Ginette Kolinka - Récit d'une rescapée d'Auschwitz-Birkenau

Note: 4.33/5
(4.33/5 pour 3 avis)

Ginette Kolinka, 98 ans (2023), arpente les collèges, lycées et écoles supérieures pour raconter la déportation, les camps, la survie... Un jour elle a face à elle une jeune fille de 19 ans Aurore d'Hondt. 19 ans, le même âge que Ginette lorsqu'elle est déportée. De là va naître cette BD fruit d'entretiens entre la jeune fille et la vieille dame pour que l'oubli ne frappe pas.


Biographies Des Ronds dans L’O La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Nazisme et Shoah Racisme, fascisme Témoignages

Arrêtée parce que Juive en mars 1944, Ginette Cherkasky est déportée dans le camp de concentration et d'extermination de Auschwitz-Birkenau. Elle en ressort vivante avec le matricule 78599 tatoué sur le bras. Seule rescapée des membres déportés de sa famille, elle nous transmet son témoignage et nous met en garde : "Voilà où mène la haine."

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 25 Janvier 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Ginette Kolinka - Récit d'une rescapée d'Auschwitz-Birkenau © Des Ronds dans l'O 2023
Les notes
Note: 4.33/5
(4.33/5 pour 3 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

01/02/2023 | Yannis
Modifier


Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Cacal69

"Voilà où mène la haine". Voilà le message principal de cette BD. Et il est bon de temps en temps qu'on nous le rappelle. Ginette Kolinka est une rescapée des camps de la mort et Aurore D'Hondt a décidé de raconter son histoire après leur rencontre et pour une première œuvre, c'est une réussite. A priori, rien ne prédisposait Aurore à se lancer dans la réalisation de cet album, elle était en dernière année de cycle ingénieur (M2). Pourtant, elle va mener à bien ce projet sur quatre années en autodidacte. Chapeau mademoiselle ! Un récit qui n'occulte rien, de la naïveté de Ginette au camp de Drancy à son indifférence à Birkenau, tout en passant par les humiliations et les conditions de vie au camp, le passage sur les latrines en est un exemple effarant. Et ces conditions de vie me parlent, j'ai visité Auschwitz et Birkenau en avril, j'ai vu les baraquements en bois (des box pour chevaux) et les latrines, sans oublier le froid mordant bien présent. Un moment que je n'oublierais jamais. Et comme le fait remarquer Ginette, il ne faut pas oublier l'odeur pestilentiel qui y régnait. Alors oui, le sujet de la Shoah n'est pas nouveau, mais ici, j'ai particulièrement aimé la direction choisie par l'autrice, celle d'une BD qui peut être lue par toutes les générations. Un témoignage choc et bouleversant. Un noir et blanc semi-réaliste tout en rondeur, à première vue assez enfantin qui contraste avec la noirceur du récit, il en atténue la violence sans pour autant l'occulter. J'ai aimé le parti pris de ne représenter que les visages des proches de Ginette (famille, prisonnières....), pour le reste on ne verra que leur bouche vociférante. Les planches qui se déroulent dans les différents camps ont toutes un fond noir, le noir de la mort, le noir de la haine. Je recommande évidemment.

10/07/2023 (modifier)
L'avatar du posteur PseudoRandom75

Une BD bouleversante et touchante, vraiment ! Habituée aux bandes dessinées humoristiques ou plus ou moins réalistes ou fictives, cette bande dessinée sort du lot. Je suis intéressée par l‘histoire et par cette période sombre depuis l’âge de la primaire, en effet je me suis toujours demandée comment l’homme a t-il pu faire cela ? A 9 ans j’ai lu un roman jeunesse traitant de ce sujet indirectement, une fille devait aider à sauver un enfant juif français bien qu’elle faisait partie des jeunesses hitlériennes. Il y a peu, je me suis procurée plusieurs livres et bandes dessinées sur ce thème là, en vue de mon grand oral dont un de mes sujets portera sur la BD et la transmission de la mémoire de la Shoah. Connaissant cette femme admirable dont j’ai écoutée les témoignages des dizaines de fois, je me suis lancée dans la lecture de son récit en format BD. Tout est très touchant, la jeune illustratrice traite toutes les étapes de la haine du juif, des lois antisémites jusqu’à la déportation. Ginette est pourtant joviale et naïve, en pensant d’abord qu’elle allait juste dans un camp de travail. Or, sa vie bascule en 1944, elle est dénoncée juive, les gendarmes déculottent son père, son frère et son neveu circoncis. Ils seront emmenés à Auschwitz, et seule Ginette en ressortira vivante. Le dessin est en premier abord enfantin, les traits sont ronds, les regards expressifs, pourtant les gendarmes, les SS sont dépourvus d'yeux, seules leurs bouches , souvent mécontentes, sont montrées. Les prisonniers très affaiblis sont représentés par moment, avec des yeux sans pupilles, comme des fantômes, comme si ils étaient morts intérieurement, c’est très troublant. Ginette au fil du temps se transforme physiquement, nous montrant comment la faim déforme une personne, la rendant méconnaissable. Les planches montrant Ginette à son retour ont de quoi marquer. Aurore est talentueuse, on ne ressort pas indifférent d’une tel lecture, c’est bien la première fois qu’une BD me procure autant d’émotions. Comme le dit Ginette elle même « voilà où mène la haine », malgré sa dureté, montrez là à vos enfants, mettez vous à côté d’eux, expliquez leur cette période. Faites perdurer la mémoire, pour que cela ne se reproduise plus jamais.

16/04/2023 (MAJ le 16/04/2023) (modifier)
Par Yannis
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Yannis

Des témoignages sur la déportation et les camps il en existe des milliers certains célèbres (Primo Lévi ou Simone Veil) et puis d'autres moins. Personnellement je ne me connaissais pas Ginette Kolinka et son histoire. Certains diront que le sujet est déjà traité et parfois mieux mais sur de telles horreurs chaque pierre est importante pour ne pas oublier ce qu'il est arrivé et c'est la démarche de l'autrice faire que le témoignage survive à celle qui a vécu les camps et qui a déjà un âge canonique. La BD n'épargne rien les conditions d'hygiène déplorables, la violence entre déportés, la mort... On y montre aussi la naïveté de l'héroïne (si on peut l'appeler ainsi) à Drancy et ce qu'elle imagine que son père pensait lui qui semblait plus inquiet, la dureté dont elle fait preuve avec sa famille lorsqu'elle revient et du fait qu'elle est devenue insensible. Les propos sont fort et encore comme le dit Ginette Kolinka ce n'est rien car il est impossible de retranscrire les odeurs, le bruits, les larmes ou les cris. Graphiquement nous avons un noir et blanc assez intense avec des choix bien définis comme le fait que seul les déportés ont un visage. C'est un dessin "simple" très lisible mais qui permet tout de même aux émotions de ressortir et de surgir. Une lecture très intéressante et des témoignages qui sont toujours aussi marquants.

01/02/2023 (modifier)