Amiante - Chronique d'un crime social

Note: 4/5
(4/5 pour 3 avis)

2006 : Prix Tournesol 15 histoires et annexes (documents authentiques). Avec plus de 100 000 morts attendus d’ici 2025, l’affaire de l’amiante constitue le plus grand scandale de santé publique que la France ait connu.


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Derrière des chiffres effrayants, il y a la vie brisée de milliers de familles, souvent modestes, mais aussi le combat de celles et ceux qui demandent aujourd’hui des comptes. A travers 15 histoires émouvantes, drôle ou révoltantes, les auteurs racontent comment, pour une question de chiffres d’affaires, on a empoisonné des hommes durant un siècle en toute impunité, avec le silence des autorités. Pour la première fois, une bande dessinée dévoile le versant humain de ce qui s’apparente à un véritable crime social.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Septembre 2005
Statut histoire Histoires courtes 1 tome paru

Couverture de la série Amiante - Chronique d'un crime social © Septième Choc 2005
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 3 avis)
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21/09/2010 | Ems
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Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

L'amiante, le poison français ... Ce scandale qui éclata et continue de faire parler est bien souvent méconnu, la jeune génération n'ayant même pas conscience de ce que c'était réellement. Cette BD est un rappel de tout ce qui a pu se profiler derrière ... J'ai beaucoup aimé la compilation en histoires courtes des témoignages en tout sens autour de ce scandale : la mort et la maladie au contact, bien sur, mais aussi tous ceux touchés avec son transport, sa recherche, et bien sur la décontamination des sites pollués par sa présence. Et la longue litanie des plaintes, où l'on sait que les victimes mourront et les coupables resteront impunis. Alors même que la sonnette d'alarme fut tirée très tôt sur ses dangers, l'amiante fut utilisée pendant encore plus de 70 ans. Un véritable scandale. Cette BD est construite autour des témoignages, mettant en avant l'humain avant tout : la vie de ces personnes, la découverte du scandale, l'éclatement de l'affaire, et la résolution de celle-ci, si tant est que l'on puisse parler d'une résolution ... C'est presque déprimant à lire, bien évidemment, mais nécessaire pour réellement comprendre à quel niveau a pu être la condition ouvrière et surtout les largesses que se permettait le patronat sur la question des droits humains. Le scandale de l'amiante n'est pas qu'un scandale sanitaire, c'est un scandale politique d'impunité et de mépris envers les ouvriers qui ont payé de leurs vies ce déni. Et une BD qui se permet de nous le rappeler, de nous rappeler ce que d'autres ont pu vivre, est peut-être encore plus nécessaire aujourd'hui.

21/02/2020 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Cet album regroupe une quinzaine d’histoires plus ou moins courtes (d’une à cinq pages généralement), toutes scénarisées par Alexis Dandrov, et mise en image par des dessinateurs différents – que je ne connaissais pas. La plupart des histoires sont accompagnées d’une page « document », fournissant des données ou présentant des articles de presse liés à l’affaire évoquée. Sur un sujet douloureux (des milliers de personnes sont mortes, meurent ou vont mourir des conséquences de leur fréquentation de l’amiante) et scandaleux (la plupart de ces morts auraient pu et dû être évitées), l’album ne joue pas la surenchère, et ne surjoue pas les émotions. C’est d’ailleurs cette sobriété qui fait aussi la grandeur de ce genre d’album documentaire, et qui me pousse à mettre quatre étoiles, pour encourager cet acte militant. On découvre ainsi au fil des histoires que si les dangers liés à l’amiante ont été connus dès le début du XXème siècle – au minimum !, on a continué à utiliser ce tueur invisible jusqu’à il y a peu – et on continue à le faire dans les pays pauvres dénués de législation adéquate et d’opinion publique éclairée. Tout cela grâce au lobby des fabricants, mais aussi à la complicité des pouvoirs publics. Qui n’en sont même pas encore au stade du « responsable mais pas coupable »… Les histoires sont sobres, mais elles illustrent très bien quelques petits exemples monstrueux et les conséquences mortifères sur quantités d’individus. A propos d’illustration d’ailleurs, je dois dire que tous les dessinateurs qui ont participé à cet album ont vraiment fait du bon travail !, dans un Noir et Blanc parfaitement adapté au sujet. On se dit en lisant ce genre d’album que d’autres scandales sont encore loin d’être reconnus et « traités » convenablement, comme celui des pesticides et autres perturbateurs endocriniens, comme l’industrie du tabac avait déjà su étouffer à son profit la communication concernant ses méfaits. Un album à lire donc, pour savoir. Mais aussi pour pousser ceux qui nous gouvernent à tenir plus compte des individus que des entreprises. Car, une fois serrée, la main du marché, même invisible, laisse toujours des traces.

21/04/2015 (modifier)
Par Ems
Note: 4/5

La BD est un média qui se prête bien aux documentaires. "Amiante - Chronique d'un crime social" en est un bel exemple. Cette BD est basée sur des documents authentiques et des témoignages. Le sujet est attaqué de tous les bords, qui démontrent la complexité d'un tel combat. Je ne m'attendais pas à apprendre grand chose, pourtant il faut se rendre à l'évidence, on est en face d'un sujet tabou. Les divers récits se positionnent sur tout le vingtième siècle, démontrant l'étendue du mensonge d'état. C'est consternant, nous sommes loin d'en avoir fini avec l'amiante : par exemple, la fac de Jussieu en a jusqu'à 2025 avant d'être complètement désamiantée. Pire, alors que des entreprises engrangeaient d'énormes bénéfices sur la santé des employés dans un premier temps puis de toute la collectivité par la force des choses, cette BD nous apprend que le désamiantage de cette fac coûtera à lui seul 1 milliard... Ca se passe de commentaires. Les témoignages de victimes de l'amiante ou de leurs proches sont des cris contre l'oubli et un appel à la reconnaissance des responsabilités des fautifs. Les dessinateurs ont tous des styles différents, mais le dessin noir et blanc apporte une unité et une sobriété à ce projet. A découvrir.

21/09/2010 (modifier)