Il fallait que je vous le dise

Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)

La rencontre de la dessinatrice Aude Mermilliod et du romancier Martin Winckler. Deux voix pour rompre le silence sur un sujet encore tabou, l’IVG.


Documentaires Douleurs intimes La BD au féminin Le droit à l'avortement

Si elle donne le choix, l’IVG ne reste pas moins un évènement traumatique dans une vie de femme. Et d’autant plus douloureux qu’on le garde pour soi, qu’on ne sait pas dire l’ambivalence des sentiments et des représentations qui l’accompagnent. L’angoisse, la culpabilité, la solitude, la souffrance physique, l’impossibilité surtout de pouvoir partager son expérience. Avec ce livre, Aude Mermilliod rompt le silence, mêlant son témoignage de patiente à celui du médecin Martin Winckler. Leur deux parcours se rejoignent et se répondent dans un livre fort, nécessaire et apaisé.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 08 Mai 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Il fallait que je vous le dise © Casterman 2019
Les notes
Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)
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07/06/2019 | Mac Arthur
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Par gruizzli
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Il y a des BD qui me plaisent parce qu'elles sont biens, que j'aime leur style, leur dessin, leur scénario. Il y a des BD que j'aime parce qu'elles me touchent, qu'elles m'émeuvent. Et puis il y a des BD qui me plaisent parce qu'à peine fini la lecture, j'ai envie de l'offrir à tout le monde. "Il fallait que je vous le dise" fait partie de cette dernière catégorie, très fermée. J'ai lu la BD dans le train, entrainé sans m'en rendre compte et finissant ému aux larmes par ce qui ressort de ce genre d'ouvrage. Je ne suis pas une femme, je n'ai jamais connu ni l'enfantement ni l'avortement, et je ne peux que compatir sans jamais ressentir ce genre de choses. Ces dilemmes, ces choix, ces attentes et ces conséquences. Avorter n'est jamais anodin, quoi qu'en disent ceux qui sont contre, et personne ne le fait comme on va faire une visite de routine chez le médecin. C'est un choix difficile, un moment dur et parfois violent. Cette BD nous le rappelle. Divisée en deux témoignages, d'abord une femme parlant de son avortement, puis un médecin qui parle de comment il en est arrivé à le faire, la BD nous présente deux facettes tout aussi intéressantes du choix d'enfanter ou non. Et je suis toujours ému et sidéré par ce genre de BD. Comment peut-on encore avoir aujourd'hui des débats autour de la façon dont les femmes veulent gérer leurs corps ? Comment a-t-on pu laisser si longtemps l'avortement clandestin, les infections, les morts, les violences obstétricales, les naissances nombreuses non-voulues ... C'est ignoble et je me sens toujours mal pour toutes ces femmes qui n'ont pas eu le choix, qui ont du faire sans. Ce genre de BD est salutaire, à l'heure où le pays le plus riche du monde annule la protection juridique de l'avortement. Il faut rappeler ce que ce fut, historiquement, et ce que c'est, humainement. Je suis convaincu qu'il faut diffuser ce message le plus possible, montrer l'humain derrière les mots. Et rien que pour ça, c'est une BD que je recommande.

23/08/2023 (modifier)
Par Canarde
Note: 3/5
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Je lis les autres commentaires et il me semble qu'il y a une erreur à ne pas commettre, c'est penser que cet album fait le tour de la question. En tant que femme, qui a aussi avorté à un moment de ma vie, je me permets de dire que l'expérience de l'auteure m'est tout aussi étrangère qu'elle le serait pour un homme. Je ne me suis pas du tout reconnue, mais cela ne m'a pas empêchée d'être touchée. Il est vraiment indispensable que ce genre de témoignage se multiplie pour que chacun puisse se rendre compte de la diversité des situations, des ressentis, et puisse être humble et se garder de tout jugement à priori. Martin winkler l'explique très bien dans la deuxième partie de l'album et dans de nombreux romans dont je vous conseille la lecture. Pour la bd, le caractère personnel pourra paraître un peu lourd à certain.e.s, mais je la conseille quand même : L'image est très blonde comme on le dit d'une aquarelle, c'est à dire lumineuse, comme... du beurre ? Ça ne vous parle pas... C'est à dire qu'avec peu de couleurs, en aplat, un trait brun souple, Aude Mermilliod réussit à nous accueillir dans son intimité sans provoquer de gêne chez le lecteur. À lire en priorité pour les jeunes qui entrent dans la vie. Pour, les autres, qui ont déjà leurs expériences, plus ou moins douloureuses, ils pourront trouver un point de comparaison toujours utile...

