Silas Corey

Note: 3.7/5
(3.7/5 pour 23 avis)

Détective. Espion. Tueur. Héros ou escroc, ça dépend de l’employeur…


1914 - 1918 : La Première Guerre Mondiale Gobelins, l'École de l'Image Les meilleures séries terminées en 2016 Les prix lecteurs BDTheque 2013 Paris

Avril 1917. La guerre fait rage dans toute la France. À Paris, l’opposition menée par Georges Clemenceau tente de faire tomber le gouvernement Caillaux... Silas Corey, ancien reporter, agent du 2e Bureau, détective et aventurier à plein temps, est engagé par Clemenceau pour retrouver un reporter disparu. Ce dernier aurait recueilli des preuves de la trahison du chef du gouvernement. Corey, non content d’accepter la mission, vend aussitôt ses services au 2e Bureau et à Mme Zarkoff, industrielle de l’armement compromise dans l’affaire. Fort de ses trois salaires, Corey se lance sur la piste du reporter, et ne tarde pas à croiser le chemin du redoutable espion Aquila, qui dirige les opérations du Kaiser en France... L’issue de la guerre pourrait bien dépendre du résultat de son enquête. Mais au fait, quelqu’un sait-il pour qui Silas Corey travaille vraiment ?

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 16 Janvier 2013
Statut histoire Série terminée (2 diptyques) 4 tomes parus

Couverture de la série Silas Corey © Glénat 2013
Les notes
Note: 3.7/5
(3.7/5 pour 23 avis)
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18/01/2013 | pol
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Par Josq
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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J'ai découvert Fabien Nury avec le premier diptyque de cette saga, mais j'ai attendu tout ce temps pour lire le deuxième diptyqe. Et BORDEL, QU'EST-CE QUE C'EST BON !!! Avec cette saga, Nury m'a totalement embarqué. J'aime beaucoup les récits d'espionnages, mais je suis toujours anxieux quand j'en découvre un, car il est très facile de s'y perdre et de faire n'importe quoi, quand on essaye d'en concevoir un. Or, ici, Fabien Nury réussit le prodige d'échapper à tous les écueils du genre, un par un ! Oui, le récit de Silas Corey est très dense, il articule une intrigue de complot entre au moins 3 camps et plusieurs électrons libres entre ces derniers. C'est dire qu'il serait facile de s'y égarer, et pourtant, le scénario reste d'une belle limpidité. On arrive franchement bien à suivre chacun des personnages (même si, dans l'action, le dessin est parfois un peu confus), tout d'abord grâce à une écriture très rigoureuse. Ils sont dotés d'une vraie personnalité, d'un caractère bien pensé et pas du tout simpliste, et on s'y attache facilement, tant à ceux dont on épouse les convictions qu'aux autres. Bref, beaucoup d'épaisseur et de nuances dans l'écriture des personnages, et ça suffit déjà à faire sortir Silas Corey du lot. Le scénario lui-même est assez complexe. Sans révéler les enjeux du premier diptyque, j'ai adoré le MacGuffin et ses implications, qui donnent un éclairage aussi nouveau que grave (quoiqu'historiquement un peu fantaisiste, bien sûr) sur la période de la Première Guerre mondiale en France. Le rapport de force entre les différents camps est parfaitement construit par un Fabien Nury dont on imagine à grand-peine les nuits d'angoisse que cela a dû lui donner. Vraiment, chaque péripétie est réfléchie, et s'intègre merveilleusement à un ensemble bâti sur des dialogues minutieusement écrits. Enfin, l'équilibre entre les scènes de dialogue et les scènes d'action est excellent. Il y a là un rythme fou, ni trop rapide ni trop lent, qui nous embarque de la première à la dernière page du dyptique. Mais si, déjà, Le Réseau Aquila est une merveille, alors que dire du Testament Zarkoff ? Les tomes 3 et 4 ne sont pas loin de former ce que Fabien Nury a fait de mieux dans sa (riche) carrière. Là où on avait un ton sombre mais encore éclairé par quelques pointes d'humour et une ironie salvatrice (certes ambiguë) dans les deux premiers tomes, Le Testament Zarkoff délaisse totalement les piques humoristiques et renforce l'ironie. Seulement, cette ironie n'est plus drôle, mais alors plus du tout. Au contraire, Nury la manie comme une arme terrible. Elle devient froide, cruelle, et nous fait entrer de plain-pied dans le registre du tragique. Le Réseau Aquila était un récit d'espionnage ; Le Testament Zarkoff est une tragédie, dans le sens le plus pur du mot. Plus encore que dans les deux premiers volets, Fabien Nury nous y promène à travers les pages de l'Histoire, et peut-être bien les plus sinistres... Il m'a fait découvrir un paquet d'éléments que j'ignorais (je ne crois pas avoir déjà entendu parler de cette Société Thulé, bien réelle, et de ce triste sire de Rudolf von Sebonttendorf, lui aussi tout-à-fait historique), et remonte aux racines d'événements bien trop connus du public pour nous montrer comment ils ont pu se développer. Le ton est d'une noirceur impressionnante, rien ne vient éclairer les rouages de cette machine infernale, qui broie l'humain pour faire émerger l'horreur, juste l'horreur. Le Testament Zarkoff déploie alors un pessimisme sans bornes, sans jamais se priver de ses spectaculaires scènes d'action, touchant un équilibre presque parfait. Rarement une bande dessinée m'aura fait tel effet, il vaut mieux ne pas être dépressif en l'ouvrant ! L'autre grande merveille de cette bande dessinée, c'est le dessin de Pierre Alary. En termes d'équilibre, il atteint lui aussi des sommets ! Expressif et élégant, le trait d'Alary est celui du juste milieu. Pas trop réaliste, mais pas trop stylisé non plus, il crée une atmosphère excellente, qui fonctionne aussi bien pour les quelques traits d'humour que pour les scènes plus sombres, pour les scènes de dialogue et pour les scènes d'action. Si je faisais la fine bouche, toutefois, je dois dire qu'à certains moments, le dessin rend l'action plus confuse, notamment à cause d'une succession de cases en trop gros plans pour bien comprendre ce qu'il s'y passe. Mais ça reste un détail. Peut-être que certains pourraient trouver que tout cela est trop classique (mais vues les notes sur cette série, visiblement, ça n'a pas trop été le cas), mais si le classicisme est effectivement bien présent, il l'est pour le mieux. Nury et Alary nous livrent ainsi un récit d'espionnage et d'aventures parfaitement ficelé autour de tous les éléments caractéristiques du genre. Les amateurs ne se sentiront pas perdus et pourtant, cela n'exclut pas toute surprise du récit. Bref, vraiment, j'ai beau chercher rien à redire. J'adore.

