L'Homme qui tua Chris Kyle

Note: 3.62/5
(3.62/5 pour 13 avis)

Le 2 février 2013, l'inconnu Eddie Ray Routh abat la Légende Chris Kyle. Ce livre raconte le crime – et ses conséquences.


Documentaires

Chris Kyle est un héros. Ancien sniper chez les Navy Seals durant la deuxième guerre d'Irak, il a tué plus de 160 « cibles ». Au faîte de sa gloire (Clint Eastwood a même acheté les droits de son autobiographie, bestseller aux États-Unis, pour en faire un film – ce sera "American Sniper"), Chris Kyle dédie sa vie à aider ses anciens camarades de combats marqués aussi bien physiquement que mentalement par la guerre. Eddie Ray Routh est l'un d'entre eux.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 29 Mai 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Homme qui tua Chris Kyle © Dargaud 2020
Les notes
Note: 3.62/5
(3.62/5 pour 13 avis)
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18/05/2020 | pol
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Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

Je connaissais un peu l'histoire de Chris Kyle à cause des controverses autour du film American Sniper, mais c'est tout. Je ne me souviens même plus si j'avais appris qu'il était mort ! L'idée géniale de l'album est que c'est fait sous forme de documentaire, un vrai, avec des extraits d'interviews et tout, on dirait presque qu'on regarde un documentaire filmé au lieu d'une bande dessinée. Ce qui est fascinant est que l'ancien soldat Chris Kyle, a été adulé comme un héros pour être le sniper qui a eu le plus de victimes et au final il se fait tuer par Eddie Ray Routh, un ancien soldat lui aussi, qui n'avait tué personne durant son service et qui était le gros loser typique qui vit avec sa mère et a des problèmes de consommations. Même si on peut deviner que les auteurs ont un parti pris, le ton est neutre. On ne fait que montrer tout le délire autour de Chris Kyle et ça fait froid dans le dos. Je ne suis pas forcément anti-armes, mais voir tous ces gens réunis uniquement pour voir des gens tirer sur des cibles me semble incompréhensible. C'est un album qui m'a apporté plusieurs réflexions sur lesquelles je ne veux pas trop m’étaler pour ne pas que cela tourne en billet politique. Je dirais simplement que j'ai trouvé choquant la différence du traitement de certains médias entre les cibles de Kyle et la mort de Kyle lui-même, le cirque autour de sa femme qui est maintenant aussi célèbre que son mari juste parce qu'elle était sa femme et le procès avec Jesse Ventura (qui est montré de manière bien pathétique dans le récit je trouve). Cela montre une société américaine un peu malade qui risque d'exploser un jour, quoique je me demande si ça ne va pas se produire bientôt... Le dessin sobre est correct et va très bien pour un documentaire de ce genre.

16/08/2020 (modifier)
L'avatar du posteur Guillaume.M

Brüno étant l’un de mes dessinateurs préférés, mon attention a logiquement été attirée lorsque je suis tombé sur cet album. Mon intérêt s’est retrouvé grandement renforcé quand j’ai réalisé que l’album parlait du même Chris Kyle qu’« American Sniper » de Clint Eastwood. En 2014, j’avais déjà bien aimé le film, malgré le biais ultra patriotique - à l’américaine - choisi par ce cher Clint. Quand j’ai compris que Fabien Nury avait opté pour un documentaire, je n’ai plus hésité une seule seconde. Je précise encore avoir lu l’édition en noir et blanc. Après avoir feuilleté la version couleur, je ne regrette pas mon choix. Les couleurs n’apportent en effet pas grand-chose et atténuent selon moi la puissance de certaines planches. Graphiquement, les amateurs de Brüno voyageront en terres connues. Épurés, nets et tranchants, les dessins sont une réussite. Ces caractéristiques sont encore renforcées par la version B&W, ce d’autant plus que les planches sont plus grandes. Everything is bigger in Texas ! Le scénario est linéaire, mais rappelons qu’il s’agit ici d’un documentaire. Une temporalité classique est donc non seulement prévisible, mais adaptée et bienvenue. Ici et là, j’ai lu plusieurs critiques qui comparaient cet album à la série Tyler Cross, autre œuvre des mêmes auteurs. Autant le dire tout de suite, ces deux histoires n’ont rien en commun, ce qui est tout à fait normal. Tyler Cross est une fiction policière façon gangster, alors que « L’Homme qui tua Chris Kyle » relate des faits réels, avec tout ce que cela implique en terme de narration. Le suspense ne disparaît pas pour autant, surtout dans le chapitre qui traite d’Eddie Ray Routh. Nul besoin d’avoir vu le film pour comprendre et apprécier ce beau one shot. Toutefois, la lecture me paraît bien plus intéressante après l’avoir regardé. La différence de point de vue est frappante, même si prévisible. Nury et Brüno remettent l’église au milieu du village. Ils livrent sans doute ici l’histoire de Chris Kyle que Clint Eastwood aurait racontée, s’il n’était pas un américain made in Hollywood et républicain de surcroît. Si le ton reste neutre, le lecteur restera perplexe devant ce patriotisme primaire teinté de religion, cet amour irrationnel pour les armes et ce capitalisme à tout épreuve. Les interviews télévisées sont particulièrement inquiétantes… merci Fox news… Dieu pourtant sait si j’aime ce magnifique pays que sont les États-Unis. Contrairement au film, l’album couvre un spectre beaucoup plus large, puisqu’au contexte et à la vie de Chris Kyle s’ajoute le parcours de son meurtrier et l’exploitation de sa mort par son épouse, qui semble encore plus dangereuse que son défunt mari car moins primaire. « L’Homme qui tua Chris Kyle » est un bel album et une très bonne lecture que je recommande chaudement.

24/07/2020 (modifier)