Maison Blanche - En coulisses avec Obama, Trump et Biden

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

La Maison Blanche, au plus près des présidents Obama, Trump et Biden.


Documentaires Encrages La BD au féminin Politique

Un documentaire exceptionnel, vu de l'intérieur par l'ancien correspondant de l'AFP alors que les élections 2024 s'annoncent cruciales. Jérôme Cartillier fut le correspondant de l'AFP à la Maison Blanche. Observateur privilégié des mandats d'Obama, Trump et Biden, il travaillait à quelques mètres du bureau ovale (ou à côté du président dans Air Force One). Ce récit offre une occasion unique de raconter les coulisses de l'institution politique la plus scrutée au monde, juste avant de nouvelles élections déterminantes.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Septembre 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Maison Blanche - En coulisses avec Obama, Trump et Biden © Delcourt 2024
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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10/10/2024 | Blue boy
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Par Présence
Note: 4/5
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La marque présidentielle se décline sur une multitude de produits. - Ce tome contient un récit entre reportage et vulgarisation. Son édition originale date de 2024. Il a été réalisé par Jérôme Cartillier (correspondant à l’AFP à la Maison Blanche pendant sept ans) & Karim Lebhour (journaliste à Washington) pour le scénario, et par Aude Massot pour les dessins et la mise en couleurs. Il comprend cent-seize pages de bande dessinée. Il se termine par un dossier de huit pages présentant trente-deux photographies des trois présidents Obama, Trump et Biden. 1600 Pennsylvania Avenue, Washington, District of Columbia. Les touristes déambulent devant les grilles et admirent le bâtiment. Parmi eux, se trouvent Jérôme Cartillier, correspondant de l’AFP à la Maison Blanche, et Karim Lebhour, ancien journaliste installé à Washington, qui discutent ensemble, le premier commentant pour le second. Il explique que l’idée de génie de Theodor Roosevelt a été de la baptiser officiellement White House, ça sonne mieux que Executive Mansion. Il ajoute que son ami a bien choisi son jour : POTUS part en week-end dans le Delaware. Il explicite l’acronyme : President Of The United States. Et pour la First Lady : F.L.O.T.U.S., quand on travaille ici il faut s’y faire. Puis il lui propose d’aller voir le décollage de Marine One depuis le South Lawn. Il continue : Pendant les derniers mois de la présidence de Trump, il y avait des manifs tout le temps et des barrières partout, on ne pouvait plus approcher. Avec Biden c’est plus calme. Tout le monde prend des photos de la Résidence, mais la partie la plus intéressante c’est la West Wing, là-bas à droite, dit Jérôme en la désignant du doigt. C’est là que se trouvent le Bureau ovale et les proches collaborateurs du président. Et aussi la salle de presse et les bureaux des journalistes. La Maison Blanche - Bureau Ovale, Situation Room au sous-sol, points presse des visiteurs, Rose Garden, Dalle de Presse, bowling au sous-sol, salons diplomatiques, résidence privée du président, Sniper, lapin devenu célèbre parmi les journalistes, bunker au sous-sol, bureau de la Première Dame, agents du Secret Service, fontaine dont l’eau devient verte tous les ans le jour de la Saint-Patrick, vers Lafayette Square… Les deux amis sont accrédités et ils franchissent facilement le contrôle d’accès. Jérôme reprend : À l’Élysée personne ne rentre. On ne peut même pas s’arrêter sur le trottoir d’en face. La Maison Blanche est un lieu très protégé mais aussi très visité. Les Américains attachent une grande importance à la transparence du pouvoir. D’ailleurs, si on va au Capitole, l’accès est libre et ouvert à tous. Les rangées de caméras, là, on appelle ça Pebble Beach. Toutes les télés se mettent ici pour la vue imprenable sur le bâtiment de la Résidence. Là, c’est l’entrée de la West Wing. Le Marine en faction ? Ça veut dire que le président est dans le Bureau ovale. La présence permanente des journalistes à la Maison Blanche, au cœur du pouvoir est une exception américaine. Le sous-titre annonce explicitement la nature de l’ouvrage : un reportage embarqué dans