Aarib

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 8 avis)

Une magnifique aventure au pays des Aarib, tribu de nomades Marocains vivants dans le Sahara. Une oeuvre où la chaleur des dessins et la sincérité du récit font mouche.


1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Maghreb

François Le Guennec est un baroudeur. Mais pas du genre tête brûlée. Plutôt du genre tête pensante, plus habitué aux crépitements de machine à écrire qu'aux rafales de mitraillette. Sauf qu'un jour le jeune homme décide de plaquer sa gentille routine et de s'embarquer pour le Maroc, pays fascinant qu'il utilise comme toile de fond à ses romans à deux sous, mais qui paradoxalement lui est parfaitement inconnu... Autant dire que les découvertes vont être légion ! Car François ignore beaucoup de choses. Comme par exemple que quelques tribus du Sahara, comme les Aarib, échappent encore au contrôle du protectorat français. Ou encore que certains de ses compatriotes expatriés seront trop heureux de trouver en lui un Candide tout apte à servir leu rs manigances politiques... Mais n'est-ce pas de l'ignorance que naît l'aventure ? Et n'est-ce pas par la découverte des autres que l'on va à la sienne ? Fasciné par l'Afrique, où il partagea pendant plusieurs mois la vie des hommes bleus, Jérôme Heydon compose ici une fresque puissante, découpant de grands espaces en cases comme autant de fenêtres ouvertes sur la beauté du Maroc et de sa culture. Un voyage à nul autre pareil...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 07 Mars 2007
Statut histoire Série terminée 2 tomes parus

Couverture de la série Aarib © Vents d'Ouest 2007
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 8 avis)
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09/03/2007 | Chalybs
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Par Chalybs
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

