Je suis top ! Liberté, égalité, parité

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Catherine occupe un poste important et prépare son discours d’intégration : l’occasion de revenir sur un parcours semé d’embûches. Ce roman graphique met en lumière le machisme de la société française, quitte à virer au procès féministe.


Féminisme La BD au féminin Mirages

Catherine, la quarantaine, est top-manager. Elle a un discours à préparer pour fêter sa nouvelle fonction. Elle relit ses notes, mais ne trouve pas cela assez spontané. Elle aimerait parler de sa vie et de son ascension difficile. Il faut dire qu'être une femme est bien plus compliqué pour réussir. Elle se souvient de son premier patron qui ne cessait de dire que les femmes étaient finies à partir de 25 ans et la pré-ménopause. Les femmes n'ont pas la même chance que les hommes. L'homme est tellement sûr de lui et a tellement de portes ouvertes qu'il peut atteindre tous les postes même si c'est un « tocard ». La femme, à l'inverse, ne cesse de se dénigrer et doit se faire violence pour évoluer. Il faut dire que l'enfance conditionne tout : on apprend aux garçons à se battre et à gagner ; on apprend aux filles à être gentilles et serviables. Le début d'un long asservissement...

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 10 Février 2016
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Je suis top ! Liberté, égalité, parité © Delcourt 2016
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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24/10/2016 | Erik
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Par gruizzli
Note: 3/5
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Ah, je suis bien embêté de parler de cette BD. C'est une difficulté qui vient du fait que je suis très intéressé par une des facettes de cette BD, mais en même temps je suis carrément réticent à l'autre facette. Et la lecture de l'ensemble me laisse sur un sentiment plus négatif que positif. Complexe à noter, celle-là. Il y a tout d'abord la problématique de la place de la femme en entreprise. Bien traité, développée, exposée. Les difficultés à trouver un travail, l'exploitation, l'humiliation quotidienne, le plafond de verre, la difficulté à concilier la vie professionnelle et familiale, le tout enrobé dans le monde patriarcal dans lequel nous vivons et qui valide bon nombre de comportements qui sont tout bonnement inaxeptable. Mais la BD m'a déplu dans un autre message, sur la question de la réussite professionnelle et la place des femmes dans un monde ultracapitaliste. Si la BD ne semble pas aimer ce monde, le message vers la fin indiquant clairement que lorsqu'elle a enfin un poste à responsabilité elle se retrouve aussi cruelle envers ses subordonnées que l'étaient les hommes, j'ai trouvé que la BD restait très gentille et propre envers le monde libéral qu'elle représente. Il n'est jamais fait mention de la lutte de classe ou de la solidarité de genre, par exemple, de comment cette oppression systémique transforme toute femme qui "réussit" en une nouvelle oppresseuse de ses subalternes. J'ai senti que la critique pointait son nez de ci de là, mais la finalité (le discours) semble tendre vers une réconciliation au sein de l'entreprise, ou tout semble trop gentil. Pour ma part, je me sens trop investi dans des luttes contre ces carcans idéologiques qui nous font glorifier la réussite professionnelle au détriment du reste, l'asservissement dans l'entreprise pour tenter de faire partie de ceux qui réussissent, la concurrence libre et féroce entre employés. J'aurais voulu voir comment cette découverte de l'oppression des femmes permets de mettre en lumières d'autre lutte, la transversalité de ces luttes et la possibilité de faire front commun contre ce système. Là, je reste sur une impression de factice notamment dans le final, trop gentil et rose. C'est donc une BD en deux teintes : j'ai aimé la partie très nette et très claire sur le traitement que subissent les femmes dans ces entreprises, mais je regrette que la BD ne dépasse jamais vraiment ce simple constat, surtout en restant assez confiant sur le système même des entreprises qui ne fera que créer de nouvelles oppressions. Je laisse ma note à 3, reflet de ce sentiment mitigé, mais personnellement la BD ne m'a pas suffit.

15/12/2023 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
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Je suis top ! est un titre qui peut sembler humoristique et qui marque le fait qu’une personne a sans doute un manque manifeste de modestie. Lorsqu’il s’agit d’une femme, cela ne pardonne pas. En réalité, on va suivre le parcours d’une salariée dans l’entreprise qui entre par la petite porte malgré le fait qu’elle soit bardée de diplômes. Puis, progressivement, elle va gravir les échelons pour se retrouver à un poste plutôt important. Pour y arriver, elle racontera tous les déboires qu’elle a dû subir de la part des hommes. Beaucoup de femmes pourront se retrouver dans ces situations inspirées par une certaine réalité peu reluisante entre blagues sexistes et salaces et absence de promotion lié au congé maternité par exemple. Le coup de karcher, c’est sans doute dans les sociétés qu’il faudrait le passer pour se débarrasser de tous ces petits chefs machos et incompétents ! Ceci dit, on pourra trouver cette bd assez féministe mais il n’en n’est rien. Pour autant, je trouve que les discriminations ne se limitent malheureusement pas qu’au sexe mais également par exemple aux origines ethniques. Le fait d’avoir un nom aux consonances étrangères peut très vite vous faire perdre des points même à compétence supérieure. Vous pouvez également vous retrouver aux responsabilités mais avec un salaire deux moindres que ses collègues et je sais de quoi je parle. D’ailleurs, une femme manager est également moins payé qu’un homme. A noter qu'il y a également une véritable dénonciation de la théorie du genre afin sans doute d'inciter les petites filles à ne pas jouer à la poupée mais à faire des jeux plus violents et entrer ainsi dans la compétition car c'est tout un état d'esprit qui s'apprend au plus jeune âge. Le lecteur qui est parent appréciera. J’ai trouvé ce témoignage assez utile et plutôt sincère de la part de l’auteure. Il est vrai que les préjugés décrit sont des choses que l’on entend souvent comme la promotion canapé. Cette bd est inspirée d’une pièce de théâtre de Blandine Métayer qui a connu un grand succès. On ne se demandera pas pourquoi. L’œuvre en question se lit très bien entre caricature et humour. Elle renvoie directement à notre quotidien de travail en posant les bonnes questions et surtout en montrant les bons constats. Il est clair que les réactionnaires et ceux qui les suivent n'apprécieront pas. Mais bon, il serait temps de changer les mentalités. Cela commence par cette lecture.

24/10/2016 (MAJ le 29/10/2016) (modifier)