Chronographie

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Tout commence par une idée a priori simple Dominique Goblet propose un jour à sa fille Nikita Fossoul qu’elles fassent toutes deux le portrait l’une de l’autre. Cette séance effectuée, la mère propose à la fille qu’elles reproduisent l’exercice de façon régulière, et ce pendant dix ans.


Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Format à l’italienne Séries avec un unique avis

Les deux dessinatrices auront tenu leur promesse : Nikita a 7 ans quand commence l’expérience, en 1998, elle en a 17 quand le projet prend fin. Son évolution se voit donc aussi bien à travers les portraits que sa mère effectue d’elle, que dans les changements de son propre style, qui passe du dessin d’enfant à un dessin adolescent, puis adulte. Le résultat (environ 270 séances formant autant de double-pages, soit un livre de 560 pages en quadrichromie à l’italienne) ne ressemble à rien de connu...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 22 Mai 2010
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Chronographie © L'Association 2010
Les notes
Note: 3/5
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24/05/2011 | Ro
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Par Ro
Note: 3/5
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Chronographie est le témoignage graphique de 10 ans de relation artistique entre une mère et sa fille. De 1998 à 2008, Dominique Goblet et sa fille Nikita Fossoul organiseront toutes les deux semaines des séances de pose durant lesquelles elles feront à chaque fois un portrait l'une de l'autre. Il serait facile d'estimer en parlant de cet album qu'il ne s'agit pas d'une bande dessinée mais d'un recueil de portraits. Et pourtant il y a une indéniable narration séquentielle entre chaque page. D'une part, chaque page répond à son opposée puisque à l'image de la fille vue par la mère répondra celle de la mère vue par la fille, dessin régulièrement réalisé en utilisant une technique similaire et donc comparable. D'autre part, le lecteur est invité à être spectateur du développement de cette relation. Au début de l'expérience, la fillette avait 7 ans. Elle en aura donc 17 à la fin et son dessin aura évidemment grandement évolué. Inversement, le dessin de sa mère n'évoluera que peu mais il représentera par contre la croissance de sa fille passant du statut d'enfant à celle de jeune femme. Alors que les tous premiers portraits de la mère et de la fille sont de simples dessins à la plume ou au crayon, donnant parfois l'impression d'avoir été dessinés sur le premier bout de papier trouvé sous la main et griffonné, chaque nouvelle planche devient bien vite une nouvelle expérience graphique. Dominique Goblet s'amuse à user de techniques différentes à chaque page, donnant un petit nombre de résultats un peu ratés à mon goût, mais aussi beaucoup de très belles oeuvres. Outre son trait clairement maîtrisé, j'ai été particulièrement charmé par son usage de la couleur et des textures. Elle use régulièrement de motifs rigoureusement non naturels pour un portrait, vert, jaune, rouge, gris, et le rendu de la majorité des pages est particulièrement original et fort à mon goût. Cela donne envie de les encadrer pour les contempler plus longuement. Quant à sa fille, Nikita, j'ai trouvé que son dessin d'enfant certes mignon mais peu enthousiasmant au départ faisait d'étonnants progrès à partir des planches de 2003. Déjà auparavant, elle s'amusait à imiter les différents procédés graphiques de sa mère et la comparaison était intéressante. Mais à partir de ses 12 ans, on peut assister à un véritable bond en avant au niveau technique et dans les années suivantes certaines planches deviennent presque aussi admirables que celles de sa mère. Je regrette juste le manque d'expressivité des personnages. Autant en épilogue, les auteures expliquent qu'elles ont appris à connaître parfaitement le visage l'une de l'autre et de déceler la joie, la tristesse ou la colère dans les ombres portées, autant j'ai trouvé que cela ressortait peu dans le dessin à mes yeux et la fille telle que dessinée par la mère donnait l'impression de toujours faire un peu la tête. C'est lassant et dommage quand on a l'espoir d'être témoin de la relation qu'on espérerait un peu plus souriante entre une mère et sa fille. Chronographie est donc une intéressante lecture tant sur le plan artistique que sur le suivi d'une triple évolution, celle du graphisme de la fille, de sa croissance vue par les yeux de sa mère et enfin de la relation artistique et familiale entre les deux. Par contre, je doute avoir envie de la relire, excepté peut-être pour admirer encore un peu les plus belles peintures de la mère. Cette grande somme de pages et de portraits souvent répétitifs m'a quand même lassé à la longue. Pour cette raison, et parce que le prix de l'album est très élevé, je n'en conseille pas l'achat.

24/05/2011 (modifier)