L'Amant (Koibito)

Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)

Poussée par une rencontre fortuite qui la bouleverse, Marguerite Duras se lance dans l’écriture d’une autofiction qui sera récompensée du prix Goncourt, L’Amant. Une adaptation magnifique, pleine de finesse, par la mangaka Kan Takahama.


1919 - 1929 : L'Après-Guerre et les Années Folles Adaptations de romans en BD Indochine Josei ou Redikomi La BD au féminin : le manga Leedsha

A Paris, en 1982, Marguerite Duras, une femme déjà vieille, physique avachi par l’alcool, visage triste sur son col roulé, est arrêté par un homme mûr. Il lui dit qu’il a lu tous ses livres. Il lui dit surtout que tout le monde la trouvait belle, mais que lui trouve son visage plus beau aujourd’hui. Et il disparait. Rentrant chez elle, Duras songe à ce qui l’a fait vieillir, sa vie bien remplie bien sûr, les mariages, les divorces, l’alcool… Elle se rend compte qu’elle a beaucoup écrit sur elle, mais qu’elle n’est jamais allée au bout des choses. Elle se replonge dans ses 15 ans, traversant le Mékong pour aller dans une pension d’Etat à Saïgon. Elle est pauvre. Sa mère a fait une acquisition hasardeuse, roulée par des administratifs avec un terrain inondable au Cambodge. Après avoir traversé le fleuve brillant, la jeune fille croise le regard d’une jeune chinois, plus vieux qu’elle, dans une voiture de luxe, portant des habits européens. Alors qu’elle pense à tout l’argent qui entoure cet homme, il l’aborde contre toute attente et propose de l’accompagner à la pension. Dans la voiture, il lui prend la main…

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 22 Janvier 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Amant © Rue de Sèvres 2020
Les notes
Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)
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05/08/2020 | Erik
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L'avatar du posteur Mac Arthur

Une adolescente européenne dont la mère a du mal à s’en sortir financièrement va se donner à un riche homme d’affaire chinois dans l’Indochine de la fin des années ’20. Cette adolescente, c’est Marguerite Duras, et dans ce roman grandement autobiographique, elle évoque la confusion de sentiments dans laquelle cette première relation amoureuse et sexuelle va la laisser. L’histoire est écrite avec une grande froideur, Marguerite Duras elle-même semble ne pas trop savoir si elle n’est attirée que par l’argent de son amant, si c’est cet argent qui le rend attirant à ses yeux, si c’est l’attrait de l’interdit qui l’excite ou si elle éprouve un sentiment amoureux pour lui. Et très honnêtement, à la fin de ce manga, je ne saurais trop vous dire ce qui l’a motivée. Confusion des sentiments, donc… L’adaptation est sans doute très fidèle au roman… mais qu’est-ce que je me suis emmerdé ! Les scènes de sexe mettant en vedette une adolescente de 15 ans qui tire la gueule du début à la fin s’enchainent aux scènes de questionnement de la même adolescente ou à celles où elle se confie à sa copine d’école. Tout au long du récit, elle semble atone, absente, des cernes sous les yeux jusqu’aux chevilles. C’est décrit d’une manière tellement dépassionnée que c’en devient barbant. Ceci dit, d’un point de vue technique, cette bande dessinée est bien réalisée. Les grandes cases aèrent bien le récit. Le trait est très lisible. La lecture à l’européenne est pour moi un vrai confort. Non, vraiment, c’est bien fait… c’est jusque j’ai trouvé cette histoire d’une grande platitude. Et il en aurait sans doute été de même si je m’étais essayé au roman. Bof, quoi…

07/12/2022 (modifier)
Par Canarde
Note: 3/5
L'avatar du posteur Canarde

Une adaptation du célèbre roman de Marguerite Duras qui réussit à transcrire la froideur peu bavarde de l'écriture de Duras dans une bande dessinée japonaise, à l'européenne. Le style au souffle court des phrases qui est apparu comme une révolution stylistique, trouve une traduction dans les visages peu marqués du dessin manga. C'est l'histoire d'amour énigmatique entre une jeune blanche désargentée et un riche chinois dont on ne sait rien, le tout au temps de la domination française en Indochine. Je me demande si, par la notoriété de son auteur, cette histoire ne sert pas de socle à l'idée que le consentement sexuel peut être admis dés 15 ans ? Grand format, colorisation "façon aquarelle", éclairage doucereux, trait fin, peu de dialogues, des grands paysages, de belles voitures anciennes, des carreaux ciments à motifs. Pour moi ce qui manque, c'est le lien de la narratrice avec sa mère, qui est très présent dans le roman et contribue à donner de l'épaisseur au personnage. Ici la mère ressemble à une vieille emmerdeuse sans le sou, sans plus. Et du coup l'histoire devient univoque : une ado qui ne sait pas vraiment où elle va et un chinois expatrié qui est fasciné par cette jeunesse qui a besoin de son argent. Sinon je trouve que l'ambiance et assez proche du roman. L'audace de se montrer sans fard, dans son intimité, y compris sexuelle, dans une sorte d'ingénuité mêlée de provocation, ressemble au souvenir que j'en ai.

