Les Tableaux de l'ombre

Note: 3.6/5
(3.6/5 pour 5 avis)

Quand les personnages des tableaux du Louvre s’animent et deviennent des héros de BD... Un album ludique doublé d'une réflexion très pertinente sur la notoriété d’une œuvre


Le Musée du Louvre Peinture et tableaux en bande dessinée

L’esprit de révolte gagne le musée du Louvre ! Jean Dytar donne enfin la parole aux œuvres en manque de notoriété et offre aux enfants l’occasion de réfléchir aux avantages et aux inconvénients de la célébrité. Parmi les oeuvres exposées au Louvre, certaines n’attirent l’attention d’aucun visiteur. C’est le cas de cette série de petites toiles d’Anthonie Palamedes, « L’Allégorie des cinq sens », dans laquelle Tobias symbolise l’ouïe. Quand un petit garçon l’honore d’un véritable regard, le musicien ne se doute pas que cet écolier va bouleverser les choses deux décennies plus tard, l’année même de la révolte des tableaux de l’ombre…

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 09 Mai 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Tableaux de l'ombre © Delcourt 2019
Les notes
Note: 3.6/5
(3.6/5 pour 5 avis)
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31/05/2019 | Blue Boy
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Par gruizzli
Note: 3/5
L'avatar du posteur gruizzli

Après deux lectures très enthousiasmantes de l'auteur, je n'ai pas hésité à prendre un nouveau tome (Florida est aussi à côté de mon lit) de Jean Dytar. Et la lecture fut clairement moins enthousiaste, pour le coup. La BD est un partenariat avec le musée du Louvre et c'est assez net qu'on veut rester dans le musée tout du long. Le message est sympathique sur les tableaux que personne ne regarde dans un musée déjà bien chargé, mais je trouve que le récit oscille entre plusieurs idées pas forcément suffisamment développées. C'est surtout la question de la célébrité qui est évoquée, avec plusieurs aspects, mais je trouve que ça oscille entre la question d'être visible, le poids de la notoriété, les hasards qui la provoquent et la question de l'art. Sauf que la révolution des tableaux de l'ombre n'a pas lieu, qu'on semble montrer les tableaux célèbres comme une élite fermée qui n'aime pas les nouveaux, le tout dans une sorte de lutte des classes subie. Je n'ai pas réellement compris ce que l'auteur voulait développer et j'ai surtout l'impression qu'il voulait caser pas mal de références picturales, des espaces du musée et des personnages de tableaux célèbres pour explorer ce Louvre. Le reste est plutôt bon, j'ai bien apprécié les discussions et échanges entre tableaux, les références m'ont parlé (mais encore faut-il connaitre tout ces tableaux) et le dessin est un très bel hommage à ces peintures, notamment Arcimboldo qui voit un de ses portraits s'animer, une certaine prouesse visuelle ! La lecture est plaisante et se fait d'une traite, mais je trouve qu'au sortir ça reste moins notable que les autres BD que j'ai lues de l'auteur. Il manque un je-ne-sais-quoi, peut-être plus prononcé et développé sur le fond, pour réussir à vraiment sortir de l'ordinaire. Pour ma part, c'est du moyen.

16/10/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Je ne sais pas à qui s’adresse en priorité cet album, peut-être un jeune public – je pense à des collégiens. En effet, l’intrigue est parfois lente et « gentille », et les traits des personnages font un peu « enfantins ». Mais certains lecteurs plus âgés peuvent y trouver leur compte. Dytar, au sein de cette collection hétéroclite et hétérogène d’albums liés au musée du Louvre, a quand même un angle d’attaque quelque peu original. En effet, nous suivons des personnages des tableaux du Louvre qui – comme pour les films « La nuit au musée » – sortent de leur cadre la nuit, pour vivre quelques aventures. Le côté plus original, c’est que nous suivons des personnages d’œuvres « secondaires », plus ou moins boudées du public ‘les « tableaux de l’ombre » donc), qui s’énervent, jalousent les célébrités, certains fomentant une révolte. Bref, la lecture n’est pas désagréable, même si j’ai trouvé que, une fois le principe de départ avancé, cela manquait quand même de profondeur. Mais, comme je l’ai dit, ça se laisse lire, et jeunes, CDI de collège, peuvent y trouver une lecture satisfaisante et « culturelle » moins rébarbative que certains catalogues d’exposition.

04/02/2021 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
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Jean Dytar fait partie de mes nouveaux auteurs préférés comme par exemple Timothé le Boucher dans un autre genre. Ce sont probablement ces auteurs qui vont marquer les années 2020. Cap sur le futur en tournant la page du passé. L’œuvre est inventive car elle met en scène des petits tableaux non connus du fameux Musée du Louvre. Il faut dire qu'il n'y en a que pour la Joconde. C'est tout un rapport avec la célébrité de l’œuvre qui est étudié de manière assez ludique et originale. La mise en abyme est une trouvaille tout à fait spectaculaire dans son déroulé. Que dire également de ces personnages assez sympathiques qui prennent vie en sortant de leur cadre ? C'est frais et c'est très beau visuellement. C'est de l'art dans la conception de cette bd qui va faire date. Les tableaux de l'ombre vont les mettre en lumière. Rien que pour cela, cela vaut le coup d'aborder cette œuvre qui jette un regard particulier sur l'art en général.

