Les Cahiers Russes - La Guerre oubliée du Caucase

Alors qu’il se trouve à Moscou pour visiter l’appartement d’Anna Polilkovksaïa, Igort apprend l’assassinat le jour même de son avocat et d’un autre journaliste de la Novaïa Gazeta. C’est donc sur les traces de la célèbre journaliste russe, militante des droits de l’homme, assassinée en 2006 que nous conduit Igort.
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Après avoir dressé le portrait de ces personnes et expliqué les raisons de la guerre en Tchétchenie, nous découvrons l’histoire de Musa, torturé dans un camp de filtration. L’ouvrage fait la part belle aux témoignages des victimes de la guerre en Tchétchenie, mais aussi aux militaires russes, accablés par le poids de la culpabilité. Igort rencontre également la meilleure amie, éditrice et traductrice d’Anna Polikovskaïa. Grâce aux recueils de ses articles, la journaliste est connue du monde entier. Une notoriété qui lui a peut-être valu d’être exécuté par des inconnus. L’ouvrage nous entraîne également à Londres, où l’on découvrira les liens qui unissaient Anna Polikovskaïa et Alexande Vitvinenko, ancien agent secret russe empoisonné au polonium 22.
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Date de parution | 05 Janvier 2012 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Igort s'est intéressé à deux régions proches (en tout cas qui ont fait partie de l’ex-URSS), l'Ukraine puis la Russie, deux albums complémentaires, qui peuvent tout à fait se lire séparément l’un de l’autre. C’est globalement du documentaire coup de poing, comme le fait Joe Sacco (je préfère d’ailleurs le style de Sacco, même si Igort se met ici moins en scène), qui cherche à la fois à informer, mais aussi à faire réagir. En cela le logo d’Amnesty international sur Les cahiers russes confirme le caractère engagé du travail d’Igort. « Les Cahiers russes » sont un hommage posthume à la personnalité et au travail de la journaliste russe Anna Politkoskaïa, assassinée pour la faire taire à Moscou. Igort poursuit ainsi le travail de témoignage et de dénonciation de celle-ci, autour des horreurs commises autour du conflit Tchétchène. Et là, en matière d’horreur, on n’est pas dans l’euphémisme – et on aimerait sincèrement que l’auteur ait inventé ce dont il parle, même si nous savons hélas que ce n’est que la triste et horrible réalité : les massacres gratuits, la torture sont devenus d’une banalité scandaleuse, au point que questionner les « dirigeants » à ce propos équivaut à risquer sa vie (Politkoskaïa a elle-même subi des actes de torture). C’est un témoignage à charge, édifiant sur la réalité de la démocratie russe de Poutine – et par là même de la complaisance des « démocraties » occidentales. Si "Les cahiers russes" et Les Cahiers Ukrainiens sont bien deux albums sont différents, ils dénoncent tous les deux des horreurs passées, mais aussi bien présentes, et démontrent que l’Histoire bégaient souvent. C’est une lecture intéressante, même si la construction (surtout dans Les Cahiers Ukrainiens) hache un peu la lecture, et si le dessin d’Igort (qui mélange plusieurs styles, là aussi surtout dans Les Cahiers Ukrainiens) est assez froid, proche parfois des œuvres de propagande soviétiques des années 1930. C’est en tout cas à lire, pour le regard posé sur le passé plus ou moins proche, mais aussi pour ouvrir les yeux sur le présent et le futur… Note réelle 3,5/5.


Les Cahiers Ukrainiens et Les Cahiers Russes ont été publiés par Futuropolis dans la même foulée. Ils partagent évidemment le même auteur, la même structure et la même façon d'aborder à l'aide de témoignages et de documentations des sujets historiques et très sérieux en lien avec les anciens pays de l'U.R.S.S. Leurs sujets sont cependant très différents quoique tout aussi noirs. Les Cahiers Russes aborde le sujet de la guerre de Tchétchénie dans les années 2000 notamment par le biais du témoignage d'une amie et traductrice de la journaliste engagée et assassinée en 2006, Anna Politkovskaïa. Le récit est cette fois plus clair et plus fluide mais son sujet est très sombre. Ce sont des horreurs inhumaines qui sont dénoncées et racontées dans cet ouvrage. On savait que l'armée Russe perpétrait des actions hautement condamnables en toute impunité dans cette région mais les témoignages précis de cet album sont vraiment infâmes. Encore une fois, l'auteur ne laisse aucune part à la joie ou à l'espoir. Très dur et instructif, cet album ne s'adresse pas à tout le monde.

Une BD choquante, crue, directe, sur les atrocités commises en Tchétchénie dans les années 2000, et la difficulté à en témoigner en Russie. J'ai déjà lu des BD sur des faits atroces, des guerres, Maus bien sûr, mais aussi plusieurs Aire Libre, aucune ne m'avait frappée ainsi. Il y a une combinaison terriblement efficace entre le texte et les illustrations. Le premier est principalement des textes-off, qui reprennent des témoignages directs, sans fioritures ni commentaires, que ce soit de victimes ou de soldats. Le ton est descriptif, journalistique. Les dessins, eux, sont très évocateurs. Parfois réalistes, parfois fantasmés, un trait simple et brut, des effets d'ambiance très visibles mais pas moins efficaces. Le résultat est à la fois très (trop) réel, et très prenant. Il y aussi le fait aussi de sentir que ça se passe tout près, dans le temps et dans l'espace. L'album dans son ensemble ne m'a pas convaincue, c'est très décousu, on a l'impression que l'auteur veut en venir quelque part alors qu'il s'agit plus d'une quête, pour cerner la personnalité et les motivations d'une journaliste, Anna Politvoskaïa, assassinée pour avoir étudié et raconté ce qui se passait là-bas. Quête qui ne mène à rien, qui va d'une anecdote sur un juif errant à un rappel de l'histoire de l'URSS, en passant par la biographie de grands auteurs russes, sans aboutir nulle part mais en s'arrêtant sur des récits vraiment durs, qui méritent de ne pas être niés ou oubliés. À la suite d'Anna, l'auteur prend le temps de parler également du vécu des bourreaux, et ce n'est pas le moins remuant. Il est frustrant d'avoir cette impression de ne faire que commencer à appréhender ce qu'est la "question Tchétchène", à travers ces récits, et en même temps, il y a-t-il une autre façon d'appréhender une telle histoire ? Je suis partagée sur la note à donner. Ce n'est pas une BD que je conseillerai à n'importe qui, clairement. Je trouve même que c'est un peu inconséquent de lui donner un titre si innocent, une couverture assez soft (enfin de face du moins), sans un gros avertissement pour les âmes sensibles préférant s'abstenir. Et en même temps, je salue ce que l'auteur a fait pour vulgariser les travaux d'Anna Politvoskaïa, cela semble si essentiel que nul ne puisse ignorer ce que peut recouvrir une guerre, même aujourd'hui, même dans un pays "développé", même contre des terroristes...
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