Anaïs Nin - Sur la mer des mensonges

Note: 3.64/5
(3.64/5 pour 14 avis)

Angoulême 2021 : Prix du public France Télévisions Anaïs Nin...


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Début des années 30. Anaïs Nin vit en banlieue parisienne et lutte contre l’angoisse de sa vie d’épouse de banquier. Plusieurs fois déracinée, elle a grandi entre 2 continents, 3 langues, et peine à trouver sa place dans une société qui relègue les femmes à des seconds rôles. Elle veut être écrivain, et s’est inventé, depuis l'enfance, une échappatoire : son journal. Il est sa drogue, son compagnon, son double, celui qui lui permet d’explorer la complexité de ses sentiments et de percevoir la sensualité qui couve en elle. C’est alors qu’elle rencontre Henry Miller, une révélation qui s’avère la première étape vers de grands bouleversements.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 26 Août 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Anaïs Nin - Sur la mer des mensonges © Casterman 2020
Les notes
Note: 3.64/5
(3.64/5 pour 14 avis)
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20/09/2020 | Mac Arthur
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Chaque homme à qui j'ai fait lire mes textes a tenté de changer mon écriture. Écrire comme un homme ne m'intéresse pas. - Ce tome contient une biographie d'Anaïs Nin (1903-1977) qui ne nécessite pas de connaissance préalable de l'artiste ou de son œuvre. Elle a été réalisée par Léonie Bischoff, pour le scénario, les dessins et les couleurs. Elle comprend 184 pages de bandes dessinées. Sa publication initiale date de 2020. Elle a bénéficié d'une édition grand format en 2022, complétée par un cahier graphique de quatorze pages. Des nuages d'orage au-dessus d'un océan déchainé. Des vagues puissantes et arrondies, pleines d'écume, avec un minuscule navire au sommet de l'une d'elle. Les vagues redoublent d'intensité, et projettent le navire sur un récif. Dans les débris, une forme humaine allongée, recroquevillée sur elle-même. Dans la même position, Anaïs Nin se tient le visage dans les mains, avec des feuilles éparpillées autour d'elle. Elle se redresse sur son séant, sèche ses larmes et rassemble les feuilles. le soir, elle rejoint son époux Hugo Guiler, un banquier, dans une réception mondaine. Il la présente à Mme & M. Bordin, à Mme & M. Moris, Richard Osborne. Ils vont s'installer à l'une des tables. La conversation porte sur les occupations de Mme Nin : M. Guiler leur a dit qu'elle est une artiste. A-t-elle des enfants ? Depuis combien de temps sont-ils à Paris ? Hugo Guiler répond : cela fait trois ans maintenant, mais ils viennent de déménager à Louveciennes. Est-ce que New York lui manque ? Quel est ce drôle d'accent ? Elle explique que sa mère est Danoise et Cubaine, son père Espagnol et Cubain, et elle a grandi entre la France et New York. Elle a dû inventer son propre langage. Au retour, dans la voiture, son mari lui assure qu'elle les a tous charmés. Il s'inquiète pour elle : elle semble de nouveau fragile, nerveuse. Elle lui répond que le banquier en lui est en train d'asphyxier le poète. Une fois rentrés, ils s'installent dans le salon : elle écrit, il s'exerce à la guitare. L'esprit d'Anaïs Nin divague : elle développe un dialogue avec une autre elle-même plus libre, qui lui reproche d'être en train d'étouffer, de jouer les épouses parfaites. La nuit, elle cauchemarde : par la fenêtre elle voit l'épave du trois-mâts sur leur pelouse et elle s'y rend sous une fine pluie, en chemise de nuit. Elle touche le bois de la coque et pénètre dans la cale par une énorme brèche : son double plein d'assurance l'y attend. Elle se réveille, se lève, puis vaque à ses occupations. Elle a l'air tranquille et solide, mais bien peu savent combien de femmes il y a en elle. L'une d'entre elles s'est révélée dans la danse espagnole. Avec d'autres femmes, elle prend des cours avec monsieur Mirales. Ce dernier lui a proposé de monter sur scène et de partir en tournée. Elle refuse une