Abîmes

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

En enquêtant sur les secrets de sa famille, Lucile Corbeille livre un récit autobiographique puissant sur la transmission des traumatismes, une histoire profonde, personnelle et universelle à la fois.


Autobiographie La BD au féminin Mirages Photographie Secrets de famille...

Lucile, mère de famille et photographe en quête de sens, se sent un peu étrangère à sa propre vie. Suite au décès de son père, elle décide d'affronter son passé. Plongeant dans les albums photos de sa famille, elle va exhumer des blessures enfouies et des secrets oubliés. Arrivera-t-elle à conjurer la malédiction qui semble frapper les siens, à se libérer du passé et se réapproprier son histoire ?

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 23 Avril 2025
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Abîmes © Delcourt 2025
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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30/05/2025 | PAco
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L'avatar du posteur Noirdésir

Étrange album que celui-ci, quelque peu envoûtant. L’auteure nous livre un récit autobiographique et cathartique, dans lequel elle va chercher les « racines » du mal qui la ronge, un mal être lancinant, une dépression qui peine à livrer ses sources. Elle va donc se plonger dans l’histoire et les archives familiales. Lucile Corbeille parvient à maintenir une narration légère, un ton calme, alors que sa plongée dans le passé met au jour de multiples fractures, des douleurs niées et pourtant bien présentes. L’alcoolisme qui a tué son père. Des couples déchirés. L’homosexualité à peine aperçue de sa mère. Le fonctionnement parfois trop rigoriste de certains ancêtres, alors même que l’auteur elle-même chancelle, sous les coups de la mélancolie ou d’une dépression qui gangrène sa famille. Cette plongée introspective se fait par paliers, et le lecteur suit pas à pas la descente dans ce passé pourtant pas si lointain. Une descente qui permet de remonter plus forte, l’auteure faisant apparaitre à la fin, alors que la plupart des questions qu’elle se posait ont eu leur réponse, l’espoir d’une guérison. Une guérison qui prend la forme des couleurs vives qui illuminent les dernières cases, alors qu’un bleu grisâtre dominait tout le reste de l’album. Le travail graphique de l’auteure est pour beaucoup dans le plaisir de lecture. En effet, son travail à l’aquarelle est réussi, avare de détails dès lors qu’on s’écarte du cœur du sujet, il est vraiment agréable et beau. L’auteure utilise aussi en fond des photos retouchées et recouvertes de peintures, ce qui donne à certaines cases un rendu proche de ce que l’imagination peut faire des souvenirs, à partir d’une photo prise dans l’album familiale : reconstruire, dévier de la trajectoire qu’elle nous propose. Une lecture recommandable en tout cas.

20/10/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
L'avatar du posteur PAco

Voilà un album surprenant qu'il m'aura fallu terminer complètement pour en apprécier pleinement la force et la portée. Lucille Corbeille nous propose en effet un récit autobiographique sur la transmission des traumatismes. C'est à la mort de son père qu'elle se lance dans cette quête personnelle. Un peu perdue personnellement, en manque d'inspiration pour son travail de photographe, c'est en faisant le tour de sa famille qu'elle va essayer de reconstituer le puzzle d'un passé parcellaire. A force de morceaux, de photos et de révélations, les secrets de famille finissent par lever doucement le voile d'une vérité douloureuse. Mais c'est aussi à ce prix que Lucille Corbeille va pouvoir comprendre et se réapproprier son histoire. C'est à l'aquarelle (superposé à des photos ? J'avoue que la technique m'intrigue toujours...) que Lucille Corbeille nous raconte son histoire familiale. C'est beau, éthéré, un peu comme cette mémoire fragmentée qui demanderait à passer par mains d'un maitre en kintsugi (méthode japonaise de réparation des porcelaines ou céramiques brisées au moyen de laque saupoudrée de poudre d'or). C'est ici ses recherches au sein des membres de sa famille qui vont lui permettre d'y voir plus clair et de recoller les morceaux. J'ai beaucoup aimé ces personnages sans visages qui parsèment ses planches, à l'image de cette mémoire défaillante ; sa gestion des couleurs, sobres et contrastées tout à la fois ; la composition de ses planches, parfois très déstructurées à l'image de cette mémoire... Bref, j'ai eu du mal à me mettre dans ce récit, mais c'est au final une très belle réussite sur un sujet sensible et difficile à traiter.

30/05/2025 (modifier)