20/10/2019 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
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Quand on est un auteur de bd, on possède un avantage : on peut exorciser ses douleurs intimes en les partageant avec les lecteurs anonymes pour mieux apaiser ses souffrances. Pas besoin d’un psy. C’est assez pratique surtout si cela ne va que dans un seul sens. Bien entendu, les femmes qui ont partagé les mêmes problèmes peuvent trouver du réconfort dans cette lecture. C’est d’ailleurs la raison principale de la démarche de l’auteure. Il fallait que je vous le dise comme indique si bien le titre. Cette bd sera à déconseiller à ceux qui manifestent contre le droit à l’avortement dans ce qu’il appelle communément le droit à la vie. On les retrouve également contre le mariage gay ou contre le fait de débrancher une machine. Ce sont à peu de choses près les mêmes réfractaires. Pour autant, je me dis que s’ils pouvaient quand même la lire pour essayer de comprendre que l’avortement n’est jamais une partie de plaisir pour celle qui subit cette épreuve. Si cela pouvait seulement leur faire changer d’avis au lieu de jeter la première pierre. J’ai bien aimé le graphisme plutôt sympathique de cette bd qui offre beaucoup de lisibilité avec cette quadrichromie. A noter également l’existence de deux parties. Si la première se penche sur l’expérience vécue par l’auteure dans une sorte d’autobiographie, la seconde sera celle d’un praticien au niveau de la médecine. On s’apercevra de toute l’humanité de ces docteurs dans l’acte de pratiquer l’avortement. Au final, deux témoignages assez intéressants sur un phénomène un peu tabou et polémique dans notre société actuelle.

08/08/2019 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

S’il y a bien un point sur lequel le titre ne trompe pas, c’est ce « Il fallait » car, dès le début de ma lecture, j’ai senti ce besoin, cette nécessité pour l’autrice, Aude Mermilliod, de parler de son expérience, de son ressenti sur l’avortement. Avortement qu’elle a vécu dans sa chair, dans son âme. Alors, et même si en ma qualité d’homme je crains de ne pas pouvoir totalement partager le ressenti de l’autrice, je ne peux qu’être admiratif sur sa démarche. Une démarche honnête et sincère, un témoignage qui pourra sans doute aider d’autres personnes confrontées au même choix (car cela reste un choix et devrait pouvoir toujours et en toutes circonstances rester un choix individuel). Aude Mermilliod nous relate donc le long processus qui l’a menée depuis la découverte du fait qu’elle était enceinte jusqu’après son avortement. Ce choix individuel et douloureux, cette expérience de vie que personne ne souhaite devoir faire un jour mais face à laquelle elle n’a pas fui. La deuxième partie du récit nous permet de découvrir un médecin qui pratique l’avortement. Son parcours de vie, les motivations de ses choix, la manière dont il a évolué au fil de ses expériences : tout est à nouveau raconté avec beaucoup de naturel et de simplicité, mettant l’accent sur l’humain. La narration est fluide, le dessin sans fioritures recentre l’attention sur le sujet et sur les mots. Les sentiments, les questionnements sont le cœur même du récit et ces témoignages d’une grande sincérité ne sont ni larmoyants, ni sinistres, ni trop techniques. L’humain est ici mis en avant et ce livre pourra, je l’espère, aider d’autres femmes confrontées à ce choix et d’autres médecins amenés à les soutenir et à les aider. Un livre très certainement nécessaire pour son autrice, et utile pour oser sortir ce sujet des tabous qui l’entourent. A lire !

07/06/2019 (modifier)