la vie des journalistes à la Maison Blanche, avec des exemples pris dans l’exercice de trois présidents successifs : le quarante-quatrième, le quarante-cinquième et le quarante-sixième présidents des États-Unis, soit Barack Obama, Donald Trump et Joe Biden. Le récit passe en revue plusieurs facettes de la Maison Blanche : le bâtiment lui-même, l’histoire de sa construction, certains lieux spécifiques comme la salle James Bready (Briefing room, ou salle de presse), la pelouse sur laquelle se pose Marine One (l’hélicoptère présidentiel), la piscine que Franklin Delano Roosevelt a fait construire dans les années 1930 sous la salle de presse, le Bureau ovale et sa décoration, l’Aile Ouest (West Wing), l’avion présidentiel Air Force One (avec un schéma de son aménagement intérieur), l’organisation du convoi présidentiel (Presidential Motorcade), la balance des pouvoirs avec le Congrès et la Cour Suprême, et même un moment touristique à Stonehenge. Le lecteur apprécie vite les dessins. Comme souvent dans ce genre de documentaire ou de reportage, l’artiste adopte un registre descriptif un peu simplifié dans sa représentation, avec une gestion des détails allant vers l’essentiel, des personnages à la silhouette également simplifiée, et des expressions un peu exagérées. Cela aboutit à des pages immédiatement lisibles, apportant une forme d’équilibre avec la quantité d’informations. Sous des dehors simplifiés, les formes détourées rendent bien compte du sujet, dans ses différentes composantes. Sous certains aspects, la dessinatrice joue avec le fait que le lecteur sait ce qu’il va voir. Par exemple, elle peut compter sur le fait qu’il identifiera au premier coup d’œil Donald Trump avec une longue mèche blonde (même pas orange) et une cravate rouge. En effet, s’il s’y arrête, il peut constater que le dessin du visage de ce président est assez éloigné d’une photographie. Dans le même temps, sa gestuelle évoque le comportement massif et régulièrement agressif de ce monsieur. Elle sait également restituer l’élégance et la retenue de Barack Obama, sa gravité dans les moments difficiles, et sa gentillesse dans les moments de détente. Par comparaison, Joe Biden peut sembler un peu plus fade, portant le poids de l’âge de manière plus apparente. Sur le plan des détails et de la précision, par comparaison, la dessinatrice s’applique plus pour montrer l’architecture de la Maison Banche, les lieux rendus célèbres par les journaux télévisés, l’avion Air Force One, etc. Elle s’investit également pour les scènes historiques comme les cases consacrées à la construction de la Maison Blanche dans la double page cinquante et cinquante-et-un, ou le moment historique lorsque Trump franchit la frontière séparant la Corée du Sud de la Corée du Nord. Dans ce genre d’ouvrage didactique, il est fréquent que le scénariste (ou ici, les scénaristes) livre un texte clé en main, charge au dessinateur de l’illustrer comme il peut pour en faire une bande dessinée dans laquelle les cases présentent un intérêt visuel, sans redondance avec les informations contenues dans les cellules de texte. Ici, le lecteur peut constater que l’ouvrage constitue une véritable bande dessinée, avec des séquences pensées visuellement, et une diversité dans la mise en page. C’est une évidence dès le dessin en double page (six & sept) : une vue aérienne de la Maison Blanche en perspective isométrique pour faire comprendre l’agencement des bâtiments et leur positionnement relatif les uns par rapport aux autres. Les auteurs font à nouveau usage de ce mode de représentation pour l’aménagement du Bureau ovale, ainsi que pour Air Force One, avec une vue en coupe. Le lecteur commence par accompagner les deux journalistes qui sont mis en scène par le biais de leur avatar. Bien vite, il regarde autour de lui par leur regard, assistant ainsi au décollage de l’hélicoptère Marine One : il assiste ainsi au départ de Joe Biden, puis à celui de Barack & Michelle Obama traversant la pelouse, puis à Trump apostrophant la presse à sa manière inimitable. En page dix-neuf, il découvre des fac-similés de personnes s’étant photographiées au pupitre de la salle de presse. Un dessin en pleine page le prend par surprise page vingt-trois : Sean Spicer (après ses excès de faits alternatifs) lors de sa prestation dans Dancing with