Les Ombres

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 6 avis)

Etrange errance onirique...


Ecole Emile Cohl Réfugiés et Immigration clandestine

Une salle d’interrogatoire à la lumière crue. Une chaise, un bureau. C’est dans ce décor dépouillé que l’exilé n° 214 voit son destin se sceller. Au terme d’un long périple, tête baissée, dos voûté, il demande l’asile. Poussé à l’aveu, il doit, pour obtenir le précieux sésame, revenir sur son passé et sur les raisons qui l’ont contraint à l’errance. Lui et sa sœur n’avaient d’autre choix que de fuir leur terre natale mise à feu et à sang par des cavaliers sanguinaires. Effrayés et sans repères, ils ont traversé les forêts, les déserts, les villes et les mers : une véritable épopée peuplée d’êtres aussi mystérieux qu’effrayants, de l’ogre capitaliste au serpent-passeur, des sirènes trompeuses à ces ombres frémissantes et omniprésentes, comme des voix venues de l’au-delà. L’odyssée de deux enfants érigés malgré eux en symboles des minorités opprimées luttant pour leur survie et leur liberté. (texte : Editions Phébus)

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 03 Octobre 2013
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Ombres © Editions Phébus 2013
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 6 avis)
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06/10/2013 | Spooky
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L'avatar du posteur Noirdésir

C’est d’abord un coup de cœur visuel ! En effet, le dessin, très simple, sans fioriture, parfois même minimaliste, se révèle extrêmement expressif, avec pourtant une grande économie de moyens. Et il s’en dégage une force, une poésie (souvent noire) que j’ai beaucoup aimées. La colorisation est elle aussi chouette – comme l’est le travail éditorial (très grand format, papier épais, etc.). Bref, on a là un lourd et bel objet. Mais l’écrin vaut le bijou je trouve. Si le début de l’histoire m’a un peu décontenancé, avec ses airs de procès kafkaïen (qu’elle garde quand même un peu jusqu’au bout !), j’ai été ensuite happé par le long voyage, la lente fuite de ces deux jeunes gens, comprenant que leur histoire éclaire d’une lumière noire la destinée de bien des réfugiés : on a là une sorte d’allégorie de ce que vivent des millions de gens, fuyant la guerre et la misère, risquant leur vie pour gagner « l’autre monde » (comme c’est le cas ici), c’est-à-dire un havre de paix plus ou moins réel et fantasmé. Aucun lieu, aucune période n’est clairement identifiable, cela se veut universel, ce qui en fait peut-être la force, ou la faiblesse. En effet, rien de revendicatif dans ce récit triste, rien non plus pour approfondir une analyse du phénomène (causes et conséquences), si ce n’est le constat de son existence, et de l’horreur qu’il révèle et véhicule. L’absence de nuance aussi, le côté tranché des personnages (affreux méchants et faibles victimes) limite sans doute la portée éventuelle d’un message. Il n’en reste pas moins que cet album réussit à traiter d’un sujet douloureux – souvent bâclé ou déformé dans les médias : une réalité sur laquelle on ne peut pas faire l’impasse. Et surtout, indépendamment du sujet, le récit est vraiment très bien mis en image. La narration fluide, des textes assez rares, des personnages dont les visages ressemblent à des masques : si cela empêche une identification et peut rendre impersonnel le message, en tout cas cela donne des airs de théâtre antique (on imagine aisément un chœur psalmodiant des arrêtés divins, des lois « contre l’immigration clandestine »). Album à lire.

24/10/2020 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Spooky

D'abord, le choc visuel. Hippolyte est un esthète de tout premier choix, il livre ici un album à l'ambiance étrange, oscillant entre onirisme et épopée. Ses personnages, qui ont tous des masques ou des visages grimaçants, impriment instantanément la rétine. Entre Miyazaki, Sfar et de Crécy, le bonhomme a un univers tout à fait particuliers, qui insuffle une dimension étonnante au récit de Vincent Zabus. Lequel, comédien de théâtre, a transposé sur le papier l'une de ses pièces, dans une sorte de sarabande où s'entrechoquent exode dramatique, guerriers sanguinaires, enfance sacrifiée et décors contrastés. Une vision véritablement dantesque pour une histoire à la limite du conte, du rêve et de l'Histoire. Très surprenant, à voir avant tout, même si l'ouvrage est imposant (184 pages).

06/10/2013 (modifier)