Sarkozy-Kadhafi : Des billets et des bombes

Note: 4/5
(4/5 pour 4 avis)

Enquête à charge.


BD Reportage et journalisme d'investigation Documentaires Politique

Cinq grands reporters assemblent pour la première fois le puzzle des liens entre l’ancien président français et le dictateur libyen. Une enquête événement sur la corruption au plus haut niveau de la République. Les enquêteurs de Mediapart ou Radio France assemblent les révélations d’un immense scandale d’État : intérêts pétroliers et nucléaires, financement de campagne, le tout sur fond d’intermédiaires véreux, d’opérations de désinformation et de décès mystérieux. Une BD-enquête choc alors que Nicolas Sarkozy a été mis en examen en mars 2018. (Site éditeur)

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 30 Janvier 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Sarkozy-Kadhafi : Des billets et des bombes © Delcourt 2019
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 4 avis)
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03/07/2019 | Noirdésir
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Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

Un bon documentaire qui fait un bon résumé de cette affaire qui a éclaboussé la Sarkozy entière. Je connaissais le gros des événements et j'ai appris quelques petits détails au cours de ma lecture. C'est vraiment un système de corruption mis à nu devant nos yeux, tous les pires travers du pouvoir français y passent et c'est effarant jusqu'où Sarkozy et ses copains ont été dans leurs machinations. Je vois pas d'autres choses à ajouter aux avis précédents, hormis que c'est un documentaire à lire si on s'intéresse à la politique et qu'on a pas envie de lire un gros livre de plusieurs centaines de pages. Quant au dessin, je le trouve correct même si je ne suis pas fan de la manière dont sont dessinés les humains. Au moins, il y a du mouvement contrairement à d'autres documentaires où le dessinateur fait juste dessiner par-dessus des photos.

20/10/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Pokespagne

Bien sûr, nous sommes de plus en plus abreuvés de "fake news", comme on dit aujourd'hui, produites par tous les bords politiques. Bien sûr, la présomption d'innocence, concept essentiel à la mission d'une Justice digne de ce nom, gêne chacun d'entre nous, puisque nous sommes tous, tristement, tellement prompts à "juger" et à condamner. Bien sûr, il y a quelque part un peu de gêne à voir des têtes de gondole à la FNAC consacrées à "Sarkozy - Kadhafi", la retranscription en BD de l'enquête menée par 5 journalistes d'investigation, au pedigree impeccable, sur les liaisons dangereuses entre la France et la Libye, alors que l'enquête sur ce qui s'est réellement passé entre 2002 (les élections présidentielles françaises qui amèneront Sarkozy au pouvoir) et 2011 (la guerre menée par la France en Libye, qui éliminera certes le dictateur honni, mais plongera aussi un pays tout entier dans un chaos sanglant dont il n'est pas encore sorti) n'est pas terminée… Et que les protagonistes de cette tragédie en forme de thriller politique - qui ferait un excellent film hollywoodien - ne sont pas encore jugés… On ouvre donc ce livre avec une certaine prudence, voire appréhension, en se demandant comment les journalistes Fabrice Arti, Benoît Collombat, Michel Despratx, Elodie Guéguen et Geoffrey Le Guilcher ont fait pour retranscrire les résultats de leurs enquêtes sans enfreindre la loi, l'éthique de leur noble profession et la simple morale commune. Au bout de quelques pages, on est rassuré : sur le fil tendu d'une vérité à demi entrevue mais qui nous échappe encore - il y a clairement toujours des trous dans la reconstitution de ce qui s'est passé - la technique de l'équilibriste est impeccable. Tous les faits narrés dans le livre s'appuient sur des documents officiels - dont beaucoup sont reproduits dans une copieuse annexe de 40 pages - et les dénégations et les déclarations discordantes de certains protagonistes sont reproduites sous formes de notes. Mieux encore, la plupart des événements sont commentés de manière à la fois explicative et le plus objective possible par un personnage imaginaire, une sorte de Jimini Cricket qui ne serait pas cette fois la bonne conscience de qui que ce soit, et qui est affublé, non d’un chapeau, mais d’une tête en forme de rond rouge (!), mais qui sera notre guide dans ce labyrinthe complexe où grenouillent des dizaines de personnages - bien réels, eux - aux rôles peu clairs. Ce soin porté à l'exposition de faits encore contestés - malgré, disons-le, un faisceau de preuves assez conséquentes -, fait indiscutablement la valeur d'un livre où "l'intime conviction" des enquêteurs est toutefois exposée de manière quasi "militante", résultat compréhensible de l'horreur que suscite une telle accumulation potentielle (si elle était avérée) de mensonges, de décisions politiques absurdes, et de purs délits criminels. Le récit est présenté comme un flashback à partir du 20 octobre 2011, date de la mort de Kadhafi, et avance de manière chronologique et la plus didactique possible, ce qui est indispensable pour ne pas perdre le lecteur. Chaque chapitre s’ouvre sur un dessin représentant, non sans humour, comment une poignée de main chaleureuse entre Sarko et Kadhafi se transforme peu à peu en bras de fer, et conduit à la disparition pure et simple du leader libyen. Le style très “ligne claire” de Thierry Chavant recherche la plus grande lisibilité possible, l’objectif étant évidemment de ne pas faire passer l’Art de la BD devant le message politique, et même si la représentation de personnages réels n’est pas toujours ressemblante, elle l’est suffisamment pour le confort de lecture et la bonne compréhension des événements. La conclusion, évidemment ouverte, est doublement terrible, parce qu’elle dévoile en outre la possibilité de négociations ayant eu lieu après le terrible attentat de Lockerbie (1989), et que le livre se referme sur la vision silencieuse de la dévastation totale d’un pays, dont la responsabilité pourrait bel et bien nous être attribuée à nous, Français. Les 190 pages de "Sarkozy – Kadhafi" se dévorent en moins de deux heures, comme le thriller politique de haut niveau qu’il est, mais laissent évidemment dans la bouche un goût de sang et de cendres. Elles confirment aussi que la BD, principal genre littéraire populaire en France, peut jouer un rôle à la fois pédagogique et politique essentiel dans notre démocratie, et qu’elle peut porter avec une grande efficacité les combats contemporains les plus importants.

