Algues vertes - L'Histoire interdite

Note: 3.77/5
(3.77/5 pour 13 avis)

Enquête approfondie sur un scandale pas si mystérieux que ça.


BD Reportage et journalisme d'investigation BDs adaptées en film Bretagne Documentaires Environnement et écologie La BD au féminin

Pas moins de 3 hommes et 40 animaux ont été retrouvés morts sur les plages bretonnes. L’identité du tueur est un secret de polichinelle : les algues vertes. Un demi-siècle de fabrique du silence raconté dans une enquête fleuve. Des échantillons qui disparaissent dans les laboratoires, des corps enterrés avant d’être autopsiés, des jeux d’influence, des pressions et un silence de plomb. L’intrigue a pour décor le littoral breton et elle se joue depuis des dizaines d’années. Inès Léraud et Pierre Van Hove proposent une enquête sans précédent, faisant intervenir lanceurs d’alerte, scientifiques, agriculteurs et politiques. (site éditeur)

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 12 Juin 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Algues vertes - L'Histoire interdite © Delcourt 2019
Les notes
Note: 3.77/5
(3.77/5 pour 13 avis)
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30/12/2019 | Noirdésir
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Par Antoine
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Antoine

Cette "histoire interdite" dénonce tout ce que je déteste, que cela soit chez nos chers politiques ou chez nous, simples citoyens. Notre incroyable capacité à fermer les yeux sur des évènements d'une extrême gravité me retourne la tête. L'argument qui veut qu'en agissant, ou simplement en avouant ou en acceptant une situation, on pourrait faire plus de mal qu'autre chose me révolte, et ce, depuis toujours. C'est même au-delà de la révolte, je ne le comprends tout simplement pas. Inès Léraud n'est pas d'accord avec ce postulat. Elle, elle agit, elle dénonce, elle démontre, elle ne cache rien, même si cette vérité fait mal, qu'elle pourrait mettre en péril, ici, la situation des agriculteurs ou du tourisme. Parce que non, la vérité ne doit pas être cachée. Et puis, au nom de quoi, devrions-nous cacher, ou minimiser une catastrophe d'une telle ampleur que celle des algues vertes en Bretagne, et ailleurs ? La sacro-sainte économie pourrait souffrir d'une telle honnêteté, parce que c'est bien ça le problème, mais essayer de maintenir cette dernière malgré tout, n'est-ce pas sauter pour mieux reculer (!) ? Les réactions lors de la sortie de la bd prouvent malheureusement que, pour beaucoup, tant que l'argent rentre dans les caisses, le reste n'est qu'accessoire. Des plages magnifiques défigurées ? Pas grave. Des sous-sols pollués pour des décennies ? Pas grave. Des aliments contaminés ? Pas grave. L'eau contaminée ? Pas grave. Des animaux morts ? Pas grave. Des morts humaines ? Pas grave. Et puis, tiens, au lieu d'agir pour comprendre et essayer de diminuer, voire de faire disparaître le problème, on va plutôt aller intimider les lanceurs d'alertes, les scientifiques, les militants écolos. Le travail d'Inès Léraud est minutieux, rigoureux et très didactique. Le travail graphique de Pierre Van Hove exploite parfaitement le caractère journalistique de la bd. Les couleurs, en particulier, sont très réussies. Ceci n'est pas un avis, c'est un coup de gueule monumental. Le coup de cœur que je lui octroie est ma façon de faire passer ce coup de gueule. La lecture de cette bd m'a révolté, m'a attristé, m'a déprimé. Je suis le scandale des algues bretonnes depuis longtemps, et encore aujourd'hui, bien naïf que je suis, je suis estomaqué par le traitement politique, médiatique, citoyen de la situation. Après tout, on s'en fout, on va vivre une petite centaine d'années pour les mieux lotis d'entre nous, on n'a pas de temps à perdre avec ces conneries...

27/02/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Bon, autant le dire tout de suite, le coup de cœur est aussi et avant tout un coup de gueule ! En effet, la lecture de ce documentaire laisse un goût amer, puisqu’il pointe une série de scandales tout à fait représentatifs de notre époque. Mais il le fait très bien, c’est super étayé, et sa lecture devrait être fortement encouragée – de la même manière que devraient être demandés des comptes aux autorités politiques, administratives ou aux industriels, tous complices, à des degrés divers et pour des intérêts eux aussi divers, d’une pollution, des décès, le tout étant cyniquement caché, dénié, avec tous les artifices et les complicités habituels. Inès Léraud reprend ici plusieurs années de recherche, d’enquêtes, qui ont nourri articles et émissions de radios. Après avoir présenté les différentes morts (animaux, humains) liées aux gaz dégagés par ces algues vertes (ainsi que l’obstruction systématique et écœurante des autorités pour en établir les circonstances et les responsabilités), Inès Léraud élargit le point de vue pour mieux comprendre comment on en est arrivé là : et ce sont les choix économiques, le poids de certains lobbys industriels – et de leurs relais dans les médias et parmi les scientifiques que les conflits d’intérêt n’étouffent pas (mais aussi, secondairement touristiques) qui sont pointés du doigt. De même que les agriculteurs sont ici présentés de façon « complète », c’est-à-dire à la pointe des lobbys (FNSEA et industriels), mais aussi finalement parmi les premières victimes de l’agriculture intensive et instrumentalisés par ces mêmes lobbys. La démonstration est limpide, implacable, fortement documentée (nombreuses sources systématiquement citées, nombreux documents reproduits en annexe, etc.). C’est du beau travail, mais hélas le silence continue à étouffer ce genre de scandales qui s’accumulent discrètement, sans remettre en cause le système économique et médiatique qui les rend possibles. A lire en tout cas !

30/12/2019 (modifier)