L'Appel de l'Espace (Life on Another Planet)

Note: 3.58/5
(3.58/5 pour 12 avis)

Une agence du Nouveau Mexique reçoit un étrange appel venant de l'espace...


Echo des Savanes Kitchen Sink Press Will Eisner (1917-2005)

Une agence du Nouveau Mexique reçoit un étrange appel venant de l'espace... Cela semble être une suite logique de nombres premiers. Par la suite, les Etats du monde entier sont en compétition pour répondre à l'appel et envoyer une mission vers la planète d'où proviendrait le signal : Barnard. On y retrouve une certaine course à l'espace entre Est et Ouest, chacun déployant tous ses moyens pour parvenir à ses fins. Source : cac :)

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Avril 1984
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Appel de l'Espace © Delcourt 1984
Les notes
Note: 3.58/5
(3.58/5 pour 12 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

22/06/2003 | cac
Modifier


Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Présence

Incapacité à apprendre - Cette histoire est parue pour la première fois en 1983, après Un pacte avec Dieu (1978) et avant Le rêveur (1985). Il s'agit d'une bande dessinée noir & blanc, de 128 pages, écrite et dessinée par Will Eisner (1917-2005). Une page de texte rappelle la plaque apposée sur les sondes Pioneer 10 & 11, la mise en service de l'observatoire national de radioastronomie en 1950 à Greenbank, la mise en service d'autres radiotélescopes par les États-Unis, mais aussi par l'URSS, l'estimation probabiliste du nombre de planètes susceptibles d'abriter la vie, et les caractéristiques de déplacement de l'étoile de Barnard. Dans le Nouveau Mexique, à l'Observatoire Astronomique radio, un message s'inscrit sur le rouleau d'une imprimante à aiguille. Le professeur Mark Argano consulte les résultats et se dépêche d'aller prévenir son collègue le professeur Malley. Ils sont tous les deux d'accord pour dire qu'il s'agit d'une série de nombres premiers dans une séquence qui se répètent. Ils en concluent tous les deux qu'il s'agit d'un message d'une intelligence extraterrestre. Argano convainc Malley de ne pas alerter leurs supérieurs tout de suite, mais d'aller voir Cobbs pour savoir d'où vient le signal. Il leur répond, mais exige de savoir pourquoi ils posent la question. Aragno & Malley lâchent le morceau. Dès qu'ils sont partis, Cobbs appelle l'ambassade de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques, car il est un espion infiltré. Mais Argano & Cobbs ont tout entendu de l'autre côté de la fenêtre. Alors qu'ils se demandent comment faire, Cobbs sort une arme à feu à la main et les tient en joue. Argano ne se laisse pas faire, se jette sur Cobbs et lui fracasse le crâne avec une pierre. N'ayant pas de nouvelles de leur agent à l'observatoire, l'ambassade de l'URSS se doute que quelque chose a dû lui arriver. Le message a été intercepté par la CIA qui charge James Bludd d'aller enquêter à l'observatoire pour se renseigner sur la nature de la découverte faite par les 2 professeurs. Deux semaines plus tard, Bludd se présente à l'Observatoire au Nouveau Mexique comme étant le remplaçant de Cobbs. Les 2 professeurs crachent le morceau, mais la secrétaire madame Bowen est également une espionne et rafle la mise avec 2 individus à sa solde, embarquant avec elle les 2 professeurs, et laissant Blubb inanimé dans le bâtiment auquel les 2 costauds mettent le feu. L'information sur l'existence d'une intelligence extraterrestre fuite et les journalistes en font écho au journal télévisé. Ailleurs, Marco, un alcoolique, se rend à son bar préféré où le barman refuse de le servir. Marco tombe par terre et a une illumination : il doit se rendre sur la planète dont parle les informations. Cela fait sens pour Cora, la serveuse qui décide de l'aider. Ils fondent une secte qu'ils appellent Star People. En comité, MacReady, PDG de l'entreprise Multinational, décide que l'entreprise doit investir dans cette course à l'espace pour rejoindre la planète habitée, afin de doubler les russes et de pouvoir en exploiter les ressources. Il décide également d'implanter une taupe (monsieur Grebe) au sein de la secte Star People, persuadé qu'il pourra la manipuler pour ses propres fins. Après le succès d'Un pacte avec Dieu, Will Eisner sait qu'il peut poursuivre dans la même direction à savoir créer des histoires complètes équivalentes à un roman. L'appel de l'espace est sérialisé d'octobre 1978 à décembre 1980, dans un magazine publié par Kitchen Sink Press, puis regroupé en un seul tome en 1983. Pour ce deuxième roman graphique, l'auteur a relevé le défi de réaliser une histoire de science-fiction pour adultes, avec une fibre humaniste. Il s'agit de la seule histoire de science-fiction qu'il réalise dans cette période de sa vie, après avoir prouvé la viabilité du roman graphique. Très rapidement, le lecteur prend conscience de la densité narrative de cette histoire. Il lui faut deux fois plus de temps pour le lire qu'un comics de superhéros industriel, du fait du volume de phylactères qui servent à exposer une grande quantité d'informations. Will Eisner a qualifié son récit de science-fiction, mais à la lecture il s'avère qu'il relève plus de l'anticipation, les extraterrestres n'apparaissant pas dans l'ouvrage. L'auteur se sert de l'existence probable d'une forme de vie extraterrestre pour montrer comment différentes composantes de la société humaine réagissent à ce bouleversement majeur et historique. Il constitue immédiatement un enjeu politique et militaire entre les grandes puissances que sont les États-Unis et l'URSS, mais aussi un