#DRCL Midnight children

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)

Shin’ichi Sakamoto revisite le roman de Bram Stoker.


1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Adaptations de romans en BD Seinen Shueisha Vampires

À la fin du xixe siècle, un vaisseau russe embarque d’étranges caisses remplies d’une terre à l’odeur pestilentielle. La traversée des océans est un calvaire pour l’équipage : disparitions et morts suspectes s’enchaînent. Certains parlent d’un fantôme… Quand le bateau parvient enfin à destination en Angleterre, il a tout d’une épave flottante. Alors que la police portuaire se lance à la recherche de survivants, elle tombe sur une énorme créature mi-homme mi-loup, qui disparaît comme par magie… Quelques instants plus tard, dans le cimetière de la ville, quatre élèves du prestigieux établissement Whitby assistent à une scène terrifiante : un de leurs camarades est capturé par une bête ténébreuse ! Seule Mina Murray, l’unique fille de l’établissement, a le courage de voler à son secours, mais il est déjà trop tard…

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 25 Janvier 2024
Statut histoire Série en cours (3 tomes parus au Japon, série en cours) 2 tomes parus
Dernière parution : Moins d'un an

Couverture de la série #DRCL Midnight children © Ki-oon 2024
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

08/02/2024 | Mac Arthur
Modifier


Par Spooky
Note: 3/5
L'avatar du posteur Spooky

Je suis très, très partagé sur ce nouveau manga, le premier, a priori, à adapter le roman culte de Bram Stoker. Le début laisse présager une adaptation relativement fidèle, avec une partie de l'histoire se déroulant à bord du Demeter, le bateau qui amène le Comte en Angleterre. Mais très vite, on s'aperçoit que l'auteur a décidé de s'éloigner du roman, en proposant une sorte de variation, qui n'est pas si mal vue d'ailleurs. C'est sur la deuxième partie que je suis plus réservé. Sakamoto fait de la petite bande qui va devoir lutter contre Dracula un groupe de lycéens aux rapports ambigus, aux identités un brin différentes (y compris les identités de genre). On est carrément dans une relecture, et faire s'arrêter plus que momentanément l'histoire dans la ville portuaire de Whitby est intéressant. Mais c'est sur ces changements concernant Godalming, Mina, Lucy and co., que je suis plus dubitatif. L'avantage, tout de même, c'est que le récit adopte plusieurs points de vue, ce qui l'enrichit, bien sûr. Quant à Dracula, il est intangible pendant toute la traversée du Demeter, ce qui ne l'empêche pas de semer la panique à bord, puis la mort. Lorsque le bateau arrive en Angleterre, il saute sur la terre ferme sous la forme d'un loup (comme dans le roman), puis se matérialise de façon très différenciée. Si sa nature protéiforme est actée dans l'histoire originale, j'avoue que les choix graphiques faits par l'auteur ne me satisfont pas vraiment, on se croirait un peu dans un délire de champignons hallucinogènes. Au-delà de ça, le trait est fin, délicat, mais également surprenant, avec le regard inquiétant de la plupart des personnages, une particularité que Sakamoto partage avec Gou Tanabe, l'adaptateur des récits lovecraftiens. Le parti pris graphique et narratif est toutefois original, j'attends de lire la suite pour juger plus précisément.

15/02/2024 (modifier)
Par Bruno :)
Note: 3/5
L'avatar du posteur Bruno :)