nouvelle fois : la danse est un passe-temps acceptable pour une femme de banquier, mais pas monter sur scène. Plus tard, elle y repense : qu'est-ce au fond qui la retient de monter sur scène ? Ça n'est sûrement pas Hugo, ni la banque. Sa culture catholique, certainement… Une femme qui se montre est une putain. Mais Mirales a raison, la sensualité de la danse espagnole touche au mystique, au sacré. L'autrice ne donne pas de date exacte au cours de sa narration, toutefois des repères permettent de déterminer la période couverte. Au début, Hugo Guiler indique que cela fait trois ans que le couple est installé en France, ce qui amène en 1927. La biographie se termine après la rencontre avec Lawrence Durrell (1912-1990), c'est-à-dire en 1937. Elle présente la vie de l'écrivaine du point de vue de celle-ci : elle est de toutes les scènes et son flux de pensées est exprimé régulièrement, certainement pour partie extrait de ses journaux. S'il connaît déjà le parcours d'Anaïs Nin, le lecteur se doute que la bédéiste a choisi cette période pour sa fonction charnière dans son développement personnel, et donc dans son écriture. Sinon, il fait connaissance avec une épouse bien sous tout rapport, dépendant financièrement de son mari qui dispose d'un revenu confortable grâce à son métier de banquier. Il est vite touché par l'esthétique des dessins : ils semblent avoir été réalisés au crayon de couleur un peu gras, avec trois teintes majoritaires qui s'entremêlent avec une teinte prenant le dessus sur les autres en fonction de la scène, et souvent des arrière-plans vides. Il serait tentant de voir une sensibilité féminine, dans certaines courbes, la façon de représenter les yeux plus grands que nature, ou encore certaines postures, l'intérêt porté aux tenues vestimentaires, les fleurs. Mais au regard des autres caractéristiques visuelles, cela reflète plutôt le point de vue d'Anaïs Nin elle-même, sa propre sensibilité, sa façon de ressentir le monde. Ces choix graphiques servent à transcrire l'état d'esprit de l'écrivaine, en phase avec son journal et ses romans. Au fil des pages, le lecteur se retrouve totalement séduit par l'élégance de la narration visuelle. L'artiste sait inclure les éléments nécessaires à la reconstitution historique : les voitures, les décorations intérieures, les tenues vestimentaires, les accessoires comme la machine à écrire. Elle effectue un dosage parfaitement équilibré de la quantité de détails par scène. Cela peut aller d'une représentation détaillée des façades au droit du Moulin Rouge boulevard de Clichy, à juste des personnages sur fond blanc, de la gare de Louveciennes reproduite avec exactitude à la texture du manteau de fourrure de June Miller, en passant par des scènes oniriques ou métaphoriques où l'imaginaire l'emporte. La tempête en ouverture est magnifique avec les éléments déchainés. À la fin de ce premier chapitre, Anaïs Nin marche pied nu dans un désert avec des cactus, et des cristaux sur le sol, vers une silhouette à contre-jour. La première vision qu'elle a de June Miller se fait avec un décor de fleurs. Plus loin, Henry Miller épingle son épouse au mur, comme un papillon, sa robe ouverte donnant l'impression d'aile, et il lui ouvre le ventre pour dérouler ses intestins dans la page suivante dans une vraie vision d'horreur. Quelque temps plus tard, Anaïs s'imagine glissant dans une eau habitée par des plantes aquatiques douces et sensuelles. Indépendamment de l'esthétique choisie, la narration visuelle met en œuvre des dispositifs variés bien choisis. En page 17, le lecteur découvre que les deux tiers inférieurs de la page sont occupés par une dizaine de silhouettes juste détourées, d'une femme en train de danser le flamenco pour un résultat très parlant. En page 37, les feuilles de papier volètent autour d'Henry Miller et Anaïs Nin assis à une table de jardin, comme emportées par le vent, mais aussi animées par l'esprit de création des deux auteurs. En pages 92 & 93, Léonie Bischoff raconte uniquement