the stars ! En passant, il remarque que la représentation de Kellyanne Conway manque un peu de ressemblance. Les cases de la double page consacrée à la construction de la Maison Blanche sont disposées en cercle autour de l’image centrale. Une même image est répétée dix-huit fois en page quatre-vingt pour souligner que Trump fait durer le plaisir de savourer un moment historique quand il a franchi la frontière entre les deux Corée. Etc. Il s’agit d’une vraie bande dessinée conçue comme telle, en tirant partie des possibilités de mise en scène qui lui sont spécifiques. De séquence en séquence, le lecteur apprécie le jeu des différences entre le comportement des trois présidents pour des situations similaires. Le regard des auteurs s’avère analytique, faisant ressortir ce qu’il y a de spécifique chez chacun d’eux, la manière dont la communication présidentielle est adaptée à leur personnalité propre, une évidence chez Donald Trump, ce qui fait apparaître les spécificités pour les deux autres. La trame de l’exposé comporte dès le début des éléments culturels allant plus loin que le reportage touristique. Pour commencer, le fait que la Maison Banche soit ouverte aux visiteurs, principe très différent de l’Élysée. Ensuite la proximité des journalistes qui disposent donc de bureaux dans le siège du pouvoir. Le rôle de la White House Correspondents Association (WHCA) : Aux États-Unis comme ailleurs, le combat pour l’accès à l’information n’est jamais gagné d’avance, et c’est une bataille que mène quotidiennement la White House Correspondents Association (WHCA). Cette association centenaire travaille sans relâche pour maintenir une véritable proximité avec le président américain, que ce soit à Washington ou lors de ses déplacements. À la moindre entorse, la WHCA réagit avec vigueur, et grâce à son influence obtient souvent gaine de cause. La mise en scène du pouvoir : dans la salle de presse ou dans le Bureau ovale, en fonction des annonces. Progressivement, d’autres mécanismes sont mis en lumière. La comparaison entre le comportement des trois présidents fait apparaître le professionnalisme des communicants, et la maîtrise des présidents en la matière. Le lecteur ressent vite le respect que les auteurs portent à Obama, et le regard plus critique vis-à-vis de Trump, ne serait-ce que parce que celui-ci a clamé haut et fort et à plusieurs reprises dès son premier mandat, sa défiance à l’encontre des journalistes. Le lecteur comprend également que les différentes formes de communication sont encadrées par des professionnels aguerris, aussi bien du côté présidentiel, que du côté des journalistes : ainsi les informations et les reportages dépendent aussi bien de l’orientation choisie par un côté, que de l’autre. En passant, il note bien que les journalistes des grandes agences internationales présents à la Maison Blanche relaient les informations à leurs clients, c’est-à-dire les médias du monde entier qui n’ont pas de correspondant sur place, et qui compte sur eux pour une couverture exhaustive de la présidence américaine, quelle que soit l’heure. Les auteurs reprennent également une phrase d’Obama : Le danger de la Maison Blanche est de se laisser enfermer dans une bulle, c’est difficile de ne pas se sentir déconnecté. Les auteurs mettent en pleine lumière l’exception américaine dans le mode relationnel de la présidence avec la presse, le haut degré de conventions professionnelles dans cette relation, et dans le même temps la nature profondément démocratique de ce fonctionnement. La quatrième de couverture décrit bien la nature de l’ouvrage : la Maison Blanche et les relations du président des États-Unis avec les journalistes au travers de la salle de presse installée dans West Wing. Les auteurs ont travaillé ensemble ce qui donne une vraie bande dessinée, avec une complémentarité et une interaction organique entre les dessins, le texte, les dialogues. Le lecteur retrouve les éléments qui lui sont familiers au travers des informations télévisées et des séries. La succession de scène forme une description de ces relations, ainsi qu’une analyse comparative du mode de communication des trois présidents, et il finit aussi par apparaître comment ce dispositif de communication forge une représentation de la réalité diffusée à travers le monde. Édifiant.