pays fictif d'Afrique (le Sidiami). La course au voyage spatial est enclenchée, nécessitant des fonds importants, ainsi qu'une volonté politique affirmée. Dans le même temps, la population réagit également à cette annonce : le lecteur retrouve l'humanisme non dénué de critique d'Eisner. En effet, la nouvelle suscite essentiellement une forme d'apathie et tout continue comme avant pour l'homme de la rue, ou peu s'en faut. Quelques individus se sentent plus concernés, à commencer par Marco qui voit là un signe du destin, lui indiquant personnellement qu'il doit former une association ayant pour but de se rendre sur la planète pour rencontrer les extraterrestres. Être humaniste n'empêche pas Will Eisner d'être réaliste, et il sait très bien qu'une telle découverte va susciter la convoitise de des entrepreneurs qui verront là une occasion extraordinaire d'entreprendre justement, et de faire des affaires, de dégager des bénéfices, surtout s'ils peuvent se positionner en situation de monopole, état qu'ils peuvent créer en étant les premiers, y compris avant les états constitués. Le lecteur peut ainsi voir les opérations de lobbying, de corruption, de noyautage, d'intimidation, de sabotage et même d'assassinat menées par Multinational, entreprise mettant en œuvre les ordres de MacReady, individu rompu à l'utilisation de toutes ces pratiques pour être efficace. Will Eisner ajoute encore d'autres fils à sa trame narrative, dont des espions et des agents doubles pour le compte des grandes puissances, et même quelques individus idéalistes souhaitant empêcher que tout cela ne dégénère en un conflit armé. En narrateur aguerri, Eisner crée une dizaine de personnages dont les destins se croisent à plusieurs reprises tout au long du récit pour que les enjeux puissent s'incarner. Cela va de la jeune femme arriviste (Cora) utilisant chaque occasion pour progresser dans l'échelle sociale, au tueur à gages (Rocco) pour le compte d'une famille du crime organisé. Néanmoins tous ces individus se retrouvent vite à servir de dispositif narratif pour servir l'intrigue politique et sociale à l'échelle de la planète. Le scénariste écrit son récit comme un thriller politique, agrémenté d'espionnage, avec des retournements de situation, des opérations de manipulation à l'échelle de l'individu, à l'échelle d'un groupe, à l'échelle de la population d'un pays, ou de l'opinion publique. Il intègre des péripéties, ainsi que des références à des événements historiques, comme le coup du parapluie bulgare (assassinat de l'écrivain et dissident bulgare Georgi Markov le 11 septembre 1978, par le Komitet za Darzhavna Sigurnost, les services secrets de la République populaire de Bulgarie). Le lecteur se passionne facilement pour cette description de l'organisme que forme l'humanité constituée en nations, mettant en pratique des mécanismes sociaux de masse qui n'ont rien de flatteur pour la race humaine. De la même manière que les personnages sont asservis à l'intrigue, la narration visuelle y est assujettie. Le lecteur retrouve bien l'art graphique de Will Eisner : expressivité des personnages par leur visage, par leurs mouvements, de nombreuses cases sans bordure pour augmenter la sensation d'espace ouvert, des mises en page variées et pensées en fonction de la séquence, une inventivité impressionnante. Tout au long de ces pages, le lecteur trouve des découpages de planche très divers, allant du dessin en pleine page pour profiter de la vue dégagée depuis un étage élevée d'un gratte-ciel, à une page de texte pour évoquer les réactions émotionnelles des plantes, en passant par des images enchevêtrées pour souligner les liens de cause à effet. La capacité de l'artiste à créer des personnages immédiatement mémorables est toujours aussi épatante, et indispensable au vu de leur nombre. Comme d'habitude, le lecteur n'a qu'à regarder un personnage pendant 2 cases pour en déduire sa condition sociale à partir de sa tenue vestimentaire et de ses postures : du poivrot sans le sou dans un bar, au riche PDG à la confiance en lui inaltérable, en passant par le politicien candidat à la Maison Blanche, habité par un fanatisme idéologique réactionnaire, en passant par le tueur à gage un peu rondouillard et habitué à se faire discret en toute circonstance. Eisner fait preuve d'une capacité tout aussi surnaturelle pour évoquer les environnements dans lesquels évoluent les personnages, soit en les représentant de manière détaillée, soit en les évoquant vaguement d'un trait délié : observatoire isolé au milieu du désert du Nouveau Mexique, un quartier de Washington à proximité de la Maison Blanche, bar enfumé avec des habitués, salle de réunion fonctionnelle d'une propreté clinique, locaux bon marché d'une association, appartement modeste, base isolée dans un désert africain, palais luxueux d'un dictateur africain, aéroport, etc. Le lecteur voyage beaucoup aux côtés des personnages. Le lecteur ressort un peu sonné par sa lecture du fait de l'ampleur du récit, mené avec une grande habileté pour gérer la densité d'informations et la distribution de personnage. Il s'agit moins d'un récit d'anticipation que d'une fable sur les mécanismes de la société humaine. Will Eisner met toute sa science de la narration visuelle au service de son récit pour le rendre le plus digeste et divertissant possible, tout en faisant montre d'un humanisme dépourvu de naïveté. Au final, l'histoire est captivante et les thématiques développées de manière virtuose, avec un petit sentiment de frustration concernant les personnages qui n'ont pas assez de place pour exister réellement.

