Mitterrand, un jeune homme de droite

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)

De l'activisme nationaliste au gouvernement de Vichy, en passant par la Résistance, la vie de François Mitterrand a emprunté des chemins tortueux entre 1935 et 1945. Un portrait sans concession sur un destin plein d’ambiguïtés, signé Richelle et Rébéna.


1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale 1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Biographies Politique

Été 1935, La Panne (Belgique). Un match de tennis oppose Van Dessel à un jeune français en vacances. Ce dernier remporte la partie, haut la main et gagne le prestigieux tournoi du 104. Cet homme s’appelle François Mitterrand. Il a la victoire humble en précisant que son adversaire était blessé à une jambe. Mais Mitterrand est soucieux. Les nouvelles concernant l’état de santé de sa mère ne sont pas très rassurantes. De retour à Paris, François Mitterrand reprend le chemin de l’Université, en deuxième année de droit. Il exprime déjà un certain catholicisme social. Il milite pour la cause éthiopienne, suite à l’invasion italienne dirigée par Benito Mussolini. Son professeur de droit, Gaston Jèze, républicain et anti-colonialiste, est accueilli par les étudiants protestataires d’Extrême Droite. 12 janvier 1936, la mère de François Mitterrand décède. Mars 1936, François manifeste contre Jèze, aux côtés de l’Action Française, un mouvement nationaliste et royaliste dirigé par Charles Maurras. Cet homme, athée, lance de véritables appels au meurtre contre ceux qui ne partagent pas ses opinions. Pour Mitterrand, cette alliance est de pure circonstance. Une position bien nébuleuse…

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 16 Septembre 2015
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Mitterrand, un jeune homme de droite © Rue de Sèvres 2015
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)
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07/10/2015 | Erik
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Par Gaston
Note: 4/5
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Mitterrand est un des hommes politiques que je trouve le plus fascinant, notamment à cause de l'ambiguïté de sa jeunesse. J'ai lu plusieurs livres sur lui et plusieurs sont d'ailleurs référencés dans la biographie présente à la fin de l'album. On suit donc la jeunesse de Mitterrand lorsqu'il est un jeune homme issu d'un milieu catholique de droite et l'histoire s'arrête après la Seconde Guerre mondiale. Les auteurs montrent bien le parcours idéologique de Mitterrand durant ces années. On voit notamment son amitié avec des gens d'extrême droite, ses justifications, les limites qu'il peut avoir face à l'extrême droite (il n'aime pas trop la cagoule). Je n'ai rien appris de nouveau, ayant déjà lu notamment le livre de Pierre Péan, mais c'est tellement bien fait que j'ai lu cet album avec plaisir. Le personnage de Mitterrand est vraiment charismatique. Le dessin est bien fait. J'aime bien ce noir et blanc.

01/06/2016 (modifier)
Par Canarde
Note: 3/5
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J'avoue que j'ai toujours été intriguée par le passé de Mitterrand. Entre ceux qui le classent dans les collabos, et ceux qui disent que c'est plus complexe. Ici c'est très soft, mais on sent que si son destin est exceptionnel, ses débuts sont hésitants, pas reluisants. Un fils à papa, dans un monde catho très aisé, qui a les idées de sa classe mais l'esprit vif. Il défend ses coteries, en cherchant à pouvoir continuer à se regarder dans un miroir. Autant dire que c'est le grand écart permanent. Pour nous émoustiller au milieu de ce décor déprimant des années 40 à Vichy, ses élans amoureux nous sont évoqués, avec un coté désuet, mais pas invraisemblable. L'histoire s’arrête à la mort de son premier fils en 45, et il n'est pas fait mention par exemple de ses rapports avec René Bousquet... Le dessin très léger, sans aspérité, reste dans l'évocation : pas de trogne, pas de contraste dans les traits, en revanche une certaine réussite parfois dans les valeurs, dans les scènes de nuit. Pourquoi ne pas avoir ça sous la main ? Cela montre les choses vues d'ailleurs (ni côté allemand, ni côté FFI, ou De Gaulle). Un monde de privilégiés relativement sincères, charitables mais si loin de la majorité laborieuse, que d'une certaine manière cela préfigure la déception future des milliers de gens qui l'éliront en 1981, mais le désavoueront en 1986 aux premières législatives à la proportionnelle à un tour...

23/12/2015 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
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C'est une bonne idée que de livrer un récit sur la jeunesse de l'un des deux présidents les plus marquants de la Cinquième République. Il est vrai qu'on ne connaissait pas très bien son passé, l'homme ayant toujours conservé une bonne part de mystère. Il faut dire qu'on a découvert pas mal de choses depuis sa mort et notamment ses liens avec le régime de Vichy avant son basculement dans la résistance fin 1942. L'auteur Philippe Richelle nous propose de découvrir les années de formation de François Mitterrand, entre 1935 et 1945. Ce dernier était alors agé de 19 ans en 1935. On apprendra qu'il sera notamment fait prisonnier pendant la guerre, puis il s’évadera avant de s’impliquer pour l’aide à la réinsertion des prisonniers sous le régime de Vichy. Outre ses rapports avec nombre de figures historiques telles que le maréchal Pétain, Laval ou Giraud, ce roman graphique donne à voir un leader et surtout un fin politicien en construction. Etait-il un homme de droite qui allait être un président socialiste ? Oui sans aucun doute au vu des faits énoncés. A l'inverse, son rival de doite à savoir Jacques Chirac était un homme de gauche durant sa jeunesse. On évolue presque tous au cours d'une vie. Les idées politiques de la jeunesse ne se reflètent pas forcément lorsqu'on prend de la maturité. Alors oui, on peut même passer de l'extrême gauche à l'extrême droite. C'est possible. Bref, nous suivons là un parcours presque insaisissable d'un homme qui continue à fasciner. J'ai bien aimé ce portrait de l'homme que dresse l'auteur (un habitué des récits historiques, voir: Les Mystères de la Cinquième République par exemple). Il réussit à conserver une certaine neutralité de ton pour exposer les faits. C'est important car l'homme a suscité autant l'admiration des français qui l'ont surnommé Tonton que de ses détracteurs qui furent nombreux. Mais quand même, lorsqu'on compare aux deux derniers présidents de notre pays, on ne peut s'empêcher de penser que c'était autre chose de bien plus grand et charismatique. Inutile de préciser que cette réflexion n'engage que moi mais je ne pouvais m'en empêcher... Le trait du dessinateur est vif mais cela manque parfois de précision. Quant au scénario, il est parfois alambiqué et cela manque de saveur pour plaire au public. Par contre, les passionnés de politique et d'Histoire vont certainement aimer car l'exigeance est au rendez-vous. J'ai juste regretté une fin un peu abrupte.

07/10/2015 (modifier)