De l'autre côté (The Other Side)

Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)

Une lecture sans concession de la guerre du Vietnam...


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide DC Comics Indochine Les Guerres d'Indochine et du Vietnam Vertigo

Guerre du Vietnam. De jeunes GI d’Alabama contre des jeunes combattants du Vietnam du Nord. Deux hommes, deux destins totalement différents et que tout opposerait, mais qui pourtant vont se rencontrer. Bienvenue de l’Autre Côté; le récit croisé de deux soldats du clan opposé.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 03 Octobre 2013
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série De l'autre côté © Urban Comics 2013
Les notes
Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)
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22/05/2014 | Spooky
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L'avatar du posteur Noirdésir

La guerre du Vietnam, sur tous les supports, les Américains l’ont beaucoup traitée. Cet album emprunte donc des sentiers passablement rebattus. Mais je trouve qu’il le fait bien, et de façon relativement originale. J’ai lu la première édition française, mais je pense que la couverture de la réédition montre mieux le contenu. D’abord parce tout l’album se focalise sur deux hommes, un Vietnamien et un Américain, et le fait de façon à ce que leurs visions alternent, se répondent. On nous montre cette guerre des deux côtés. Et le fait est que, quel que soit le côté choisi, c’est bien l’horreur, l’absurdité, la monstrueuse folie qui prédominent. La guerre n’est pas montrée, elle est dénoncée. Jason Aaron montre d’abord l’endoctrinement des deux hommes, chacun dans son camp, ce pourquoi ils se battent (l’Américain se demandant ce qu’il fout là, le Vietnamien pensant combattre pour les siens). Toute la partie « entrainement/bourrage de crâne » du soldat américain fait immanquablement penser à la première partie du film de Kubrick « Full metal jacket ». Les parties se déroulant dans la jungle vietnamienne – que ce soit du côté de l’Américain ou du Vietnamien – montrent une folie envahissante, qui engourdit les esprits. Il y a un peu de Terrence Malick ici je trouve. Aaron ajoute des touches fantastiques (avec l’apparition de sortes de zombies, de soldats à l’aspect hallucinant) qui font sortir cette histoire du récit de guerre classique. Cela a aussi pour effet d’atténuer l’aspect horrifique, en donnant presque un côté faussement comique car exagéré à l’ensemble. Le fait de montrer en parallèle les actions, les pensées de ces deux hommes, et certaines scènes finales montrent que ces deux hommes – et par extrapolation la plupart des soldats qui s’entretuent – sont en fait dans le même camp, celui de ceux qui combattent comme des zombies, sans savoir ni réellement comprendre pourquoi (en tout cas en étant leurré sur les objectifs – ils sont embarqués dans un combat qui les dépasse). Ennemis de fait, ces deux hommes ont en fait beaucoup de points communs, ce qui accentue la dénonciation de ces massacres absurdes. Un album intéressant en tout cas. Note réelle 3,5/5.

14/05/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Sans être aussi dithyrambique qu’Alix (que je remercie au passage pour avoir attiré mon attention sur cet album), j’ai bien apprécié cette plongée dans l’horreur. Le gros point fort, pour moi, est double. Il y a tout d’abord la manière dont Jason Aaron brosse les profils de ses deux personnages principaux. Il y a ensuite cet emploi d’hallucinations vues par ces deux personnages. Les deux profils, d’abord, nous permettent d’avoir deux approches différentes. Le jeune Vietnamien s’engage avant tout pour défendre sa terre. Il mène un combat pour sa survie et pour son indépendance. Bien sûr l’endoctrinement est présent mais ses motivations sont nobles. C’est l’agressé, le résistant. Le jeune Américain, lui, ne voit pas pourquoi il devrait aller se battre de l’autre côté de la planète dans un pays et pour une population qu’il exècre d’avance. C’est l’agresseur, l’envahisseur, mais un envahisseur contraint et forcé, sans idéal, sans ambition, sans illusions, bien conscient de ne mener ce combat que pour des intérêts économiques dont il ne tirera jamais le moindre bénéfice. Mais si leurs motivations sont diamétralement opposées, s’ils combattent pour des camps adverses, si l’un se retrouvera au bout du fusil de l’autre, ces deux hommes sont unis par l’horreur de la guerre, face à l’absurdité de ces morts en cascade, face à l’épuisement, face à la folie. La manière dont les monologues finissent par rebondir d'un personnage à l'autre (au point que l'on a parfois l'impression que l'un finit la phrase de l'autre) symbolise parfaitement cette communion de pensée... car les deux personnages sont fondamentalement sur la même longueur d'onde. La folie, l'absurdité de la guerre… C’est finalement le sujet central du récit, très bien illustré par ces hallucinations qui se lovent de manière de plus en plus forte dans la vision du monde de ces deux soldats. L’un est rapidement ‘borderline’ et sa folie m’est apparue comme un ultime rempart avant qu’il ne perde son humanité. Et l’autre y sombrera aussi au fil du récit, au fil de l’horreur. La fin de l’album est également très forte dans sa manière d’unir la folie et la mort, symbolisant ainsi toute l’absurdité de la guerre. Seul bémol pour moi : le dessin. Non qu’il soit mauvais mais j’ai une fois de plus pu constater qu’un dessin de bande dessinée ne parvenait pas à m’effrayer. Des vers ont beau sortir d’une jambe, une tête peut bien être décollée de son corps, cela ne me choque pas, ne m’émeut pas. Et du coup, autant j’ai aimé l’aspect psychologique de cet album, autant le côté démonstratif du dessin m’a laissé de marbre. Pas franchement bien, mais bien quand même. Un album qui mérite d’être lu et qui, j’en suis sûr, ravira plus d’un lecteur.

