L'Homme qui en a trop vu

En octobre 2016, le magazine allemand Der Spiegel commande à Ali Arkady un reportage sur le début de l’offensive, à Mossoul, contre Daesh.
Documentaires L'Irak Photographie Proche et Moyen-Orient
Ali, photojournaliste, prend contact avec des soldats rencontrés quelques mois plus tôt, à Falloujah. Il les rejoint sur la base militaire de Qayyarah, à 90 kilomètres au sud de Mossoul, en Irak. Kurde, Ali est protégé par les hommes qu’il accompagne, et dont il gagne la confiance. Son reportage pour Der Spiegel terminé, il reste avec les soldats, prétendant préparer un film à la gloire de l’ERD (Emergency Response Division), une division d’intervention d’urgence du ministère de l’intérieur irakien. Durant deux mois, il partage le quotidien des soldats, écoute leurs conversations. Et il découvre le pire : exactions contre des civils, viols, tortures... Ali est à bout de nerfs, et au bout de l’enfer. Ses photos et ses films seront publiés et montrés dans le monde entier. Pour ce reportage saisissant, Ali Arkady a reçu, en 2017, le prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre.
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Date de parution | 03 Avril 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Il s'est passé des choses vraiment sales en Irak, et celles que le photographe Ali Arkady a vues en font clairement partie. Au-delà des horreurs évidentes de la guerre et des exactions de l'État Islamique, j'avais déjà été écœuré par Bagdad Inc., qui montrait comment des sociétés de mercenaires comme Blackwater, et bien d'autres entreprises proches des cercles Cheney/Rumsfeld, avaient profité du chaos pour s'enrichir sur fond de corruption sanglante à l'échelle mondiale. Ici, c'est un autre pan tout aussi sinistre qui est exposé : les crimes de guerre, les tortures, les exécutions d'innocents, perpétrés par l'armée irakienne de libération soutenue par les Américains, dans une forme de revanche aveugle contre quiconque ayant croisé la route de l'État Islamique, volontairement ou non. Ali Arkady, photographe reporter, a accompagné une unité militaire irakienne qu'il a suivie pendant des mois, jusqu'à la libération de Mossoul. Il admirait au départ ces soldats qui prétendaient vouloir sauver et non détruire, et il documentait leurs actions avec respect. Mais peu à peu, il a été témoin d'actes insoutenables, jusqu'à décider de les dénoncer, rompant la confiance qui le liait à ces hommes et s'exposant, lui et sa famille, à de graves menaces de représailles. Le récit est grave, documenté avec sobriété, et témoigne d'une démarche courageuse. Il montre comment Ali s'est rapproché de l'horreur, au plus près, pour en rapporter les preuves. La tension est présente, l'engagement est réel, et l'ensemble est solidement informé. Pourtant, malgré l'intensité des faits, la narration reste relativement plate. Le lecteur n'est jamais complètement happé. La mise en forme est trop factuelle, trop documentaire, pour restituer pleinement la violence du drame humain vécu sur place. On s'y perd aussi un peu dans les personnages secondaires. Et en même temps, je suis resté perplexe sur les raisons qui ont bien pu pousser les coupables de ces actes terrible à accepter d'avoir un photographe qui les suit et prend en photo leurs crimes si c'est pour ensuite lui dire qu'il faudrait vraiment qu'il les efface et ne les diffuse jamais. Cette lecture est certes utile, elle alerte, elle éveille les consciences sur des réalités ignorées ou cachées. Mais elle peine à bouleverser. On en ressort informé, conscientisé, mais pas véritablement ébranlé. Le choc des faits est là, mais pas celui de la mise en récit.


2.5 Un peu déçu par ce documentaire parce que le sujet est passionnant. On suit le photographe et journaliste Ali Arkady qui s'en va en Irak voir comment l'armée irakienne combats Daech et évidemment il y a des dérapages devant des militaires. Je pense que c'est ce qui a de plus triste ici. Je n'ai pas été surpris parce qu'on montrait. Les guerres se suivent et se ressemblent et les crimes de guerres sont toujours les mêmes, une banalité qu'il semble impossible d'arrêter. Malheureusement, tout est gâché par un dessin qui ne donne pas du tout envie de lire l'album et que je trouve même moche. Je sais que les critères de ce qu'est un beau dessin est subjectif et change d'un lecteur à autre, mais mine de rien cela fait quand même pas mal de documentaire où j'ai l'impression que la qualité du dessin est le cadet des soucis des auteurs et ce qui est le plus important est le propos du documentaire. Tant qu'à faire, autant faire directement un livre et pas une BD si le dessin n'est pas important.


J’ai emprunté au hasard cet album. Le titre m’avait laissé croire qu’il s’agissait d’un polar/thriller politique. En fait pas vraiment – quoi que, dans le dernier tiers, la tension est bien celle d’un thriller ! Le récit nous permet de suivre le travail d’Ali Arkady, journaliste photographe kurde irakien, qui suit, « embedded » comme disent les Américains, des forces spéciales irakiennes au moment où des forces coalisées s’attaquent à l’une des places fortes de Daesh en Irak, Mossoul, en 2016/2017. Par ses premiers reportages pour le Spiegel, il a rendu célèbres les membres de ces forces spéciales, mettant en avant leur héroïsme et leur côté libérateurs. Il a ainsi gagné leur confiance et les suit dans toutes leurs actions. Peu à peu il comprend qu’ils commettent des crimes de guerre (torture, viols, assassinat d’innocents), en employant des méthodes écœurantes (les mêmes que les Américains appliquent alors en Afghanistan et en Irak d’ailleurs !). Prenant des risques de plus en plus grands (les hommes qu’il photographie commencent à le menacer, le forcent à user lui aussi de violence contre les détenus), il se lance dans un reportage en « free lance », pour documenter les crimes : cette dernière partie est très prenante ! Le courage d’Ali et son sang froid sont impressionnants, et jusqu’au bout on craint pour lui et sa famille. On ne peut par contre s’empêcher de constater l’hypocrisie des services de renseignement américain, qui l’exfiltrent lui et sa famille, mais qui ne feront rien (à ma connaissance), pour empêcher les crimes de guerre de l’armée américaine (voir le sort de Julian Assange lorsqu’il a dénoncé ces crimes documents à l’appui). Mais c’est une autre chose. Le récit est assez prenant, mais il manque d’un je ne sais quoi de consistant. Surtout que le dessin est assez minimaliste, avec des décors escamotés le plus souvent. J’ai l’impression qu’ici le medium BD n’apporte pas grand-chose, et qu’un livre, ou un reportage accompagné de photos aurait été plus efficace. Mais bon, ça se laisse lire, et le sujet est intéressant.
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