Les Philanthropes aux poches percées

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

Adaptation du roman de Robert Tressell


1900 - 1913 : Du début du XXe siècle aux prémices de la première guerre mondiale Adaptations de romans en BD Encrages Luttes des classes & conflits sociaux Séries avec un unique avis

L'histoire suit sur plus d'un an la situation d'extrême exploitation d'ouvriers du bâtiment qui luttent comme ils peuvent contre la précarité économique. Dans une ville gangrenée par une municipalité dont les responsables politiques sont également les grands patrons exploitant sans complexe pour quelques sous des ouvriers, les idées politiques socialistes font très lentement leur chemin, notamment avec un ouvrier éclairé expliquant peu à peu les causes de la pauvreté endémique. Le récit se fait choral avec le parcours des différents ouvriers, sur leur lieu de travail comme dans leur vie privée, pour découvrir une situation d'une extrême précarité où chacun joue sa survie. Le prêtre est là pour servir l'ordre des exploiteurs toujours plus avares et sans complexes lorsqu'ils entraînent la mort de leurs concitoyens.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 05 Avril 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Philanthropes aux poches percées © Delcourt 2023
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)
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02/06/2023 | grogro
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Par grogro
Note: 4/5
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Cette œuvre (à l'origine un classique de la littérature sociale Irlandaise) ne semble pas vieillir. Ecrite vers 1910, elle décrit par le menu la vie quotidienne d'un groupe de manœuvres employés sur des chantiers de rénovation. Ils évoquent leurs difficultés liées aux bas salaires, les maintenant dans un état de pauvreté crasse et les contraignant à la survie. On y voit les grands patrons que le sort de leurs ouvriers laisse de marbre, englués déjà dans les magouilles et les collusions politiques... Les ouvriers pourtant, voient le socialisme naissant d'un méchant œil, et quand l'un d'entre eux prend fait et cause pour le mouvement, cela va créer certaines tensions. Graphiquement, c'est bien plus sympatoche que ce que laisse entrevoir un feuilletage rapide. Comme ça, vite fait, on pense avoir affaire à un dessin un peu naïf, ce qui est essentiellement le fait de la mise en couleur qui confère à l'ensemble un aspect vaguement soyeux. Les couleurs sont bien choisies, mais l'effet est trompeur. Qu'à cela ne tienne ! Le dessin est vraiment bon quand on prend la peine de s'y attarder un peu. Les visages, postures et expressions sont finement représentées. Il y a en effet peu de scènes extérieures, peut-être un peu plus maladroites, ce que certains trouveront un peu dommageable. Il y a un petit côté à la fois monotone et étouffant, ce qui en même temps traduit parfaitement la situation du petit groupe d'hommes sur lequel on s'attarde. Pour le reste, c'est assez bon. Ca va à l'essentiel en dressant un panorama de la politique/économie de l'époque dont on ne regrettera que la tiédeur, ce qui était d'ailleurs une des critiques formulée à l'encontre du roman au moment de sa sortie. Si je doute fort que ce genre d'ouvrage convertisse les plus libéraux d'entre nous à voir la vie de manière disons plus "collective", n'en reste pas moins qu'on comprend rapidement les enjeux. Il y a de bons dialogues, de très bonnes scènes. Les personnages sont très biens ficelés, et pas manichéens pour un shilling. En fait, ce qui ressort avec le plus de force, ce qui y est le mieux saisi, c'est la condition même des ouvriers qui, à force d'être privés de ressources financières comme culturelles, et d'être réduits à l'état de réflexes survivalistes, finissent par défendre bec et ongles leurs oppresseurs. Oui, c'est peut-être là que réside la grande force de cette BD, plus que la description par le menu des mécanismes d'oppression. Le roman, lui, n'est toujours pas traduit en français nom de bleu !

02/06/2023 (modifier)