Le Monde d'Aïcha - Luttes et espoirs des femmes au Yémen

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)

Entre espoirs et luttes, rêves et incertitudes, un témoignage exceptionnel sur la condition actuelle des femmes yéménites. Agnès Montanari, reporter-photographe, a vécu plusieurs mois au Yémen et a réussi à approcher certaines d’entre elles jusque dans l’intimité de leur foyer. Ses récits mis en images par les dessins d’ombre et de lumière d’Ugo Bertotti deviennent une bande dessinée-documentaire empreinte d’humanité.


Auteurs italiens BD Reportage et journalisme d'investigation Documentaires Féminisme La BD au féminin Le Yemen Photo et dessin Photographie Proche et Moyen-Orient Témoignages Violences faites aux femmes

Elles passent dans la rue sans faire de bruit, glissant comme des fantômes, recouvertes d’un voile noir des pieds à la tête. Sabiha, Hamedda, Aïcha, Nabiha, Ghada, Hafitha… autant de noms, de désirs cachés, de vies brimées derrière des niqabs. De toutes ces femmes, on ne perçoit que leurs regards qui expriment peurs, incertitudes, espoirs, volonté. Vendue en mariage à la sortie de l’enfance, Sabiha rêve de liberté et de sentir le vent caresser son visage. Un jour, elle ose retirer son voile et se pencher par la fenêtre, au risque d’être vue par un étranger… mais c’est son mari qui la surprend. Il la roue alors de coups : « Ne t’avise plus jamais de porter le déshonneur sur cette maison ». Prisonnière du carcan des traditions, elle tente alors dans un ultime effort de fuir ce foyer oppressant, au prix de sa vie. Hamedda, elle, a épousé un homme qui la laisse libre de ses mouvements. Bravant les mauvaises langues qui mettent à mal sa réputation, elle ouvre une cantine pour subvenir aux besoins de sa famille. En dépit des interdits sociaux, elle travaille pour des hommes-soldats pendant la guerre civile en leur procurant un repas chaud et un toit. L’affaire prospère, et à la fin de la guerre, les soldats sont remplacés par les premiers touristes. Refusant de porter la niqab, Hamedda offre le portrait d’une femme indépendante et volontaire. Aïcha a 13 ans. Elle commence à ressentir la pression insistante de sa famille, et en particulier de son frère aîné, pour porter la niqab afin de se soustraire aux regards des hommes dans la rue. Entre ses belles-soeurs traditionalistes, sa mère qui dédramatise le symbolisme du port du voile et ses amies progressistes, Aïcha hésite… Des portraits de femmes bouleversantes qui donnent à voir leur courage pour lutter au quotidien contre les traditions et acquérir leur émancipation. Autant de témoignages qui dessinent un nouveau visage du Yémen, celui de femmes qui n’ont plus peur de lutter pour leur liberté. Une révolution, de moins en moins silencieuse. Texte : Editeur.

Scénario
Dessin
Photographie
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 04 Juin 2014
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Monde d'Aïcha - Luttes et espoirs des femmes au Yémen © Futuropolis 2014
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)
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11/07/2014 | Alix
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Par Ro
Note: 3/5
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Mon coeur est tiraillé à la lecture de cette BD. Car le Yémen fait partie des beaux pays que j'aurais volontiers visité s'il n'était pas actuellement en guerre. Et en même temps je suis un partisan convaincu de l'égalité homme-femme dans le sens où je ne comprends même pas qu'on puisse juger autrement un homme qu'une femme. Du coup, d'y découvrir la condition déplorable des femmes me désole car je me dis que même sans la guerre je ne pourrais pas apprécier un voyage là-bas en sachant que les choses se passent ainsi pour elles. Cet album comporte trois chapitres, le dernier occupant près de la seconde moitié de ses pages. Il est dessiné dans un noir et blanc agréable qui m'a parfois fait penser au style d'Hugo Pratt. Le premier chapitre est le récit déplorable d'une jeune femme dans un village assez reculé qui a subi de plein fouet la tradition : mariée à peine pubère, mère de trois enfants à 18 ans, et à qui il est interdit de montrer son visage à qui que ce soit d'autres que les membres de sa maison. Ce qu'elle subit pour avoir simplement voulu prendre l'air à sa fenêtre visage découvert est révoltant et a su aussitôt attiser ma colère. Le second chapitre l'a calmée un peu car il présente le portrait d'une femme Yéménite qui a su s'en sortir. D'une puissante force de caractère et bénéficiant d'un soupçon de chance au cours de sa vie, notamment un mari qui ne l'a pas brimée, elle a su bâtir une entreprise malgré de grandes difficultés et la pression de la société, et devenir la matriarche respectée et aimée de sa grande famille. C'est encourageant, mais je ne peux m'empêcher de me dire qu'il aurait suffi que son mari soit un peu plus stupide ou qu'elle ne bénéficie pas d'un ou deux soutiens bienvenus à certaines étapes de sa vie pour que rien de cela ne soit possible qu'elle qu'ait été sa force de volonté. Le dernier chapitre, enfin, le plus long, s'attache aux pas de Aïsha, jeune femme sur les pas de la modernité et d'une émancipation par les études et un travail dans l'informatique, qui s'interroge sur sa place dans la société yéménite et sur son avenir. Ce chapitre, quoi qu’intéressant, est un peu plus touffu et confus que les deux précédents. Sa lecture s'est fait du coup moins accrocheuse à mon goût et je l'ai moins ressenti émotionnellement. Lecture très instructive et bien menée, même si j'ai préféré ses deux premiers chapitres au dernier.

