Les Damnés de Nanterre

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Le 4 octobre 1994, radios et télé rapportent un fait divers d'une extrême brutalité. Deux jeunes gens, Florence Rey et Audry Maupin, viennent d'attaquer la préfourrière de Pantin pour voler des armes.


BD Reportage et journalisme d'investigation La BD au féminin Les grandes affaires criminelles

Place de la Nation, le taxi à bord duquel ils s'enfuient percute une voiture de police. Fusillade. Course poursuite. Cinq morts et cinq blessés en moins de trente minutes. Coup de folie ou opération terroriste ? Le visage d'ange paumé de Florence Rey devient une icône cathodique instantanée, symbole de la violence et de la confusion idéologique des temps. Les médias invoquent l'influence de films ultraviolents comme le Tueurs nés d'Oliver Stone. On présente Rey et Maupin comme des Bonnie & Clyde de la terreur, des nihilistes délirants, alors qu'en réalité leur parcours épouse celui de tant d'enfants des classes moyenne et ouvrière en rupture avec le modèle de société de plus en plus brutal et matérialiste. Dix ans plus tard, Chantal Montellier rouvre le dossier et suit les pistes négligées à l'époque, y compris celle, évoquée à mi-voix par certains médias, du troisième, voire du quatrième homme. Son travail, vibrant de sincérité, jette une lumière neuve sur une affaire emblématique de notre histoire récente. Et par-dessus tout cela, flotte l'inoubliable visage de Florence Rey, le soleil noir de son regard.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Mars 2005
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Damnés de Nanterre © Denoël 2005
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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10/06/2006 | cac
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Par Spooky
Note: 3/5
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Tiens, une survivante. Enfin non, pas tout à fait. Chantal Montellier a un long passé de revendicatrice tous azimuts. Très attachée à la liberté, sous toutes ses formes, elle a souvent inclus ses préoccupations profondes dans ses bandes dessinées. Ici elle se pose en documentariste/journaliste d’investigation en revenant sur une affaire qui a défrayé la chronique il y a déjà 12 ans, l’affaire Rey-Maupin. Un simple fait divers qui à l’époque avait largement débordé de son cadre habituel pour devenir un symbole, un symptôme d’une société en pleine déliquescence. Douze ans plus tard, la société n’a pas avancé d’un poil, et le méchant Pasqua a trouvé un digne successeur en la personne d’un méchant Sarkozy. Cette affaire reste donc d’une actualité brûlante, avec les émeutes de l’automne 2005, et plusieurs autres affaires du même style. Montellier explore la piste du troisième homme, jamais réellement suivie par la justice et les enquêteurs, et pour laquelle il n’y a pas vraiment de preuves. Attention, l'album est assez bavard, mais c'est parce que l'auteur a amassé une somme considérable d'informations, de notes, d'images. Des images soigneusement choisies, qui risquent de hanter les esprits de pas mal de lecteurs... C'est un album qui ne plaira pas à tout le monde, d'autant plus que le style graphique de Montellier est très particulier, certains diront daté, mais sons style correspond assez bien à ce type de brûlot (toutes proportions gardées) politique. L’album s’achève sur un constat d’échec. L’échec d’une société incapable d’offrir un semblant d’espoir à ses enfants, l’échec de la justice à réellement aller au fond de l’affaire, l’échec de tous, surtout, pour poser les bases d’un lendemain qui chante…

27/09/2006 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
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Partant d'un "fait divers" tragique avec la mort de plusieurs personnes, Montellier trace le parcours des auteurs d'une équipée sauvage. Elle recherche les raisons, les inspirations en regardant leurs familles respectives notamment de ces 2 jeunes paumés rapidement assimilés par la presse au film "Tueurs nés" d'Oliver Stone. Les Bony and Clyde des 90's. Chantal Montellier explore la piste du 3ème homme, personnage vite éclipsé par les médias, sans jamais chercher à excuser ces jeunes meurtriers ni les prendre en pitié. Bref intéressant pour se re situer le contexte de l'époque dans lequel on retrouve les enjeux politiques avec Charles Pasqua au ministère de l'intérieur, la dérive sécuritaire et les contrats de travail précarisant les jeunes sont une analogie curieuse avec le climat de ces derniers mois. Malgré cela, la narration est un peu tordue et romancée comme ce passage façon vision de son jules pour Florence Rey entre ses 4 murs. Le tout dans un style graphique Montellien, pages fouillées et visages blafards.

10/06/2006 (modifier)