Les reportages BD / Bunker Palace Hotel

« Bunker Palace Hotel », premier film réalisé par Enki Bilal sorti en 1984, retranscrit parfaitement l’univers fascinant du célèbre auteur de BD. La parution en coffret Collector 2 DVD + 1 Blu-Ray est l’occasion rêvée de redécouvrir cette pépite oubliée.


Bunker Palace Hotel Edition Collector 2 DVD + 1 Blu-Ray + 4 cartes postales
Bunker Palace Hotel Edition Collector 2 DVD + 1 Blu-Ray + 4 cartes postales

Le style unique du dessinateur visionnaire est omniprésent

Le spectateur plonge dans un monde sombre, mystérieux et apocalyptique, à l’atmosphère oppressante. Chaque plan ou presque est composé comme une case de bande dessinée, et l’esthétique très soignée contribue à donner à cet univers une atmosphère claustrophobique à la fois étrange et captivante. Si Bunker Palace Hotel se démarque par son ambiance visuelle unique, son propos n’en est pas moins intéressant. Le film raconte l'agonie d'un groupe de dirigeants, enfermés sous la surface d'un monde ravagé par la guerre civile, avec pour seule compagnie des androïdes donnant des signes de dysfonctionnement. L’œuvre propose ainsi une réflexion passionnante sur la déchéance du pouvoir totalitaire, et l’illusion du changement politique. Pour donner vie à ses personnages, le réalisateur s’est entouré d’un casting exceptionnel avec notamment Jean-Louis Trintignant (Flic Story), Carole Bouquet (Rien que pour vos yeux), Benoît Régent (Trois Couleurs Bleu), Yann Collette (Le Bossu) et Maria Schneider (La Dérobade).

Mon avis

On retrouve dans ce film les thèmes socio-politiques chers à Bilal, et une histoire finalement assez légère, qui mise surtout sur une ambiance oppressante et une galerie de personnages intéressants et remarquablement incarnés par un casting de rêve. L’univers mis en place lorgne vers l’anticipation et le steam-punk, et prend à la gorge avec une première demi-heure haletante au possible qui nous présente un monde dystopique où l’élite s’est réfugiée dans un bunker improbable pour se mettre à l’abris d’une révolution. Le soufflé retombe un peu en milieu de film, mais je n’ai jamais décroché, intrigué par les personnages loufoques, les robots au comportement incongru et les évènements mystérieux qui affectent cet étrange bunker. La photographie est réussie et met en valeur l’architecture sous-terraine, qui devrait ravir les amateurs d’art déco. La fin est bien amenée et satisfaisante, et propose une réflexion cynique sur les cycles inévitables du Pouvoir. « Bunker Palace Hotel » est un premier film pour Bilal le réalisateur, qui avait dû se contenter d’un petit budget. Il propose un scenario léger (coécrit avec son compère Christin) mais original et prenant, et un jeu d’acteur de qualité. À découvrir… surtout que les bonus sont intéressants.
Logo Cultura

Des bonus conséquents

Le coffret inclut 4 cartes postales dessinées par Bilal, et les disques (DVD et Blu-Ray) proposent des bonus conséquents, et indispensables pour les fans de l’auteur.
Entretien avec Enki Bilal (2023 – 45 minutes)
Cet entretien, enregistré spécialement pour ce coffret, propose une discussion certes un peu austère mais diablement intéressante sur la conception et la réalisation du film. Enki Bilal parle de la genèse du projet (originellement un court métrage), du choix des acteurs, des aléas du tournage… passionnant !
Cinémonstre (2006 – 1h15)
Cette œuvre expérimentale, originellement réalisée pour la géode (la salle de cinéma du parc de la Villette), entremêle des extraits des 3 films de Bilal (Bunker Palace Hotel, Tykho Moon et Immortel ad vitam) avec de la musique du musicien Goran Vejvoda. Un OVNI, que je n’ai pas regardé dans son intégralité (1h15 quand-même) mais qui m’a en tout cas donné envie de regarder les autres films de l’auteur.
Enki Bilal, souvenirs du futur (2019 – 51 minutes)
Ce reportage, réalisé lors de la conception du deuxième tome de la série Bug, est absolument passionnant pour de fan de l’auteur que je suis. Il parle de ses méthodes et de son processus créatif (peinture puis informatique), une sacrée excuse pour s’infiltrer dans son atelier et le voir dessiner de nombreuses cases, notamment du tome 2 de Bug. Un régal pour les yeux, et mon bonus préféré sur le disque.
Reportage sur le tournage (1989 – 3 minutes - Archive INA)
Un mini-bonus d’à peine 3 minutes, qui propose des images du tournage, d’assez faible qualité… intéressant mais pas indispensable.
Reportage réalisé le 25/10/2023, par Alix.