avec les images, sans aucun mot, avec une disposition de page originale : deux colonnes de quatre cases de part et d'autre de la page, et une image de la hauteur de la page qui les sépare : un voyage en train avec une arrivée le matin, et un départ le soir pour évoquer le mouvement de va-et-vient dans la relation entre Henry et elle. Dans le chapitre quatre, Anaïs enfant voit apparaître un homme en costume descendant du ciel entre les immeubles, avec un soleil à la place de la tête, une métaphore qui prend tous ses sens par la suite. Avec toutes ces qualités de mise en scène en tête, le lecteur se dit que le choix d'avoir régulièrement des personnages en train de dialoguer avec un fond de case vide relève lui aussi d'une mise en scène conceptuelle : des personnages sur une scène de théâtre, une focalisation sur le langage corporel et sur les phrases, les mots, une évidence pour la biographie d'une écrivaine. Il prête alors une égale attention aux dessins en tête de chaque chapitre et au sens qu'ils revêtent par rapport au développement de la personnalité d'Anaïs Nin : un papillon aux ailes repliées, un éventail ouvert, des nuages masquant le soleil, un papillon aux ailes déployées, un soleil radieux à la fin de la pluie, un labyrinthe, des fleurs écloses. Anaïs Nin étant le point focal de chaque scène, majoritairement accompagné de ses pensées, le lecteur adopte tout naturellement son point de vue. Elle n'en devient pas une héroïne, mais le personnage principal. Il ressent son expérience de la vie par son point de vue, au travers de ses émotions. D'une certaine manière, l'autrice la présente comme l'héroïne de sa propre vie, ce qui induit que le lecteur prenne parti pour elle, même si son système de valeurs diffère, même s'il conserve un regard critique sur le comportement de cette jeune femme. Léonie Bischoff a choisi de montrer la transformation de l'écrivaine, d'épouse modèle, en une femme épanouie. Elle découvre progressivement son attachement aux plaisirs des sens, la volupté de la sensualité, ses besoins en la matière et le fonctionnement de son système psychique. L'autrice en brosse un tableau d'une finesse remarquable, incorporant la pression et les attendus sociaux de l'époque, l'enfance et l'éducation d'Anaïs Nin, ses traumatismes, son effet inconscient sur les hommes, ses appétits sensuels, sa vocation d'écrivaine, ses doutes, sa façon de s'adapter aux attentes des hommes. Cette femme dispose d'une sécurité économique assurée par son époux Hugh Parker Guiler (1898-1985), et recherche une âme sœur en littérature qu'elle trouve en la personne d'Henry Miller (1891-1980) qui a séjourné à Paris de 1930 à 1939. Elle rencontre ainsi son épouse June Miller (1902-1979), une femme beaucoup plus libre qu'elle. Par la suite, le lecteur découvre sa relation avec son cousin Eduardo Sanchez, avec le psychiatre Docteur René Allendy (1889-1942), avec son deuxième psychiatre Otto Rank, et d'autres. L'autrice le laisse libre de porter son propre jugement valeur sur la dynamique de ces relations, sur la personnalité d'Anaïs Nin et ses choix de vie. Il ne s'attend pas aux deux traumatismes survenant en fin de récit. Il découvre sa relation avec son père Joaquín Nin, puis son avortement. Ces deux séquences le laissent sans voix, en train de chercher sa respiration, tellement il en fait l'expérience comme s'il était lui-même ou elle-même Anaïs Nin, deux moments de bande dessinée exceptionnels. Raconter la vie d'une écrivaine ayant fait date dans l'histoire de la littérature présente plusieurs défis : celui des faits biographiques, celui d'une ligne directrice, et celui de respecter son œuvre, voire d'en intégrer l'essence. Léonie Bischoff parvient à combler tous ces enjeux de l'horizon d'attente du lecteur, avec une élégance tout en douceur, y compris dans les pires moments, une sensibilité en phase parfaite avec celle de son sujet, un point de vue qui fait corps avec celui d'Anaïs Nin, et une narration visuelle enchanteresse. Chef d'œuvre.

