invariablement par la phrase "je me souviens", un peu comme la devise du Québec. Cependant, on est plutôt loin de la belle province puisqu'il s'agit d'évoquer les souvenirs d'une vie de famille dans un Beyrouth en guerre. Il faut dire que les libanais ont beaucoup souffert de ce long conflit interminable dans les années 80. Ce beau pays a été complètement détruit sous les bombardements. Le dessin est en noir et blanc avec des traits assez gras. Ce n'est pas très beau esthétiquement. Cela rappelle un peu le Persepolis de Marjane Satrapi. Cependant, je n'en tiendrais pas compte dans ma notation car j'ai été emporté le propos qui peut susciter une certaine compassion. C'est clair que de souvenir de ça et de cela peut conférer à un ennui mortel dans la répétitivité. Mais comme dit, c'est presque poétique. Cela reste émouvant quad on sait que la famille de l'auteur est restée au pays et qu'un nouveau conflit a démarré en 2006. Pauvre Liban !

08/04/2016 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

On pense immédiatement à Persepolis quand on découvre cette bande dessinée. Comme Marjane Satrapi l'avait fait pour l'Iran, c'est le récit de la jeunesse d'une jeune fille dans un Liban bouleversé par les évènements qui s'y sont déroulés dans les années 80, le tout dans un style de noir et blanc volontairement naïf et contrasté, quelque part entre l'art pictural persan et le dessin enfantin. L'analogie avec l'oeuvre de Satrapi se poursuit également dans le ton narratif, celui d'un récit vu par les yeux d'un enfant avec tous les souvenirs et la nostalgie que cela implique. Malgré cette très grande ressemblance qui aurait pu me faire ressentir la lassitude d'un déjà-vu déjà-lu, j'ai apprécié cette bande dessinée. Elle met en scène la guerre civile libanaise telle que vue par une simple famille qui vivait tout juste à côté de la ligne de démarcation entre Beyrouth-Ouest et Beyrouth-Est. Aux souvenirs d'enfance d'un jeune des années 80, mâtinés de bandes dessinées, de chansons écoutées sur cassette et de dessins animés japonais à la télé, s'ajoutent des péripéties du quotidien quand il faut s'organiser pour pouvoir aller à l'école ou quand il faut évacuer à la campagne ou à l'étranger à chaque aggravation du conflit. J'y ai retrouvé une petite part de ma propre nostalgie et de ma propre enfance. La narration est d'une grande simplicité, structurée en souvenirs de détails précis ou d'anecdotes, énumérés les uns à la suite des autres pour former une ambiance globale très parlante. On est plongé dans cette guerre civile sans en ressentir trop de noirceur, le tout étant allégé par la vision enfantine quoique bien consciente de la situation, de l'enfant narrateur. Instructif et touchant à la fois, j'ai pris plaisir à lire cet album.

14/12/2009 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
L'avatar du posteur cac

Je n'ai pas lu les précédents ouvrages de Zeina Abirached sur son enfance dans un Liban en guerre. Première chose à la saisie de ce bouquin, l'air de déjà-vu du dessin. On ne pourra pas s'empêcher de penser à Marjane Satrapi, qui elle-même en son temps conta sa jeunesse iranienne. Zeina a mon âge, sauf qu'elle a vécu une partie de son enfance dans un monde en guerre avec la chute des obus, les coupures d'électricité et sans eau courante. La vie de famille ressemble pourtant à la nôtre, européenne, et curieusement on ne ressent pas de peur ou d'oppression mais plutôt de la joie parmi ses membres. Le récit est mené à la façon "je me souviens", l'auteur évoque toutes les petites anecdotes de son enfance qui ont pu marquer tout un chacun. Zeina se souvient de la Renault 12 bleue de sa mère ou encore de la fois où elle et sa classe ont dû dormir à l'école à cause d'une attaque. A part ça j'ai été content d'apprendre que Goldorak s'appelle Grindayzer au Liban :)

18/01/2009 (modifier)