Alors y'a pas photo : c'est graphiquement spectaculaire. J'ignore complètement les moyens employés (crayon et encre, ou stylet ?!) mais le résultat est impressionnant de maitrise et de beauté. Chaque trait imprime une grâce presque irréelle aux personnages, ainsi qu'aux décors excessivement stylisés au sein desquels se déroule cette fantasmagorique resucée (!) de ce vieux mythe pourtant essoré du célèbre Comte vampire. À ce sujet, le film de Coppola autant que le bouquin de Stoker semblent se partager à égalité l'honneur de se faire piller (c'est de bonne guerre) pour cette adaptation "grand luxe" à la sauce Yaoi. Parce que, oui : même si c'est un conte éminemment horrifique, l'auteur joue (plutôt outrageusement) avec les codes scénaristiques de ces mangas "pour filles" (traditionnellement) où les éphèbes les plus androgynes (et les plus savamment échevelés ; et on atteint ici le summum de l'art capillaire...) vivent des passions aussi romantiques que picturalement chastes. Son goût pour le sujet est d'ailleurs assez rapidement manifeste tant l'accent est mis sur le trouble quasi général engendré par l'excessive séduction du personnage de Luke/Lucie ; surtout étant donnée sa propension à perdre ses vêtements (!). Et la séance de Solitaire de Quincey semble confirmer une orientation résolument "érotico-sanglante" pour la suite... En fait de manga, on risque de se retrouver à feuilleter les pages d'un "Giallo" italien ! En même temps, la maitrise absolue de l'artiste devrait lui permettre d'inclure sans réel inconfort visuel toutes les scènes érotiques qu'il lui plaira ; d'autant plus que, à ce stade de ma lecture (chapitre 24, en anglais), la direction assez floue donnée à l'histoire semble ne promettre rien de plus profond... Sakamoto Shinichi est tellement investi dans ses quasi-fresques illustratives qu'il nous perd un peu dans l'organisation des cases ; sans compter de nombreux flashbacks qui, autant de grandioses tableaux, ne font que très peu avancer "l'intrigue". Son soucis créatif d'originalité et d'esthétique (Dracula guidant le traineau de Santa-Claus (?!) au milieu des constellations ou encore Mina, seule dans cette vaste salle de théâtre aux sièges transfigurés... Brillant) affirme que le dessin prime sur l'action : l'argument scénaristique parait souvent gratuit. Mais, à ce stade de magnificence picturale, on se demande un peu si ça a la moindre importance... Quelques bémols, cependant, pour le casse-bonbons que je suis. Le personnage de Mina, tout d'abord, si commercialement calibré : c'est l'Herculéenne Fifi Brindacier ! Jusqu'aux dents !! L’absence de noir véritable (sinon pour les à-plats) dans le trait : tous ces dégradés de gris, objectivement somptueux, n'aident pas à dynamiser l'action, et seule l'audace de certains plans stimule la lecture tant le ravissement l'emporte sur la curiosité. Aussi : une communauté de traits assez manifeste chez quasi TOUS les protagonistes, des marins du début jusqu'aux professeurs du pensionnat. Cette concession stylistique atténue l'effet d'étrangeté de ces regards si dérangeants, qu'ils possèdent tous, en supprimant le contraste (pourtant nécessaire) qu'aurait apporté des intervenants secondaires plus normés... Je soupçonne le mangaka d'être fan du film : "Le Village des damnés", d'ailleurs : toutes ces moumoutes "platine" ! Mais pas uniquement : voilà-t-y pas que Vlad/Michael Jackson a pris des cours chez Barychnikov !!! En toute honnêteté, je n'aurais pas poursuivi ma lecture si je n'avais été époustouflé par nombre d'images aussi originales dans leur mise en scène que magnifiquement rendues. Et si la piste suggestive/subversive qui imprègne ces débuts fantastiques s'avère être le seul véritable sujet de l'histoire... Alors pourquoi pas ? Je réajusterai ma note si la suite éclaire l'intérêt du manga -si le scénario se hisse au niveau du dessin, quoi. Mais, bon : la côte est décidément raide.

13/02/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Terrible réinterprétation du roman de Bram Stoker que cette version manga signée par Shin'ichi Sakamoto ! C’est au festival d’Angoulême que j’avais découvert cette série via une projection animée d’extraits de planches dans une chapelle désaffectée. Intrigué, j’ai depuis eu l’occasion de lire le premier tome et le moins que je puisse dire est qu’il est… surprenant ! Mais surprenant dans le bon sens du terme. Certes, terriblement audacieux (les puristes vont voir leurs yeux jaillir de leurs orbites) mais, quitte à faire une énième adaptation du roman, je préfère ce genre de démarche déjantée à une simple adaptation sans audace. Alors, c’est un peu foutraque, avec un chapitre 0 placé en fin de tome 1, qui ressemble à un chapitre test du genre de ceux que l’on envoie à un éditeur dans le but de l’allécher mais qui, placé ici, revient sur certains faits exposés dans ce tome tout en abordant a posteriori certaines thématiques à peine évoquées au début. Franchement pas très utile ! Idem, cette manie d’entamer chaque chapitre en reprenant la fin du chapitre précédent. Alors, oui, ça donne l’occasion à l’auteur de nous gratifier de superbes planches mais, d’un point de vue narratif, ça fait un peu remplissage. Malgré ces petits défauts, j’ai dévoré ce premier tome. Tout d’abord pour l’audace du concept (dont je ne vous dirai rien, histoire que vous conserviez la surprise). Ensuite, il est amusant de retrouver les marqueurs du roman ainsi détournés. Un personnage comme Renfield, par exemple, est fameusement gratiné dans cette version (mais Lucy n’est pas en reste). Enfin, le dessin est magnifique ! Un style gothique esthétisé à l’excès avec ce mélange de précision et de froideur très asiatique associés aux courbes très organiques, très sensuelles du genre gothique. Je regrette d’ailleurs que cette série soit publiée sous le format manga car ce format, réduit et empêchant d’ouvrir un livre en grand ne permet de profiter ni de la finesse du trait de l’auteur ni des nombreuses doubles pages proposées. A titre personnel, j’attends déjà la suite !!

08/02/2024 (modifier)