Florange, une lutte d'aujourd'hui

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Gandrange puis Florange… A l’annonce de la fermeture des hauts-fourneaux, Tristan Thill va à la rencontre des derniers sidérurgistes lorrains. Une BD-reportage nourrie au ton juste et à l’émotion.


BD Reportage et journalisme d'investigation Documentaires Grand Est La BD au féminin Luttes des classes & conflits sociaux

Tout « commence » un matin de janvier 2008, lorsque Tristan Thil prend son café. Le flash-info qu’il entend évoque en effet le projet de fermeture, d’ici avril 2009, du site de Gandrange, un des hauts-fourneaux de l’industrie française. Né à Metz, Thil connait parfaitement la problématique sidérurgique lorraine. Or là, on ne parle plus de restructuration, mais carrément de fermeture. Il a déjà vécu l’abandon de ces monstres de fer, dans d’autres usines. Il s’est baladé plus tard dans leur ventre de métal rouillé. Il a vu des sites de production transformés en musée et des anciens sidérurgistes expliquer aux gamins le travail qu’ils faisaient, sans qu’ils ne les comprennent vraiment. Aujourd’hui, il veut participer à ce devoir de Mémoire. Et si Gandrange ferme, il faut faire vite. Il décide d’aller sur le terrain pour filmer les visages de ces « derniers » et enregistrer leur voix. Il est accueilli à Gandrange, filme le travail à l’usine, assiste aux promesses du Président Sarkozy puis constate la fermeture et la suppression de 576 postes…

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 10 Octobre 2014
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Florange, une lutte d'aujourd'hui © Dargaud 2014
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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24/07/2015 | Erik
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Par Ro
Note: 3/5
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Avec cet album, nous sommes véritablement dans le reportage documentaire. C'est la motivation d'un homme, Tristan Thil, photogaphe et réalisateur de courts-métrages engagés, et ses origines lorraines, qui vont l'amener à séjourner aux côtés des employés d'abord de l'aciérie de Gandrange en 2008 puis de ceux de Florange en 2012. Là où Gandrange, malgré les promesses de Nicolas Sarkozy, finit par fermer complètement, les salariés de Florange vont se battre, espérant l'aide de François Hollande, pour que leur site ne connaisse pas le même sort. On est dans le récit des faits : comment l'auteur a rencontré les syndicalistes de ces aciéries, ce qu'il a observé à leurs côtés, comment il a vu les choses se dérouler, ses discussions avec les uns ou les autres. Il y ajoute une légère touche personnelle en racontant en parallèle le combat de sa propre mère contre le cancer, même si ce sujet là n'est abordé que de loin. Le dessin est simple, peu élaboré mais assez efficace pour rendre la lecture fluide. La mise en scène est sobre, voire un peu morne. La lecture est assez instructive car je dois dire que moi-même entre Gandrange et Florange, j'avais peu suivi ces affaires et les confondais allègrement. La façon dont les choses se sont passées est intéressante mais pas passionnante, je dois dire. C'est réaliste et on voit bien l'écart entre les promesses et paroles des politiques et la réalité des faits. Mais ça, cela ne nous apprend pas grand chose. Avec le recul, je vois aussi un certain décalage entre la fin assez pessimiste de la BD où le combat est perdu, et l'épilogue en texte de l'auteur en fin d'album et les informations plus récentes que j'ai pu glaner sur Internet. Car oui, les hauts fourneaux ont fermé et il y a eu de la casse sociale, mais l'aciérie elle-même a survécu et semble finalement s'être relativement bien adaptée à la nouvelle conjoncture industrielle et économique (je précise que je n'y connais rien et ne sais pas si c'est une information réelle ou de la politique marketing). Et l'épilogue de la BD indique que les salariés croisés au cours de l'album ne s'en sont finalement pas si mal sortis. Bref, j'ai appris diverses choses avec cet album et pu voir l'intérieur du conflit social de Florange. Mais l'émotion n'en est pas vraiment sorti et je n'ai pas été plus captivé que cela par cette lecture.

09/02/2016 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

C'est un reportage qui évoque l'un des derniers combats perdus par la Lorraine sidérurgiste autrefois baptisée le Texas français et raconté par un enfant du pays. On a tous entendu parler de Florange où les politiques, de Sarkozy à Hollande ont laissé tomber ces pauvres gens en ne tenant pas leurs promesses faites d'espoir. Le changement, c'est maintenant. Où en est-on à peine trois ans après ? La déception domine. La bd dit très bien qu'ils ne viennent pas de ces milieux ouvriers, ne connaissent pas les codes, ni les préoccupations, ni les conditions de vie ou la culture. Le gouvernement et les industriels les ont laissé totalement tomber quand on part défendre des populations menacées à l'étranger par les guerres et le terrorisme. Choix certes respectables mais que beaucoup de nos compatriotes ne comprennent pas. C'est une bd sur un combat perdu d'avance à l'image du cancer qui frappe la mère de l'auteur. On assiste à la victoire de la mondialisation et des logiques économiques qui ferment des entreprises rentables. On vit la déception et la trahison subies par ces salariés qui n'ont jamais voulu abandonner la production d'acier. Même le leader de ce mouvement est devenu député européen pour continuer le combat à un plus haut niveau afin d'éviter la désindustrialisation. Cette oeuvre nous montrera tous les dessous de ce combat car l'auteur Tristan Thil a suivi le quotidien de ces hommes. C'est une histoire racontée de l'intérieur qui insiste sur les effets dévastateurs des promesses politiques. Ainsi, aux élections municipales de mars 2014, Le PS a perdu la mairie de Florange dès le premier tour. A Hayange, ville des hauts-fourneaux, le FN a remporté la mairie avec un candidat autrefois militant de lutte ouvrière et ancien de la CGT. La France change et on peut aisément en comprendre les raisons.

24/07/2015 (modifier)