L'Ombre de moi-même

Il est seul face à la mer. Il pontifie, il s’écoute, il se congratule. Serge est son propre public. Il campe dans la posture du philosophe revenu des Hommes.
BD minimaliste Les petits éditeurs indépendants
Autrefois, il était quelqu’un d’important. Mais la vie a passé, qui l’a dépouillé des attributs du pouvoir. À l’aube de la vieillesse et du déclin, il feint de croire que ce n’est pas lui qui a changé mais que c’est le monde qui ne marche plus droit. Misogyne, vaniteux, réactionnaire, Serge l’est par nature.
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Date de parution | 03 Octobre 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Hum, je suis vraiment pas convaincu par cette BD. Elle m'a semblé assez vite désagréable de par son personnage principal, archétype de beauf divorcé de 50 ans, lourd et dragueur, paumé dans sa vie et qui semble manquer de tout sans s'en rendre compte. Malgré un tome qui est volumineux, c'est une lecture rapide qui est surtout marquée en petits chapitres de deux à six pages, dans la vie de ce gars de cinquante ans, très à l'aise financièrement, divorcé et dragueur, ne voyant pas son fils en études aux USA et qui semble perdre pied dans la vie (amour, famille, tout ça ...). Dis comme ça, déjà, je suis pas passionné et le fait que le personnage soit très égocentrique, modèle du mec modèle vieux monde qui sent le patriarcat et la condescendance, ça n'aide pas. Essayant d’apitoyer, d’amadouer, de charmer, il m'est vite désagréable. Cependant, et contrairement à d'autres BD que j'ai lu dans ce genre, le personnage n'est pas mis en avant. Les auteurs sont clairement en empathie et plusieurs histoires sont touchantes, notamment lorsqu'on voit les réactions de ce type. C'est clairement une volonté de le montrer comme pathétique, perdu dans sa vie et plus triste que joyeux. Par contre, si cette volonté est là, le problème c'est que ce personnage n'est toujours pas plus sympathique à mes yeux. Je trouve que c'est vraiment le genre de type que je déteste et ses malheurs me semblent mérités. Rien ne vient contrebalancer cette vision, pas d'apport extérieur, de façon dont les personnes (et surtout les femmes) peuvent le voir et le considérer. Bref, la BD veut essayer de faire de son personnage une figure tragique, mais je suis tellement opposé à ce genre de type que le peu de scènes réellement marquantes sur l'empathie n'ont pas suffit. J'étais déjà dans une détestation de ce type, et je n'ai pas envie de le voir évoluer. C'est malheureusement difficile pour moi de passer outre et je ne peux pas faire semblant.


L'avis de Jetjet m'avait donné envie de lire cet album de deux auteurs que je ne connaissais pas du tout. J'ai vraiment adoré le dessin qui est dans un style à la fois épuré et bien maîtrisé. Je suis un peu moins enthousiasmé par le scénario. On suit donc la vie quotidienne d'un homme dans la cinquantaine et qui est imbue de lui-même. J'ai bien aimé comment les auteurs ne diabolise pas leur personnage principal et ont font quelqu'un qui est tout simplement humain et qui a peur de vieillir dans un monde qu'il ne reconnait plus. Certains passages sont même touchant comme lorsqu'il remarque que plusieurs personnes de son entourage sont maintenant mortes. Toutefois, même si je que le scénario ait des qualités, je ne peux pas dire que j'ai été grandement captivé durant ma lecture. Il y a des scènes et des dialogues qui m'ont faire et je ne suis pas ennuyé, mais il n'y a rien qui ne donne envie de faire une relecture un jour (ou alors juste pour regarder le dessin). En gros, j'ai passé un moment sympa et puis c'est tout.


Selon le Larousse, la Surprise est définie comme telle : évènement inattendu. Et comment être davantage surpris par une œuvre sortie de nulle part, avec des dessins aussi épurés que celles qui illustrent le Canard Enchainé au pitch d'une banalité affolante et mettant en scène le frère jumeau graphiquement du méchant Gru, nez en pointe et calvitie en prime ? L'Ombre de Moi-Même est un titre qui se lit et se dévore comme on peut apprécier un bon vin sans pour autant être un amateur avisé. Superficiellement, on peut s'attendre à lire le quotidien banal d'un homme mur de 55 ans, à la retraite (donc fort éloigné de nos turpitudes professionnelles mais je m'égare), divorcé et aisé. Vivant à Paris dans un appartement confortable, Serge n'est entouré que d'une ex-femme, d'une petite amie trentenaire et d'un ami écrivain dépressif. Et c'est tout. Martiny divise ce quotidien en autant de petites scénettes journalières de 2 à 6 pages ou plus où Serge est omniprésent. Toujours présent pour les siens mais orgueilleux et fier, Serge a surtout peur de vieillir, de ne plus pouvoir séduire et de se sentir inutile. Je ne sais comment l'alchimie s'est opérée avec un trait si éloigné de mes affinités mais absolument tout le contenu de ce gros bouquin qui se dévore m'a séduit... Petit-Roulet utilise une ligne volontairement épurée mais maitrisée et très agréable finalement à la lecture pendant que Martiny multiplie les lignes de dialogue se succèdant à de longs silences contemplatifs. Face à la mer, à son ex-belle mère ou à son docteur, Serge est loin d'être le con odieux et réac que l'on adorerait détester mais tout simplement un homme pétri de qualités comme de défauts le rendant bien plus humain que d'autres profils plus explicites. On passe constamment du sourire au rire et de la consternation à l'empathie dans un récit rythmé et homogène. Difficile de faire apprécier un vieux bobo Parisien aux apparences égoïstes et capricieuses par un dessin aussi aride et dépouillé et pourtant le pari est remporté haut la main. Ici personne ne juge personne, libre au lecteur d'apprécier des visages si expressifs ou des situations éloquentes sans apport de paroles (une amitié est remise en cause en quelques cases et sans un mots mais chuuut). La fin en suspens pourra décevoir en premier lieu mais après réflexion, il ne pouvait pas en être autrement. Ici la mélancolie se veut réaliste et finalement pudique à défaut d'être joyeuse. Pourtant il peut s'agir d'une Happy End comme d'une fin plus sarcastique. C'est le propre de ce récit unique qui peut être lu comme une Comédie ou une Poésie de prose, le trademark des ouvrages importants indéniablement. Oui, vraiment quelle belle surprise.
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