09/04/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Je ne sais pas si cet album est, comme certains le soulignent, le « chef d’œuvre » d’Eisner. C’est en tout cas celui auquel j’ai le plus spontanément accroché. On est loin ici de ses thématiques urbaines et de lutte contre l’antisémitisme qui dominent son œuvre. C’est un roman graphique qui joue sur l’histoire (la guerre froide) et la science-fiction, avec quelques touches d’humour loufoque parfois. Justement, les surenchères, les péripéties parfois grotesques, voilà ce que j’aurais aimé voir prendre le dessus sur le récit central. C’est un récit intéressant, qui brasse pas mal de thématiques : la rivalité Est-Ouest à propos de conquête spatiale avec rivalité entre espions du KGB et ceux de la CIA, l’indépendance d’un pays africain (et sa domination par un dictateur à la Mobutu), la toute-puissance des multinationales, et des sujets éthiques sur le contrôle des connaissances et des relations avec d’hypothétiques extra-terrestres. On le voit c’est assez dense. Et ça l’est d’autant plus que les personnages sont eux aussi très nombreux à se croiser (j’ai oublié la mafia, et ceux qui cherchent à échapper à leur vengeance, des chercheurs en mal de financement prêts à tout, et des sectes d’illuminés !). C’est un peu trop en fait. Car en sus le texte est souvent très – trop – abondant, avec des bulles bien remplies, le tout étant parfois un chouia indigeste. Le dessin est lui très fluide et agréable, rien à dire de ce côté-là. Mais ça reste une lecture intéressante et recommandable. Note réelle 3,5/5.