14/04/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Calimeranne

Léonie Bischoff... Mac Arthur nous avait bien dit de ne pas oublier ce nom... Eh bien je peux vous dire qu'après cette magnifique lecture je ne l'oublierai pas de sitôt ! J’ai découvert cet album (et, je dois le confesser, l’existence d’Anaïs Nin par la même occasion) grâce à la critique postée par Mac Arthur. Son enthousiasme débordant, ainsi que le dessin séduisant m’ont donné envie de lire cette BD ; par la suite, les autres critiques élogieuses postées sur le site m’ont définitivement convaincue que je ne devais pas passer à côté. Et grand bien m’en a pris ! Dès les premières pages j’ai été envoutée par le dessin… ah, ce dessin, que dire à part qu’il est tout simplement sublime ? Après ma lecture, je me suis rendue compte que j'avais déjà lu un album dessiné par Léonie Bischoff (Le Prédicateur) mais je n’ai pas été spécialement marquée par son dessin. En revanche, dans cet album l’autrice me parait avoir atteint une parfaite maturité, semblant laisser libre cours à toute sa créativité et son inspiration. Le dessin au crayon multicolore apporte beaucoup de douceur et un charme indéniable. Les nombreux espaces laissés blancs apportent quant à eux dans certaines planches une belle luminosité qui contraste avec d’autres scènes plus sombres. Le trait gracieux retranscrit à merveille la sensualité d’Anaïs Nin, certaines compositions sont tout simplement magnifiques. C'est original, délicat, inspiré ; à mes yeux c'est tout simplement parfait. Et quel bonheur de découvrir au fil des pages que ce dessin magnifique n’est pas le seul atout de cet album ! J’ai été très rapidement happée par le récit, j’ai plongé avec bonheur dans l'esprit d'Anaïs, cette femme superbe qui brûle de vivre pleinement, sans entraves, loin des chemins tout tracés. Il se dégage de son être la passion, l'amour ; et loin de l'image de l'artiste tourmenté éternellement malheureux elle ouvre une autre voie. Léonie Bischoff nous ouvre une porte sur la vie d’Anaïs Nin par le biais des extraits de son journal intime, journal qu’elle a tenu avec assiduité toute sa vie. La force de cet ouvrage est de rendre compréhensible des comportements que par ailleurs on pourrait être tenté de juger ; en pénétrant dans l’esprit et le cœur d’Anaïs Nin, on réalise que malgré ses nombreuses aventures, il n'y a nulle trace d'égoïsme ni de manque de respect envers son mari à qui elle voue un amour sincère. Il semble juste que son cœur et ses désirs sont trop grands pour un seul homme. Et elle témoigne à chaque personne qu’elle croise une telle bienveillance qu’on ne peut voir en elle qu’une belle personne. Je suis heureuse d’avoir lu ce superbe album, et d’avoir découvert Anaïs Nin, cette femme décidément fascinante. Nul doute qu'elle ne s'est pas retournée dans sa tombe à la sortie de l'album. Au contraire, elle doit y reposer plus en paix que jamais, reconnaissante d'avoir été à ce point magnifiée et si bien comprise.

