Le Dernier été de mon innocence

Note: 5/5
(5/5 pour 1 avis)

Une superbe BD sur la résilience.


Adolescence Douleurs intimes Nouveautés BD, comics et manga Occitanie Perles rares ? Violences faites aux femmes

Chloé, née dans un milieu modeste et rural, maintenant jeune maman revient, 18 ans après l’avoir quitté, dans son village natal pour déménager les affaires de son père,en compagnie de son frère. À cette occasion, elle tombe sur une vieille série de Polaroid. Sur l’un d’entre eux, elle se reconnaît avec des dreadlocks et le crâne rasé sur les côtés, en bonne adolescente rebelle qu’elle était à l’époque. Peu à peu les souvenirs la submergent et elle se remémore l’été de ses 14 ans et le viol qui a bouleversé le cours de son existence… (texte : Robinson)

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 27 Août 2025
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Dernier été de mon innocence © Robinson (Hachette) 2025
Les notes
Note: 5/5
(5/5 pour 1 avis)
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27/08/2025 | Spooky
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Par Spooky
Note: 5/5
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L'idée de départ de cette histoire est une anecdote personnelle de l'auteur : alors qu'il se baladait dans le voisinage d'une maison qu'il s'apprêtait à acquérir dans un village, il a aperçu un groupe de jeunes en train de boire des bières et fumer des joints sous un lavoir. Il s'est alors interrogé sur le rôle joué par la seule fille du groupe, dans une zone où les perspectives sont essentiellement réservées aux hommes. il a aggloméré à cette réflexion des éléments personnels, des bouts de témoignages de son entourage sur telle ou telle expérience... La dernière BD d'Antonin Gallo, Détox, date de 2019. Il a bien sûr fait d'autres choses dans l'intervalle, mais on peut imaginer que la maturation et la réalisation de cette BD s'est étalée sur plusieurs années. Il a donc choisi l'un des sujets les plus difficiles qui soient, à mes yeux. La résilience d'une jeune femme après plusieurs traumatismes, dont un viol subi à l'adolescence, qu'elle n'a pas su qualifier ni gérer à l'époque, et qu'elle a tu pendant plus de vingt ans. L'autre traumatisme majeur de sa jeunesse est son entourage familial : les tensions entre ses parents, la maladie de sa mère, l'absence de son frère, l'ambiance trop rurale de son village d'enfance... Cela fait trop pour Chloé, qui décide de partir, et erre entre précarité et situation plus confortable, coups d'un soir et tensions avec la communauté skinhead... Mais Chloé a une capacité de résilience énorme, et finit toujours par se relever, plus forte, animée de nouvelles intentions, même si tout n'est pas rose. C'est aussi ça qui m'a séduit dans cette histoire : Antonin Gallo n'en rajoute pas dans le pathos, le crade (j'ai eu peur quand son héroïne a commencé à s'enfoncer dans la consommation de stupéfiants), et ne fait pas preuve d'angélisme non plus : son personnage central a des failles, son entourage aussi, mais celles-ci servent à avancer la plupart du temps. Il y a un souci énorme de réalisme dans les comportements, les évènements, les situations... L'auteur ajoute quelques effets graphiques pour amplifier certaines sensations, certains sentiments. Sans verser dans le psychédélisme, tellement tentant quand on parle de drogue... A la limite on va dire que je ne suis pas fan de sa mise en couleurs, difficile à identifier, entre les teintes pastel et différentes teintes de brun, mais ce n'était pas du tout un frein à la lecture. En résumé, une excellente BD sur un sujet casse-gueule, des dialogues et des situations ciselées pour une histoire somme toute ordinaire, mais aussi exemplaire, quelque part. Et une couverture magnifique. J'ai hésité entre le 4 et le 5 pour cet album. J'ai finalement choisi le 5, eu égard à la somme de travail et à son impact sur moi. Nonobstant ses petits (infimes) défauts.

27/08/2025 (modifier)