2 tomes lus... Voici un bel ouvrage. Sobre, propre, bien réalisé, clair. Le dessin comme bien souvent dans mes choix a joué un rôle prédominant dans ma sélection rapide. Hop, j'ouvre. Hop, je m'aperçois tout de suite du style personnel de l'auteur, j'aime les couleurs lumineuses. Hop, je lis. De ce que j'ai pu lire de la biographie de l'auteur, dessinateur, coloriste, ceci ressemble à une sorte d'autobiographie. Jérôme Heydon ayant passé plusieurs mois en compagnie des nomades du Sahara. Il essaie par cette BD de retranscrire ses émotions et ses découvertes. Dans un style calme, posé, Jérôme Heydon nous conte l'aventure en 1935 d'un écrivain raté à l'eau de rose, qui las de sa vie inventé décide de faire le grand saut et partir découvrir la vérité sur tout ce qu'il a pu imaginer jusqu'ici. Pour toute personne ayant quelques liens avec le Maroc, la première qualité qui ressortira de cette BD est effectivement un vrai air d'authenticité. Les coutumes, la gentillesse, l'ouverture d'esprit du plus grand nombre, mais aussi évidemment les résistants, les opposants à l'occident. L'auteur retranscrit avec justesse le melting pot des cultures marocaines. Le peuple Marocain n'est pas effectivement UN peuple, mais la conjugaison de nombreuses tribus à l'histoire bien tranchée. Le premier tome est beaucoup plus qu'un tome d'introduction et c'est aussi ce que j'aime. Nous sommes embarqué au plus profond du désert et le nom de ville comme Marrakech ou mieux encore Ouarzazate nous font rapidement rêver à de lointain horizons inaccessibles… (Enfin, renseignez vous et vous verrez que Ouarzazate n'est plus si inaccessible ;) ) Lors de la présentation de la famille, j'ai franchement souris tellement cela m'a rappelé des souvenirs. On découvre l'histoire de ce pays, on découvre toute l'ambiguité d'un colonialisme qui arrive à ses limites. On s'insurge avec Jérôme sur certaines pratiques que l'on croyait révolues (esclavagisme, exploitation des mines de sel…). On parcourt toutes les émotions, de l'amour à la haine, de la béatitude à l'affolement et la surprise constante dans la redécouverte des coutumes Berbères et d'une religion qui nous est souvent trop méconnue. Surement Jérôme Haydon qui a vécu au Maroc quelques temps a-t-il mis une grande part de lui-même dans cette série. Ce n'est dit nulle part, mais Jérôme Haydon aurait-il utilisé ce moyen d'expression afin de réaliser une sorte de psychothérapie ? En tout cas, on ressent une force véritable, on ressent l'honnêteté de l'auteur et sa volonté de retranscrire ses pensées, ses sensations, ses émotions…Il s'en dégage une grande véracité, une grande crédibilité. Une aventure pleine d'humanité, d'humilité face à ces terres et à cette vie qu'elles rendent si dure. De plus, les nombreux textes en voix off, sont souvent judicieux, bien ficelés et travaillés. Surement, avec le dessin, plus qu'avec le scénario, ces textes sont-ils la force de cette série. Surement, là encore Jérôme Haydon a-t-il voulu y mettre en grande part de son travail. Un grand moment d'expression écrite, de communication. Tout coule de source, tout s'enchaine facilement et avec justesse. Tout s'articule et s'emboite avec minutie. Rien vraiment à redire sur l'ensemble de cette œuvre. Avec un contenu dense et un rythme assez lent, avec une narration et un découpage maitrisés, Je suis ressorti de cette lecture étrangement calme, serein, malgré le flot d'émotions. Ces contrées décidément appellent à l'humilité et ce peuple à la sagesse. El mouktoub est plus fort que tout. Pourquoi chercher à se battre contre lui ? Pourtant, j'ai trouvé la fin trop abrupte, trop rapide. Le départ de François nous prend de court, comment ? Tout ça pour revenir au point de départ ? Mais c'est peut être aussi ça la force de cette série, nous faire voyager, rêver jusqu'à la dernière et finalement nous montrer que rien n'est jamais acquis, que la lutte est constante mais que toujours la vie doit reprendre ses droits. Cette série est en plus, dés lors empreinte d'une sage psychologie d'une belle philosophie. "Je veux mourir" ; "Je veux vivre" ; François aura hésité. Il a choisi. Et finalement, on se dit que l'on aurait aimé un autre tome afin de découvrir plus en profondeur le peuple des Aaribs. Finalement, on a l'impression d'être passé trop vite sur certains points. Mais cette sensation ne survient qu'une fois la dernière page atteinte et que surpris on s'aperçoit que l'on est déjà arrivé au bout de l'histoire. C'est avec un grand regret que j'ai aussi découvert que le deuxième tome était le dernier. Je serai bien reparti une fois encore avec François à la découverte de ce pays ensablé, et de ce peuple envoutant comme les yeux de Leila… Je reviens sur le dessin, qui m'a plu lui aussi par son authenticité. J'ai pris un plaisir immense à parcourir ces paysages au travers des magnifiques dessins de Jérôme Haydon. Si son trait n'est pas le plus précis au monde, son style est en revanche admirable. Le trait parfois encore crayonné montre une certaine spontanéité, une certaine innocence, une naïveté qui colle parfaitement au personnage principal. J'adore l'utilisation qu'il a des couleurs contrastées, tranchées qui reflètent parfaitement et avec une grande justesse les lumières de ce pays. Entre la chaleur étouffante de la tente et la chaleur écrasante des dunes, entre l'ambiance calme, feutrée, les lumières presque tamisées de la tente et le feu et l'intensité de la lumière du désert, nous voyageons sans difficulté et Jérome Haydon nous transporte sans peine dans son univers. Sa mise en page superbement maitrisée permet de nous rendre l'étendue infinie du désert, de la solitude de ce voyage, du calme de la nuit. Jérôme Haydon joue avec les zooms, les champs larges, les grands plans avec justesse. Voilà, J'adore le dessin. A découvrir absolument !

09/03/2007 (MAJ le 30/07/2010) (modifier)