17/07/2020 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
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J'ai tellement de peine en refermant cet ouvrage qui nous donne un véritable aperçu des femmes au Yémen. C'est un pays rongé par la pauvreté où la tradition fait loi. Les femmes yéménites doivent être voilées de la tête aux pieds : point barre. La première histoire concerne Sahiba qui avait le malheur de regarder le paysage par sa fenêtre sans être voilée. Elle sera abattue comme un chien par son cousin de mari auquel on l'a livrée en pâture à l'âge de 11 ans. Pour la justification, c'est l'honneur de la famille qui a été bafoué car on a vu son visage ou, comble de malheur, ses chevilles. Voilà pour l'ambiance de cette BD reportage retraçant la condition des femmes. Bien sûr, on pourra me rétorquer que j'ai des yeux d'occidental qui ne respecte pas la culture de soumission de ces femmes. Il y a certes quelques avantages à être voilé comme les économies sur le maquillage ou les vêtements. Mais bon, je n'arrive pas à accepter cette tradition qui est basée sur la réputation. C'est au-delà de mes forces. Le monde d'Aïcha est peuplé de femmes qui ont des rêves et des désirs de liberté. Certaines de ces femmes ont fait avancer un petit peu les choses tout en respectant les règles. Elles ont quand même dû payer le prix. Le dessin en noir et blanc colle à merveille pour cet ouvrage qui fait dans la simplicité. Cela a été réalisé à partir des impressions de voyage de la photo-reporter Agnès Montanari, profondément marquée par son voyage au Yémen et sa rencontre avec les femmes de ce pays traditionaliste musulman pour ne pas dire archaïque. C'est bien d'avoir donné la parole à ces femmes. On verra leur photo à la fin de cet ouvrage. J'espère qu'un jour, elles pourront être libérées et vivre dans une société plus moderne et moins obscurantiste. C'est tout ce que je leur souhaite.

03/08/2015 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
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Un reportage comme je les adore. Agnès Montanari, reporter-photographe, a vécu plusieurs mois au Yémen et a rencontré de nombreuses femmes aux vies assez représentatives de ce que doivent endurer des millions de femmes dans le monde, aujourd‘hui en 2014 (couvertes de la tête au pied, mariage et relations sexuelles forcés dès l’âge de 12 ans, difficulté d’accès à l’éducation, abus en tout genre). Le portrait est sombre, mais les accusations viennent de l’intérieur, des femmes concernées, ce qui lui donne une puissance et un poids remarquables. L’auteur s’efface presque pour ne laisser la parole qu’aux « victimes ». Il y a même certaines nuances intéressantes, par exemple cette femme qui demande si une occidentale en jupe n’est pas elle aussi otage et esclave d’une autre mal : la beauté obsessionnelle. La sexualisation de nos jeunes filles est-elle l’autre extrémité de cette folie ? Des photos sont insérées dans le récit (à la manière d’Emmanuel Guibert dans Le Photographe, mais dans une moindre proportion), ce qui apporte encore plus de réalisme au propos. Les photos sont magnifiques, quels regards ! Le dessin en noir et blanc est par ailleurs très joli et parfaitement maitrisé. Un reportage passionnant et parfaitement réalisé. Avis aux amateurs du genre.

11/07/2014 (modifier)