29/09/2023 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Cet album très dense de Will Eisner tient à mon avis plus du roman que de la BD/Comics. En effet le scénario et le texte qui l’accompagnent sont dignes d'un bon écrivain de thriller et d'espionnage, tellement je trouve l'histoire élaborée. On y retrouve de nombreuses thématiques chères aux années 60/70 qui sont peut-être moins d'actualité aujourd'hui, quoique. La lutte entre les USA et l'URSS (la Russie) pour la course à l'espace et la puissance morale et militaire qui s'en suit, reste vivante. L'obsession de trouver une vie extra-terrestre et la valeur du contact à établir, a fait les beaux jours de nombreux auteurs de SF. Mais je trouve qu'Eisner pense le sujet d'une façon beaucoup plus approfondie en soulignant le rapport, voire le conflit entre le politique et le scientifique et le parasitage du financier. Tout cela est saupoudré d'histoires amoureuses où le sexe a sa place. Un détour dans l'Afrique des Amin ou Bokassa vue d'une façon très subtile et drôle. L'ouvrage est bourré de références des années 70 qui laisseront le lecteur jeune un peu désorienté. Perso, j'ai adoré cette lecture d'autant plus que le dessin de Will Eisner est toujours l'un des meilleurs. Sa fluidité et son expressivité magnifient l'action et les sentiments de ce roman graphique. Un découpage, une mise en page et une mise en scène très fouillés qui montrent la maîtrise de l'auteur pour rendre un récit complexe intelligible. Il y a énormément d'autres points comme le haut potentiel intellectuel des Afro-Américains, l'image des homosexuels (vrai dur de la mafia ou pas), le rapport des élections avec l'argent, etc... C'est du Eisner un peu particulier par rapport à sa production habituelle du Spirit ou de sa biographie juive et son combat contre l'antisémitisme mais c'est une lecture très agréable et d'une grande qualité.

10/04/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Si on a vu le film de Zemeckis, Contact en 1997, on ne peut s'empêcher de faire le rapprochement, mais cette Bd que j'ai retrouvée dans l'Echo des Savanes en 1983-84, ressemble aussi à la façon qu'a Spielberg de faire de la SF dans Rencontre du 3ème type, c'est à dire que c'est humaniste et cocasse à la base, mais toutes les comparaisons s'arrêtent là, car c'est aussi imprévisible, amer, critique, un peu caustique, en somme c'est une vision pessimiste de l'humanité. Will Eisner semble parler d'extraterrestres, mais il se sert de cet alibi pour se livrer à une description de la perfidie humaine qui montre tous ses travers. On a en effet une idée de ce qui aurait pu se passer pendant la guerre froide sur ces répercussions terrestres de la découverte d'une forme de vie sur une autre planète, Eisner montre avec brio l'ambiance de cette époque avec les tensions entre les 2 blocs Est et Ouest (et leurs alliés), il y a pas mal de bonnes idées et j'avoue que le concept de départ était intéressant, malheureusement je n'adhère pas totalement à l'ensemble, il y a beaucoup trop de personnages, trop de pistes explorées et un récit qui part un peu dans tous les sens, d'où certaines incohérences et une lassitude à la lecture, tout ceci m'a donné l'impression que le sujet était survolé, c'est dommage. Au niveau graphique, c'est du Eisner, et même si je ne goûte pas forcément sa technique des fonds de cases vides qui se répètent trop souvent, il faut avouer que le dessin est top. Un album qui est parfois considéré par les fans d'Eisner comme son chef-d'oeuvre, c'est sans doute abusif, mais pourquoi pas ? je regrette seulement qu'il n'ait pas simplifié son sujet en le rendant plus lisible et plus clair. Note réelle : 2,5/5.

18/06/2020 (modifier)

C'est assez impressionnant d'être devant un tel ouvrage. On ouvre une page au hasard, n'importe laquelle ... et on prend une grosse leçon de Bande dessinée. Le dessin est sensationnel (du Will Eisner quoi ..), mais surtout, la composition des planches est hallucinante : l’enchevêtrement des cases, les noirs et blancs, les négatifs, le jeux de lumière, la fusion entre les lignes. On a carrément l'impression d'être dans un exercice de style, comme si sur chaque page il fallait en faire le maximum, pour montrer un talent, pour en mettre plein la vue. Il y a réellement du génie dans le dessin, c'est rare et incontestable. Les planches sont de vrais tableaux. C'est de la GRANDE bande dessinée. Et pourtant je dois dire que je n'ai pas particulièrement adoré cette BD. En fait, comme souvent avec Will Eisner j'ai du mal à me placer ... Ce n'est pas vraiment drôle, et pourtant le scénario alambiqué est de fait ... plutôt cocasse. Ce n'est pas tout a fait cynique, même si tout le monde en prend pour son grade (le gouvernement, les religieux, la mafia, l'entreprise). Ce n'est pas vraiment de la science fiction car le concept de départ n'évolue pas vraiment. Ca reprend par contre quelque codes du polar mais sans qu'on ne s'attache réellement aux personnages, ni à une ambiance forte. Finalement j'ai adoré le style mais n'ai pas vraiment besoin de lire toute l'histoire pour me délecter des planches. J'ai même l'impression d'avoir lu une démonstration graphique qu'on aurait pu coller sur n'importe quel scénario. Du coup cette BD souffre d'un réel manque de parti pris, et donc de saveur.

