La Chasse

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

En mettant en scène un récit de traque et survie, Alberto Vázquez recompose le couple ancestral homme / animal et le projette au temps présent.


Environnement et écologie

« Tu poursuivras la bête et la transperceras de ta flèche. Tu couperas sa tête, mangeras son cœur et boiras son sang. Elle t’apprendra à voir le vrai visage du monde. » Obéissant à l’oracle, l’homme se met à traquer l’animal, gibier capable de sustenter toute sa famille, toute sa tribu. S’enfonçant dans la forêt inhospitalière, nécrosée, le chasseur flaire sa pâture, perd sa trace puis la retrouve. La quête devient alors initiatique : la proie se fait guide, l’homme et l’animal, s’agrègent pour écrire, par-delà l’espace et le temps, leur tragédie commune. Dans ses précédents travaux de bande dessinée (Psychonautes) et de cinéma d’animation (Psiconautas, los niños olvidados et Decorado), Alberto Vázquez dénonçait les ravages de la pollution massive et la déshumanisation croissante de notre modèle social. Autant de métaphores dystopiques qui lui ont permis de mettre en évidence l’échec de la modernité, que la science et le progrès, ces mythes, ne peuvent désormais plus enrayer.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 19 Mars 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Chasse © Rackham 2021
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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18/04/2021 | Solo
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Par doumé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Une traque qui se transforme en odyssée, une proie qui se transforme en guide, l'exploration de nouvelles contrées qui se transforme en voyage temporel, une lecture qui devient un vrai moment de plaisir. Quel dessin, graphiquement cet album est hors norme, j'ai découvert cet album un peu par hasard en visitant le site de l'éditeur et je n'ai pas regretté mon achat, son style est remarquable Un dessin en noir et blanc inspiré par plusieurs tendances, l'art pariétal ou par d'autres auteurs comme Frans Maaserel qui sont une source d'inspiration pour Vazquez. Le résultat est un style de dessin propre à l'auteur et le résultat est visuellement une réussite. Une qualité qui permet de savourer chaque case. Il n'y a aucun dialogue, quelques commentaires nous guident, c'est le dessin qui porte cette œuvre pour suivre l'odyssée de notre héros. Pour le scénario, je suis plus mitigé, la première partie est réussie jusqu'à ce voyage temporel qui méritait plus de développements pour l'ensemble des thèmes abordés. Ce voyage permet à l'auteur d'opposer deux visions, la première d'un homme qui vit en symbiose avec son environnement et la seconde d'un homme piloté par une société violente et inhumaine. L'auteur dénonce la violence, la déshumanisation de notre système, la pollution générée par la société de consommation. Une bd qui se déguste.

30/04/2021 (modifier)
Par Solo
Note: 4/5
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Première lecture d’un achat quasiment à l’aveugle, ne sachant pas trop à quoi m’attendre. Cet album graphique, résolument abstrait et « artistique », vaut bien son 4/5. J’aime beaucoup la réappropriation de l’art rupestre après avoir récemment découvert le travail du céramiste Jacques Blin (je vous invite à taper une recherche si vous n’avez jamais vu ses œuvres). Donc ce que j’espérais à mon goût s’est confirmée, le dessin. Ce style pariétal travaillé à l’aquarelle est un vrai bonheur. La technique utilisée s’apparente au lavis (j’apprends l’existence de ce mot en même temps que j’avise). Il n’y a qu’une seule couleur, le noir ici, et l’auteur maîtrise parfaitement le dégradé pour jouer avec la profondeur, mettre en avant les sujets et offrir des détails riches. Vraiment superbe. La structure générale donne une lecture tout à fait fluide. La découpe entre les planches est bien ciselée, donnant comme de petites scènes à chaque page. On peut profiter de formats variés, les cases sont aérées entre elles et les 2 ou 3 « illustrations » pleine page sont franchement magnifiques (celle du cerf et de l’homme face à l’immensité, c’est le gros kiff !). L’ensemble est d’une grande homogénéité et offre un décor beau, quoique triste et pesant, comme s’il existait un Mal mystérieux au cœur de cette Nature étrange. Mystérieux, étrange…vous avez compris : c’est un monde assez difficile à dater et à situer. Aussi, cet homme solitaire dont on ne connaît pas l’origine se trouve en chasse et sera amené à suivre une piste nouvelle, une quête existentielle, une destinée. On est dans de la BD « artistique », faut aimer… L’ensemble est abstrait, allégorique, mais personnellement je trouve que le rendu est excellent. Quant au récit en tant que tel, c’est sûrement là où le bât blesse. Comme d'habitude pour moi avec ce genre, je comprends pas absolument tout. Il y a plusieurs scènes éphémères qui s’enchaînent et dont souvent je ne comprends pas l’importance, ni même la présence. Assez difficile d’y trouver une interprétation claire, surtout au milieu du récit (démon, lézard, accouplement) où je ne sais pas trop où l'auteur nous embarque. Et le second problème, c’est le déséquilibre entre le dessin et l’écriture, dont je ne trouve pas la complémentarité : si le récit pictural m’a emporté directement, l’écriture quant à elle ne m’a quasiment jamais apporté quelque chose, au point de regretter son existence. Quitte à proposer une BD de ce genre, autant peut-être aller jusqu’au bout du principe et construire un récit muet, car les images se suffiraient à elles-mêmes (quand on les comprend, si vous m'avez bien suivi)… Mais bon, vu le poids du texte dans ce récit, ça n'est pas si grave que cela. Et dans l'ensemble, le récit dégage une atmosphère qui fait réfléchir et j’arrive à accrocher. Quand je reviens sur les planches, j’aime chaque fois plus le dessin. Et puis les thèmes abordés sont profonds, actuels et traités avec subtilité: la relation homme/animal, la place de l’homme dans la nature, la place de la nature chez l’homme, la responsabilité de l’homme vis-à-vis de la nature, la société et la domination de l’homme sur l’homme, l’humanité face à son propre destin… Pour finir, c’est presque rageant d’avoir un si beau travail réduit en "seulement" 52 planches. Non pas qu’il faille à tout prix quelque chose d’épais pour raconter une histoire, c’est juste que celle-ci méritait que l’on s’y plonge un peu plus longtemps pour que l’auteur développe certaines parties de son scénario. C'est donc une très belle découverte. Les points bloquants sont pour moi relativement mineurs. Alors pour la qualité du dessin qui occupe dignement une place centrale dans le récit, mais aussi pour l’épilogue et l’angle d’approche audacieuse, je vous invite à découvrir cette BD et cet auteur.

18/04/2021 (modifier)