Pauvre Sydney ! (I’m not Okay with This)

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Crises d'adolescente.


Adolescence Fantagraphics Books Séries avec un unique avis

Comme beaucoup de jeunes de son âge, Sydney se pose beaucoup de questions, car elle ne se reconnaît pas du tout dans le monde qui l’entoure. À quinze ans, elle est plutôt grande, fine et réservée, la puberté ne lui a pas fait de cadeaux. C’est dans une banlieue pavillonnaire qu’elle habite seule avec sa mère et son petit frère depuis la mort de son père. Elle a le béguin pour Dina, sa voisine et meilleure amie qui lui préfère les abrutis finis du lycée. Pauvre Sydney commence comme une sitcom à l’américaine, mais il n’en sera rien. Sydney n’est pas tout à fait une adolescente comme les autres. À la demande de la conseillère pédagogique de son lycée, elle se raconte dans son journal intime ; ses amours, ses premières expériences sexuelles, son entourage, ses frustrations, mais aussi son énigmatique pouvoir métapsychique qui lui en fait voir de toutes les couleurs. C’est à la première personne que Charles Forsman dresse un portrait tendre et sensible, mais forcément pessimiste d’une jeune femme en prise avec la dépression. En plaçant les lecteurs dans une situation d’empathie pour son personnage, il les expose à une violence tragique que les manifestations du fantastique exalteront. Pauvre Sydney affiche une véritable rupture entre son style graphique tout en rondeur, hérité des classiques du comic strip américain, et les évènements dramatiques que l’auteur fait subir à son personnage. Après The End of The Fucking World, récemment adapté en série par Netflix, Charles Forsman poursuit son exploration dans l’univers des freaks, des misfits et de tous les adolescents qui ne rentrent pas dans le moule.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Août 2018
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Pauvre Sydney ! © L'Employé du Moi 2018
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
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16/12/2022 | Noirdésir
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L'avatar du posteur Noirdésir

Je découvre cet auteur avec ce petit album. Je ne sais pas ce qu'il a pu glisser d'autobiographique dans cette histoire, mais j'espère que sa vie est moins noire que celle de l'héroïne, Sydney. Car cette dernière est franchement mal dans sa peau. Comme tous les adolescents sans doute, mais ici, c'est quand même très marqué, et surtout, il y a peu d'échappatoires au blues qui l'envahit. Ça se finit d'ailleurs très mal ! Forsman ne cache rien du mal être de Sydney. Le langage est assez cru, des boutons d’acné éclatés aux premières expériences (sexuelles: Sydney semble bisexuelle; drogues), nous suivons Sydney dans ses questionnements, rien ne nous est caché. Il faut dire que cette grande gigue (qui ressemble au Gaston Lagaffe première mouture) se trouve très moche, les relations avec sa mère (seule à la maison), son petit frère (symboliquement ses traits de visage sont effacés) sont souvent tendus et/ou inexistants. L'absence du père lui pèse beaucoup. Comme l'évolution de certaines amitiés, assez chaotique: sa meilleure amie sortant avec un abruti, une caissière qui l'initie aux amours saphiques, un copain lui aussi rejeté par les autres avec lequel elle partage relations sexuelles pas toujours satisfaisantes et consommation de pétards. Au milieu de cette souffrance qui ne dit pas toujours son nom, l'auteur affuble Sydney de pouvoirs étranges: par la pensée, elle peut, lorsqu'elle est énervée, scandalisée, agir sur les êtres, les "repousser". Elle use de ces "super pouvoirs" contre le copain de son amie, ou contre elle-même. Je ne sais comment traduire ces pouvoirs, l'aspect fantastique étant finalement peu utilisé. Je l'ai vu comme une métaphore, de la violence qui "sort" du crâne de Sydney, comme un trop plein évacué. Au final, on a une énième version de la crise d'adolescence, mais ça se laisse quand même lire facilement, agréablement, Forsman présentant un personnage crédible, dans une version quand même noire, parfois glauque, évacuant les happy-end qui souvent atténuent artificiellement la noirceur dévoilée auparavant.

16/12/2022 (modifier)