Les chroniques jeux vidéo / Les passagers du vent

Une adaptation fidèle et ambitieuse

Le jeu suit fidèlement l’histoire de la BD (il est sorti en 2 épisodes : le premier se base sur l’histoire des tomes 2 et 3, et le deuxième sur l’histoire du tome 4) : « L’aventure se passe à la veille de la Révolution Française dans le milieu trouble du Commerce Triangulaire, c’est-à-dire de la traite des noirs entre les côtes bretonnes, africaines et américaines. Hoel, marin breton de son état, fuit la France à cause d’une accusation injustifiée de meurtre. Il est accompagné par Isa, une aventurière qui se révèle être une comtesse dont le titre a été usurpé. Pour retrouver l’un son honneur et l’autre son titre, ils parcourent ce monde étrange de la fin du dix-huitième siècle. Des ports bretons aux rivages africains, Les Passagers du Vent rencontrent différentes cultures et affrontent mille dangers en quête de leur vérité. » (Source : notice originale). Le graphisme est fidèle au style de Bourgeon, et avait beaucoup impressionné les journalistes et les joueurs à l’époque (le jeu avait d’ailleurs reçu le Tilt D’Or des meilleurs graphismes en 1987). L’ambiance de la BD Les Passagers du vent est bien là : images directement tirées des différents tomes (voir exemples en fin d’article), situations et personnages identiques, narration en cases… on retrouve aussi cet érotisme ambiant bien propre à l’auteur. Infogrames n’avait pas lésiné sur les moyens : les tomes 1 et 2 de la BD sont inclus dans les boîtes des 2 épisodes du jeu !

Un jeu innovant

A l’heure où les jeux d’aventure textuels étaient encore courants, l’interface graphique moderne avait fait beaucoup de bruit. Le jeu se joue entièrement au curseur (souris ou touches directionnelles selon le système) : chaque chapitre propose une image (dans la partie supérieure de l’écran) sur laquelle le joueur doit d’abord cliquer pour « trouver » les personnages de la scène. Il faut ensuite les faire parler (sur la partie basse de l’écran) en choisissant les bonnes répliques dans le bon ordre. Certaines actions font apparaitre des cases de BD, avec lesquelles il faut parfois interagir (pour ramasser un objet par exemple). Un mauvais choix peut provoquer une mort immédiate, ou une impasse plus tard dans le jeu.

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Mon avis

Tout ceci est alléchant, les tests des magazines de l’époque (voir ci-dessous) étaient vraiment dithyrambiques… mais on retrouve malheureusement les frustrations souvent associées aux jeux d’aventure des années 80. L’interface, moderne en 1987, est difficile à appréhender de nos jours, et j’ai dû lire la notice pour en comprendre le fonctionnement. Le concept même du jeu est rigolo au début, mais montre rapidement ses limites : on clique aléatoirement sur l’image du haut pour trouver les personnages (de moins en moins visibles au fil des chapitres, jusqu’à devenir un pixel difficile à débusquer), puis on choisit les dialogues qui semblent le mieux coller à l’histoire, de façon souvent arbitraire. Si le premier épisode est plaisant et assez facile, le deuxième se corse nettement : on se retrouve souvent dans une impasse à cause d’un mauvais choix effectué plusieurs écrans plus tôt. Il faut alors recharger une ancienne sauvegarde, et essayer de deviner ce qu’on a oublié, ce qui n’est pas toujours aisé. Lire la BD m’a parfois aidé à identifier mes erreurs, mais on navigue souvent dans le brouillard, et j’ai dû à plusieurs reprises me servir de vidéos YouTube (voir ci-contre) pour me débloquer. J’ai jeté l’éponge dans le tout dernier chapitre, que je n’ai jamais réussi à terminer. Les graphismes étaient peut-être de qualité à l’époque (surtout sur Amiga), mais impressionnent beaucoup moins aujourd’hui, même quand on les compare au « pixel art » des années 90. Un jeu au charme indéniable, qui a su retenir mon attention pendant quelques heures, mais que je recommande uniquement aux aficionados de jeux d’aventure vintage. Je mets quand même 3/5 parce que j’ai pris un certain plaisir à voyager en compagnie des personnages attachants de Bourgeon. Verdict :