08/10/2019 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

C'est clair que le sujet est totalement explosif. On n'avait jamais vu un président sous la Vème République aussi corrompu et pourtant, il n'a pas eu de mal avec des mouvements de contestation lors de son mandat. On préfèrera sans doute s'attaquer à un autre qui est pourtant l'incarnation d'une nouvelle République loin de ses pratiques douteuses et mafieuses. Mais bon, c'est un autre débat. Attention, l'hypocrisie du système veut que même mis en examen pour corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens, l'ancien président n'en demeure pas moins présumé innocent jusqu'à ce qu'un jury le déclare coupable. D'ailleurs, il dément catégoriquement alors que les preuves accumulées par ces cinq journalistes indépendants sont totalement accablantes. C'est une honte absolue. Reste à attendre le verdict final qui peut encore nous réserver des surprises si on doute de l'indépendance de l'institution judiciaire. Voir en effet Les Riches au tribunal. ;) Cette bd est nécessaire pour comprendre. J'étais de ceux qui avait acclamé le courage héroïque de ce président qui nous débarassait de l'un des pires dictateurs et terroristes du XXème siècle. Si j'avais su que c'était pour se débarrasser d'une preuve génante ou pour des intérêts pétroliers et nucléaires. Il y a eu encore une fois de la désinformation de la part des médias contrôlés par des puissants hommes de droite. Heureusement qu'il existe de véritables journalistes qui font bien leur travail car ce sont eux les véritables justiciers de ce monde pourri. C'est une bd enquête objective très bien construite. Je trouve que c'est une bonne idée de le faire sous le format de la bd car c'est un mode de communication qui passe mieux qu'un gros ouvrage à lire. La lecture a été assez facile avec un dessin assez froid qui ne tombera pas dans la caricature humoristique. A classer dans les bds d'utilité publique.

08/09/2019 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Écœurant. Edifiant et écœurant, voilà ce qui reste après la lecture de cet ouvrage à charge, mais très argumenté. Les lecteurs du Canard enchaîné et/ou du Monde diplomatique ne découvriront sans doute aucun scoop, mais cet ouvrage a le mérite d’étayer les faits, de démonter au grand jour la machine qui permet à certains de faire fi des lois et de la morale, au nom de l’intérêt général qu’ils bafouent. Au cœur du sujet ici traité, Nicolas Sarkozy. Où l’on se rend compte que non seulement l’intérêt général a bon dos, et s’efface très rapidement devant les intérêts particuliers et bassement matériels du bonhomme (et de sa clique – il n’a d’ailleurs pas inventé ce genre de système, qui perdure depuis son retrait du devant de la scène), mais aussi que ces types, censés incarner les « valeurs » de la République, se comportent ni plus ni moins que comme des mafieux. Qui n’hésitent pas à traficoter avec des dictateurs (à leur profit comme à ceux d’industriels amis – merci Dassault et consorts), à éliminer physiquement les témoins gênants, mais aussi à déclencher une guerre (tuant des milliers de personnes, et ayant aujourd’hui encore des répercutions, sur l’insécurité dans l’Afrique du Nord, sur la « crise des migrants », etc.). Reste que, malgré les efforts de Sarkozy et de ses séides pour faire disparaître preuves et témoins, il y a plus que des faisceaux de présomption pour l’accuser (voir ses nombreuses mises en examen). Mais on peut aussi hélas faire confiance à la justice (et aux ministres de l’Intérieur, quels qu’ils soient) pour faire trainer et enterrer ce genre d’affaire (et là on peut faire le lien avec les travaux de Pinçon-Charlot – voir, pour rester dans la BD, leur récent Les Riches au tribunal). Après avoir refermé cet ouvrage, on a l’impression d’avoir vu un film comme le cinéma des années 1970 en tournait. Mais c’est hélas la réalité. Et l’on se demande à la fin quel est le plus pourri, de Sarkozy ou Kadhafi. Au moins ce dernier ne se revendiquait pas trop des droits de l’homme et de la démocratie ! Récit très clair, circonstancié (avec pas mal de documents reproduits en annexe), cet album est d’une triste nécessité.

03/07/2019 (modifier)