29/10/2019 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
L'avatar du posteur PAco

C'est avec l'excellentissime Florida que j'avais découvert le travail de Jean Dytar l'an passé. Et voilà que je le vois revenir avec un travail de commande émanant du musée du Louvre... J'étais assez curieux de voir comment il allait s'en sortir avec cet exercice où peu sortent par la grande porte à mon goût tant il est facile de tomber dans quelque chose d'assez plat ou d'artificiel. Ici rien de tout ça ! Si le début de l'album met un peu de temps à s'installer, la suite déroule en finesse en jouant sur tout un tas de petites idées très malines et de clins d’œils pertinents qui m'ont bloqués un petit sourire en coin tout au long de ma lecture. Si Dytar connait ses classiques, on sent qu'il vit aussi avec son temps et qu'il s'amuse pour notre plus grand plaisir à faire se télescoper les deux ; tout le monde y trouvera son compte et cet album tout public contentera aussi bien à mon avis des adultes qui s'amuseront à jouer avec les références que place Dytar que des enfants grâce à un scénario enlevé et bien pensé. Sa réflexion sur ces tableaux "oubliés" ou sur leur notoriété est des plus fine. Côté graphique on retrouve cette patte faussement naïve, très fluide et tout en courbes qui donne à son dessin toute son intensité de façon pourtant minimaliste. Voilà en tout cas un album à mettre en toute les mains, surtout si vous avez pour projet d'aller faire un tour au Louvre en famille !

31/05/2019 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Après Florida, récit épique et ultra-documenté sur un épisode sanglant et tragique de la colonisation française dans le Nouveau monde, Jean Dytar s’est offert une respiration avec cet album jeunesse, qui pourra tout aussi bien plaire au plus grand nombre. En tant qu’enseignant en arts plastiques, il paraissait naturel que l’auteur lyonnais publie un tel ouvrage. Et c’est une vraie réussite ! Partie prenante du projet avec les Editions Delcourt, le Musée du Louvre ne s’y est pas trompé. Avec ces « Tableaux de l’ombre », Jean Dytar réussit à nous émerveiller en piochant dans ses souvenirs d’enfance. Marqué par une œuvre d’Anthonie Palamedes, « L’Allégorie des cinq sens », à un moment où il s’était perdu lors d’une visite du célèbre musée avec sa classe, il lui redonne une visibilité qui, selon lui, n’est pas moins justifiée que d’autres peintures. Lorsque l’auteur avait découvert les personnages des cinq petits tableaux composant l’œuvre, il se souvient qu’il s’était senti d’un seul coup moins seul, comme si une connivence s’était établie. Pour le petit Jean, ces minuscules êtres, « tout petits, tout moches », étaient littéralement vivants ! C’est donc, on l’aura compris, le point de départ de cette bande dessinée extrêmement attachante. Très rapidement, la magie opère. Au départ figés sur leur canevas, harassés par des journées interminables suppurant l’ennui, les cinq compagnons (Le Goût, le Toucher, l’Ouïe, l’Odorat et la Vue) vont commencer, sous nos yeux ébahis, à s’animer et attendre la nuit pour sortir de leur cadre. Lassés de l’indifférence des visiteurs et du mépris de leurs congénères plus en vue, ces « exclus » vont être conduits à s’associer à d’autres, qui comme eux, n’en peuvent plus de leurs conditions de parias. La révolte gronde dans les couloirs du Louvre ! Difficile de tarir d’éloges devant cette production, tant elle se distingue par son originalité, sur la forme mais aussi sur le fond. Le trait rond et engageant de Jean Dytar, cet aspect graphique agréablement patiné, y sont pour beaucoup. La bonne idée, c’est d’avoir respecté l’échelle des personnages des tableaux, ce qui résonne avec l’univers mythologique où il est de coutume que les géants côtoient les nains… Quel bonheur également de découvrir la Joconde en femme-tronc se déplaçant en chaise roulante, telle une vieille actrice fatiguée dissimulant sa lassitude derrière ses lunettes noires ! Jean Dytar se permet même un joli clin d’œil à son confrère Marc-Antoine Mathieu dans une mise en abyme extrêmement bien trouvée dont on ne révélera rien ici… Pour ce qui est du fond, le mérite de l’auteur de La Vision de Bacchus est de poser de façon très pertinente la question relative au succès d’une œuvre d’art, à travers notamment notre fameuse Joconde pluricentenaire. Depuis l’ « invention » des selfies, nul doute que celle-ci a vu sa cote de popularité grimper. Mais à l’heure des réseaux sociaux et de ses buzz incessants, on peut légitimement se demander si les gens viennent l’admirer juste parce qu’elle est célèbre ou en raison de ses qualités artistiques… La réponse se trouve hélas en grande partie dans la question… De façon à la fois ingénieuse et espiègle, Jean Dytar va remettre tout cela en perspective, masquant derrière l’humour ce constat quelque peu navrant… Néanmoins, si l’on veut voir le bon côté des choses, c’est que ce petit album très ludique, qui regorge de trouvailles et de références, pourrait bien amener le jeune public à s’intéresser à l’art en franchissant les portes du Louvre. De plus, Monsieur Dytar ne prend pas ses lecteurs pour des crétins. Il a su au contraire allier pédagogie et légèreté, se gardant bien de donner des leçons de bon goût. On pourrait même se dire qu’ils en ont de la chance, ses élèves ! Une fois de plus, cet auteur a su convaincre de son talent avec ces « Tableaux de l’ombre », son quatrième opus, dans une biblio qui ne compte aucun faux pas. Un coup de cœur à découvrir de toute urgence !

31/05/2019 (modifier)