Les Derniers Jours de Stefan Zweig

Note: 3.36/5
(3.36/5 pour 14 avis)

Magistralement adapté du roman de Laurent Seksik, Les derniers jours de Stefan Zweig évoque la fuite éperdue de l'écrivain dévoré par les démons du nazisme et ses propres tourments intérieurs.


Adaptations de romans en BD Brésil Nazisme et Shoah Suicide

Le célèbre écrivain autrichien, Stefan Zweig quitte New York en bateau pour rejoindre le Brésil, accompagné de sa deuxième épouse, Lotte. Au premier abord, les deux époux sont très différents : Lotte a trente ans tandis que Stefan en a soixante. Elle aime l’agitation, la compagnie tandis que lui apprécie le calme et la solitude. Mais surtout l’écrivain est habité par une mélancolie profonde, par un véritable mal être qui semble être lié en grande partie à la seconde guerre mondiale et aux traitements réservés aux Juifs.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 22 Février 2012
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Derniers Jours de Stefan Zweig © Casterman 2012
Les notes
Note: 3.36/5
(3.36/5 pour 14 avis)
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25/02/2012 | jurin
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Par Blue Boy
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Il est toujours délicat de juger une bédé inspirée d’un roman qu’on n’a pas lu. Mais si l’on s’en tient ici à l’aspect visuel, c’est tout bonnement époustouflant. Le trait dentelé de Sorel s’allie parfaitement à ses aquarelles sublimes que l’on admire tels des petits tableaux, avec des effets de lumière sidérants. Et ce quel qu’en soit l’échelle. Si les paysages brésiliens sont grandioses, on est tout autant ému par les délicats reflets d’une coupe de champagne ou de l’eau dans une piscine. Les souvenirs du « monde d’hier », en l’occurrence l’Europe de la culture et des arts avant la barbarie nazie, sont évoqués avec sensibilité, dans une ambiance à la fois crépusculaire et flamboyante. Je dois dire que je me suis tellement laissé emporter par la magnificence du travail de Sorel que pour moi le scénario passe presque au second plan. D’autant que celui-ci n’est pas vraiment à créer puisqu’il est basé sur des faits réels : la retraite de l’écrivain au Brésil avec sa jeune épouse Lotte, quelques jours avant leur suicide en 1942. Bref, j’ai trouvé que Sorel rend ici un magnifique hommage à Stefan Zweig et qu’il a parfaitement compris l’état d’esprit dans lequel il pouvait se trouver à ce moment-là. C’est vrai, le récit est lent et contemplatif, et risquera de laisser en dehors ceux qui ne connaissent pas cet auteur dont les œuvres furent traversées par un humanisme inquiet et qui ressentit d’autant plus durement la folie destructrice qui s’était emparée de son pays et de l’Europe toute entière. Certes, le personnage n’est pas très drôle non plus, mais comment pouvait-il l’être dans un tel contexte ? Comment le pouvait-il, lui l’amoureux des arts qui déprimait de voir le monde prêt à succomber au fascisme (et qui ne croyait pas à la victoire des Américains), et souffrait d’entraîner vers un abîme inéluctable sa chère Lotte qui aspirait à la vie malgré son asthme sévère, lui qui disait ne plus pouvoir vivre avec sa « bile noire » que rien ne pouvait chasser ? Ce que l’on peut dire aussi de cette œuvre, c’est que les auteurs jouent beaucoup sur les contrastes. Tout d’abord celui entre deux mondes opposés, l’Europe en proie au chaos et le Brésil baigné d’une douceur de vivre réconfortante et hors du temps. Puis celui entre Stefan Zweig lui-même, en proie à un abattement inconsolable, lassé d’être devenu un exilé permanent considéré comme juif par les uns et ennemi allemand par les autres, et sa jeune épouse Lotte, portée par un fort désir de vivre et aspirant à l’insouciance, alors même que sa maladie lui rappelle que cela est impossible. Sorel parvient à rendre avec délicatesse tout l’amour et la tendresse qui unirent ces deux êtres jusqu’à leur fin romanesque, et cela aussi est vraiment très émouvant.

30/11/2013 (modifier)

C'était la meilleure bd du début d'année 2012 pour moi (il faut dire que l'actualité n'était pas très riche). Tout d'abord, j'adore le dessin de Sorel. J'apprécie de le voir quitter les récits lovecraftiens (bien que j'adore le fils du grimacier). Il signe des planches d'une grande beauté formelle accentuée par de splendides couleurs qui rendent justice au Brésil. Je n'avais pas lu le livre de Seksik dont cette bd est l'adaptation. Je ne peux donc que parler de mon plaisir de lecture et non émettre de jugement sur la qualité de cette adaptation. Toute l'histoire peut se résumer au titre. Je pense que si on n'apprécie pas l'œuvre de Stefan Zweig on ne pourra pas apprécier cet ouvrage (d'ailleurs aura t'on envie de le lire ?) Je trouve que le scénario fait bien ressentir le spleen si particulier de Zweig. L'ouvrage n'est pas particulièrement tendre avec lui. Son choix peut paraître d'une grande lâcheté. L'émotion vient du sort de cette jeune épouse qui par amour accepte de suivre son mari dans une voie où elle va à reculons. Nous avons donc une belle histoire d'amour mais aussi la description d'une période dure pour les juifs ayant fui l'Allemagne nazie. Ils ont survécu mais toutes les horribles nouvelles de l'Europe les affectent au plus haut point. Enfin, je n'avais qu'une envie à la fin de la lecture de cette bd : me replonger dans l'œuvre de Zweig. Je pense que c'était aussi le but des auteurs. Pari réussi. Bref 85 pages de très bonne lecture : 4,5/5. ps : Je pense cependant que cette bd pourra être un sommet d'ennui pour certains. On peut être hermétique à la beauté de cette œuvre. Il ne s'y passe pas grand chose, la fin est connue etc.

07/05/2013 (modifier)