Hôpital public - Entretiens avec le personnel hospitalier

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Le malaise de l'hôpital public vu de l'intérieur.


Documentaires École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg La BD au féminin Médecine Rencontres et entretiens Séries avec un unique avis

A partir d'entretiens réalisés entre 2013 et 2016, un portrait de l'hôpital de Nantes est dressé. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est une triste réalité qui nous est donnée à voir. Et que les "dirigeants" se refusaient à voir. Ou comment le service public est de plus en plus en peine de remplir ses missions.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Septembre 2016
Statut histoire Histoires courtes 1 tome paru

Couverture de la série Hôpital public - Entretiens avec le personnel hospitalier © Vide Cocagne 2016
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

30/03/2020 | Noirdésir
Modifier


L'avatar du posteur Noirdésir

En cette période de confinement, certains éditeurs mettent en ligne et en accès libre quelques uns de leurs albums. C’est le cas de Vide Cocagne avec celui-ci (et je les en remercie). Ils le font avec d’autant plus d’à propos que le sujet de ce documentaire engagé est, hélas, d’actualité ! Entre l’été 2013 et l’été 2016, les différents auteurs de cet album documentaire, sont allés interroger ceux qui font fonctionner l’hôpital, le CHU de Nantes. C’est à partir de ces entretiens que chaque chapitre est bâti, entretiens concernant tous les aspects de la vie d’un grand hôpital régional. Le constat est terrible ! On y voit mis à nu tous les maux qui ressortent de plus en plus. Tout ce qui a entrainé des mouvements massifs depuis plusieurs années, accentués depuis plusieurs mois dans les milieux médicaux, et hospitaliers en particulier. On y voit les conséquences de politique libérales visant à faire des économies, à « rationaliser » le travail de ces spécialistes : au détriment de l’humain (du malade, mais aussi de tous ceux qui travaillent pour sauver des vies, et qui perdent le sens de leur engagement, dans cette course aux « actes facturés »). Et le malaise est immense, la douleur se répand dans tous les services, sous tension, avec l’impression de ne plus faire ce pour quoi on s’était engagé. Mais aussi la crainte de « faire une erreur », d’être dangereux pour le malade, car fatigué. Et la pression des hiérarchies pour ceux qui relèvent directement de l’hôpital, mais aussi d’entreprise prédatrice pour ceux qui travaille dans certains services « externalisé » (comme le nettoyage). Et ces mouvements de grèves qui se cumulent, ces lettres ouvertes ou autres pétitions qui calent des meubles, etc. Chaque chapitre est traité par un dessinateur différent. Le trait est donc différent, mais tous sont lisibles, et l’important est bien sûr ailleurs. Et ce genre d’enquête est d’autant plus accablante qu’aujourd’hui, à l’heure où j’écris ces lignes, des personnes meurent des conséquences du coronavirus, peut-être parce que justement les services « sont à l’os », et que le manque de matériel, mais surtout de personnel qualifié met à mal l’image que tous se faisaient de l’hôpital public. La crise sanitaire actuelle n'est pas la cause, elle n'est que le révélateur du mal qui ronge l'hôpital public depuis pas mal d'années - et que ce documentaire mettait au jour. En filigrane, même si ce n’est pas directement évoqué, on peut imaginer les mains qui se frottent chez les groupes privés, qui, comme dans d’autres secteurs (l’éducation par exemple) profitent du désengagement public pour chercher à contrôler tout ce qui peut être rentable.

30/03/2020 (modifier)