Peyi an nou

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Une BD sur le Bumidom, le bureau pour le développement des migrations dans les départements d'Outre-Mer.


Documentaires La BD au féminin La France d'Outre-Mer

Jessica rêve depuis longtemps de faire un récit sur sa famille antillaise, elle qui est née d'une mère guadeloupéenne et d'un père martiniquais. Quand elle part sur les traces de ses racines, en 2015 en Guadeloupe, elle fait des recherches pour se renseigner. Arrivée là-bas, elle revoit toute sa famille : tantes, oncles, cousins. Son grand-père n'est pas très causant et ne veut pas vraiment raconter son expérience à Paris. Lors d'un repas avec toute la famille, Jessica comprend que le lien entre la France et la Guadeloupe est un sujet sensible qui échauffe vite les esprits des anciens. Lorsqu'elle rentre en France, elle appelle de nombreux amis antillais. Elle se rend compte que les « Métros », ceux qui habitent en Métropole, ne sont pas vraiment bien informés sur leurs racines, la vie aux Antilles et le passé de leurs parents ou grands-parents. Après réflexion, Jessica traitera du sujet essentiel des mouvements migratoires entre les Antilles et la France. Il s'agit du Bumidom : le bureau pour le développement des migrations dans les départements d'Outre-Mer. Pour ce projet, elle s'associera avec la dessinatrice Marie-Ange Rousseau...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 25 Octobre 2017
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Peyi an nou © Steinkis 2017
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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10/06/2018 | Erik
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Par Ro
Note: 3/5
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Une auteure antillaise vivant en métropole depuis sa naissance décide de s'informer sur le passé de sa famille et des français d'outre-mer en général pour comprendre leurs mouvements migratoires et leurs conditions dans la seconde moitié du 20e siècle. Elle mène ainsi l’enquête et nous fait partager les témoignages qu'elle recueille et ce qu'elle y apprend. Son sujet va plus particulièrement s'intéresser au Bumidom, bureau pour le développement des migrations dans les départements d'Outre-Mer, et à la manière dont le gouvernement français a organisé ce mouvement migratoire et sur les conditions d'accueil de ces immigrés français en Métropole. C'est clairement un sujet dont je ne savais rien. C'est vrai que vu depuis la Métropole, on a le cliché du fonctionnaire antillais qu'on voit un peu partout, facteur ou postier, derrière les guichets de l'administration, à la SNCF ou encore policier. Qui ne se souvient pas de Mawie-Théwèse, caricature d'aide-soignante débonnaire du sketch des Inconnus ? Mais là où j'imaginais un choix de carrière fait par les travailleurs antillais, il s'avère que c'est en réalité une résultante de ce fameux Bumidom et des emplois qu'il leur réservait voire leur imposait. J'ai donc appris des choses sur la situation économique et démographique des Dom-Tom à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, sur l'organisation d'une migration organisée par l'Etat Français et sur le ressenti des principaux concernés à cette époque mais aussi de nos jours, leurs descendants se retrouvant à moitié déracinés et restant finalement plus facilement en Métropole que retournant dans les îles. C'est instructif, mais pas passionnant. La mise en scène est un peu plate, les auteurs se contentant de mettre en scène leurs réunions successives avec différentes personnes et les discussions qu'ils ont avec elles tandis qu'elles prennent des notes. On apprend les choses au fur et à mesure, avec quelques répétitions dans les informations que chaque témoignage et autres enseignements d'experts nous apportent. Le dessin n'est pas désagréable mais finalement le format BD apporte peu de choses au récit, si ce n'est une meilleure facilité à la lecture, chose qui se confirme d'ailleurs sur les toutes dernières pages de l'album dont une poignée ne contiennent qu'une ou deux illustrations entourées de beaucoup de texte plus indigeste. Et au final, même si on a appris des choses, même si on convient avec les auteurs qu'il y avait une égalité très relative entre les français des Dom-Tom et les métropolitains, qu'il y avait quelques réactions xénophobes de métropolitains ayant du mal à assimiler le fait que des noirs venus d'ailleurs puissent être en réalité aussi français qu'eux, la conclusion de l'album semble être au final assez tiède. A lire l'album, le ressenti que j'ai eu sur ces événements décrits dans leur ensemble est que tout n'était ni parfait ni terrible, que l'Etat Français a fait à l'époque des choix assez répréhensibles et a essayé maladroitement de les corriger par la suite, que certains ultra-marins n'ont pas supporté la chose et sont rentrés chez eux ou ont mal tourné, mais que d'autres se sont finalement bien intégrés à la Métropole et que leurs enfants, même s'ils sont fiers de leurs racines, s'y sentent désormais comme chez eux. Donc un ressenti pas très marquant sur un album qui m'a intéressé sur le fond mais légèrement ennuyé sur la forme.

24/09/2018 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

C'est la première fois que je lis une longue bd sur ce sujet à savoir la politique française de migration des DOM-TOM. Je n'avais jamais entendu parlé du Bumidom à savoir une agence d'état crée en 1963 qui a organisé l'émigration de 160000 personnes originaires de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion et de la Guyane. Cette bd nous conte la recherche menée par la scénariste Jessica Oublié originaire de la Martinique ainsi que la dessinatrice Marie-Ange Rousseau sur le Bumidom et ses répercussions politiques, économiques et démographiques. On se rend compte que d'une idée avec des intentions louables, on peut aboutir à une situation paradoxalement difficile. C'est intelligemment mené pour nous expliquer dans les moindres détails les côtés positifs et négatifs ainsi qu'une variation de témoignages pour bien saisir toutes les nuances. On retiendra que le Bumidom est une espèce de politique colonialiste et presque esclavagiste en exploitant ces habitants déjà très pauvres et profitant de la misère locale. Il est clair que la France ne s'en vante pas et que c'est vite oublié dans l'Histoire. Sauf qu'il y a désormais cette bd pour se documenter sur le sujet. Une lecture pédagogique à la portée de tous. Je regrette juste un peu sa longueur. Pour le reste, c'est bien dessiné et bien documenté.

10/06/2018 (modifier)