31/07/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
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Dans moins d’un mois (le 4 novembre), les regards du monde entier seront tournés vers la Maison blanche, qui verra siéger dès janvier et pour quatre ans le nouveau président (ou la nouvelle présidente) des États-Unis. L’occasion pour les auteurs de braquer les projecteurs sur cette « vitrine » prestigieuse de l’une des plus grandes démocraties du monde, pour en révéler les coulisses, bien souvent sous un jour pour le moins inattendu ! Saviez-vous que « P.O.T.U.S. » est le doux surnom donné au président par les journalistes officiant au sein de la « White House », lequel signifie « President of the United States » ? Que le fait que ces journalistes, justement, soient présents en permanence est une exception américaine, parce que « les Américains attachent une grande importance à la transparence du pouvoir » ? Que la Maison blanche ressemble plus à une auberge espagnole, très contrôlée certes, mais aux antipodes de notre palais de l’Elysée quasi totalement coupé du monde ? Ainsi, cet éminent centre du pouvoir chez l’Oncle Sam reste constamment animé du fait des allers et venues des différents visiteurs, officiels, journalistes ou simples touristes. Toutes ces anecdotes sont révélées par la voix de Jérôme Cartillier, correspondant à l’AFP à la Maison Blanche, des anecdotes recueillies par Karim Lebhour, journaliste et auteur de plusieurs docu-BDs. On y apprend pas mal de choses sur les quatre mandats qui ont vu se succéder depuis 2008 Obama, Trump et Biden, des détails instructifs, dont certains assez croustillants, parfois aussi édifiants que révélateurs sur la politique américaine et son évolution, notamment, comme on peut s’en douter, avec l’élection du « président orange », l’homme qui passe le plus clair de son temps à tweeter devant l’écran géant qu’il a fait installer dans la « dining room » et considère la Maison blanche comme un « taudis » (car en effet, on peut y voir passer des souris dans l’aile ouest !). Symbole entre tous les symboles, le Bureau ovale est le lieu emblématique et mythique de la présidence. Sa forme a été inspirée par George Washington lui-même qui y voyait le symbole de la démocratie. L’ouvrage dresse également un historique de la célèbre résidence présidentielle et de la ville qui l’abrite, car il faut le rappeler, Washington, dit Washington D.C., est administrée par le Congrès et n’appartient à aucun Etat. Ce documentaire nous offre également une séquence sur l’Air Force One, l’avion présidentiel un brin vieillot que certains qualifient parfois de « bureau ovale volant », et explique pourquoi la structure gouvernementale triangulaire, composée non seulement de la « White House » mais aussi du Congrès et de la Cour suprême, vise à empêcher les abus de pouvoir, limitant souvent l’action du Président par un blocage politique. Sans doute le prix à payer pour préserver une certaine idée de la démocratie. Le dessin tout en simplicité d’Aude Massot, qui en est à sa seconde collaboration avec Karim Lebhour, accompagne parfaitement l’ouvrage et son côté enfantin confère beaucoup de dynamisme à la narration. Ce qui convient tout à fait pour ce type de documentaire, qui cherche d’abord à témoigner le plus objectivement possible d’un sujet donné avant de fournir matière à polémique, même si la tentation peut être grande dans le contexte particulier de la campagne électorale en cours. Tout au plus peut-on y déceler une touche d’ironie, mais « Maison Blanche » se veut d’abord instructif tout en restant accessible. Et tant pis si les présidents ne sont pas forcément ressemblants, Trump notamment apparaissant bien plus svelte que dans la réalité, mais l’autrice ne prétend pas être caricaturiste, et cela ne gêne en rien la lecture. Pour peu que l’on s’intéresse à l’élection américaine, dont l’échéance se rapproche à grands pas, cette lecture tombe à point nommé. On apprécie l’aspect ludique de l’exercice, qui dans l’esprit rappelle beaucoup cette autre BD parue il y a quelques mois, Dans les couloirs du Conseil constitutionnel, de Marie Bardiaux-Vaiente et Gally. C’est d’ailleurs bien pour cette capacité à traiter des sujets pas forcément engageants à la base que le neuvième art s’est imposé dans le registre documentaire depuis plusieurs années.

10/10/2024 (modifier)