03/04/2021 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Alix

Une lecture qui ne laisse pas indifférent, ça c’est sûr. Il faut dire que la vie de l’écrivaine Anaïs Nin fut bien remplie, et que sa personnalité complexe est abondamment documentée dans ses nombreux journaux intimes, publiés de son vivant. Léonie Bischoff a réussi la prouesse de synthétiser toute une vie en 190 pages de BD, sans qu’on ressente des omissions ou coupures (qui ont pourtant dû être nécessaires). Les sujets abordés sont tellement humains, féminins voire féministes, et la vie a priori scandaleuse et choquante d’Anaïs nous est racontée tout naturellement « de l’intérieur ». En tant que lecteur masculin j’ai accepté et compris des actes pourtant souvent indécents (je pense notamment à la relation incestueuse avec son père – ce dernier l’ayant d’ailleurs violée à l’âge de 9 ans, avant de l’abandonner). La réalisation de l’album est remarquable. On est d’abord charmé par le style graphique tellement particulier, mais c’est surtout la narration qui m’a impressionné : cet album raconte tellement de choses, fait passer tellement d’émotions… les planches sont pourtant aérées et légères en textes, les émotions sont transmises par les regards, les silences, les couleurs… Il aurait été tellement plus « facile » de réutiliser les textes des journaux originaux, mais l’autrice n’est pas tombée dans ce piège et démontre une maitrise du 9eme art qui force le respect. Un portrait passionnant d’une femme incroyable. Un coup de cœur !

02/01/2021 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur gruizzli

Oh, mais quelle claque, mes amis ! Quelle claque ! Je crois bien que c'est la première fois que je ressors d'une lecture de BD en me disant que j'ai eu la sensation d'avoir lu le plus brillant portrait de femme que l'on ai jamais fait dans cet art. Et c'est fou ce que ça fait du bien ! J'avais eu envie de lire la BD rien qu'à sa couverture et aux visuels du dessin, mais maintenant je n'ai qu'une envie : la prêter et la faire lire au maximum de monde. Parce que, quand une BD prend le temps de vous mettre une telle baffe, il ne faut pas hésiter un instant à la diffuser. Et pour parler immédiatement de ce que je considère comme l'excellence de ce volume, je dois remercier l'auteure : Merci Léonie Bischoff d'avoir fait un tel ouvrage. Merci de l'histoire, du dessin, de la composition et du travail derrière. C'est incroyable comme cette BD m'a happé et relâché à la dernière page dans un dessin envoutant, aux couleurs magnifiques et au trait sublime. Je ne saurais dire de quelle façon, mais l'auteure à une douceur du trait, une esquisse d'une finesse et d'un voluptueux incroyable, magnifié par les compositions toutes les plus travaillées les unes que les autres. C'est bien simple, certaines planches sont à décalquer pour afficher chez soi, tant elles sont parlantes dans le trait et dans le message. Réellement ! Et je ne parle pas de la façon dont elle arrive aussi bien à représenter les Années Folles que les tournoiement intérieurs de l'héroïne. Par des ajouts floral, des renversements et des miroirs, des jeux sur les couleurs et les ombres, Léonie Bischoff arrive à nous faire ressentir tout ce qu'il y a dans la vie intérieure de cette femme. Une pure merveille visuelle, un magnifique ouvrage rien que pour cela. Ça devient rare, les lectures où je ressors avec des étoiles plein les yeux juste parce que le dessin m'a envouté à ce point-là, et dans cet ouvrage-ci, on y est pleinement ! Et si le dessin est parfait, rien à redire, que dire de l'histoire ! J'aurais tant à en dire, mais je n'ai pas envie de dévoiler tout ce qui est dedans, alors je pourrais me contenter de dire que c'est la première fois que j'ai eu la sensation de lire un portrait de femme tellement parlant que je m'y suis senti impliqué. Tout au long du récit, par les pensées de Anaïs Nin tout autant que par ses actions, je me suis retrouvé littéralement dans sa peau, ses sentiments et ses envies. Et ... eh ben ça fait du bien d'être emmenée de cette façon, si douce, sensuelle et sensorielle (grâce au dessin) dans un univers totalement féminin d'un personnage aussi marquant et intéressant. Je ne connaissais rien à la vie d'Anaïs Nin, dont je n'avais jamais lu le nom auparavant, mais voila que j'ai envie de foncer découvrir tout ce qu'elle a pu faire, tant le récit donne envie de plus. Sa lecture fini, je n'ai pas envie de quitter ce personnage. Et puis, pour une fois que je suis emmené d'une façon qui sonne aussi juste dans l'intimité d'une femme, je ne peux qu'approuver ! C'est une plongée dans son monde tout intérieur, de sa vie sexuelle aux rapports familiaux, amicaux et amoureux. Rien que les petits passages sur le fait d'aimer plusieurs personnes, j'ai adoré. Et surtout, rien n'est martelé, mis trop en avant ou trop peu. C'est savamment dosé pour balayer un grand nombre de sujets et nous laisser tout le loisir d'en tirer ce que l'on voudra. Rien n'est explicitement dit quant à ce qu'il nous en faut retirer, et j'adore cela. L'auteure sème des graines de réflexions et de pensées, nous laissant les faire grandir tandis qu'elle se contente de nous dire ce que Anaïs Nin en aura retiré. Et puis, je me dois de dire : nom de dieu, c'est beau ! C'est réellement beau comme BD, une magnifique histoire de vie, une auteure qui étonne et qui plait, un dessin magnifique, un soupçon de poésie dans les mots et dans les images ... Réellement, cette BD est belle, en plus d'être une belle BD. J'en sors peut-être trop émerveillé, mais c'est mon vrai ressenti au sortir de ma lecture. J'ai une envie folle de la partager à tout le monde, de la faire lire et de me la relire, pour le plaisir des yeux et du cœur, parce que ce genre de BD fait du bien. Elle m'a ravi, et rien que pour cela je ne peux que vous la conseiller. Mes collègues aviseurs l'ont déjà dit, et je me joins à leur voix : oui, c'est une BD indispensable. En cette fin d'année morose, une telle couleur dans la vie fait plaisir de manière incroyablement forte. J'en suis encore tout sourire, de cette lecture, alors je me devais de vous le partager.