13/11/2019 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
L'avatar du posteur Alix

Ce bouquin m’a horrifié et passionné. Horrifié parce que les horreurs de la guerre y sont montrées sans concession, ce qui rend la lecture éprouvante et traumatisante. Jason Aaron (qui a écrit plus récemment des blockbusters tels que Scalped ou Southern Bastards) n’y est pas allé de main morte. Il mêle réalité et fantasmes/hallucinations (avec ces cadavres morts-vivants, ces passages teintés de fantastique), ce qui retranscrit parfaitement l’état de fatigue constante et de cauchemar éveillé des combattants. A noter que les horreurs sont montrées des deux côtés, exterminations civiles communistes, armes chimiques américaines. Vraiment, quelle triste page de notre Histoire... J'ai été passionné par cette approche narrative ingénieuse : suivre un combattant de chaque camp, jusqu’à leur rencontre inévitable. On observe deux cultures, deux doctrines, et pour quel résultat ? Je trouve qu’il est particulièrement ingénieux de mélanger les textes des deux protagonistes, au point qu’on se demande parfois qui parle. Cela renforce cette impression de gâchis universel. La mise en image de Cameron Stewart est exemplaire, en parfait accord avec l’horreur onirique ambiante. Il est intéressant de noter que Jason Aaron a puisé son inspiration chez son cousin Gustav Hasford, auteur du roman « The Short-Timers » sur lequel le film « Full Metal Jacket » est basé. Un coup de cœur, et un coup de poing dans l’estomac.

22/07/2019 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

C'est certainement l'oeuvre la plus marquante que j'ai lue concernant la guerre du Vietnam en bande dessinée. Nous savions que les soldats américains en sont revenus totalement traumatisés. Nous avions eu des films de guerre qui montraient la sauvagerie de cette guerre (Platoon, Apocalypse Now...). Il n'y a pas à dire, les forces communistes n'y sont pas allées par quatre chemins pour briser la démocratie. On sait que les Américains ont perdu cette guerre et que des années plus tard, il y a eu un véritable génocide de la population locale. Il est vrai que quand les gendarmes du monde désertent le terrain, c'est le pire qui attend les locaux. Le parti pris par l'auteur est de nous montrer les deux côtés avec le parcours de ce soldat viet-cong et de ce jeune américain qui ne voulait pas partir. C'est tout un développement psychologique qui est traité de manière assez remarquable avec une narration qui prend aux tripes. Par ailleurs, le dessin réaliste jette un peu plus d'effroi. Il faudra s'accrocher tout le long de cette lecture pour ne pas flancher. C'est l'horreur qui nous est montrée sans aucune pitié. Objectivement, cette bd mérite 4 étoiles mais c'est trop de violence pour moi.

31/12/2018 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
L'avatar du posteur Spooky

Un album qui remue les tripes. Certes, il ne raconte rien de neuf, les horreurs de la guerre, le destin tragique de jeunes gens qui n'ont rien à y voir, la peur permanente, les maladies, la folie, la bêtise des officiers... Ce qui prend le plus, c'est le montage sans concession, les images de corps démembrés, rongés, ravagés... ces fantômes qui hantent le jeune G. I., l'emmenant toujours plus loin dans la folie, jusqu'à l'horreur... Cameron Stewart propose un trait quasi-réaliste qui ne s'interdit rien, ça gicle, ça coupe, ça saigne, au service d'un récit au découpage aussi inventif qu'efficace. Difficile d'en dire plus car les images, à défaut d'être choquantes sont très fortes. A noter la préface d'un ancien militaire, célèbre pour être devenu consultant sur les plus grands films de guerre hollywoodiens, ainsi que des extraits du journal de voyage du dessinateur au Vietnam, probablement en repérage, avec quelques photos...

22/05/2014 (modifier)