27/02/2021 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

2.5 Je connais Duras de nom, mais je n'ai jamais rien lu ou vu de son œuvre parce que j'ai l'impression que je ne vais pas accrocher et disons que la lecture de ce one-shot ne va pas me faire changer d'avis. Commençons par les qualités de l'album: le dessin est très bon, les couleurs jolies et la narration est fluide. Le gros défaut de l'album est que je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotions durant ma lecture et du coup l'histoire d'amour entre la jeune fille et le riche Chinois m'a semblé froide et je n'ai pas trop compris leur histoire d'amour ou plutôt je n'ai pas ressenti d'amour entre eux, juste de la luxure. J'imagine que c'était le but de Duras. En fait, j'ai du aller voir la fiche du roman sur wiki pour comprendre l'œuvre. Je sais pas si c'est un problème de l'adaptation, ne pouvant comparer avec le roman que je n'ai pas lu. En tous cas, j'ai trouvé que les seules scènes intéressantes étaient celles se passant au pensionnat, notamment la relation entre l'héroïne et une autre étudiante qui m'a semblé plus intéressante que sa relation avec le Chinois. Ça se laisse lire sans plus dans mon cas.

05/02/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Tiens, moi qui n’en suis pas fan, loin de là, je me suis retrouvé à lire un manga – cela faisait longtemps ! Il faut dire qu’il est assez proche du style de la BD franco-belge. Le sens de lecture « à l’européenne », un one-shot, colorisé. Et surtout, l’auteure montre finalement peu les émotions des personnages, et du coup cela passe davantage, car c’est là que je n’aime pas le dessin des mangakas généralement. Pour le reste, cela se laisse lire. Je n’ai jamais lu de Duras (une certaine prévention me retient loin de cette auteure), et ne connais le livre ici adaptée que de réputation, et par son adaptation au cinéma par Jean-Jacques Annaud, que j’avais vue il y a longtemps (et dont je n’ai pas gardé beaucoup de souvenirs en fait). Nous suivons donc une romance atypique, dans l’Indochine française, entre une jeune fille d’une quinzaine d’années (Duras donc), issue d’une famille française « déclassée », et un riche Chinois bien plus âgé qu’elle. Étrange relation, qui doit faire face aux préjugés de classe et de race des familles (et de la « société »), et qui se développe d’une façon assez froide : on ne sait pas jusqu’où la jeune fille investit des sentiments dans cette histoire d’amour – qui finit de façon abrupte. Un pas mal sans plus en ce qui me concerne. Mais je conçois que d’autres y trouveront davantage leur plaisir de lecteur.

25/09/2020 (modifier)
Par Erik
Note: 5/5
L'avatar du posteur Erik

Est-ce que Marguerite Duras se retournerait dans sa tombe si elle voyait que son roman a fait l'objet d'une adaptation en manga ? C'est possible mais je dois dire que c'est particulièrement réussi pour toucher un autre public moins enclin à lire des pavés de littérature. J'avais vu il y a fort longtemps le film de Jean-Jacques Annaud mais il ne m'avait guère marqué. Par ailleurs, au niveau de l'édition, on remarquera un effort pour se calquer sur le format européen avec par exemple des dessins en couleur et en commençant sa lecture par l'endroit. Bref, c'est très agréable à la lecture car la forme est soignée. La finesse sera au rendez-vous : rien de pornographique ! On va suivre un épisode amoureux dans la vie de cette romancière lorsqu'elle avait 15 ans et qu'elle vivait dans la colonie d'Indochine. C'est vrai qu'on pourrait analyser cela comme un détournement de mineur. Cependant, il convient de se replacer dans les mœurs de cette autre époque où les choses étaient sans doute plus simples. Il y a tout un charme indéniable qui se dégage de ce couple. Et puis, il y a cette fin si nostalgique. J'ai beaucoup apprécié cette version. Pour une fois, mon épouse s'est ruée sur cette lecture alors que ce n'est pas dans son habitude. Comme quoi...

05/08/2020 (modifier)