Tropique de la violence

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

A Mayotte, histoire tragique de Moïse, adolescent aux yeux vairons, adopté et entraîné dans la spirale infernale des gangs.


Adaptations de romans en BD L'Océan indien La France d'Outre-Mer

Marie, blanche de peau, est infirmière de nuit au CHR de Mamoudzou, sur la plus grande île de Mayotte, une île française nichée dans le canal du Mozambique. Depuis des années, elle espère tomber enceinte… mais son infertilité durable la rend désespérée et dépressive. Et pour cause : son mari l’a quittée à cause de cela et elle vit désormais seule. A l’âge de 33 ans, une jeune fille-mère lui abandonne son bébé, pace que ce dernier a les yeux vairon… il est forcément le bébé du malheur ! Ce malheur fait aussitôt le bonheur de Marie, qui l’adopte et l’appelle Moïse. Les années passent. Ils adoptent un chien, qu’ils baptisent Bosco. Mais à l’âge de 14 ans, Moïse pose des questions insistantes sur ses origines. Et comme les réponses ne le satisfont pas, il tourne mal. Il se met à fréquenter un clandestin, comme lui, finalement. C’est le moment que choisit Marie pour faire un AVC, à l’heure du petit-déjeuner. Quand Moïse découvre sa mère étendue par terre, il… ne fait rien. Il passe une journée normale au collège, puis rentre le soir et retrouve sa mère toujours morte sur le sol. Le lendemain, il prend le bac avec son chien pour rejoindre Grande-Terre, où se trouve son copain la Teigne. Ce dernier se trouve avec Bruce, un caïd, le chef de Gaza, le bidonville local. En raison de ses yeux différents, Bruce prend immédiatement Moïse en grippe…

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Mars 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Tropique de la violence © Sarbacane 2019
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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11/12/2019 | Erik
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L'avatar du posteur bamiléké

Je n'ai pas eu la même lecture que Erik et j'ai bien aimé cette lecture. En premier lieu les récits ayant Mayotte pour cadre sont rares. C'est le dernier département à avoir rejoint la République, il y a quelques années après un référendum. C'est probablement le département le plus pauvre de France. Malgré cela il représente le mirage de la richesse européenne à portée de main pour beaucoup d'Africains de l'est et surtout pour des Comoriens. Comme le montre le récit de Gaël Henry, la population qui arrive est souvent analphabète et son cadre de vie reste attaché aux traditions souvent perçues comme des superstitions par les Européens. C'est ce qui arrive au pauvre bébé Moïse qui est vairon. Mais pour la maman c'est un signe du diable et de malédiction. A la suite de son abandon le petit Moïse est recueilli par Marie, gentille infirmière stérile et ils vont vivre en vase presque clos. Il reçoit une éducation de petit Français Blanc ce qui l'éloigne de sa communauté d'origine. J'ai beaucoup aimé cette quête identitaire de Moïse qui le conduit à plonger dans l'enfer du pire bidonville de Mayotte. Sa rencontre avec Bruce caïd du bidonville mais superstitieux devant un oeil vert, permet de créer une atmosphère dramatique très saisissante même si la structure du récit travail en flash-back. Je n'ai pas pu m'empêcher d'éprouver beaucoup d'empathie pour ce personnage sans repère stable, comme on en rencontre de plus en plus dans nos villes. Ce sont des proies faciles pour des prédateurs malveillants. La fin reste ouverte dans une intensité dramatique à son maximum. Le graphisme de Gaël peut sembler un peu naïf mais il porte bien ce récit africain. J'y ai retrouvé le style de beaucoup de dessinateurs du continent. Il y a beaucoup d'expressivité et un rythme élevé. Une bonne lecture dépaysante et bien construite. 3.5

06/01/2024 (modifier)
Par Erik
Note: 2/5
L'avatar du posteur Erik

Là encore, nous avons un bel écrin pour une belle mise en forme mais le fond ne m’a pas séduit. Objectivement, la bd semble bien être réalisée mais le sujet ou plutôt les valeurs véhiculées ne m’ont pas touché. Nous avons sur l’île de Mayotte une gentille infirmière en mal d’enfant qui recueille un bébé typé qu’une maman abandonne à cause d’un problème de couleur de yeux dépareillée. Il est vrai qu’au moindre défaut, on jette dans notre société. Mais là, ce sont des réfugiés d’îles voisines curieusement moins prospères d’où l’excuse économique. Malheureusement, plus on est bon dans notre société, moins l’espérance de vie est grande. Elle laisse derrière elle un jeune adolescent de 15 ans qui va sombrer dans la violence à cause de mauvaises fréquentations. Il s’en suivra une véritable descente aux enfers sur fond de drogue et de bandes rivales. L'auteur semble insister sur le fait que toute cette violence qui se passe sur cette île ne semble pas inquiéter la République sachant que Mayotte est rattachée à la France pour des raisons économiques. J’avoue ne pas avoir aimé, mis à part le début avec cette gentille femme qui a donné tout son amour. Quelque fois, le résultat ne semble pas être à la hauteur des attentes. C’est parfois comme cela sous les tropiques et ailleurs.

11/12/2019 (modifier)