Paraiso

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Après Tomino la maudite, Maruo revient avec cinq récits inédits.


Enterbrain Seinen Séries avec un unique avis

Dans les ruines fumantes du Japon vaincu de 1945, un orphelinat catholique dirigé par un curé déviant sombre dans la folie et la violence ; des enfants des rues survivent sous l’occupation américaine et sont les victimes des perversions d’adultes déchus ; une femme qui a tout perdu dans les bombardements erre dans la nuit, témoin hagard et monstrueux des vices qui fleurissent sur les décombres. En Europe, pendant la Seconde Guerre mondiale, à l’approche de la mort, un prêtre déporté à Auschwitz se remémore son apostolat à Nagasaki au Japon ; témoin silencieux de son martyre, un autre prisonnier est guidé vers la grâce au beau milieu de l’horreur.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Janvier 2023
Statut histoire Histoires courtes 1 tome paru

Couverture de la série Paraiso © Casterman 2023
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
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11/01/2024 | Noirdésir
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Un nouveau recueil de Maruo, ça titille forcément ma curiosité, tant je suis sensible à l’univers souvent baroque, très noir et parfois dérangeant, fortement teinté de références au surréalisme, qui irrigue son œuvre, l’une des rares en manga que je suis quasi systématiquement. Les deux premiers récits m’ont un tout petit peu laissé sur ma faim. Non pas qu’ils soient inintéressants. Mais je n’y trouvais pas les ingrédients cités plus haut. Ingrédients qu’on retrouve un peu plus dans le troisième récit. Bon, ça reste quand même une lecture agréable. Et Maruo donne une nouvelle fois une vision très noire de la société. Les cinq récits se développent dans une ambiance glauque, que ce soit à Auschwitz ou au Japon, alors que la guerre est finie, mais que ses conséquences sont on ne peut plus visibles, ruines, cadavres et autres déliquescences déroulant un décor triste. Maruo mélange ici plusieurs thématiques opposées – et le contraste est souvent violent et amène le malaise souvent présenté autrement dans ses autres œuvres. C’est ainsi que les personnages principaux sont souvent des enfants (enfants des rues), symboles de l’innocence, qui sont confrontés au mal sous différentes formes, à l’abandon. Un anticléricalisme assez fort se fait jour aussi, puisque plusieurs prêtres au comportement scandaleux (pédophile par exemple) traversent les récits : la couverture est d’ailleurs un bon condensé des images entrechoquées dans ces histoires. Un anticléricalisme qui ne rejette pas le sacré. Car, même sous les décombres ou au milieu de l’effondrement – moral et politique – il est possible de toucher la beauté et la grâce (un chrétien pense au paradis à Auschwitz !). Maruo s’intéresse ici essentiellement au christianisme en tout cas. Je me retrouve dans cette vision noire mais pas désespérée que Maruo semble avoir de l’humanité. Il n’est pas humaniste, mais croit en des hommes, il croit qu’il est possible de toucher la merveille au milieu de l’horreur. Sinon, comment comprendre le titre (qui évoque le paradis), alors que tous les récits ne parlent que de la mort et d’horreurs ? Ça n’est clairement pas l’album de Maruo que je préfère, mais la vision de la guerre qu’il donne ici est quand même assez forte pour que cette lecture soit recommandée à ses amateurs et aux lecteurs curieux.

11/01/2024 (modifier)