16/11/2020 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Waouw, je... Waouw !! Léonie Bischoff Léonie Bischoff Léonie Bischoff (Non, mais c'est juste pour que vous reteniez son nom) Léonie Bischoff Léonie Bischoff Anaïs Nin... Quelle claque, mes aïeux, quelle claque ! Dans ma totale inculture, je n'aurais su vous dire si ce nom correspondait à une héroïne de roman ou à son autrice. Anaïs Nin, ce nom en lui-même flotte tellement comme une toile de soie par un matin clair qu'il me semblait logique qu'il soit lié à un personnage romanesque. Et même s'il s'agit d'une écrivaine on ne peut plus réelle, Anaïs Nin n'en est pas moins romanesque pour la cause ! Et finalement, j'ai presqu'envie de dire "qu'importe qu'il s'agisse d'un personnage réel ou pas", Anaïs Nin incarne la féminité dans toute sa complexité, dans toute sa diversité. Ce personnage est fascinant, diamant brut aux multiples facettes, fidèle et sulfureuse, passionnée et passionnante. Et Léonie Bischoff nous la présente avec un talent incroyable. Les planches sont superbes, qui semblent dessinées avec un crayon 'quatre couleurs' ici, réalisées avec un soin méticuleux là (et le plus souvent les deux ici et là). L'écriture est fine et sensible, avec des phrases que j'aurais rêvé écrire un jour ("Je vous considère comme mon égale" dit-il en me plaçant sur un piédestal). Le personnage qu'elle nous décrit a tout pour séduire, pour fasciner. Pour effrayer aussi tant elle semble libre et sans barrières, insaisissable quand bien même elle se donne sans compter. Non, franchement, waouw, quoi ! Le personnage est fascinant, le dessin est magnifique, l'écriture est fine et cette biographie ressemble à tout sauf à une biographie tant elle déborde de passion, tant elle appréhende la complexité du désir féminin avec subtilité et honnêteté. Gros, gros, mais alors là, très gros coup de coeur !!

20/09/2020 (modifier)