La Vision de Bacchus

Note: 4/5
(4/5 pour 8 avis)

Sous la Renaissance vénitienne, le peintre Giorgio de Castelfranco tente de réaliser ce que son maître Antonello de Messine avait réussi avant lui : insuffler la vie dans un dernier tableau. Une fascinante réflexion historique et artistique…


1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Delcourt Futurs immanquables Italie Mirages One-shots, le best-of Peinture et tableaux en bande dessinée Venise

1510, à Venise. Le maître Bellini vient d'apprendre qu'un de ses anciens disciples, le peintre Giorgio de Castelfranco, atteint par la peste, est sur le point de mourir. Ce dernier lui confie sa tentative de transcender le réel dans un tableau, comme avait su le faire avant lui son maître Antonello de Messine. 35 ans plus tôt, Monsieur Antonello de Messine vient d'arriver à Venise où il rencontre le maître Bellini. Tous deux sont à la recherche de « l'effet de présence ». Dans un milieu artistique en pleine effervescence, Antonello et Bellini finissent par devenir rivaux. Après qu'Antonello de Messine s'est vu proposer d'être peintre de la cour chez le duché de Milan, Giovanni Bellini parvient à découvrir les secrets de la peinture à l'huile de ce dernier. C'est alors qu'Antonello rencontre le banquier Filippo Barbarelli qui lui propose d'immortaliser la beauté de sa jeune épouse. Mais le peintre et son sujet finissent par devenir amants. Cette liaison va perturber leurs relations. Au cours d'une déambulation, Antonello parvient au port où l'on décharge des sculptures grecques. C'est en écoutant une conversation sur l'origine mythologique de ces statues qu'il reçoit La Vision de Bacchus...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 19 Février 2014
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Vision de Bacchus © Delcourt 2014
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 8 avis)
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16/06/2014 | Erik
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Par gruizzli
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Dans mes lectures récentes, cette BD est une de mes favorites ! J'avais déjà fait connaissance avec l'auteur à travers sa BD Le Sourire des Marionnettes, mais celle-ci est encore plus réussie à mes yeux. Le thème de l'art et de la Renaissance italienne, enrobé dans une histoire sentant fortement la réalité (les peintres ayant existé, plusieurs tableaux exposés sont réels ...) et le tout servi par un dessin sans fioriture, efficace et osant des fulgurances créatives dans la mise en page, moi je dis oui ! Trois fois oui ! Au cours de mes années d'études, j'avais eu quelques cours d'Histoire de l'art, ce qui m'a permis de mieux appréhender le sujet qui est exposé, mais je pense que c'est une BD qui convient à tout le monde, tant elle se suffit à elle-même. Mais un petit bagage permet d'apprécier les différentes mentions qui sont faites parfois et rajoutent un panorama historique derrière, telle la mention des peintres flamands -comme les néerlandais avec Jérôme Bosch. La BD est donc proto-historique, ne se vantant pas d'être un récit parfaitement historique mais puisant largement dedans pour en faire sa toile de fond et développer son propos sur l'art et l'humain. Si l'histoire est prenante, c'est qu'elle va nous présenter plusieurs personnages intéressants. De l'homme obsédé par la beauté d'une femme et voulant la fixer à tout prix à l'épouse qui subit l'admiration de son époux, en passant par le peintre voulant rendre la vie sur toile, les personnages ont leurs visions du monde, leur faiblesses et leurs envies, qui guideront leurs vies et leurs actes. C'est d'autant plus important que la vie est rude, en ces temps, et la peste, la maladie et la fatalité frappent durement. Mais cela donne plus de poids à leur ambitions de vie. La BD est servie par son dessin, qui allie une sobriété bienvenue (notamment au niveau des couleurs, peu vives mais parfaitement accordées au ton) avec des petites touches de créativités glissés de ci de là. J'ai notamment adoré les personnages qui traversent une case découpée mais dont le fond est toujours raccordé, ou ces pages présentant la vieillesse qui marque le visage de la femme, autour de laquelle les cases racontent le temps qui passe. C'est marquant visuellement et également bien représentatif d'une idée développée en amont du récit : la vieillesse qui marque un corps, alors que la peinture gardera la jeunesse éternelle. Bref, une adéquation bien trouvée entre le fond et la forme. C'est ce genre de trouvailles qui me font réellement apprécier les BD, et celle-ci m'a beaucoup plu ! Je ne peux que vous recommander la lecture de cette œuvre, pleine de qualités et d'inventivité, parlant d'un sujet universel et d'une belle façon, contenant sa part de tragédie (peut-être même plus qu'il n'en faut) et de moments marquants, finissant même sur une image rude et brusque, mais sincère. C'est une très belle BD, que j'ai été ravi de découvrir !

28/05/2021 (modifier)