01/03/2011 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

L'appel de l'espace commence par la réception sur terre d'un message provenant de l'étoile de Barnard située à près de 10 années lumières. La recherche de signaux en provenance d'autres étoiles de la galaxie est une des activités du SETI depuis les années 60. Aucune tentative n'a permis de démontrer l'existence d'une civilisation extra-terrestre. Pour l'instant, rien ne permet de démontrer qu'il y a une forme de vie intelligente dans la galaxie. Je suis d'ailleurs un partisan du fameux paradoxe de Fermi. Pour rappel, cette théorie montre que nous devrions normalement être en contact avec des civilisations extra-terrestres compte tenu de la jeunesse de notre soleil par rapport à d'autres étoiles de l'univers. La logique voudrait qu'une civilisation plus avancée que celle de la Terre aurait déjà dû prendre contact avec nous. Le paradoxe est que nous n'en n'observons aucune trace ... Pour en revenir à la bd qui a certainement inspiré le film "Contact" avec Jodie Foster, Will Eisner va rester sur Terre pour démontrer l'enchainement d'évènement qu'un tel signal pourrait produire sur la population à travers les sectes ou encore sur les gouvernements en se servant de la rivalité Est-Ouest. N'oublions pas que cette bd a été réalisée en 1984 pendant la période de la guerre froide à un moment où les USA voulaient manifester leur hégémonie sur le monde. C'est donc une véritable course non pas vers la Lune mais pour l'envoi d'une fusée en direction de l'étoile de Barnard. Les amateurs de science-fiction vont être forcément un peu déçus car c'est une série qui tend plutôt vers l'espionnage. Il y a une bonne maîtrise de différents aspects par Will Eisner en analysant la portée d'un signal venu de l'espace : politique, scientifique, religieux... Je regrette simplement qu'il y ait eu quelques raccourcis très faciles rendant certains éléments un peu naïfs voire incohérents. Cependant, l'essentiel est préservé. On va passer un agréable moment de lecture où cela partira sur plusieurs pistes pour un final maîtrisé. En tout cas, c'est une forme très subtile de la part de l'auteur d'aborder la science-fiction autrement. Oui, il avait incontestablement du génie.

14/02/2010 (modifier)
Par Pierig
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Pierig

Ce one shot est assez prenant. Certes, sa lecture demande une attention soutenue mais cela en vaut franchement la peine. La réception d’un message provenant de l’espace n’est finalement qu’un prétexte pour déclencher une cascade d’événements qui échappe bien vite à tout contrôle. C’est surtout l’occasion pour l’auteur de dénoncer les errements des années 80 : guerre froide, secte fanatique, despote africain, société capitaliste à outrance, magouilles politiques, etc. C’est en quelques sortes un Alan Moore avant l’heure qui dénonce les dérives de notre monde. Tous ces éléments viennent s’imbriquer les uns dans les autres, rendant la lecture plus complexe. Toutefois, La narration reste fluide, ce qui évite au lecteur de décrocher. Le récit captive de bout en bout et on n’est pas déçu par la fin. Will Eisner a un sens de la narration et du découpage hors du commun. De plus, j’aime beaucoup sont trait caricatural. Bref, voici une lecture exigeante mais pas rébarbative et au contraire ô combien intéressante !