02/02/2021 (MAJ le 28/12/2022) (modifier)
Par PAco
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur PAco

Encore une trèèèèèèèès bonne série scénarisée par Fabien Nury ! Presque un Label à lui tout seul ce Fabien ! Mais ici, le dessin n'est pas en reste, et Pierre Alary dont je ne connaissais pas le travail, donne au scénario de Nury le souffle et la finesse nécessaire pour nous embarquer complètement dans cette intrigue alambiquée, mais qui fait plus que retomber sur ses pattes... C'est sur fonds de Grande Histoire que vient s'insérer cette aventure digne des grands romans d'espionnage. En pleine Première Guerre mondiale, les puissants de l'époque (politiques ou économiques) sont tous à la recherche d'un courrier dérobé qui pourrait changer le cours des événements... C'est là que notre personnage principal, Silas Corey, dandy suffisant et d'une assurance à toute épreuve, accompagné de son "majordome", entrent en jeu... Nouveau pion sur l'échiquier, aux manières peu académiques mais qui vont forcément porter leurs fruits - quelques-uns un peu blettes resteront au passage sur le carreaux, et alors... - au cours d'une enquête mouvementée et aux rebondissements intéressants. C'est fluide, nerveux, les personnages même secondaires sont étoffés : on est rapidement happé par cette Histoire revisitée de façon originale, et ce Silas Corey a tout pour devenir un classique de la BD. Dernière chose, les couleurs de Bruno Garcia sont justes parfaites et donnent au récit les ambiances et lumières nécessaire pour nous immerger encore plus dans cet imbroglio détonnant. Une très belle réussite que ce diptyque, qui je l'espère en appellera rapidement d'autres ! A lire les yeux (presque) fermés

12/11/2013 (modifier)
Par Chéreau
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Fabien Nury est en train de s'imposer comme un des tous grands scénaristes de sa génération. J'avais apprécié sa série Je suis légion, virtuose mais un peu complexe et cérébrale. Son chef d'oeuvre à ce jour, Il était une fois en France, oeuvre adulte, puissante et sombre, est un de mes grands coups de cœur de ces dernières années en BD. Toujours passionné par les grands conflits militaires du XXe siècle, il signe ici un diptyque plus récréatif, sur les traces d'une sorte de James Bond de la Grande Guerre, amateur de costumes en alpaga et d'hôtels de prestige, envoyé par trois employeurs différents aux trousses du mystérieux espion Aquila. Signe de sa grande maîtrise scénaristique, Nury parvient, sans perdre son lecteur, à multiplier les ellipses pour ne laisser place qu'à l'action : attentat et bagarre au revolver aux galeries Lafayette, poursuite sur les toits ou dans les égouts, corps-à-corps au Lutétia... Les monuments Art nouveau du Paris de la Belle époque offrent un décor grandiose à cette histoire d'espionnage à tiroirs. La guerre, pourtant, n'est jamais loin. Et l'horreur de la tuerie en cours affleure à chaque page, derrière la frivolité où s'étourdit la capitale. Le front couvert de cadavres servira d'ailleurs de décor à la scène finale de l'histoire, comme pour ramener in extremis le lecteur sur le lieu où se déroule la seule véritable tragédie du récit. Solidement documenté, Fabien Nury, tout en déployant son roman rocambolesque avec une diabolique maestria, nous fait découvrir les complots et coups bas qui permirent réellement à un Clemenceau plus retors que ne le décrivent les livres d'histoire de prendre le pouvoir, en novembre 1917, en éliminant son adversaire de toujours, Joseph Caillaux. Pour autant, il ne faut pas chercher une trop grande profondeur chez les différents protagonistes de cette histoire qui est avant tout un grand feuilleton d'aventure. Même si Nury s'attache à ce qu'aucun personnage ne soit totalement binaire, nous ne sommes pas ici dans une oeuvre d'analyse psychologique. Le dessin nerveux et énergique de Pierre Alary sert parfaitement le scénario. Avec quelques morceaux de bravoure, comme la grande scène des galeries Lafayette. On pourrait reprocher tout au plus au dessinateur de partager le maniérisme un peu outrancier si fréquent dans la BD actuelle. Ces détails n'enlèvent rien à mon appréciation globale : Silas Corey est un excellent divertissement, qui se lit d'une traite et se referme avec plaisir. De la grande et bonne BD d'aventure comme on aimerait en lire plus souvent.

09/06/2013 (modifier)