08/01/2010 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Cette bande dessinée ne manque clairement ni d'originalité ni d'ambition, surtout pour l'époque de sa parution. Will Eisner part du postulat d'un signal manifestement extra-terrestre capté par un radiotélescope américain pour développer une complexe histoire sur les conséquences mondiales et très humaines de cet évènement. Le contexte est celui de la fin des années 70, en pleine guerre froide et à la sortie du mandat de Nixon donc à une époque où les USA tiennent fortement et sans détour à garder leur hégémonie mondiale. Ce décor géopolitique empli d'espions de tout poil parait un peu vieillot de nos jours mais il ne manque pas d'intérêt, d'autant qu'il est abordé avec objectivité, désillusion et une pointe de causticité par Eisner. Le dessin est impressionnant, comme toujours avec Eisner. Son trait est souple, dynamique et clair. La liberté et la maîtrise de sa mise en page sont épatantes. Ce style parait indémodable. Un tel scénario aurait dû me captiver. Malheureusement, j'ai en partie succombé à sa complexité. J'ai en effet eu l'impression d'observer un arbre dont le branchage se ramifiait de plus en plus au fil des pages, chaque branche amenant de nouveaux personnages, de nouvelles sous-intrigues et de nouvelles possibilités. Ces ramifications se croisent, s'entrecroisent, me faisant perdre un peu le fil à certains moments. Il devient en effet compliqué de comprendre et se souvenir des motivations de chacun. Du coup, certains passages essentiels me paraissent un peu incohérents. Pourquoi chercher à atteindre au plus vite une planète déjà habitée comme si l'atteindre permettait de la conquérir ? Quel est le véritable but de la Multinationale ? Qu'a-t-elle à gagner à ses énormes et coûteuses machinations ? Quel est le but du héros finalement et pourquoi empêche-t-il tout départ de fusée en pensant qu'ils impliqueraient une guerre mondiale ? Quel est le véritable avantage d'envoyer ces mutants végétaux dans l'espace ? Ce sont ces petites complexités pourtant essentielles dans le récit qui m'ont empêché d'être complètement pris dans l'histoire (sans parler des quelques incohérences scientifiques comme le fait qu'en 1977, un scientifique puisse affirmer en quelques secondes qu'un signal provienne d'une planète de la taille de la Lune dans un système situé à 6 années lumière de la Terre, ou encore qu'une fusée puisse atteindre cette dernière en seulement 10 années). Trop de ramifications et de personnages, cela m'a un peu fatigué. J'aurais aimé que l'auteur se focalise sur une trame principale pour son récit. Et évidemment, ma curiosité est frustrée de ne pas avoir pu découvrir à quoi ressemblait cette probable civilisation extra-terrestre. Du coup, même si cet album est gros et dense, je trouve son prix (neuf) un peu élevé par rapport au plaisir que j'ai éprouvé à sa lecture.

07/08/2009 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

'L'appel de l'espace' est un bon one-shot. Je pensais qu'il allait y avoir des extraterrestres dans l'histoire, mais, encore une fois, Eisner me surprend. On ne fait que voir la réaction des humains et on les voit dans leurs pires défauts. C'est vraiment passionnant sauf qu'Eisner fait intervenir trop de personnages et c'est un peu confus par moment. De plus, l'album est un peu long et je me suis un peu ennuyé vers la fin. Ça reste quand même un one-shot à lire absolument.

18/06/2008 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
L'avatar du posteur Alix

Will Eisner, décédé récemment, était considéré comme un génie du comic book américain. C’est donc avec une certaine excitation que j’ai entamé la lecture de « L'appel de l'espace », d’autant plus que je trouvais le sujet alléchant. L’histoire commence exactement comme le film « Contact » (avec entre autre Jodie Foster) : des scientifiques captent un signal venu de l’espace, et découvrent rapidement qu’il s’agit d’une suite de nombres premiers, preuve que l’émetteur est doué d’une certaine intelligence. Mais là où le film s’embarquait dans une histoire très science-fictionesque, « L'appel de l'espace » reste plus terre à terre, et s’amuse à imaginer la réaction en chaîne que produirait une telle découverte sur notre bonne vielle terre. Et là, l’auteur s’amuse et passe en revue tous les cotés les plus décadents de notre société, tous les traits les plus embarrassants de notre chère race humaine. Course au prestige entre les USA et l’URSS (oui la 1ere publication date des années 70), multinationale désireuse d’affirmer son emprise financière sur le monde, scientifiques fous avides de succès et de gloire, sectes opportuniste, motivations politiques douteuses, … Bref, que du beau monde. Les développements et implications de ce beau bordel sont tout simplement fascinants à suivre, et la conclusion est très bien faite. Une superbe histoire, peut-être un peu difficile à suivre par moment (il y a beaucoup de personnages, beaucoup de noms à retenir), mais que je vous invite chaudement à découvrir si le sujet vous intéresse.

27/08/2005 (modifier)